Asus PA249Q : de la suite dans les idées

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Jusqu’ici, les amateurs de belles images n’avaient pas trop de choix en matière d’écrans dédiés à la retouche d’image. Il fallait soit piocher un écran grand public pas trop mal dans le catalogue d’une marque lambda, soit taper directement dans la liste de produits déments de chez Eizo ou Nec, quitte à casser sa tirelire, voire son PEL. Mais depuis quelques temps, quelques marques dont Asus s’intéressent aux amateurs de photo. L’Asus PA249Q s’inscrit dans cette lignée. Certes, il vous en coûtera 550 euros mais c’est tout de même moins cher qu’un moniteur NEC Spectraview…

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Cet Asus PA249Q est un 24 pouces à dalle mate destiné aux amateurs d’images, qu’ils soient graphistes ou photographes. L’approche est résolument professionnelle avec une ergonomie à l’avenant, des possibilités d’ajustements impressionnantes et une performance colorimétrique qui se veut au-dessus de la mêlée. Et si tout n’est pas parfait, le contrat n’est pas loin d’être rempli.

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Design et finition

Peut-on vraiment parler de design ici ? La seule fioriture que l’écran s’autorise, c’est le liseré rouge désormais caractéristique de la ligne d’écran « graphique » de le marque. Pourtant, on ne peut pas dire que l’on n’aime pas. Les plastiques bien épais donnent une impression de solidité évidente, et la stabilité de la dalle est exemplaire. Finalement le design cet écran c’est un peu le Thinkpad de l’affichage : c’est moche, mais si on attend suffisamment longtemps, ça deviendra vintage.

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Ergonomie

Là aussi, l’ergonomie est de premier plan. Côté ajustement, la coque dispose d’un ajustement en hauteur, en inclinaison et le mode pivot est de la partie. L’accès aux menus se fait grâce à un petit joystick quatre directions. C’est une évolution par rapport à la version précédente. C’est vraiment très pratique et pour peu que vous soyez un peu pointilleux vous y aurez souvent recours, ne serait-ce que pour calibrer votre écran. Les réglages sont en effet légions. Sur six canaux, on trouve saturation, gain, hue, et offset.

Une touche d’accès rapide « Quickfit » permet aussi de faire apparaitre des gabarits standards : A4, A5, Lettre, etc. afin de voir ce que va donner votre création en taille réelle. C’est bien… mais à moins que vous fassiez de la retouche photo sous Paint, votre logiciel dispose déjà de ce genre de fonction, et c’est quand même plus pratique d’y accéder via un raccourci clavier que d’aller trifouiller sur l’écran.

Dans la même veine, on trouve aussi une graduation, en centimètre et en pouce, gravée le long de l’écran. C’est déjà plus pratique pour se faire une idée rapide.

Equipement

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L’équipement est très complet. On a tout simplement droit à toutes les prises vidéo informatiques courantes, à l’exception de ThunderBolt, mais c’est encore un peu tôt sans doute. On a en plus droit à un hub 4 ports en USB3 et c’est assez rare pour être signalé.

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Asus PA249Q : gourmand

La consommation du moniteur Asus PA249Q est tout de même assez élevée pour un 24 pouces selon les standards actuels. Il faut compter 29W dans nos conditions de mesures standards. C’est tout de même beaucoup.

tablo2.jpgL’Asus PA249Q est plutôt bien réglé par défaut… mais on s’attendait à mieux. Ainsi, le point 6500K est en fait mesuré à 6100K. Pas de quoi non plus crier au scandale, mais à ce niveau de prix, on aurait aimé une valeur plus proche du standard même si on peut accepter quelques déviations en bout de chaine d’assemblage. Les autres modes prédéfinis sont plus justes, avec un 5500K est à 5400K, le 9300K est à 9000K. Vous pouvez bien sûr profiter de tous les réglages qui s’offrent à vous pour affiner le rendu de l’écran. Idéalement, si vous comptiez investir dans un calibrateur, c’est le bon moment. En son absence, on peut vous donner quelques tuyaux. En jouant uniquement sur le gain des trois canaux RGB, nous avons obtenu de bons résultats : rouge=45, vert=47, bleu=52. On a laissé la luminosité à 50 et le contraste à 80.

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Pour rappel, ce graphique donne la différence entre la nuance de couleur désirée et celle réellement affichée.

– Si DeltaE > 3, alors la couleur affichée est sensiblement différente de celle exigée, cet écart pourra être perçu par l’utilisateur.
– Si DeltaE tablo3.jpg

L’adoption d’une dalle IPS ne laisse hélas pas beaucoup de place à la surprise quand il s’agit de mesurer le contraste. En l’occurrence, le niveau de noir est assez médiocre, ce qui impose in fini un contraste sous les 840 :1. C’est quand même très limite, puisque l’on se retrouve avec un niveau digne d’une dalle TN, comme celle du moniteur Asus VG248QE.

L’appareil prétend couvrir tout le Adobe RGB. Passé au Gretag Eye-one Display 2, on n’a aucun mal à le croire. Les couleurs sont d’une richesse exceptionnelle. En revanche, petit grief, on aurait aimé justement qu’en mode sRGB, l’appareil limite la richesse à ce même spectre afin de se conformer un peu plus au standard. Sur notre exemplaire de test il semble que ce ne soit pas le cas.

