Voilà, ça y est : dans le cadre des lois anti-tabac, on tape sur la cigarette électronique. Un joli tour de force réalisé par Marisol Touraine qui rappelons-le, a été membre du club Avenir de la Santé, financé par GlaxoSmithKline, numéro 2 au monde des patchs anti-tabac. Tout est dit à partir de là ? Non, j’ai pas fini.
Depuis l’apparition de la cigarette électronique, ce sont 400.000 français qui ont réussi à arrêter la clope, une performance supérieure à toutes les hausses du paquet que les fumeurs ont pris en pleine face à, presque, chaque premier janvier. S’intéresse-t-on à ce levier pour continuer dans le bon sens ? Non. On va mettre des bâtons dans les roues de l’e-cig.
On va l’interdire dans certains lieux publics. Dans les faits, je m’en tape. Je trouve que jusqu’à présent, il y a eu une bonne intelligence entre tout le monde. Malgré une législation un peu floue, je n’ai vu personne vaper au cinoche. Et heureusement que je n’ai moi-même pas vapé au ciné. Actuellement équipé d’un matériel sub-ohmique, avec des liquides 100% VG, je vous promets que le légendaire fog londonien, c’est très clair à côté. Mais passons : que la vapeur soit épaisse ou pas, jamais il ne viendrait à l’esprit de vaper dans un cinoche. Idem dans un restau ; certaines vapeurs sont plus odorantes que d’autres. Si je vous sors un Red Astaire un Catherine the Grape au moment où vous goutez le vin, vous aurez envie de me mettre un poing dans la tronche et vous aurez raison. Ça ne se fait pas, c’est tout. À contrario, en débarquant dans un bistrot, quand on demande l’autorisation de vaper, il n’y a aucun problème. C’est peut-être plus simple à Paris qu’en province cependant. Et si on me refuse l’autorisation, je peux aller en terrasse ou ailleurs. Je rappelle qu’il n’y a pas de vapotage passif. Et ce paradoxe : quelqu’un qui mange une purée à côté de quelqu’un d’autre qui vapote en 0mg absorbe plus de nicotine car il y a de la nicotine dans la patate.
Mais au lieu de ça, on légifère ou mieux, on fait des amendements. Je ne suis pas partisan de la vape partout, comme je viens de l’expliquer. Mais quand on a vu les études du Japon et de Portland le mois dernier et l’inquiétude que ça suscite, on comprend que la vape inquiète, même si au lendemain de l’info, Le Monde a fait un gros erratum et Le Figaro a tout simplement retiré la page de la veille (et le surlendemain, ce n’était plus la vape qui était inquiétante mais l’étude de Portland qui était douteuse ! Oui, on parle bien de fleurons de la presse nationale qui ne vérifient pas plus que ça des études totalement dirigées. Par qui ? Là, on aimerait bien que des journalistes se penchent sur la question). Beaucoup n’ont pas de certitudes et se demandent si finalement, la cigarette traditionnelle n’est pas moins dangereuse. À ce moment-là, les lobbys ont gagné. Faut-il rappeler le nombre de morts ?
Ok, une fois de plus, on n’a pas le recul. Mais aucune étude sérieuse n’a mis en évidence une quelconque dangerosité de l’e-cig. Par contre, des études mettant en évidence la formation de formaldéhyde, oui, il y en a. Rappelons que ça se forme quand les résistances sont cramées : aucun vapoteur censé ne continue à aspirer tant le goût est immonde. Ce qu’ont réussi à faire nos députés aujourd’hui, c’est ajouter de la méfiance à la méfiance. C’est convaincre les fumeurs, ces bons payeurs de taxes de continuer à avaler leur poison la conscience emplie de cette certitude : s’ils interdisent quelque part, c’est que ce n’est pas anodin.
La cigarette électronique n’est pas anodine. De mauvais accus peuvent chauffer en cas de court-circuit et prendre feu ou exploser, les liquides peuvent contenir de la nicotine, qui crée la dépendance. Je ne connais pas une famille dans laquelle un fumeur ne s’est pas chopé une grosse saloperie à un moment donné. Mais ouhlala, méfiez-vous de l’e-cig, la seule façon souple d’arrêter la clope. C’est le message de nos députés aujourd’hui.
