Sharp Aquos Phone SH80F : une entrée en matière délicate

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Le constructeur nippon fait avec Orange ses premiers pas sur le marché européen. Fer de lance de ce débarquement, l’Aquos Phone SH80F est un grand androphone 3D. Un Pari risqué face à des concurrents comme le LG Optimus 3D ou le HTC Evo 3D.

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Le Sharp Aquos Phone SH80F est un smartphone original à plus d’un titre. Si le constructeur japonais est plutôt connu dans nos contrées comme un fabricant de matériel audio et vidéo, la marque n’est pas pour autant une débutante dans l’univers de la téléphonie. Au Japon, Sharp est en effet l’un des acteurs majeurs du secteur, avec 25 % de part de marché, en particulier grâce à ses androphones. Fort de ce succès et de ses connaissances dans le domaine de la 3D mobile (Sharp fabrique les écrans de la 3DS de Nintendo), le constructeur nippon débarque en Europe avec l’Aquos Phone SH80F, un smartphone doté d’un écran 4,2 pouces et capable d’afficher la 3D sans lunettes. Reste donc à voir si ce modèle peut concurrencer les smartphones 3D déjà disponibles que sont le LG Optimus 3D et le HTC Evo 3D.

Finition : peut mieux faire

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Les premiers contacts avec l’Aquos Phone sont décevants, surtout à cause de la finition et du design. Écran 3D oblige, ce téléphone est assez épais (11,9 mm) et plutôt encombrant. Par contre, le poids reste assez contenu avec 135 grammes sur la balance. Paradoxalement, ce smartphone léger laisse une impression de « toc » assez désagréable. A l’opposé de la tendance actuelle qui fait la part belle au métal et aux plastiques soft-touch, on trouve ici une coque noire glossy du plus mauvais goût. En plus de glisser facilement des mains, le téléphone se couvre en quelques minutes de traces de doigts. Question finition, l’Aquos Phone est donc décevant, nettement en deçà de ce que proposent des smartphones HTC ou Samsung de gamme équivalente comme le Samsung Galaxy S2.

L’ergonomie ne fait guère mieux. La prise en main est médiocre. La faute en revient aux boutons, trop fins et difficilement accessibles. On apprécie toutefois la présence du déclencheur photo, même si il est parfois un peu difficile à actionner.

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En plus des traditionnelles prises jack et micro USB, le Sharp propose également une sortie micro-HDMI (Type D). Ca peut toujours rendre service mais il serait bon que les constructeurs fassent un petit effort et livrent le câble avec l’appareil.

Un cœur simple mais puissant

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Contrairement à nombre d’androphones haut de gamme, l’Aquos Phone se contente d’un processeur simple cœur. C’est une puce Qualcomm Snapdragon de dernière génération cadencée à 1,4 GHz qui a été choisie. Comme nous l’avons déjà dit à l’occasion de tests précédents, ce type de processeur suffira pour l’immense majorité des usages. Les applications exploitant plus de deux cœurs sont très rares. Compte tenu de l’immense variété de plateformes tant matérielles que logicielles qui constitue à l’heure actuelle l’univers des terminaux Android, les développeurs se contentent la plupart du temps de coder leur application pour le plus petit dénominateur commun et n’exploitent donc pas le plein potentiel des téléphones. Côté mémoire, on trouve 512 Mo de mémoire vive et 2 Go de stockage interne, c’est peu. Ceux qui veulent plus devront passer par le lecteur de cartes micro-SD. Une carte de 4 Go est d’ailleurs fournie mais vu le prix ridicule de la mémoire ces derniers temps (moins de 10 € pour 8 Go), on se demande pourquoi Sharp n’en livre que quatre de plus.

Pas de miracles pour ce qui est de l’autonomie puisque dépasser la journée d’utilisation se révélera difficile, comme trop souvent. Les activités 3D du Sharp Aquos Phone SH80F sont en particulier très énergivores.Sharp_SH80F_4.jpg

On attendait le Sharp Aquos Phone SH80F au tournant en ce qui concerne l’affichage. La marque est en effet experte dans ce domaine, fournissant Nintendo et sa 3DS en dalles LCD mais aussi en disposant d’une gamme complète de téléviseurs 3D. A l’essai, l’écran laisse une impression mitigée. Certes, la 3D est convaincante mais l’affichage simple en 2D l’est moins et c’est bien dommage car c’est finalement ce mode que vous utiliserez le plus. La résolution qHD (540 x 960 pixels) offre une bonne surface de travail et plus généralement une bonne densité de pixels. La luminosité est correcte mais les couleurs sont fausses et le contraste assez moyen. Le plus gênant est pour nous le blanc qui est un peu jaunâtre. Le tactile est précis et le traitement de l’écran limite un peu les reflets, même si on a déjà vu mieux.

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Par contre en utilisation 3D, les choses se passent nettement mieux. Pour peu que le contenu soit adapté, les effets sont convaincants. La profondeur est mieux perçue que le jaillissement mais c’est une caractéristique que partagent tous les écrans auto-stéréoscopiques. Pour obtenir le meilleur effet possible, il faudra tenir l’écran à une quarantaine de centimètres de vos yeux et surtout éviter de trop bouger. C’est sans doute le point le plus délicat quand on voyage. Dans les faits, essayer de regarder ou jouer plus d’une dizaine de minutes s’avère fatiguant, tant sur le plan visuel que musculaire, les bras ayant tendance à se crisper pour limiter les mouvements intempestifs. Au final, le Sharp s’avère très proche d’un HTC Evo 3D mais nous avons une préférence pour le Sharp, un poil plus net.

