Fujifilm X100 : focale fixe, magnésium, capteur reflex, viseur révolutionnaire

Le Fujifilm X100 est un appareil photo hors norme et surtout sans compromis. Focale fixe lumineuse et grand capteur, boîtier de taille respectable en magnésium mais aussi triple viseur innovant : des caractéristiques qui ne laisseront aucun photographe indifférent. Mais est-ce qu’un tel compact de l’extrême peu réellement se justifier par la qualité du cliché obtenu ?

Inutile de se le cacher, même si Fujifilm le relie à d’anciens modèles de sa fabrication, le X100 ne peut évoquer qu’un Leica M avec son boîtier associant le métal et le simili cuir, la grande fenêtre de son viseur et les roues de réglage métalliques. Les dimensions sont d’ailleurs assez comparables ! Il s’agit bien toutefois d’un appareil numérique et, contrairement à cette référence, le X100 est équipé d’une optique fixe équivalente à 35 mm, focale qui a longtemps été la favorite des professionnels et des amateurs passionnés de reportage, avant l’arrivée massive des zooms.

Prise en main : retrouver des pratiques anciennes…

La prise en main du X100 pourra déstabiliser quelque peu les utilisateurs qui sont venus à la photographie avec l’électronique et le numérique. Il n’existe pas de sélecteur de mode rotatif comme sur les compacts experts, les hybrides ou les reflex actuels mais une bague de diaphragme et un sélecteur de vitesse rotatif. Pour autant, le X100 offre bien un mode programme, un mode priorité diaphragme et un mode priorité vitesse ! En effet, les réglages de diaphragme et de vitesse comportent une position « A » pour « Auto » qui vous permet d’obtenir ces trois modes suivant que vous mettez l’une, l’autre ou les deux bagues sur cette position. Une conception à la fois astucieuse et agréable permettant de passer en souplesse d’un mode à l’autre et même au totalement manuel si aucune des bagues n’est en position automatique. De nouvelles habitudes à prendre pour ceux qui n’ont pas connu les appareils « à l’ancienne » ou le plaisir de retrouver des éléments mécaniques de précision pour les autres…

Caractéristiques principales :
– Type : hybride APS-C
– Capteur : CMOS 12 Mpixels
– Résolution maximale : 4288 X 2848
– Vidéo : 1280 x 720, 24 i/s, MOV H264, sonore
– Objectif : Fujinon 2/23 mm (35 mm équivalent)
– Visée : optique, électronique, écran
– Mise au point : AF 3 collimateurs
– Mesure de la lumière : M, P, S
– Modes de prise de vue : M, A, S, P
– Obturateur : 30 s – 1/4000
– Prise de vue en rafale : 5 i/s
– Sensibilités ISO : 200 – 6400
– Balance des blancs : auto, 7 modes réglables + TC + manuel
– Flash : auto + griffe flash externe
– Formats de fichier : JPEG, RAW, JPEG + RAW
– Support mémoire : SD/SDHC/SDXC + 20 Mo interne
– Interface : USB 2.0 High Speed
– Ecran (pouces, points) : 2,8″, 460000
– Sortie vidéo : HDMI
– Alimentation : Li-Ion 3,6 V/1700 mAh
– Dimensions (mm) : 126,5 x 74,4 x 53,9
– Poids (g) : 445 complet

En dehors de sa conception générale, le X100 présente une nouveauté inattendue : son viseur. On sait qu’avec les appareils au format compact, qu’ils soient de véritables compacts ou des hybrides à grand capteur, l’utilisateur doit le plus souvent se contenter de la visée sur écran ce qui est loin d’être idéal en de nombreuses circonstances. Si le X100 permet évidemment la visée sur son écran arrière, il est doté d’un système original baptisé « viseur hybride » qui permet à la fois la visée optique et la visée électronique, un petit sélecteur en face avant permettant de passer de l’une à l’autre à volonté en un instant.

Naturellement, si le principe est séduisant, tout dépend de la qualité de sa réalisation et sur ce point nous n’avons pas été déçus ! La visée optique procurée par le X100 n’a vraiment rien à voir avec celle des viseurs de compacts actuels par sa clarté et son grossissement. Le coté actuel de la réalisation se manifeste par la présence de nombreuses indications techniques et de guides de cadrage en surimpression grâce à un prisme semi-transparent.

