Ecrans connectés : la fin des fils

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Les appareils mobiles à petit écran se multiplient comme des petits pains dans nos maisons. D’où une tentation forte de les afficher en grand. Restait à supprimer les contraintes et c’est désormais chose faite, surtout avec l’abandon des liaisons filaires.

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6,3 ! C’est le nombre d’écrans présents en moyenne dans chaque foyer français en ce début 2013. Nous avons donc connu en à peine quelques décennies une véritable révolution. Aux écrans principaux que sont le téléviseur ou le moniteur de l’ordinateur de bureau s’est ajouté une multitude d’appareils mobiles. Ordinateurs portables dans un premier temps, puis smartphones et enfin les tablettes qui s’installent dans les foyers à un rythme impressionnant. Bien qu’ils se multiplient autour de nous, ces écrans restent en revanche pour la plupart indépendants les uns des autres. L’idée de profiter d’un grand écran comme un téléviseur pour diffuser un contenu stocké sur un autre appareil n’est pourtant pas nouvelle. Celle-ci est même appliquée depuis des années, avec les ordinateurs home cinéma par exemple, mais il faut bien avouer que tout cela demandait un certain investissement technique tout en étant au final assez peu pratique à utiliser.

La révolution du sans-fil

Ouverture-02.jpgToutefois, la situation évolue doucement depuis quelques temps, en très grande partie grâce au développement des réseaux sans fil. Disponible depuis maintenant plus de 10 ans, le WiFi n’a cessé de gagner en débit et en portée au fil des années, permettant ainsi de faire passer des contenus de plus en plus volumineux d’un appareil à l’autre. Dans le même temps, les méthodes d’encodage vidéo ont elles aussi progressé à vitesse grand V. Le moindre processeur mobile est désormais capable de compresser un flux vidéo pour le faire rentrer dans un tuyau lui aussi de plus en plus large. Ajoutez à cela le fait que les constructeurs semblent enfin avoir compris que la facilité d’utilisation est une qualité tout aussi importante que les performances brutes et vous comprendrez que des solutions pour passer aisément du contenu d’un écran à un autre commencent à émerger.

Reste à voir quels sont les appareils en mesure de profiter de ces nouvelles technologies. On peut les séparer en deux catégories majeures : les récepteurs (le plus souvent des téléviseurs mais aussi des moniteurs ou des projecteurs) et les émetteurs. Ces derniers sont généralement des appareils nomades : smartphones, tablettes et autres notebooks qui seront le plus à même de profiter de l’espace supplémentaire. Le schéma peut connaitre quelques exceptions mais la situation la plus fréquente est évidente, soit profiter du contenu présent sur un petit écran pour le diffuser sur grand écran. Les solutions sont nombreuses et nous avons voulu en faire un tour d’horizon.

Le fil fait de la résistance

MHL.jpgS’il est vrai que les solutions sans fil ont pris de l’importance, elles n’en ont pas pour autant totalement rendu obsolètes ces bon vieux câbles vidéo. Ces derniers ont toujours pour eux quelques avantages. Ainsi, la connectique est disponible sur tous les affichages et sur un nombre croissant d’appareils mobiles. Nombre de smartphones et autres tablettes peuvent ainsi sortir de la vidéo en HDMI. Soit par l’intermédiaire d’une prise HDMI classique ou une de ses variantes plus compactes, soit en utilisant un connecteur MHL. Derrière ce nom se cache une technologie permettant de connecter nombre d’accessoires au connecteur micro-USB d’un appareil, dont notamment un câble HDMI. Le MHL est simple à utiliser, mais la technologie n’est supportée que par un nombre relativement restreint de récepteurs. Bien que peu élégants et moins pratiques, les câbles ont donc pour eux l’avantage du prix (moins de 10 euros) et surtout une compatibilité assez large n’obligeant pas forcément à changer de matériel.