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Le gammut représente la richesse des couleurs affichées. Les coins du triangle sont les couleurs primaires (en synthèse additive, bien sûr). Ainsi, la surface du triangle représente l’ensemble des couleurs affichables en combinant les trois teintes primaires avec plus ou moins d’intensité pour chacune d’entre elles. Donc plus la surface du triangle est étendue, plus les couleurs sont riches.

Asus PA249Q : uniformité spatiale très moyenne

Nous avons mesuré l’uniformité de cet écran. Pour rappel, voici la méthode :

Nous réglons la dalle sur 50 % de luminosité, 50 % de contraste et nous mesurons l’uniformité de l’éclairage dans une image blanche quadrillée en 64 zones de taille égale : le point le plus lumineux est considéré comme le point 100 %, la valeur du noir précédemment mesurée est considérée comme 0 %, les autres valeurs mesurées sont étalées ensuite.

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Le moniteur Asus PA249Q offre une uniformité assez moyenne médiocre. C’est en fait à peine mieux qu’un AOC E2462V qui faut tout de même quatre fois moins cher !Le moniteur Asus PA249Q offre une réactivité très moyenne, avec plus de 25ms en moyenne. C’est déjà très juste pour la vidéo, mais pour le jeu, mieux vaut oublier.

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Pour rappel, encore une fois :

Cette courbe recense les différentes valeurs de latence en fonction du niveau de gris à atteindre. Une alternance noir-blanc se traduit sur la courbe par un point avec l’abscisse 255, une alternance noir-gris donne un point à 125 d’abscisse tandis qu’une alternance noir-gris foncé affiche 50, etc. La latence officielle ISO spécifiée par le constructeur ne concerne que les transitions noir/blanc (0/255).

Dépassement de consigne

Il n’y a aucun dépassement de consigne, donc aucun risque d’observer un negative ghosting quelconque.

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Pour rappel, la classe d’overdrive Ere-numérique permet d’évaluer la précision de l’overdrive sur les dalles LCD. Quelle importance me direz-vous ? Si l’overdrive est mal maîtrisé, les couleurs affichées ne sont pas du tout correctes pendant plus d’une image. On obtient une couleur plus flashy que celle demandée. C’est gênant dans les films où ce phénomène engendre du bruit vidéo. Dans les images animées, ce problème peut se traduire par l’apparition d’aberration chromatique. Certaines couleurs non demandées apparaîtront temporairement, du rouge dans une transition vert-jaune par exemple.

Dans la pratique

A l’essai, l’appareil s’est montré particulièrement performant dans les applications photos. Mais attention, il est un peu déroutant. En premier lieu, tous les réglages ne sont pas immédiatement accessibles. il faut sortir des preset « splendid » au demeurant sans le moindre intérêt, pour passer en USR (user), ce qui donne enfin accès aux curseurs de gain, saturations, teintes et offset, indispensable si vous voulez calibrer votre écran. Chez nous, une fois calibré, l’appareil s’est montré d’une précision redoutable. A noter que la résolution de 1920×1200 points apporte un gain de place bienvenu quand il s’agit de caser des palettes et autres explorateurs de calques d’un logiciel de retouche photo, par exemple. L’appareil n’offre pas un contraste démentiel. Mais sa dynamique est des plus respectable, avec un niveau de détail assez impressionnant dans les ombres, notamment sur des photos très piégeuses, comme par exemple, sur le cliché suivant :

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L’image est globalement sombre. Mais en fait, elle regorge de détails dans les zones sombres de l’image comme en témoigne l’histogramme suivant.

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Cet écran permet de rendre les subtiles nuances de niveaux de gris foncés. Notamment par exemple la texture du mur d’enceinte du 4 Queens, généralement fondues sur la pluparts des écrans car elle oscille entre quelques niveaux de gris (16 et 23 au plus fort, sur 255 niveaux). Ici, pas de problème.

Côté vidéo, c’est correct, sans plus. La dalle n’est pas vraiment faite pour cela, avec un facteur de forme 16 :10ème, mais il y a peu de bruit vidéo. En revanche, le contraste, vraiment plus problématique en vidéo qu’en photo, rend l’expérience moins satisfaisante. Quant aux jeux, mieux vaut faire l’impasse. La fluidité de l’action n’est pas au rendez-vous, avec tout de même quelques traînées disgracieuses. Si vous avez l’intention de jouer un peu sérieusement avec votre PC, ce n’est pas le compagnon parfait.

Asus PA249Q : pour les amateurs d’images

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Le moniteur Asus PA249Q est un écran d’un bon niveau, surtout pour la photo. Pour les maniaques de light-room, c’est clairement un appareil à considérer, véritable alternative économique (même si l’appareil vaut 550 euros malgré tout) aux écrans NEC et Eizo ultra-pro. On attend tout de même une déclinaison 27 pouces, en espérant qu’elle corrige certains des gros défauts de cette version, à savoir un contraste trop juste et une uniformité décevante. Reste un bon produit, avec notamment une bonne dynamique d’affichage, une ergonomie et une connectique de premier plan et enfin une qualité de fabrication irréprochable.

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Retrouvez tous nos moniteurs LCD en test dans nos pages.

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8.5/10

Les Plus

  • Solidité
  • Ergonomie
  • Rendu des couleurs

Les Moins

  • Prix
  • Réactivité un peu juste
  • Contraste décevant

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