Ainsi en optique, on peut avoir une grille, un niveau et bien entendu toutes les informations de mode. Le champ couvert est plus grand que celui qui est enregistré (matérialisé par des repères lumineux) ce qui en fait un outil particulièrement intéressant pour le reportage par exemple. Naturellement, comme avec tous les viseurs optiques, il ne faut pas attendre une précision de cadrage parfaite ni espérer l’exploiter en photo rapprochée en raison de la parallaxe. Dans ce cas, il faut basculer en visée électronique, ce basculement étant automatique si vous passez en mode macro. C’est certainement pour cette raison que Fujifilm a choisi de limiter la mise au point normale à 80 cm et de ne pas opter pour un basculement automatique en mode macro comme savent le faire les compacts classiques. En visée électronique, la qualité est vraiment très bonne, comparable à celle des meilleurs modèles disponibles. Le viseur du X100 est donc une réussite et devrait à la fois ouvrir des perspectives à ceux qui n’ont pas connu l’époque des bons viseurs optiques et réconcilier ceux qui les regrettent avec le numérique. Evidemment, la réalisation de ce viseur a été rendue plus facile par le fait que le X100 est pourvu d’une focale fixe, reste à voir si des versions adaptées à un zoom pourront être mises sur le marché dans des conditions raisonnables.

Comme les autres réalisations comparables, le X100 dispose d’un système autofocus par détection de contraste sur le capteur. Avec des choix relativement classiques de mode de mise au point et de zone. Mais c’est par la mise au point manuelle que le X100 se distingue car si la commande est évidemment électronique (la bague rotative tourne à volonté…), elle est associée à une indication de distance par échelle en bas du viseur et, plus rare, une indication de la profondeur de champ (qui dépend à la fois de la distance et de l’ouverture du diaphragme). Il devient donc possible de photographier « à l’ancienne » avec un préréglage de la distance de mise au point et en utilisant éventuellement l’hyperfocale ! Des techniques qui ont fait leurs preuves pour la prise de vue sur le vif (reportage ou autre) et qui sont souvent impossibles à utiliser sur les appareils numériques actuels.

Du coté de l’exposition, on retrouve naturellement les possibilités classiques avec les mesures matricielle, moyenne et spot (2% de l’image). Avec une possibilité de gestion du contraste suivant la technologie EXR chère à Fujifilm. Nous en reparlerons au chapitre des essais pratiques. Bien entendu, le X100 est aussi un appareil très actuel avec une possibilité de prise de vue en rafale à 5 i/s et aussi la possibilité de réaliser des panoramas pas balayage ainsi que de réaliser des vidéos HD. Même si tout cela ne sera sans doute pas essentiel dans la motivation d’achat d’un tel modèle.

Une optique pour un capteur

Le capteur utilisé par Fujifilm est un modèle CMOS BSI avec une résolution raisonnable de douze mégapixels. On peut donc en attendre un très bon comportement aux sensibilités élevées. La gamme des sensibilités s’étend d’ailleurs de 200 à 6 400 ISO avec des extensions à 100 et 12 800 ISO. Fujifilm annonce avoir spécialement adapté ce capteur au X100 et son optique pour obtenir une parfaite répartition de la luminosité sur l’ensemble de l’image. Par ailleurs, une attention particulière a été portée à la dissipation thermique pour éviter la dégradation des performances par augmentation de la température du capteur.

L’optique est un 23 mm, équivalent à 35 mm en 24×36, qui ouvre à F/2, valeur autrefois classique en optiques professionnelles de ce type mais qui est aujourd’hui assez rare. En association avec le capteur performant, cette luminosité permettra de photographier efficacement avec une lumière très faible. Elle dispose naturellement d’un véritable diaphragme (9 lamelles) mais aussi d’un filtre gris neutre (3 IL) permettant de conserver un diaphragme relativement ouvert même sous forte lumière afin de limiter la profondeur de champ (sujet net sur fond flou). La chose est d’autant plus utile que le X100 utilise un obturateur central avec d’inévitables limitations d’emploi aux vitesses élevées. S’il monte bien à 1/4000 s lorsque le diaphragme est fermé à F/8 (ou plus), la vitesse maximale est limitée à 1/1000 s en pleine ouverture.

