Fuji X100s et X20 en test complet : retour vers le futur !

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Acheter un appareil photo c’est aussi céder aux coups de cœur. Et en la matière FujiFilm sait parfaitement faire vibrer la corde sensible du photographe qui sommeille en nous. Deux ans après la sortie des Fuji X100 et X10 il fallait trouver des successeurs à ces deux appareils. C’est chose faite désormais avec le X100s et le X20, deux appareils photos sans concession destinés aux passionnés d’image. Se montreront-ils à la hauteur ? Réponse dans notre test !

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Le Fuji X100 était un pari audacieux, car muni d’un capteur APS-C et d’une focale fixe, il ne correspondait pas vraiment aux standards grand public du marché et pourtant il remporta un véritable succès tant d’estime que d’usage auprès des amateurs. Pour le X10, ce fut un peu la même chose, le capteur 2/3 de pouce plus gros que la moyenne permettait une qualité d’image photographique élevée et son design (tout comme le X100 d’ailleurs) faisait chavirer les cœurs. Pour l’anecdote d’ailleurs, à chaque fois que j’ai fait un reportage photographique équipé d’un X100 j’ai eu droit à la question systématique de savoir s’il s’agissait d’un argentique ou d’un numérique. Car voilà une des forces majeures du X100s et du X20, ils surfent avec brio sur la vague vintage du moment et épousent avec sérieux les formes rétro dans l’air du temps.
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Fuji X100s et X20 : de subtiles mais utiles modifications

A dire vrai pour les amateurs des deux anciennes moutures, les X100s et X20 sont sans véritables surprises stylistiques. Les formes, lignes et courbes ne changent pas, et le design reste exactement le même. On en dira autant de la finition qui n’évolue pas mais il n’y avait aucun reproche notable à ce niveau. Néanmoins, si en apparence les X100s et X20 n’évoluent guère, l’ergonomie est améliorée et répond à des demandes fortes des utilisateurs.

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En effet, sur l’un et l’autre appareil la touche de sélection de la zone Autofocus passe en haut du trèfle de sélection et le moteur d’entraînement passe à gauche de l’écran. De la même façon, la touche de confirmation OK est plus bombée afin d’éviter les fausses manipulations qui créaient de fortes tensions nerveuses entre le photographe et l’appareil. Le maniement est plus fluide, plus intuitif. Pour montrer que Fuji tient à cœur les préoccupations des usagers, la marque a agrandis l’écart entre la position automatique et la première valeur sur la molette des vitesses car ils enclenchaient le mode priorité par erreur. Idem pour la molette de correction d’exposition moins souple.

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Enfin, la mise au point simple est positionnée en butée du sélecteur afin d’être plus facilement identifiable. Au rayon des raffinements le viseur du X100s se dote désormais d’un affichage LCD de 2,35 Mpixels contre 1,44 auparavant, la distance minimale de mise au point est rabaissé à 20 cm, ce qui facilite les portraits sans avoir recours au mode macro et même la course de la bague de mise au point dispose d’un pas plus petit de 1,38 mm contre 2,75 mm pour augmenter la démultiplication et la précision de celle-ci lors de la mise au point manuelle. Comble du raffinement, on a désormais le choix entre une assistance qui se matérialise sous forme de peaking (surbrillance des zones nettes) ou un stigmomètre digital (division de l’écran en deux) ! Lorsque les deux parties qui se chevauchent sont nettes, le point l’est aussi.

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Pour le X20, l’amélioration est un peu moins radicale puisque l’aîné souffrait moins de « tares » ergonomiques. Néanmoins, ce dernier reçoit désormais un vrai viseur. Un système de surimpression des données affiche les réglages en vert lorsque le point est validé et un rectangle de confirmation d’AF s’affiche dans le viseur optique. On reprochera, comme à l’époque, le cadrage d’une précision aléatoire et de seulement 85%. Attention aussi à l’absence de correction de parallaxe si vous êtes trop près de votre sujet et qui risque de fausser votre cadrage. Pourtant c’est certainement le meilleur viseur optique de compact du moment. Pour la facilité de navigation l’un et l’autre des appareils se voient désormais équipés d’une touche Qmenu d’accès rapide aux principaux réglages (héritée des X-Pro1 et XE-1), ce qui évite d’avoir à fouiller systématiquement dans les menus. Il manque en revanche une touche dédiée pour le filtre ND intégré qui s’avère pratique quand on veut shooter à pleine ouverture en plein jour car la vitesse d’obturation maximale de l’obturateur central à f/2 est de 1/1000s.

Fuji X100s et X20 : autofocus de course ?