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Pas question de parler 3D sans évoquer la situation logicielle et les contenus. C’est encore à l’heure actuelle le gros point faible de tous les smartphones 3D. Sharp est indéniablement le constructeur qui a fait le plus d’efforts à ce sujet. Certaines fonctions comme le bureau en 3D sont clairement gadget mais nous sommes déjà plus convaincus par les jeux et la vidéo. Deux titres sont fournis : les Sims 3 et Need For Speed Shift. Ils fonctionnent sans le moindre ralentissement et les effets 3D sont des plus acceptables.

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Côté vidéo, soit on utilise du contenu 3D natif via la carte mémoire ou YouTube HD, soit on laisse l’appareil effectuer une conversion 2D-3D en interne. Bien sûr, les vidéos natives sont bien plus convaincantes mais les images converties restent tout à fait regardables. L’intérêt de la 3D sur un téléphone tel que le Aquos Phone SH80F reste selon nous encore à prouver mais on est en face de la meilleure implémentation que nous ayons vu à ce jour.

Android : des modifications légères

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Basé sur Android 2.3.4, l’OS embarqué se contente de retouches superficielles. On retrouve la possibilité de classer applications par dossiers ou encore une gestion des widgets améliorée. Le changement le plus flagrant reste peut-être la barre de notifications qui se voit dotée d’un grand nombre d’options. C’est pratique mais un peu chargé par moments. Un gestionnaire des tâches est installé et accessible après une longue pression du bouton central.

Autre fonction originale : le VeilView qui n’a rien à voir avec Simone. Sous ce nom un peu cryptique se cache la possibilité d’activer un « filtre » permettant de limiter les angles de visions latéraux et d’ainsi empêcher des voisins de train de voir ce que vous êtes en train de faire. Nous étions un peu dubitatifs mais il faut avouer que ça marche plutôt bien.

Si la compatibilité 3D du lecteur vidéo a été travaillée, on ne peut pas en dire autant des formats lus puisque qu’il est impossible de lire un DivX ou un MKV sans passer par un lecteur tiers. Même constat avec le lecteur audio qui est tout simplement celui livré de base avec Android.

3D light

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Pour la prise de vue photo et vidéo, on trouve deux capteurs 8 Mpixels qui offrent des résultats tout à fait corrects avec des clichés nets et peu de bruit numérique. On regrettera juste une sensibilité en basse lumière qui est assez moyenne même si il est rare de trouver un smartphone doué dans ce domaine. L’interface rompt avec les habitudes des autres terminaux Android. On trouve une vingtaine de carrés avec des modes-scènes prédéfinis (sport, soirée …) plus ou moins convaincants. Pour les puristes il est toujours possible de modifier tous les réglages à la main dans un autre menu. Pour la vidéo il est possible de monter jusqu’au 1080p à 30 images/s avec une nouvelle fois de bons résultats.

Double capteur oblige, Photos et vidéos en relief sont au menu. Le résultat est propre avec un effet de profondeur qui gagnerait tout de même à être plus marqué. En 3D, l’enregistrement est limité au 720p.

Sharp Aquos Phone SH80F : un choix difficile

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Malgré des premières impressions mitigées, l’Aquos Phone est plutôt plaisant. Certes, le design et la finition sont décevants mais les efforts de Sharp sur la 3D sont admirables, en particulier pour la conversion 2D/3D.Si elle ne fait pas de miracle, elle permet à l’utilisateur de ne jamais tomber à court de contenu en relief. Reste qu’à 630 euros nu (en exclusivité chez Orange), l’Aquos Phone SH80F est cher surtout vu sa finition, indigne d’un mobile de ce prix. Si vous êtes un inconditionnel du relief, le Sharp Aquos Phone SH80F est ce qui se fait de mieux actuellement dans ce domaine. Pour les autres, mieux vaudra s’orienter sur un Samsung Galaxy S2 ou un HTC Sensation.

Caractéristiques :
– Réseaux : GSM 850/900/1800/1900, HSDPA 900/2100
– Système d’exploitation : Android 2.3.4
– Dimensions/poids : 127 x 64 x 11.9 mm /135 grammes
– Écran : Super LCD capacitif 4,2 pouces, 540 x 960 pixels, 16 millions de couleurs, 3D auto-stéréoscopique
– Capteur photo : 2 x 8 Mpixels + 0.3Mpixels en façade
– Baladeur : MP3/AAC+/WAV/WMA player MP4/H.263/H.264/WMV
– Connexions : A-GPS, Bluetooth 3.0 A2DP, WiFi b/g/n, micro USB 2.0, Micro HDMI (Type D)
– Mémoire : 2 Go et lecteur de cartes micro-SD (carte 4 Go fournie)
– Autonomie moyenne : 26 heures

Prix : 630 euros

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8/10

Les Plus

  • Conversion 2D/3D
  • Qualité photo/vidéo
  • Léger

Les Moins

  • Finition et design
  • Autonomie
  • Prix

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