Panasonic Lumix CM1 : Plus qu’un appareil photo, un concept !

Plus qu’un smartphone, plus qu’un appareil photo connecté, le Lumix CM1 est un concept. Il est le premier smartphone à emporter un capteur BSI CMOS de 1 pouce. Mais si on déplace notre curseur il est aussi le premier compact expert à pouvoir être utilisé comme un smartphone. Un positionnement entre deux eaux qui le rend unique et novateur. Qu’en est-il cependant à l’usage ?

Le Lumix CM1 pourrait signer l’entrée d’une nouvelle ère de la photographie : celle de la véritable hybridation entre un appareil photo et un smartphone. Si le concept n’est pas nouveau, notamment avec les Samsung Galaxy Camera, Galaxy Camera 2, Galaxy S4 Zoom ou encore Galaxy K Zoom c’est bien la première fois qu’un compact expert embarque des technologies de smartphone comme un écran Full HD 4,7 pouces, un processeur SnapDragon 801 tournant sous Android 4.4 et une compatibilité 4G. Cependant le manque de légitimité de Panasonic sur le segment des smartphones oblige la marque nippone à le vendre comme un appareil photo expert. De ce point de vue, la fiche technique est tout aussi alléchante avec une focale fixe Leica de 28 mm f/2,8, un processeur Venus Engine, la gestion du format RAW et bien sur un grand capteur BSI CMOS 1pouce, le même que celui utilisé dans le bridge haut de gamme de la marque, le Lumix FZ1000.

Difficile dans un premier temps de savoir à quel type d’objet nous avons à faire. Le design du produit ressemble bel et bien à celui d’un smartphone mais la protubérance de l’objectif, même lorsque celui-ci est fermé le rapproche bien d’un compact expert. Cessons de tergiverser et observons-le sous l’angle de l’appareil photo.

Son look carré n’est finalement pas si déplaisant et on constate même que pour un appareil de ce type il est particulièrement léger. Certes son grand écran le rend moins compact qu’un Canon GX7 ou un Sony RX100 MKIII (doté eux aussi d’un capteur identique) mais vous pourrez surfer sur le web, télécharger des applications, regarder des films et surtout retoucher vos photos avec des applications comme Snapseed. Si on se familiarise peu à peu avec le design de l’ensemble on reste déçu par les finitions du boîtier : la trappe pour insérer la carte micro SD pendouille comme un vulgaire bout de plastique et le toucher du simili-cuir fait très plastique…dommage pour un produit à près de 900 euros.

De la même façon, des touches de raccourcis prennent place sur le flanc droit du boîtier : un bouton de mise sous tension ON / Off, un déclencheur physique, une touche pour basculer automatiquement en mode appareil photo et des touches de volumes… Ces dernières avaient-elles leur place sur un compact expert ? Si la question mérite d’être posée, l’utilisateur averti sera en revanche ravi de trouver une molette de fonction autour de l’objectif. Pour activer celle-ci et paramétrer son boîtier en passant par les menus il faudra passer par une navigation tactile. La réactivité est excellente dans ce mode et on retrouve les trois classiques touches sensitives propres à presque tous les smartphones Android « retour, accueil et multitâches. Mais on se demande là aussi si ce n’eut été suffisant ? En effet, il est particulièrement agaçant de constater qu’au sortir de la poche le boîtier se retrouve presque constamment allumé soit en mode smartphone, soit directement en mode appareil photo mais en tout cas rarement dans le mode que l’on souhaite.

