Astell & Kern AK120 II : baladeur audiophile hors de prix

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Astell & Kern est spécialisé dans les baladeurs audiophiles. Cette seconde mouture du AK 120 fait appel à deux convertisseurs de pointe et propose une nouveau design réussi. Si la finition est magnifique et le rendu sonore impressionnant, le prix extravagant paraît tout de même difficile à justifier.

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Astell & Kern, est une marque d’iRiver, connu en son temps dans nos contrées pour ses baladeurs innovants. L’idée est de proposer des baladeurs audiophiles capables de restituer dignement des fichiers audio haute définition pour des casques haut de gamme. Il est vrai qu’acquérir un casque à plusieurs centaines, voire milliers d’euros pour écouter des MP3 sur un smartphone ne fait guère sens. La première génération des AK 100 et 120 n’avaient pas totalement convaincus, notamment par un rapport performances / prix problématique et aussi par une ergonomie discutable. Cette deuxième série corrige les défauts mais n’en devient pas plus démocratique pour autant. C’est d’autant plus compliqué à défendre que d’autres constructeurs ont abordé le segment, Notamment Sony avec son NWZ-ZX1 à 700 euros. Nous avons reçu en test le baladeur le plus haut de gamme des deux, le AK 120 II doté de deux convertisseurs. Si le modèle AK100 II vendu 900 euros avec un seul convertisseur est encore dans les limites de l’acceptable, ce AK120 II à 1 700 euros franchit le seuil du déraisonnable. D’autant que les seules différences se résument apparemment à 64 Go de mémoire en plus et une solution double convertisseur. Si on traduit cela en chiffre à parts égales, cela voudrait dire que 64 Go valent 400 euros ou 66 euros le Go, et qu’un DAC Cirrus Logic CS4398 vaut 400 euros. Or le prix du Go de mémoire est plutôt autour de 2 euros et le CS4398 se trouve par mille à 10 dollars. Alors certes, il y a l’électronique qui va avec mais quand même…

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Astell & Kern AK120 II : un bel objet

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Oublions le prix et passons à l’objet. Il est beau, cela ne fait aucun doute. Les formes sont simples et minimalistes. La seule excroissance est une belle molette à crans en métal. Le châssis en aluminium brossé est magnifique. Le dos recouvert de plastique est qualitatif aussi. La face avant est occupée pour l’essentiel par un écran tactile de 3,3 pouces. C’est un bel objet très bien fini, on en attendait pas moins à ce prix. Astell & Kern livre une housse en cuir véritable mais au look plus que discutable car la finition croco et le bleu nuit passent mal dans nos contrées. Pour l’encombrement, il est similaire à celui d’un iPhone 5 mais en trois fois plus épais. Cela reste raisonnable cependant.

Astell & Kern AK120 II : du beau monde

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C’est évidemment l’aspect technique qui nous intéresse le plus. Le baladeur est donc doté de deux convertisseurs Cirrus Logic, le meilleur du marché. Chacun décode en analogique un canal pour une meilleure définition de la stéréo. Il y a deux sorties pour le casque, une en 3,5 mm mini-jack et une autre symétrique en 2,5 mm. Le seul problème est qu’aucun casque nomade ne dispose d’une telle connexion, du moins pas à notre connaissance. Il sera possible sous peu d’acheter un câble adaptateur qui se branche aux deux sorties pour éventuellement relier un amplificateur en cinch symétrique. A signaler qu’il est également possible de brancher le baladeur sur un chaîne Hi-Fi en tant que source de haute qualité pour les fichiers audio HD par la prise 3,5 mm et un câble mini-jack vers cinch rouge / blanc. Cette prise est également optique mais l’intérêt semble limité. On peut aussi utiliser le 120 II en tant que convertisseur USB pour un ordinateur ce qui permet d’écouter au casque dans de meilleures conditions qu’en se branchant sur la sortie audio du notebook. Le baladeur accepte à peu près tous les formats audio, surtout le FLAC jusqu’au 24 Bits / 192 KHz et aussi le DSD 5,6 MHz désormais. Cependant, les fichiers DSD sont toujours convertis en PCM, à 176 KHz. Cela limite l’intérêt mais au moins on pourra les écouter. De toute manière, il y a peu de morceaux en DSD et de plus les enregistrements ne sont que rarement fantastiques. En revanche, l’Astell & Kern restitue donc les FLAC en 192 KHz / 24 Bits, ce que l’on trouve communément de mieux aujourd’hui. La différence avec du 96 kHz / 24 Bits n’est pas franchement flagrante non plus et pour le coup ce type de fichier se trouve de plus en plus facilement, chez le français Qobuz notamment. Pour le stockage, 128 Go constituent une bonne base et on peut les étendre facilement par carte micro-SD. Le baladeur se connecte à l’ordinateur par son port micro-USB standard qui permet aussi de le recharger. L’autonomie est d’environ huit heures.

