BlackBerry 10 : quand le pouce suffit

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BlackBerry revient sur le devant de la scène avec un système d’exploitation entièrement nouveau. Au menu, une intégration poussée des activités et des messageries, un clavier virtuel ahurissant et une navigation qui se fait du bout d’un seul pouce le plus souvent. BlackBerry 10 équipe un premier smartphone Z10 très convainquant aussi. Reste à voir si ce sera suffisant pour exister dans un environnement 100% propriétaire face à la masse des téléphones Android et face à un Apple qui a de beaux restes.

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Les téléphones BlackBerry ont généré au fil du temps une grande communauté d’adeptes de par le monde. Et ce, à la fois auprès des professionnels que des adolescents et jeunes adultes, ce qui peut paraître paradoxal. Les deux groupes ont en commun une farouche volonté de communiquer par texte en tout lieu et à tout moment. Les BlackBerry leur offrent un clavier physique qui cherche encore son équivalent et un univers sécurisé pour le travail. Puis est venu la déferlante des smartphones tactiles et RIM, la société qui conçoit et fabrique BlackBerry, n’a pas vraiment réussi à faire évoluer ses téléphones au même rythme avec des tentatives tactiles moins concluantes et également une aventure tablette qui s’est soldée par un échec. Pour autant, BlackBerry a toujours su garder ses fans à tel point que RIM n’est plus, la société se rebaptise BlackBerry. Le système d’exploitation est propriétaire et c’est à la fois sa force et sa faiblesse. Il est efficace et sécurisé mais pas de taille à lutter au niveau applicatif face à un iOS ou un Android. Avec la nouvelle version 10 de BlackBerry OS et les nouveaux smartphones qui l’accompagnent, la société canadienne joue un peu son va-tout, l’enjeu étant de proposer une expérience suffisamment aboutie et différente pour pouvoir lutter seul contre les mastodontes que sont Google, Apple et Samsung, pour ne citer que ceux-là.

BlackBerry 10 : on repart à zéro

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Cette nouvelle version du système d’exploitation n’a plus rien en commun avec ses prédécesseurs, elle a été développée à partir de QNX racheté par la marque il y a trois ans. Utilisé avant tout pour l’industrie et les applications embarquées, QNX est à la fois sûr, stable et peu gourmand en ressources. BlackBerry l’avait déjà utilisé pour sa tablette PlayBook d’ailleurs. Pour BlackBerry 10, il s’agissait de développer un OS tactile innovant mais sans rompre avec l’héritage de sécurité et de saisie de texte facilitée. Or on sait combien il est difficile de concevoir un système d’exploitation tactile sans tomber dans les standards qu’Apple a imposé. Pourtant, les développeurs de BlackBerry ont su se démarquer avec deux préceptes : une ergonomie la plus simple possible associée à la plus grande intégration possible. Car avec l’évolution des usages, nous n’utilisons plus le smartphone comme à ses débuts. Désormais, on passe son temps à jongler d’une activité à une autre tout en communiquant avec les autres par de nombreux moyens différents. Windows Phone 7 puis 8 ont commencé à avancer dans ce sens mais BlackBerry va bien plus loin.

BlackBerry 10 : un pouce, c’est tout

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A première vue BlackBerry 10 n’a rien de bien orignal. Passé la configuration initiale, on arrive sur un bureau et une grille d’applications on ne peut plus classique. Mais l’apparence est trompeuse. En effet et comme ce fut déjà le cas sur la tablette, les bords de l’écran sont tactiles aussi. Toutes les manipulations se font sur l’écran ou en se servant des bords, il n’y a aucun bouton.

