Vous tremblez comme une feuille à l’idée de franchir la douane avec votre sac Louis Vuitton de contrefaçon ? (En même temps, on vous l’avait dit que ça s’écrivait pas Vuitonton) Imaginez ce que doit ressentir le gars qui commande un conteneur complet du Haier HT23918R… Au-delà d’une inspiration de design qui sent bon le fructose, Haier signe ici un moniteur tout à fait raisonnable… et franchement drôle à avoir.
« Papa plus tard, je veux être testeur de moniteur informatique ». Aucun gosse. Personne. Jamais. Je ne sais plus exactement quand j’ai arrêté de compter les moniteurs que j’ai vu passer en test. Ça doit se chiffrer désormais à plusieurs centaines. Il faut dire que l’actualité récente a de quoi désespérer le plus enthousiaste des technophiles. On pense avoir tout vu, le pire comme le meilleur. Et au labo, pour tout dire, on n’est pas loin de craquer. Par exemple, plus personne ici ne trouve surprenant désormais d’avoir en face de soi un bonhomme constitué d’un ventilateur, un casque de chantier, un trognon de rouleau de Sopalain et une couronne de galette des rois de 2012. Tout cela est parfaitement normal. Et puis soudain Haier nous envoie le Haier HT23918R.
Quand on déballe le Haier HT23918R, un 24 pouces Full-HD, on réprime un cri d’effroi mêlé de surprise, genre « Mais doux Jésus, c’est quoi ça ? Qu’est-ce qu’il se passe ici ? » Ou un grand « Mais WTF !!! #facepalm #omagad », si vous êtes de la génération internet plus portée sur les acronymes anglicistes, limite anglicans. Il y a des jours où j’aimerais quand même être une petite souris lors des réunions de l’équipe de design, ne serait-ce que pour entendre pour la première fois le dessinateur présenter ce concept et répondre « bah quoi ? » face à la mine atrocement déconfite de ses collaborateurs après un long silence embarrassant. Tout ceci sent la bonne blague « Vas-y, on s’en fout, t’es pas cap, ça passera jamais ! », une stratégie de développement produit plus commune qu’il n’y parait dans l’industrie, et à laquelle on doit notamment selon mes sources le design de la Fiat Multipla, le Microsoft Zune, Google+ et à peu près toutes les sélections françaises pour l’Eurovision depuis 1982.
Design et finition
Passons rapidement sur les sources d’inspiration évidente de la marque. La qualité de fabrication est tout de même en dessous de ce que l’on trouve chez Apple. C’est indéniable. Notamment, il y a quelques problèmes de moulage mais l’ensemble est en métal, assez léger, certes. L’assemblage est assez juste et le dos de la dalle subit le même traitement. Petite attention pour l’évent supérieur, pas forcément nécessaire sur un moniteur, mais qui, là encore, est d’inspiration connue.
Ergonomie
L’écran est réglable en inclinaison… et puis c’est tout… exactement comme l’iMac. On accède au système de menu via des touches tactiles qui fonctionnent de façon impeccables. Le menu est assez complet, exception faite de l’overdrive qui est fixe.
Equipement
La connectique est sans surprise, avec un triple port HDMI, DVI, VGA. Le transformateur, assez petit mais moulé à la prise, est à relégué à l’extérieur, pour ne pas pénaliser la fluidité de la ligne, sans doute. Bizarrement, la marque n’a pas intégré de haut-parleurs non-plus. Pourquoi ? Mystère. Il y avait pourtant la place.
Haier HT23918R : une consommation très faible
Le moniteur Haier HT23918R consomme peu d’énergie. Comptez 17W dans nos conditions de mesure standard.
Haier HT23918R: assez bien réglé
Le moniteur Haier HT23918R est plutôt bien réglé mais il aurait gagné à être affiné. Ainsi, le mode standard nous donne un très correct 6300K, mais avec beaucoup de vert. Voici notre point de réglage : rouge=60, vert=71, rouge=80. Le contraste est à 60 et la luminosité à 80
Pour rappel, ce graphique donne la différence entre la nuance de couleur désirée et celle réellement affichée.
– Si DeltaE > 3, alors la couleur affichée est sensiblement différente de celle exigée, cet écart pourra être perçu par l’utilisateur.
– Si DeltaE 
Alors que la fiche technique fait apparaitre une dalle MVA, on regrette que le contraste ne soit pas plus poussé. Dommage car l’antireflet est par contre tout à fait excellent. Certains constructeurs de téléviseurs devraient en prendre de la graine. Pour atteindre 160 cd/m2, nous avons juste baissé la luminosité à 64.
Passé au Gretag Eye-one Display 2, l’écran montre qu’il respecte assez bien l’espace colorimétrique sRGB. Le vert et le rouge sont un peu décalés mais ce n’est pas bien gênant.