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Astell & Kern AK120 II : simple à utiliser

Pour copier les morceaux sur le baladeur, il suffit de procéder par simple glisser/déposer à la souris. Il est recommandé de copier des répertoires par artistes et albums car on peut aussi y accéder ainsi dans l’interface du baladeur même si le lecteur fait sa propre indexation. Le AK120 II est aussi compatible WiFi pour se relier à un réseau idoine. Il suffit ensuite d’installer le serveur média d’Astell & Kern sur un PC ou un Mac du réseau pour accéder en streaming aux morceaux qui y sont stockés, voire les télécharger.

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Le serveur est plutôt bien fait, il suffit de partager les dossiers qui contiennent la musique sur l’ordinateur. Sur un de nos PC, l’application ne s’est pas lancée et suivant la box ou le routeur, il faudra changer les ports du serveur pour que ça marche. A signaler que prochainement on pourra télécharger directement de la musique chez Qobuz sur le baladeur, à partir du moment où il est relié à un réseau WiFi, une bonne idée. Le baladeur est également compatible Bluetooth pour éventuellement diffuser sur une enceinte idoine mais c’est anecdotique, d’autant que le Bluetooth n’est même pas aptx. A signaler que le baladeur se met à jour en WiFi, un bon point.

Astell & Kern AK120 II : ergonomie satisfaisante

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Le baladeur est assez long à démarrer. L’écran Amoled est assez défini et surtout tactile. Il est lisible en toute circonstance. L’interface propriétaire basée sur de l’Android est bien conçue avec un lecteur simple et pratique. L’ensemble est de surcroit esthétique ce qui ne gâche rien. On peut naviguer par album, artiste, genre et playlists, l’indexation du lecteur étant vraiment performante. On peut aussi accéder à la musique par les répertoires que l’on a créés. Un égaliseur très performant est de la partie aussi. L’ergonomie est satisfaisante si ce n’est que le tactile marque un temps de réaction et que le processeur anémique est sans doute responsable d’un défilement un peu saccadé, pas vraiment acceptable au prix exigé. Le plus grand atout ergonomique du baladeur réside dans sa molette qui permet de régler finement le volume tout en tenant le baladeur d’une main.

Astell & Kern AK120 II : un casque à la mesure

Pour l’écoute, nous avons comparé le baladeur à un iPhone 5S muni de l’application Golden Ear, au Sony NWZ-ZX1 à 700 euros équipé du même convertisseur Cirrus Logic, mais d’un seul, et au convertisseur USB Korg DS DAC-100 lui aussi pourvu du même Cirrus Logic mais en revanche capable de lire les DSD de manière native.

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Pour les casques, nous avions à disposition les intras Final Audio Design Piano Forte X (3 000 euros) et Audio Fly AF180 à 4 transducteurs par écouteur (500 euros),

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Le supra nomade Audio-Technica ATH-ESW11 LTD (700 euros)…

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…et le circum-aural Final Audio Design Pandora Hope V1 (800 euros).