Au bout de quelques jours d’utilisation et surtout en reportage comme ce fut le cas lors de la couverture d’une manifestation contre le travail le dimanche on se demande si le CM1 n’est fait pas trop …ou pas assez. On voit que les ingénieurs d’Osaka ont eu aussi du mal à trancher et que l’ergonomie a été un peu bâclée… en tout cas c’est la sensation que nous en avons. Ludwig Mies Van Der Rohe, l’un des fondateurs de l’architecture moderne ne s’était pas trompé en clamant « less is more ». Si d’habitude nous supplions de toutes nos forces les designers d’appareil expert de ne pas avoir peur d’ajouter des touches de raccourcis directs, ici c’eut été l’inverse qu’il aurait fallu proposer. La confusion aurait certainement été moindre et l’ergonomie plus épurée, donc plus facile à appréhender. Si notre jugement peut paraître un peu sévère c’est que finalement nous le trouvons attachant ce Lumix CM1, et nous attendions de lui beaucoup. Il s’agit en tout cas d’une première ébauche qu’il faut peaufiner car il est certain que ce boîtier représente un tournant dans la façon de produire nos images et de les partager. En effet, c’est bien à cela que ce boîtier sert : rapporter des images de qualité sans s’encombrer d’un appareil photo autre que celui de son smartphone.

Le meilleur photophone mais pas le meilleur compact expert

Sur ce terrain on retrouve tous les atouts de la marque : un autofocus très réactif, une navigation tactile fluide et rapide, une multitude de réglages experts, la possibilité d’avoir un accès direct à certaines fonctions comme la sensibilité, l’ouverture ou la balance des blanc via la molette de réglages qui entoure la base de l’objectif, la possibilité de travailler en Raw et de filmer jusqu’en 4K. L’interface de navigation ne surprendra pas les habitués de la marque (ni les autres d’ailleurs). Et l’accès à un menu rapide facilite l’accès aux réglages.

Sur le plan de la qualité d’image on reste très satisfait jusqu’à 800 ISO. Le piqué est bon sans être exceptionnel et le maximum d’homogénéité est atteint à l’ouverture moyenne de f/5,6. Notez en revanche que le micro contraste manque un peu de tonus. A partir de 1600 ISO quelques tâches magenta ou jaunâtres ternissent le rendu global, notamment dans les aplats et surtout le lissage est trop marqué. Impression confirmé à 3200 ISO et sur les paliers suivants. Lorsqu’il y a de la lumière le CM1 s’en sort bien mais quand les conditions lumineuses baissent le traitement du signal du Venus Engine est décevant par rapport aux autres productions de la marque et à la concurrence équipée d’un capteur similaire. En travaillant en Raw, le Lumix CM1 garde tout son potentiel jusqu’à 1600 – 3200 ISO en fonction de votre niveau d’exigence mais dans ce mode vous serez confrontés à une lenteur d’enregistrement bien trop importante entre deux photos : presque 5 secondes d’attente ! C’est beaucoup trop long pour un compact expert ! On se consolera avec un autofocus réactif même en intérieur. Autre point de consolation, la possibilité de retoucher ses images via des applications telles qu’Instagram, VSCO Cam ou encore Snapseed…Et il est même possible d’utiliser d’autres applications photographiques comme Vignette…bref le champ des possibles est très large et enthousiasmant !

Enfin, en ce qui concerne la vidéo on reste sur notre faim : la 4K fourmille de détail mais la cadence de 15 images par seconde est bien trop faible pour filmer autre chose que des plans fixes. Évidement on fera une croix sur la possibilité de brancher des accessoires.

Panasonic Lumix CM1 : une affaire à suivre

Le bilan reste donc contrasté pour ce CM1. D’un côté Panasonic propose là un appareil novateur qui enterre littéralement tous les smartphones du marché en qualité photo, mais d’un autre côté la qualité d’image reste en deçà de nos espérances pour un appareil photo expert. De plus, le positionnement alambiqué du produit ne lui facilite pas la tâche ni son ergonomie un peu bâclée. Gageons cependant que ce Lumix CM1 n’est qu’une première mouture et qu’il permettra de réveiller quelques autres grands du secteur de la mobilité et de la photo comme Samsung ou Sony. Si le marché de la photo est un peu moribond en ce moment et saturé d’appareils photos au fonctionnement classique, une telle approche pourrait permettre à de nombreux photographes de repenser leur travail ou en tout cas leur flux de production. A suivre !