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Sur le bord bas, faire glisser le pouce vers le haut réduit l’application ouverte et la dépose sous forme de vignette sur le bureau. Elle reste ouverte jusqu’à ce qu’elle soit fermée par la croix en bas de la vignette mais ne ralentit pas le système pour autant. Jusqu’à huit applications peuvent être maintenues ouvertes de cette façon. C’est probablement le système multitâche le plus simple et le plus efficace qui soit. A noter que certaines vignettes continuent à afficher des informations, sans cependant arriver au niveau offert par les vignettes de Windows Phone 8. En effectuant un geste de droite à gauche, toujours avec le seul pouce, on accède au hub qui centralise toutes les activités et surtout tous les messages.Hub.jpg

Le hub du BlackBerry 10 est en fait le centre du système, l’endroit où l’utilisateur se rendra le plus souvent. Ce concept n’est pas nouveau mais le degré d’intégration est poussé à son paroxysme. Déjà, le hub est accessible d’un geste à tout moment et permet d’accéder à toutes ses communications et notifications. Les mails (de plusieurs comptes), FaceBook, Twitter, la messagerie BlackBerry, l’actualité, tout y est rangé de manière chronologique. Si vous avez beaucoup de comptes différents ou que vous êtes accro aux réseaux sociaux, l’ensemble sera parfois un peu chargé.

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Pour les réseaux sociaux, utiliser une application dédiée fournit bien entendu plus de fonctionnalités. Ceci étant, les fonctions de fusion des contacts et leurs différentes interactions sont particulièrement bien pensées. On peut ainsi suivre tout ce qui concerne un contact par exemple. Pour les mails et messages, on retrouve la philosophie d’action unique par le pouce. Ainsi, sur chaque message, il suffit de balayer de droite à gauche pour afficher des options de gestion. En allant dans le menu du bas, on peut aussi sélectionner collectivement.

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Mais l’outil ultime de la messagerie sera le clavier. BlackBerry est renommé pour ses excellents claviers physiques mais l’entreprise canadienne s’est surpassée avec ce modèle virtuel. C’est tout simplement le meilleur et de loin. Outre une reconnaissance parfaite des touches, c’est surtout le moteur de prédiction qui impressionne. Il faut rarement plus de deux ou trois caractères pour se voir proposer son prochain mot. Une fois apparu, un petit mouvement du pouce vers le haut suffit pour l’ajouter au texte. Certes, il faut un peu d’entrainement mais une fois maitrisé, ce clavier se révèle diablement efficace. Cerise sur le gâteau, il est polyglotte aussi. Il suffit d’ajouter d’autres langues fréquemment utilisées et il passe de l’une à l’autre là encore dès le premier ou le deuxième mot. La reconnaissance vocale est elle aussi efficace même si elle nécessite comme chez les concurrents une connexion à Internet. A signaler aussi que BlackBerry Messenger, la messagerie sécurisée propre à la marque, prend une nouvelle dimension avec la visioconférence et même la possibilité de prendre le contrôle d’un autre smartphone BB 10. Ainsi, on pourra voir tout ce que l’interlocuteur fait sur son mobile tout en lui parlant. Pas sûr que cela séduira le grand public mais les professionnels devraient en être satisfaits.

BlackBerry 10 : gérer vos données

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En parlant de professionnels, BB 10 offre un nouveau mode de séparation du privé / professionnel. Effectivement, cette fonction sépare données publiques et pro grâce à un cryptage des deux comptes. Une fois configurée, ce sont deux univers séparés (aussi pour les applications) qui coexistent. Passer de l’un a l’autre ne nécessite qu’un clic (et un mot de passe si l’on veut faire les choses sérieusement). Ainsi si le téléphone est en mode public, toutes les données sensibles sont inaccessibles. Au-delà de l’aspect purement sécuritaire, cela pourra se révéler utile pour qui veut laisser son enfant jouer avec son smartphone sans pour autant risquer que le bambin ne détruise des données sensibles ou envoie un mail sans queue ni tête à vos collègues (c’est du vécu). Les fonctions de localisation/verrouillage à distance sont bien entendu toujours présentes. Sans être révolutionnaire sur l’aspect sécurité, BB 10 continue donc à caresser les entreprises dans le sens du poil avec notamment des outils de gestion de flotte extrêmement puissants.