Ecrans connectés : le papy DLNA

DLNA-02.jpgComme les câbles, le DLNA n’est pas une solution de déport à proprement parler mais on peut l’utiliser pour. Lancé il y a un peu plus de 10 ans, le DLNA est destiné au partage de médias (photos, vidéos, audio) sur un réseau local. Autrefois réservée au PC, cette norme s’est démocratisée et on la retrouve désormais sur l’immense majorité des appareils connectés vendus ces dernières années. Cela en fait, et de loin, le protocole le plus répandu. Le principe de fonctionnement est simple. Un appareil tient le rôle de serveur tandis qu’un second celui de récepteur. Les rôles sont interchangeables selon les besoins. On peut par exemple envoyer une vidéo de son smartphone au téléviseur ou bien recevoir une vidéo stockée sur le PC sur le même smartphone. Cette souplesse se révèle utile. Du fait de son âge, il présente toutefois plusieurs limites, en particulier au niveau des formats vidéos pris en charge. On retrouve le même genre de limitations que sur la plupart des smartphones. Impossible par exemple de lire des MKV sans les convertir et la gestion des sous-titres est pour le moins hasardeuse. On ne peut aussi déporter de l’affichage, par exemple pour jouer à un jeu mobile sur un grand écran. Le DLNA est avant tout pensé pour la lecture de fichiers. Malgré cela, cette solution reste intéressante. Son âge garantit une excellente prise en charge sur un grand nombre d’appareils. Même si votre téléviseur n’est pas DLNA, il y a de grandes chances que votre box Internet le soit. La plupart des smartphones et tablettes sont compatibles, soit de manière native ou par une application. Du fait de leur grand espace de stockage, les ordinateurs sont d’excellents serveurs pour nourrir en contenu toute la maison. On vous conseille le logiciel XBMC, particulièrement pratique pour gérer une grande collection de médias.Apple_TV-01.jpgLe terme d’Airplay ne vous est probablement pas inconnu, nous avons en effet parlé à de nombreuses reprises de cette technologie dans nos pages, en particulier pour son volet sonore. Techniquement, l’Airplay utilise le WiFi pour transmettre un grand nombre de formats. De l’audio bien sûr, mais aussi de la vidéo sous différentes formes. Comme toujours chez Apple, l’utilisation est on ne peut plus simple. Il suffit d’appuyer sur une touche et de choisir l’appareil cible pour commencer à envoyer le contenu sur un grand écran. On peut ainsi afficher une vidéo mais aussi une copie de son écran en mode miroir (limité au 720p). Même les jeux vidéo ont le droit à ce traitement et on constate au passage que nombre d’entre eux rivalisent graphiquement avec certains titres Xbox ou PlayStation. Apple restant Apple, on ne tirera le meilleur de l’Airplay qu’en restant dans l’écosystème de la marque. Cela veut dire utiliser comme source un iPad, un iPhone ou un Mac et surtout disposer d’une Apple TV branchée à son téléviseur. Seul, ce petit boitier permettant d’accéder aux services Apple sur sa télévision ne présente qu’un intérêt limité.

Apple_TV-02.jpgEn revanche, il devient nettement plus utile en conjonction avec d’autres périphériques Airplay. Il est aisé de streamer tout type de contenu en quelques secondes. En attendant que le Miracast se généralise, Airplay est clairement la solution la plus aboutie et répandue que nous ayons pu essayer. Même le plus gros défaut de l’Airplay -sa compatibilité exclusive aux produits Apple – est en train d’évoluer. Ainsi, des implémentations non officielles de la technologie font leur apparition. La Freebox Révolution par exemple supporte depuis quelques jours l’Airplay en vidéo (mais pas en déport d’affichage), de quoi économiser les 100 euros d’une Apple TV ! Dans le même registre, des logiciels comme iMediashare permettent d’utiliser Airplay depuis un appareil Android ! Certes, il y a de petits bogues et l’expérience 100 % Apple reste plus convaincante mais l’AirPlay s’ouvre et on ne peut que s’en réjouir. Reste un dernier point limitant, le fait qu’il faille absolument passer par un routeur WiFi (le plus souvent ce rôle est assumé par votre box opérateur) pour que tout fonctionne. Impossible par exemple de connecter les deux appareils directement comme on le fait avec le Bluetooth pour l’audio.

WiDi et Miracast, le futur en marche

Widi.jpgÉtant donné l’avance prise par Apple et son Airplay, plusieurs initiatives visant à proposer des fonctionnalités similaires ont vu le jour. La première se nomme WiDi (Wireless Display) et sort tout droit des laboratoires d’Intel. Encore une fois basée sur le WiFi, le WiDi permet d’envoyer une image Full-HD accompagnée d’un flux sonore 5.1 jusqu’à 10 mètres de distance. En revanche et contrairement à l’Airplay, cette solution est principalement implémentée sur des ordinateurs portables (et encore assez peu de modèles en sont équipés). Bien que cela fonctionne extrêmement bien, cette restriction limite quelque peu le champ d’action puisque la norme est virtuellement absente des tablettes et autres smartphones. Une situation qui devrait changer rapidement dans les prochains mois puisque le WiDi a été rendu compatible avec le Miracast dans sa dernière version. Le Miracast est la norme à surveiller. Définie par la WiFi Alliance (qui comme son nom l’indique est responsable de la création des normes WiFi), elle se veut l’alternative ouverte à l’AirPlay. Bien que récente (elle a été définie en septembre 2012), son accueil fut enthousiaste de la part de l’industrie. Au moment où nous écrivons ces lignes, près d’une centaine d’appareils sont déjà compatibles, avec de nombreux autres à venir. Bien que ce ne soit pas la première initiative de ce genre, le Miracast semble bien parti au vu du nombre important d’appareils compatibles ayant été annoncés. Pour ne rien gâcher, le Miracast présente plusieurs avantages face à l’AirPlay. Il offre une meilleure qualité d’image (1080p contre 720p) et est surtout il est capable de fonctionner indépendamment d’un réseau WiFi. En effet, la technologie s’appuie sur le WiFi Direct. Cette fonction introduite il y a quelques années, mais peu utilisée, permet en effet de connecter deux appareils en WiFi sans passer par un point d’accès. Un fonctionnement qui n’est pas sans rappeler celui du Bluetooth.