L’adjonction de nouveaux capteurs de technologies X-trans a permis d’ajouter un autofocus par détection de phase sur chacun des deux modèles. L’autofocus se retrouve accéléré et passe, sur le papier, de 0,22s à 0,08s pour le X100s et de 0,016s à 0,04s pour le X20. De la même façon, le X100s démarre en une demi-seconde (contre deux auparavant), enchaîne les rafales à 6im/s et réduit le temps entre deux déclenchements à 0,5s. Des chiffres prometteurs qui se traduisent dans la réalité par une célérité accrue, une vélocité certaine et un AF globalement plus efficace. Si l’AF accroche sa cible plus rapidement et plus efficacement, la sensation de gain n’en est pas pour autant ébouriffante. C’est mieux qu’avec un X100 mais l’impression générale reste un léger ton en deçà de ce que propose un Olympus OMD par exemple.

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Avec le X20, le bilan est globalement identique. On sent une véritable amélioration, AF plus véloce, plus prompte à accrocher le point rapidement mais quelques erreurs restent possibles dès que le sujet manque de contraste ou que la lumière tend à baisser. Sur nos sujets pris dans la pénombre avec l’un et l’autre appareil le point s’est fait sans difficulté mais il a manqué un « petit quelque chose » pour avoir réellement l’impression d’utiliser un AF de course comme c’est le cas sur certain réflex. Cela est-il dû à un léger effet de pompage encore présent dans certaine situation, comme lorsque l’on passe d’une mise au point rapprochée à une mise au point sur un sujet lointain ? En tout cas si votre sujet se déplace vite, l’accroche ne se fera pas aussi promptement qu’avec les meilleurs modules de suivi 3D d’autres appareils. En regard de la concurrence les Fuji X100s et Fuji X20 se situent dans le peloton de tête mais on pouvait s’attendre à les voir distancer leurs camarades tant les chiffres annoncés sont prometteurs. Chiffre vrai par ailleurs mais uniquement lorsqu’il s’agit de refaire le point au même endroit.Fujifilm a étendu les modes de pellicule et les filtres artistiques des Fuji X100s et Fuji X20. Il est possible d’émuler dix types de pellicules argentiques et de jouer avec des filtres au rendu typé tel que sténopé, tilt-shift, dynamic tone etc… une bonne initiative d’autant que la concurrence avait déjà développé des choses similaires. Prenez garde cependant car le Raw n’est pas conservé si vous choisissez de filtrer. Au chapitre de la qualité d’image les résultats sont exceptionnels dans l’ensemble. Tous les efforts se sont concentrés sur les capteurs et les résultats sont spectaculaires. Fujifilm est définitivement une marque capable de produire des fichiers Jpeg directement exploitables sans aucune arrière-pensée. La balance des blancs automatique est bien gérée, les couleurs sont douces, légèrement saturées sans aucune excès, les tonalités sont douces, les nuances nombreuses et les dégradés fournis. Les images sont vraiment étonnantes de nuances et d’information.

Alors évidement tout ce que nous venons d’écrire est surtout vrai pour le X100s mais n’ayez aucune crainte, le X20 est en tête sur son segment. La limite sur ce dernier étant en fait la taille de son capteur, aussi performant soit-il, il ne rivalise pas avec les modulations offertes par le capteur 1:1 du Sony RX100 tant au niveau du rendu des détails que du modelé des images. Une fois que l’on a goûté à celui-ci, difficile de revenir en arrière.

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En revanche sur le X100s le capteur X-Trans APS-C CMOS de 16 Mpixels rivalise avec certains capteur Full Frame tant au niveau du piqué visuel que de la gestion des hautes sensibilités. Si la douceur des transitions reste l’apanage du Full Frame, le capteur Fuji est le meilleur capteur APS-C que nous ayons testé jusqu’à présent. En ce qui concerne les hautes sensibilités les résultats sont identiques au récent XE-1. Parfait jusqu’à1600 iso, la granulation commence à être visible dans les plus fines structures à partir de 3200 iso et la dynamique et la colorimétrie commencent à chuter légèrement. C’est vraiment à partir de 6400 iso qu’un premier palier est franchi, la granulation se colore sur les aplats mais il reste possible d’imprimer un beau A3. La gestion du grain est remarquable. A 12800 iso la dynamique baisse et les dérives chromatiques sont plus sensibles, les plus fins détails sont lissés. L’image garde cependant une tenue encore appréciable et exploitable. Dommage qu’il ne soit pas possible de travailler sur le raw à cette valeur. Idem pour les 25600 iso, l’amplification du signal colore le bruit dans les ombres et la granulation perd de sa finesse…rien de catastrophique pourtant. La gestion du bruit à cette valeur est meilleure que celle de certains reflex à 6400 iso d’il y a deux ans !

Photos réalisées avec le X100s

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L’enthousiasme reste de mise avec le X20 rapporté à la taille de son capteur. Jusqu’à 400 iso les images sont impeccables, le moutonnement reste très subtil. A 800 iso, celui-ci est une peu plus fort mais toujours agréable malgré un début de perte d’info dans les plus fines textures. La suite est classique, à 1600 iso le grain reste fin mais les plus petits détails sont grignotés et la dynamique tonale baisse. Évidement le A3 reste envisageable quasiment sans arrière- pensées.