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Contrairement à Android ou Windows Phone, BlackBerry 10 nécessite l’installation d’un logiciel pour accéder à ses fichiers depuis son ordinateur. Si cela se fait sans douleur sous Windows, l’appareil apparaissant comme une clef USB après installation du logiciel, la situation est un peu moins bonne sur Mac OS X. On est ici obligé de passer par un gestionnaire de médias fonctionnel mais loin d’être aussi pratique qu’un simple glisser/déposer.Magasin_appli.jpg

Ce qui ne change pas, c’est que BB10 demeure un OS propriétaire même si le travail des développeurs est grandement facilité par un bon support, un système facile à appréhender et un portage très simple depuis Android. Et d’ailleurs dès le lancement, BlackBerry se targue de 70 000 applications ce qui est beaucoup. Mais plus que le nombre, c’est l’intérêt, la popularité et la qualité qui comptent. Et de ce point de vue, le constat est plus nuancé. Certains incontournables comme Skype et FaceBook sont bien là mais on cherche en vain eBay, Spotify ou Tripadvisor. Souvent, la qualité des applications proposées est médiocre aussi. Il en va de même pour les jeux avec certes les obligatoires Angry Birds et Swampy mais pour le reste peu de titres intéressants.

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Pour le jeu, on peut cependant être confiant car les plus gros hits de Gameloft et Electronic Arts Mobile seront disponibles sous peu. Reste bien entendu aussi le problème de toutes les applications gratuites qui accompagnent des activités ou des appareils et qui ne sortent que sur iOS et Android, que ce soit pour piloter le téléviseur ou l’alarme de la maison par exemple. BlackBerry se veut rassurant sur ce point car l’OS dispose d’un émulateur pour Android et il suffit au développeur d’inscrire son application dans le magasin BlackBerry World. Sauf que le résultat n’est pas très probant avec par exemple des menus de l’antique Android 2.3 en partie étirés. Cette capacité est d’autant plus compliquée à exploiter que l’on ne peut pas utiliser n’importe quelle application.

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Heureusement, les applications natives intégrées au système sont nettement plus réussies, en particulier pour la productivité mais aussi pour le divertissement. Le lecteur vidéo est ainsi un modèle du genre. Il est capable de lire à peu près tout ce que nous avons pu lui proposer, même des formats MKV en HD. On est aussi satisfait du navigateur qui est capable de rivaliser sans trop de problème avec ceux d’Apple et de Google. Et il prend en charge le Flash.

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Notre seule vraie déception est l’application Maps qui utilise les données de Bing. C’est lent, peu précis et les données sont pauvres comparées à celles de Google. Certains choix sont surprenants comme par exemple l’impossibilité d’utiliser la navigation GPS en mode paysage. Autant dire que l’on espère que Google ait dans ses cartons une version adaptée de Maps … BlackBerry propose aussi sa propre plate-forme de divertissement avec notamment de la musique et de la vidéo. Mais en France, il faudra faire avec un service tiers pour la VOD et il n’est pas vraiment convaincant en l’état avec encore pas mal de plantages.

BlackBerry 10 : au-delà des fans

Ce n’est donc pas pour la richesse et la qualité de l’offre applicative que l’on choisira BlackBerry 10, du moins au début. Maintenant, il faut relativiser car l’offre est déjà meilleure que sur Windows Phone et l’essentiel y est ou y sera. Pour le reste, ce sera comme toujours le serpent qui se mord la queue avec un parc installé qui détermine l’engouement des éditeurs. En revanche, l’OS en lui-même est très réussi. La navigation par le seul pouce, l’intégration et le multitâche correspondent en effet à ce qu’attend un utilisateur aujourd’hui en terme d’usage et de simplicité. Il y a même des réussites qui placent BB 10 loin devant les autres comme l’intégration des messages de toutes sources ou encore le clavier virtuel multilingue et prédictif qui relègue la concurrence au rang d’antiquité. Tout n’est pas parfait et quelques points sentent encore un peu la peinture, mais c’est remarquablement abouti pour une première version. Reste à voir si cela suffit à convaincre le public au-delà de la communauté des fans de BlackBerry. Comme dans l’univers Apple, il faudra faire avec un choix de terminaux réduits, pour l’heure ils ne sont que deux.