Astell & Kern AK120 II : un rendu fantastique

C’est clairement avec les écouteurs Piano Forte X que l’Astell & Kern prend toute sa dimension (un ensemble à 4 700 euros !). C’est avec des albums en FLAC 24/96 de Qobuz, et notamment Guilty Peasures de Renée Flemming (un enregistrement d’une très grande qualité), que c’est le plus flagrant. L’écoute est incroyablement aérée. On a l’impression d’être dans une salle de concert. La séparation des canaux apporte un réel plus à l’immersion et à la spatialisation. La dynamique est impressionnante, tout comme la présence et la sensation d’espace. Pour la restitution des différents registres, c’est très neutre, sans aucune faiblesse audible mais sans enjoliver non plus. Et c’est vrai pour tout type de musique même si sur de la voix, de l’opéra, du concerto ou de la symphonie, c’est encore plus évident. En passant sur le casque Pandora Hope VI, les écoutes sont très différentes avec plus de confinement mais toujours le même agrément. Sur les intras de studio Audio Fly, on perd un peu en aération et en sensation d’espace, tout comme sur l’Audio-Technica mais cela reste très agréable.

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Si on compare à un iPhone 5S, ce sont deux mondes différents sur les casques Audio Final Design. Le jour et la nuit ! La dynamique et la sensation d’espace disparaissent pour l’essentiel sur le smartphone. C’est toujours vrai avec les casques Audio Fly et Audio-Technica mais moins flagrant. Comparé au baladeur Sony, la différence est franchement perceptible sur les casques Final Audio avec moins de présence, moins d’aération et moins de sensation d’espace sur le Sony. Sur les autres casques, la différence s’estompe et on a juste une légère impression d’un surcroit d’espace sur l’Astell & Kern. Nous avons ensuite essayé des DSD en comparant au DAC de Korg qui les gère en natif. Le meilleur enregistrement dont nous disposons est un quatuor à cordes de Hayden. Logiquement, c’est un peu meilleur sur le Korg avec les intras Final Audio. On entend plus de détails mais en revanche la conversion par canal du modèle Astell donne plus d’aération, plus d’espace. Comme les morceaux à notre disposition en DSD ne sont pas extraordinaires au niveau de l’interprétation, difficile de réellement juger mais franchement autant en rester au FLAC 24/96. De toute manière, les DSD en France, ce n’est pas pour tout de suite apparemment. A l’inverse avec des MP3, le baladeur de Sony s’en sort mieux. Il redonne un peu plus de dynamique même si cela induit un côté artificiel à l’écoute.

Astell & Kern AK120 II : s’il n’y avait le prix…

Au final, tout dépend de vos moyens et du casque que vous possédez. Si vous disposez d’un modèle d’exception et que vous être près à vous limiter à des enregistrements haute définition de grande qualité, l’Astell & Kern AK 120 II vous fournit une expérience musicale nomade absolument incroyable, surtout par la sensation d’espace, de présence et de localisation des instruments ou des voix. Savoir si cela vaut les 1700 euros exigés, c’est un autre débat et nécessite surtout un essai prolongé avec votre casque en magasin avant achat. Si votre casque est juste bon et votre portefeuille moins garni, passer à un Sony NWZ-ZX1 ou un Astell & Kern 100 II paraît plus indiqué. Ce que l’on attend surtout, c’est qu’un constructeur intègre une partie audiophile dans son smartphone haut de gamme, ce serait la moindre des choses.

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Caractéristiques
– Baladeur audiophile
– Convertisseurs : 2 Cirrus Logic CS4398
– Définition : 24 Bits /192 KHz
– Fichiers audio : FLAC, WAV, WMA, MP3, OGG, AAC, ALAC, AIFF, DSD DFF, DSF
– Sorties : mini-jack 3,5 mm, symétrique mini-jack 2,5 mm, optique
– Sans fil : WiFi, Bluetooth
– Recharge et transferts : micro-USB
– Ecran : 3,3 pouces, Amoled, tactile, 480 x 800
– Dimensions : 55 x 118 x 14 mm
– Poids : 177 g

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7.5/10

Les Plus

  • Bel objet
  • Bien conçu et ergonomique
  • Rendu sonore fantastique

Les Moins

  • Beaucoup trop cher
  • Saccades en tactile

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