La barre des 3200 iso est plus problématique, la structure du grain devient plus brouillonne, artificielle et l’image perd en nuance de contraste. Les fins détails disparaissent. Pas de quoi s’attrister non plus puisque le format d’impression A4 reste jouable et que surtout les images sont globalement plus piquée que le X10 (déjà bien loti). Grâce au nouveau capteur X-Trans CMOS de 12 Mpixels dont le filtre passe-bas a été retiré (première du genre sur un tel type de compact) la sensation de netteté visuelle est accrue. Le micro contraste est en effet augmenté, l’acutance est plus élevée. Les gains par rapport au X10 sont significatifs. Notez d’ailleurs, mais ce n’est pas une réelle nouveauté, que l’un et l’autre appareil sont dotés d’optique d’exception. Le 35mm f/2 fixe du X100s est équipé d’un diaphragme circulaire à 9 lamelles et le zoom du X20 couvre un champ allant du 28 au 112mm avec des ouvertures allant de f/2 à f/2,8 en bout de course. Des valeurs excellentes et des résultats très homogènes.

Pour clore ce chapitre de la qualité optique, le processeur intègre une nouvelle fonction appelée Lens Modulation Optimizer qui permet d’accroître l’acutance de l’optique lorsque le diaphragme de celle-ci est fortement fermée (f/16 par exemple). Dans les faits, cela se traduit tout simplement par une sensation de netteté du sujet conservée sur toute la plage d’ouverture du diaphragme. Il faudra néanmoins que nous poussions nos tests car les délais de prêt étaient très courts.

Photos réalisées avec le X20

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Fuji X100s et X20 : la vidéo devient enfin exploitable

Sur le plan de l’image animée, l’adoption de nouveau capteur permet enfin de filmer en Full HD 1080p 60im/s avec un bon débit de 36mbs. Les résultats sont probants. Le fourmillement du bruit n’intervient qu’au-delà de 3200iso dans les zones d’ombres, l’image est contrastée sans excès avec une bonne dynamique et surtout les réglages photos peuvent être conservés, tout comme la possibilité de filmer en Noir et Blanc par exemple. On regrette d’autant plus l’absence de déclencheur dédié. L’amélioration la plus intéressante concerne surtout aussi la douceur de l’AF qui ne pompe plus exagérément, les transitions se font plus doucement mais on note quand même avec un petit temps de latence en AF-C. Par ailleurs il est aussi possible de brancher une prise son supplémentaire. Les deux appareils deviennent donc des outils très complets.

Fuji X100s et X20 : deux belles bêtes

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Vous l’aurez compris au fil de ces pages, si vous êtes un aficionado des gadgets derniers cris tels que le GPS, le Wi-Fi, le zoom hyperpuissant, passez votre chemin. Ce que propose Fuji est une toute autre approche de la photo, un retour aux sources qui ne se fait pas dans le dénuement technologique pour autant. Derrière des boîtiers aux apparences néo-rétro des plus charmantes se cachent de véritables petits bijoux-imageurs, capables de délivrer des photographies d’excellente qualité dans quasiment toutes les situations…Dans l’un et l’autre appareil, tout le savoir-faire technologique s’est concentré au niveau de la qualité d’image et l’ergonomie a été grandement améliorée grâce notamment à la prise en compte de la plupart des retours utilisateurs. Les deux derniers nés de la marque ne sont pas encore parfaits, il reste quelques points ergonomiques à améliorer mais l’un et l’autre sont de vrais outils photographiques avec ce petit supplément d’âme qui les rendent totalement passionnels.

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9/10

Les Plus

  • Design et construction
  • Viseur hybride encore amélioré pour le X100s et avec des infos pour le X20
  • Qualité d'image jusqu'à 6400 pour le x100s, 1600 pour le X20

Les Moins

  • Manque une touche paramétrable pour le filtre ND
  • Cadre de visée de 85% seulement et pas de correction de parallaxe pour le X20
  • Pas de GPS

2 COMMENTAIRES

  1. J’utilise le X 20 depuis environ 18 mois. Je ne prête jamais mes appareils photo et j’en prends le plus grand soin. Malgré cela, la bague de variation de focale qui sert d’interrupteur ne revient plus sur sa position initiale et ne permet pas de couper correctement l’alimentation. De plus j’ai eu la surprise en prenant l’appareil posé sur une table de voir la bague de zoom se détacher de l’appareil. Cette mésaventure est-elle déjà arrivée à quelqu’un; La Fnac, magasin vendeur m’a fait un devis de … 350 €. Impossible pour un appareil de 420 € vieux seulement de 18 mois. Quel recours ?

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