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Le Q10 est d‘ailleurs là avant tout pour ne pas désorienter les inconditionnels avec l’intégration d’un clavier physique mais tout de même un écran assez grand et très résolu. Au regard de la qualité du clavier virtuel, il faut vraiment être accro au physique pour ne pas préférer le Z10, pour l’heure le seul smartphone entièrement tactile sous BB 10.DSC_1659.jpg

Extérieurement, le BlackBerry Z10 n’est pas particulièrement remarquable. C’est un rectangle aux bords arrondis qui n’est pas sans rappeler l’iPhone 5. BlackBerry ne s’est pas essayé à l’originalité et a conçu un smartphone, simple, sobre et efficace. Un parfait exemple de design industriel. Une version blanche est aussi de la partie pour les amateurs.

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Le dos de l’appareil adopte un plastique soft-touch texturé particulièrement agréable au toucher. La finition est d’ailleurs parfaite, avec des plastiques solides et un assemblage sans faille. Du fait de la relative petite taille de l’écran avec 4,2 pouces, la prise en main est tout simplement excellente à une main. C’est d‘autant plus vrai que BB10 se manipule le plus souvent par un seul pouce. Contrairement à la tendance actuelle, le dos est amovible, permettant ainsi de changer la batterie ainsi que d’accéder à la carte mémoire et à la micro-SIM.

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La connectique se compose d’un connecteur micro-USB mais aussi d’une sortie micro-HDMI. Pratique par exemple pour faire des présentations. Le Z10 est tout de même assez grand car les bords tactiles autour de l’écran prennent un peu de place mais ça n’est guère gênant. L’écran en lui-même est de très bonne qualité. Sa résolution élevée (1280×768), son contraste et des couleurs assez fidèles fournissent une belle image. On regrette tout au plus une luminosité maximale un peu en retrait ce qui pourrait se révéler ennuyeux en plein soleil ainsi qu’un blanc qui tire un peu trop vers le jaune.

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Le capteur photo produit des résultats honorables, même si les clichés manquent un peu de saturation. En basse lumière le capteur ne fait pas de miracles, mais reste plus qu’honorable, sans égaler tout de même Lumia 920 de Nokia.

BlackBerry Z10 : fluide en toute circonstance

BlackBerry n’est pas très bavard sur les composants mais on sait qu’il s’agit d’un processeur double cœur cadencé à 1,5 GHz et accompagné par 2 Go de mémoire vive et 16 Go d’espace de stockage. Comme BB10 se contente de peu de ressources, l‘interface et les applications sont parfaitement fluides en tout circonstance, même le multitâche ne ralentit cela en rien. Reste à voir ce que cela va donner dans les jeux graphiquement exigeants à venir sous peu. Ceci dit, on ne peut pas s’empêcher de trouver la configuration une peu légère à moyen terme, surtout au vu de ce que propose la concurrence sous Android. Mention spéciale au couple microphone et haut-parleur qui produit des appels de très bonne qualité. En revanche, l’autonomie laisse à désirer. Difficile de dépasser la journée et demie, la batterie étant même parfois vidée avant la fin d’une journée de travail. Nos observations laissent à penser qu’une consommation intense en data (notamment sous la forme de nombreux mails ou de mises à jour sur les réseaux sociaux) vide la batterie à un rythme accru. Quoi qu’il en soit la légendaire autonomie des BlackBerry fait désormais partie du passé. Reste à voir si le Q10 réussira à faire mieux …

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Caractéristiques :
– Système d’exploitation : Blackberry 10
– Dimensions/poids : 130 x 65.6 x 9 mm/138 grammes
– Écran : LCD 1280 x 768 pixels, 4,2 pouces
– Capteur photo : 8 Mpixels
– Connexions : A-GPS, Bluetooth 4, WiFi n, micro USB 2.0, micro- HDMI, NFC
– Mémoire : 16 Go, lecteur Micro-SD
– Autonomie moyenne : 28 heures

Prix : 590 euros (sans abonnement)

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8.5/10

Les Plus

  • Sobre et bien fini
  • Bel écran
  • Fluidité et agrément de l’interface

Les Moins

  • Autonomie en retrait
  • Univers applicatif restreint

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