Simple et efficace

miracast_2.jpgÀ l’usage, le Miracast se révèle efficace, avec une bonne qualité d’affichage et sonore. Le délai d’attente est minime, on le perçoit par moment mais rien de gênant pour qui n’est pas un joueur obsédé par la réactivité. Le Miracast fait d’ailleurs nettement mieux que le WiDi sur ce point, la technologie Intel faisant preuve d’un temps de latence particulièrement sensible. La mise en route est plus ou moins aisée selon les possibilités laissées par les constructeurs. Le téléviseur Sony sur lequel nous avons pu essayer le Miracast offrait par exemple deux possibilités. La plus simple exploitait les fonctionnalités NFC du smartphone Xperia Z. Il suffit de mettre en contact la télécommande et le téléphone pour que la jonction se fasse. Difficile de faire plus simple mais pour que cela fonctionne, deux appareils Sony Miracast et NFC sont nécessaires. La configuration manuelle qui s’applique à tout smartphone Miracast n’est pas beaucoup plus compliquée, un simple réglage dans le menu affichage permettant de déporter vers le grand écran qui reconnaît la source automatiquement. On apprécie particulièrement le fait qu’aucun code ne doive être entré.

nvidia-miracast.jpgCela soulève tout de même quelques questions quant à la sécurité de l’ensemble, en particulier si le Miracast se généralise dans les prochaines années. On se demande en effet comment vont cohabiter de nombreux appareils dans un périmètre restreint. Le Miracast est donc la technologie de déport d’écran la plus prometteuse. Techniquement, tout est très abouti et le support des industriels semble être là. On peut donc penser sans trop de risque que le nombre de récepteurs devrait augmenter rapidement. Peu de téléviseurs sont en effet compatibles pour l’heure ce qui oblige d’avoir recours à un boîtier externe assez onéreux. Le Netgear Push2TV PTV3000, un des rares modèles disponibles, est tout de même vendu 80 euros. Pour les appareils mobiles, on attend aussi un support de la part de Windows, Android dans sa version 4.2 étant pour l’instant le seul système d’exploitation majeur à prendre en charge le Miracast nativement. Comme les smartphones sous Android dominent largement le marché, cela fait tout de même beaucoup.

Ecrans connectés : et le jeu vidéo dans tout ça ?

xbox_smartglass.jpgLes écrans déportés sont à la mode dans le petit monde du jeu. La Wii U et son contrôleur, fruit d’une union entre une manette et une tablette, en sont le meilleur exemple. Toutefois, cela ne se limite pas à Nintendo. Sony a par exemple annoncé que sa PS Vita tiendrait un rôle d’affichage secondaire pour la PlayStation 4. Sur sa Xbox 360, Microsoft propose déjà l’application SmartGlass qui permet d’utiliser une tablette ou un smartphone comme un écran secondaire. Il est d’ailleurs plus que probable que cette fonctionnalité soit améliorée et enrichie sur la prochaine Xbox. Mais c’est l’univers PC qui semble toutefois être le plus prometteur. En effet, plusieurs acteurs d’importance (comme Valve ou encore Nvidia) ont déclaré leur intention de proposer des solutions pour jouer sur le téléviseur en laissant sa grosse tour sous le bureau. Les détails de ces projets sont encore flous mais on devrait en savoir plus après l’E3 (le salon mondial du jeu vidéo qui se tient en juin à Los Angeles). La perspective est plus qu’enthousiasmante tant on aimerait pouvoir profiter aisément d’un PC musclé depuis le fond de son canapé.

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Les Plus

  • Prix
  • Contraste
  • Réglages par défauts

Les Moins

  • Réactivité modeste
  • Finition sans intérêt

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