Nikon A : un premier Coolpix APS-C

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Sous ses airs de gros Nikon P310, le Nikon A cache bien son jeu : une approche radicale de la photographie, avec une focale fixe (équivalent 28mm) et un gros capteur APS-C. Bien évidemment, on pense immédiatement au Fuji X100s, mais la comparaison s’arrête au « Made in Japan ». L’approche de Nikon est bien différente. Voici pourquoi.

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Le compact Nikon A répond à une vraie demande de la part des nikonistes. Depuis que Fuji a lancé la tendance des appareils photos compacts ultra performants à optiques fixe, les fans de la marque attendaient en effet une réponse digne de ce nom, histoire de se constituer un bloc note numérique qui tiennent dans la poche sans sacrifier la qualité d’image.. Et le pari n’est pas loin d’être rempli, avec notamment un bon capteur directement hérité du D7000… mais il y a des choses qui fâchent…

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Un capteur connu

Le capteur CMOS est directement hérité du D7000, et dès les premiers clichés, la parenté saute aux yeux. On retrouve ici une image très légèrement surexposée (on aura raison d’opter pour une compensation de l’exposition constamment à -0,3). Le piqué est bon malgré une certaine douceur en JPEG. Là encore, on est en terrain connu et les possesseurs du D7000 savent aussi ce qu’il en est. Mieux vaut donc, dans la mesure du possible shooter en RAW et développer vous-même vos clichés, d’autant qu’on profite pleinement dans ce cas de la très belle dynamique du capteur d’image.

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Bref, si le choix du capteur du D7000 est effectivement une bonne idée, on ne peut s’empêcher de penser que le capteur du Nikon D7100 sans filtre passe bas aurait été souhaitable. Peut-être pour un Nikon A mkII ?

Nikon A : une bien belle construction

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Retrouver une pratique plus minimaliste de la photo, avec un appareil compact, bien conçu et une optique fixe, mais sans sacrifier la performance avec un gros capteur, c’est le rêve de bien des photographes baroudeurs. Mais c’est un exercice difficile, car il faut bien reconnaître qu’à ce jour, seul Fuji offre une solution convaincante. L’essai de Nikon est-il transformé ? Oui et non. La qualité de fabrication du boîtier est évidente. L’ajustement des panneaux métalliques, dos compris, est de grande qualité. Au démarrage, l’objectif s’ouvre dans un silence rassurant. Quant aux commandes, elles tombent plutôt bien sous la main. Seul le grip est un peu léger, avec un bosselage de la face avant finalement peu ergonomique. Autour de l’objectif à focale fixe (28mm équivalent), on trouve une bague de mise au point manuelle vraiment pratique, au fonctionnement amorti avec une viscosité agréable. Elle accroche un peu de temps en temps, mais rien de bien inquiétant.

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On apprécie aussi le fait que Nikon n’ait pas donné, comme Fuji et récemment Samsung, dans le vintage rétro façon appareil photo de Hipster. Même si cela n’enlève rien à la qualité des boîtiers en questions il faut aussi avouer que certains possesseurs le conçoivent hélas plus comme un accessoire de mode qu’autre chose et c’est bien dommage. Aucun risque ici.

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Nous avons emmené le Nikon A dans nos déplacements, l’appareil tient dans une poche de jean, et il démarre suffisamment vite pour que l’on puisse le dégainer quand la situation l’exige. De ce point de vue, il est même plus intéressant qu’un Nikon P7700 dont les aspérités sont plus gênantes.

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En revanche, l’engin ne dispose pas d’un écran orientable. Fort heureusement, les angles de visions sont assez larges et la luminosité est correcte. Mais on est quand même gêné dans les situations compliquées, comme une prise de vue au-dessus d’une foule, par exemple. Si la visée se fait essentiellement à l’écran, un viseur additionnel, à griffer sur le dessus de l’appareil, est disponible en option. Mais là, plus question de glisser l’appareil dans une poche. Tout aussi bizarrement, l’appareil ne dispose pas d’une dragonne mais de deux crochets pour un tour de cou. Une approche là aussi contradictoire avec les besoins de compacité. On a préféré s’en passer pour cet essai.

Bref c’est un bel objet. D’un autre côté, pour 1000 euros, on en attendait pas moins.

Nikon A : une ergonomie sans paillette

Le système de menu est directement hérité des modèles reflex. C’est très austère mais les informations sont complètes. Ici, pas de tactile, pas de menus en semi transparence avec des animations en tous genre, on n’est pas là pour rigoler. Une pression sur le bouton « i » fait simplement apparaître au dos de l’appareil un menu proche de celui du D7000, sans même l’image en fenêtre. On voit bien qu’avec ce produit, Nikon ne vise pas du tout la même clientèle qu’avec la gamme Nikon One. C’est un appareil pour amateur averti.

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Le Nikon A propose moins de commandes mécaniques directes que ses concurrents. Mais les différentes molettes réparties autour de l’objectif, sur le dessus et à côté de l’écran sont bien exploitées. De même, la très sensible gâchette de mise sous tension correspond bien à l’utilisation en bloc note de l’appareil. On le sort de la poche, on l’allume rapidement et c’est parti. L’appareil dispose bien évidemment de modes scènes prédéfinis, mais à notre avis, peu de possesseurs du Nikon A s’y risqueront. On signalera tout au plus le mode Macro, intéressant mais à la profondeur de champ ultra limitée :

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Cela étant, si la zone de netteté est limitée, la définition dans cette zone est très impressionnante.

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On pourra aussi à la rigueur retenir le mode « paysage », qui compense agréablement la parfois trop grande neutralité du capteur du D7000.