On regrette tout de même que le parasoleil (et sa bague d’adaptation) soient en option. Une mauvaise habitude qu’on croyait disparue, surtout pour un modèle de ce prix. Outre la possibilité de photographier en JPEG et/ou en RAW, le X100 dispose d’une multitude de réglages permettant à l’utilisateur d’obtenir le comportement qui lui convient. Même s’il est utilisable sans trop se poser de questions, il est évident qu’il se destine plutôt aux photographes exigeants qui vont rechercher un comportement précis et un rendu adapté à leurs besoins.La prise en main du X100 sera certainement un instant de bonheur pour la plupart des photographes qui retrouveront (ou découvriront !) des sensations fort agréables par son côté bel appareil en métal. La découverte du viseur ne pourra que confirmer cette première impression très positive. Globalement, l’ergonomie a de quoi confirmer cette sensation d’avoir en main un appareil vraiment fait pour photographier. Rien n’étant parfait, nous n’avons guère aimé le sélecteur de mode de mise au point dont la position médiane est difficile à obtenir avec sûreté, ni surtout le correcteur d’exposition certes beau et qui tombe bien sous le doigt mais qui a tendance à tourner de manière aléatoire lors des manipulations de l’appareil. Revenons vers les choses très positives en constatant que le X100 offre un fonctionnement très silencieux, qualité qui manque cruellement aux hybrides dont le déclenchement s’agrémente d’un bruit métallique peu discret ! Les photographes souhaitant ne pas se faire repérer par leurs « victimes » apprécieront…

La qualité des images de base est tout à fait conforme à ce qu’on pouvait attendre. Même à pleine ouverture l’optique fournit une très bonne image qui s’améliore encore dès que l’on ferme un peu le diaphragme, comportement habituel bien connu, du moins avec un grand capteur où la diffraction risque de venir jouer de mauvais tours si on ferme au-delà de F/11. En pratique, les images offrent une excellente définition de 2,8 à 11, sans aberrations chromatiques, le logiciel du X100 assurant vraisemblablement une correction automatique comme le pratiquent d’autres constructeurs (Nikon, Panasonic, etc.). La définition est très homogène sur l’ensemble de l’image, les coins ne montrant pas de perte sensible comme on le voit trop souvent.

Le comportement aux hautes sensibilités fait incontestablement partie des atouts du X100 puisqu’il est du niveau des meilleures réalisations du moment. Jusqu’à 6 400 ISO le bruit reste discret, les détails de l’image bien conservés et les couleurs très correctes. Seul le 12 800 ISO, même s’il reste utilisable, sera à éviter pour les images où la qualité prime.

Nous avons effectué des prises de vue comparatives pour voir comment se comportait le X100 par rapport à un reflex classique, en l’occurrence un Nikon D5000 équipé d’un zoom Nikon 18-200, dont la focale était naturellement réglée sur 24 mm pour obtenir un champ similaire à celui du X100. Toutes les prises de vue ont été effectuée à F/8, en mode priorité diaphragme, tous les réglages des deux appareils (exposition, balance des blancs, netteté, contraste, etc.) étant laissées à leurs positions par défaut. Signalons toutefois que les prises de vue sont effectuées en mode Adobe RVB et que, si c’est le rendu des couleurs qui vous intéresse particulièrement, vous devez utiliser un logiciel assurant une gestion des couleurs correcte pour les examiner.

Sur cette prise de vue très classique, on peut constater que le rendu des couleurs est un peu différent, le D5000 donnant une image qui tire un peu vers le magenta et le X100 plus vers le vert/bleu. L’image fournie par le X100 est plus définie au centre mais le D5000 fait jeu égal voire un peu mieux sur les bords.

Cette image a pour but de constater le comportement des appareils face à une scène très contrastée. On voit que le D5000 tend à conserver un rendu assez sombre et préserve les hautes lumières alors que le X100 donne un rendu plus clair avec des hautes lumières un peu brûlées. Une correction d’exposition sera la bienvenue…

Le contrejour reste un exercice difficile et on voit que le D5000 expose clairement mieux que X100 avec lequel il aurait fallu corriger en positif.

Avec un éclairage de côté, les résultats en termes d’exposition sont assez proches.

Au terme de nos divers essais, le X100 nous est apparu comme un excellent appareil qui exige toutefois un peu plus d’attention que le D5000 pris comme référence pour en tirer le meilleur parti en toutes circonstances. Il sera nécessaire de jouer un peu du correcteur d’exposition pour obtenir un résultat optimal. Ce n’est pas un gros inconvénient, ce modèle visant à l’évidence des utilisateurs à la fois avertis et exigeants.

Appareil d’exception, le Fujifilm X100 fera assurément envie aux amoureux de beau matériel. Ce n’est pas pour autant un modèle destiné à rester dans une vitrine. Les résultats sont à la hauteur des ambitions. Si son prix peut refroidir bien des enthousiasmes, c’est un appareil qui comblera certains utilisateurs. Reste à savoir si vous pouvez faire partie de ceux-là car c’est un modèle très spécifique avec lequel il sera bon de réviser sa pratique photographique pour en exploiter toutes les capacités. Notamment se passer de tout zoom et d’objectif interchangeable est vraiment une démarche extrême à notre époque.

Prix : 1000 euros