Le gammut représente la richesse des couleurs affichées. Les coins du triangle sont les couleurs primaires (en synthèse additive, bien sûr). Ainsi, la surface du triangle représente l’ensemble des couleurs affichables en combinant les trois teintes primaires avec plus ou moins d’intensité pour chacune d’entre elles. Donc plus la surface du triangle est étendue, plus les couleurs sont riches.
Haier HT23918R : Uniformité spatiale
Nous avons mesuré l’uniformité de cet écran. Pour rappel, voici la méthode :
Nous réglons la dalle sur 50 % de luminosité, 50 % de contraste et nous mesurons l’uniformité de l’éclairage dans une image blanche quadrillée en 64 zones de taille égale : le point le plus lumineux est considéré comme le point 100 %, la valeur du noir précédemment mesurée est considérée comme 0 %, les autres valeurs mesurées sont étalées ensuite.
Le moniteur Haier HT23918R offre une uniformité assez moyenne, sans doute due à la distance entre la dalle et la surface de l’écran, qui laisse tout de même passer pas mal de lumière ambiante. Ce n’est pas spécialement gênant toutefois à l’usage, car il n’y a pas de tâches franchement visibles à l’écran.
Haier HT23918R : slow motion
L’écran Haier HT23918R n’est pas un moniteur de jeu. Son overdrive n’est pas suffisamment poussé et on ne peut pas le régler à la main. Il faut compter un peu plus de 19ms en moyenne.
Pour rappel, encore une fois :
Cette courbe recense les différentes valeurs de latence en fonction du niveau de gris à atteindre. Une alternance noir-blanc se traduit sur la courbe par un point avec l’abscisse 255, une alternance noir-gris donne un point à 125 d’abscisse tandis qu’une alternance noir-gris foncé affiche 50, etc. La latence officielle ISO spécifiée par le constructeur ne concerne que les transitions noir/blanc (0/255).
Dépassement de consigne
Il n’y a pas dépassement de consigne et donc pas de halos autour des objets en déplacement. C’est donc un écran de classe A.
Pour rappel, la classe d’overdrive Ere-numérique permet d’évaluer la précision de l’overdrive sur les dalles LCD. Quelle importance me direz-vous ? Si l’overdrive est mal maîtrisé, les couleurs affichées ne sont pas du tout correctes pendant plus d’une image. On obtient une couleur plus flashy que celle demandée. C’est gênant dans les films où ce phénomène engendre du bruit vidéo. Dans les images animées, ce problème peut se traduire par l’apparition d’aberration chromatique. Certaines couleurs non demandées apparaîtront temporairement, du rouge dans une transition vert-jaune par exemple.
Dans la pratique
A l’essai, cet écran est plutôt un écran familial. Il s’en sort très bien dans la vidéo, la bureautique et le jeu occasionnel. Rien de bien fantastique donc, mais si vous cherchez un moniteur pour votre numérique de tous les jours, le surf sur le net, la compta, la bureautique, etc., il est vraiment bien et pas trop cher. En vidéo, on notera tout de même que les images sont relativement propres, dépourvues de fourmillements. C’est une bonne chose, beaucoup trop rare de nos jours.
Haier HT23918R : « Oh la belle pomme ! » Jacquouille la Fripouille
Evidemment, les fans d’Apple vont râler. Mais de toute façon, ils râlent, d’une façon générale. Donc passons. Techniquement, le Haier HT23918R est un écran moyen, familial et bon marché. Et c’est donc une évidence que son design va jouer un rôle essentiel dans sa commercialisation, dans les mois à venir, nous dit-on. Faut-il donc se réjouir de l’existence d’un tel appareil ? C’est très personnel. D’un côté, on reprochera à la marque de ne pas trouver son propre style et de copier les marques qui marchent. Soit. De l’autre, on peut se dire que le statut quasiment mystique qu’a pu acquérir la marque à la pomme, qui a érigé la critique à son encontre au rang de blasphème, est devenu tellement risible que ce genre de démarche apporte un peu de fraîcheur et relativise aussi l’importance que l’on donne au design, en général, dans nos actes d’achat. Et parmi les acquéreurs de ce modèle, il y aura ceux, pathétiques sans doute, qui l’achèteront pour « faire croire que », et les autres qui le prendront comme un pied de nez à un certain snobisme numérique qui n’a pas lieu d’être, et qui consiste encore aujourd’hui à coller un autocollant Apple au cul de sa fiat 500 ou de sa Mini BMW pour montrer sa fierté de consommateur. Apple, ne pas en avoir, c’est ne pas en être. On n’ira pas jusqu’à dire que ce moniteur est le Gorafi de l’informatique, mais il y a un peu de cela, avouons-le.
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