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On apprécie aussi le rendu de certains filtres au parti pris intéressant, comme le Noir et Blanc

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Le rendu noir et blanc est accessible directement depuis le sous-menu picture contrôle, (quand on appuie sur la touche « i », ce qui permet de conserver les programmes PSAM actif. Ce n’est pas un mode Scène. C’est assez rare pour être noté car d’ordinaire, sur les compacts, le mode « noir et blanc » est un rendu qui prive l’utilisateur de toute flexibilité. Le Nikon A dispose aussi d’un menu de retouche intégré à l’appareil, mais là encore, il nous semble peu probable que les utilisateurs se prennent de passion pour cette fonction. Le Nikon A dispose d’une optique relativement compacte, mais dont l’ouverture atteint f/2,8. C’est important mais la concurrence fait mieux. Le 28mm offre un très grand angle de vue, ce qui est absolument parfait pour l’architecture, ou les paysages. Pour le portrait, en revanche c’est plus difficile car la déformation est assez importante. Un 35mm aurait sans doute été plus apprécié, même si la déformation à courte distance peut être corrigée en software. On aurait aussi aimé une ouverture plus grande, à f/2 par exemple, mais dans ce cas, la compacité aurait sans doute souffert.

A f/2.8, le piqué n’est pas parfait, mais à partir de f/3,5, on retrouve suffisamment de précision dans les textures. On notera toutefois sur le cliché ci-dessous un algorithme d’augmentation de la netteté assez présent (parfaitement visible par exemple autour des câbles d’alimentation du tram).

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Comme on peut le voir aussi, la déformation du 28mm (équivalent) est assez notable tout en restant agréable, mais elle pourra comme d’habitude se corriger en software

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La sensibilité est appréciable, puisqu’on peut prendre ses photos jusqu’à 3200 ISO sans trop rougir. Certes, les aberrations chromatiques commencent à pointer le bout de leur nez, mais le filtrage antibruit n’est pas agressif du tout et c’est tant mieux. On peut monter à 6400 ISO en noir et blanc avec des résultats assez convaincants même si le lissage se fait déjà plus sentir.

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Pour le reste, signalons aussi une très bonne dynamique dans les teintes sombres, même en JPEG, avec bien peu de bruit également.

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Une mise au point à mettre au point

L’appareil est agréable à utiliser. Seulement voilà, étrangement, l’autofocus n’est pas repris de la gamme Nikon One. On aurait préféré. En fait, on retrouve ici des sensations de mise au point automatique proches du Liveview un peu amélioré du D7000, autant dire que c’est assez décevant. La mise au point patine à souhait, même dans des conditions lumineuses correctes et malgré une ouverture décente à 2.8. On aura donc raison de tenter la mise au point à la main, aidé par le curseur de distance qui s’affiche sur le côté droit de l’écran. Malgré la bonne définition de l’écran, ça reste une opération périlleuse. Et il arrive que l’on se trompe.

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Globalement, vous ne pouvez pas faire confiance à l’autofocus en dehors des cas très évidents…où vous auriez tout aussi bien fait en manuel. Au-delà du fait que l’autofocus pédale, un peu comme sur le catastrophique autofocus de l’EOS M, la zone considérée est bien trop large. De fait, si vous tentez la mise au point sur un objet trop petit, comme le goulot d’une bouteille, l’appareil se trompe et rend l’arrière-plan net. De même la distance minimale pour que l’autofocus fonctionne bien est d’environ 50 cm. Ce qui est étrange car en manuel, on peut descendre bien en deçà, entre 10 cm et 15 cm sans problème.

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Bref, à vous de retrouver les joies d’une mise au point manuelle. D’ailleurs, pour cela, il faut d’abord cadrer, puis appuyer sur le bouton de zoom pour afficher la zone de mise au point et ajuster la bague. Durant cet essai, c’est un détail qui nous a vraiment pénalisés.

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Nikon A : perfectible

Côté vidéo, l’appareil annonce un enregistrement en Full-HD, à 30 images par secondes. Les images sont propres mais l’optique, trop large, ne se prête pas vraiment à l’exercice, surtout quand vous filmez des gens. Si c’est pour faire un panoramique sur un beau paysage, là oui, on profite d’un bon piqué et d’images globalement propres, avec une belle dynamique également dans le bas de l’histogramme.

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Globalement, le Nikon A est plutôt un bon appareil photo. Mais il nous a fallu du temps pour s’adapter à ses défauts pour profiter enfin de ses qualités. Le Nikon A est un appareil doté d’un bon capteur, qui peut monter en sensibilité pour un résultat globalement très agréable. En revanche, le fait de devoir se passer quasiment systématiquement de l’autofocus est assez pénalisant. A la fin, nous avons purement et simplement désactivé l’autofocus, de façon à éviter d’avoir à presser le déclencheur à mi-parcours, d’atteindre qu’il se trompe pour corriger manuellement. Le choix de l’optique est en question également. Le 18,5mm (équivalent 28mm) est certes bon, mais à notre avis un peu moins polyvalent qu’un 35mm, tel que proposé par Fuji. Signalons aussi une batterie 1 Ah, permettant de shooter plusieurs jours sans avoir à recharger. A titre d’exemple, nous avons atteint les 300 clichés, et il reste 50% de la charge. En soi, le Nikon A ne démérite donc pas, mais simplement, la concurrence est bien là, notamment chez Fuji, avec un X100s en tout point supérieur, du moins pour l’instant. On attend donc de pied ferme une version revue et corrigée de l’engin, avec, on peut rêver, un autofocus qui marche bien et, pourquoi pas, le capteur du D7100 ?

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7/10

Les Plus

  • Qualité du boîtier
  • Capteur rassurant
  • Ergonomie pro

Les Moins

  • Autofocus décevant
  • Pas d’écran orientable
  • Ouverture limitée à f/2,8

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