Le 3D Systems Sense nous fait une promesse impressionnante : créer en quelques minutes un modèle 3D de n’importe quel objet ou personne. De quoi rendre l’impression 3D encore plus utile. Reste donc à voir si cette promesse est tenue.
3D Systems est, et de loin, le plus grand acteur du petit monde de l’impression 3D. Fondée à la fin des années 80, l’entreprise a eu depuis quelques années une approche très agressive, rachetant de nombreux concurrents et s’assurant ainsi un portefeuille de brevets concernant l’impression 3D extrêmement bien fournis. Ainsi l’arrivée d’une multitude de concurrents ces 2/3 dernières années n’a pas vraiment entamé la suprématie de l’entreprise, qui continue de produire une très large gamme d’imprimantes 3D, allant de la « grand public » Cube à des mastodontes pour l’industrie vendus plusieurs milliers d’euros. Avec le Sense, 3D Systems s’intéresse à un autre bout de la chaine de l’impression 3D : le scan d’objets existants. Ce genre d’appareil n’est pas nouveau, mais il est habituellement bien plus cher et surtout fixe. La promesse d’un appareil de numérisation 3D abordable et facile à utiliser est donc très intéressante dans l’optique d’une démocratisation de l’impression 3D.
Simple à prendre en main
Extérieurement, le Sense ressemble au résultat de l’union contre nature d’une agrafeuse et d’un Kinect. Blague à part, avec son design très épuré et sa forme facile à prendre en main le Sense a un petit côté futuriste loin d’être désagréable.
Outre la face avant bourrée de capteurs, l’objet n’a pas de grandes particularités, un câble USB (trop court, on le verra plus loin) sort à l’arrière et on trouve en dessous un pas de vis pour fixer le Sense sur un pied d’appareil photo. La qualité de fabrication est correcte, même si on aurait aimé voir certaines pièces un peu mieux ajustées.
La prise en main est correcte grâce à un poids réduit, le bras ne sera pas fatigué même après de longues sessions de numérisation. On se demande toutefois pourquoi 3D Systems à fait le choix d’un plastique lisse et donc un peu glissant pour la partie intérieure de l’appareil. Un plastique mat ou soft touch aurait selon nous été plus adapté.
Installé en quelques secondes
Pour les curieux le Sense fonctionne de la manière suivante : un motif infrarouge est projeté depuis l’appareil puis est capturé par les deux caméras. Les informations sont ensuite renvoyées en temps réel à l’ordinateur (Windows ou Mac, désolé pour nos amis fans de Linux) qui reconstitue tout ça en un modèle 3D reconnaissable. Un principe loin d’être nouveau donc et qui a l’avantage d’être relativement peu cher à produire. L’utilisation de l’infrarouge n’est toutefois pas sans poser de problèmes selon les matériaux des objets scannés. Le Sense a par exemple des problèmes à reconnaitre le verre ou encore des surfaces pas assez réfléchissantes. En pratique cela veut dire que vous aurez du mal à scanner cette superbe figurine de bibendum Michelin en taillée à même le pneu (ou plus sérieusement tout ce qui est noir et mat ou trop transparent). La procédure d’installation est on ne peut plus simple : on connecte le Sense en USB, on enregistre le numéro de série du scanner sur le site de 3D Systems puis on installe le logiciel. Le risque d’erreur possible est donc clairement réduit au minimum.
A l’usage
Une fois l’engin installé on peut enfin commencer à scanner son environnement. Premier constat : le logiciel est extrêmement simple d’utilisation. Pas d’option ou presque : il suffit de sélectionner le type d’objet à scanner (personne, objet inanimé), sa taille et roulez jeunesse. On fait ensuite le tour du sujet à scanner et hop en une paire de minutes on a un modèle 3D ! Enfin ça c’est sur le papier, en pratique les choses sont plus compliquées…
Premier problème : le câble est court, bien trop court pour faire le tour d’une personne confortablement, il aurait fallu deux ou trois mètres de câbles supplémentaires. On peut en partie contourner le problème avec une rallonge, mais c’est un pansement sur une jambe de bois… Ce manque de longueur fait que l’on perd assez facilement le focus sur le sujet à scanner. On se prend au final à rêver d’une version sans fil, qui même un peu plus lourde serait infiniment plus facile à utiliser. Une fois le coup de main pris (il faut scanner à vitesse constante et rester au même niveau) on constate d’autres problèmes. Certains matériaux ne sont ainsi pas très bien scannés et surtout l’appareil fonctionne au final assez mal sur des petits objets. Le Sense sera donc bien plus efficace sur une chaise de bureau que sur une petite figurine. C’est bien dommage car les objets que l’on a le plus besoin de scanner sont les plus petits, ceux qui peuvent effectivement être reproduits à l’échelle 1 avec une imprimante 3D « abordable ».
Ceci dit dans de bonnes conditions, les scans sont tout à fait acceptables. On a souvent besoin de passer derrière pour gommer certains défauts ou optimiser le tout pour une impression. Les outils de modélisation intégrés au logiciel sont basiques mais ils sont très simples à utiliser et suffiront pour préparer la plupart des impressions. Les plus bricoleurs pourront sans problème importer le fichier dans un logiciel plus avancé pour modifier les choses plus profondément. Bien que le logiciel ne soit pas excessivement gourmand mieux vaudra utiliser une machine un minimum musclée pour plus de confort. 3D Systems a logiquement bien pensé l’intégration de son écosystème puisqu’il est possible d’envoyer directement le fichier scanné en WiFi vers une imprimante de la marque.
Si vous souhaitez vous amusez, nous vous proposons de télécharger les quelques scans réalisés à la rédaction puis de les visualiser avec le logiciel MeshLab disponible ici.
3D Systems Sense : encore trop tôt
Le 3D Systems Sense nous laisse partagés. D’un côté il permet effectivement de scanner des objets et personnes à bas coût et avec une facilité remarquable. Malheureusement le produit est encore trop cher pour le grand public et ne propose pas des scans d’assez bonne qualité pour vraiment intéresser les professionnels. Un peu comme avec la Cube 2 il y a quelques mois la démonstration technique est donc convainquant mais le produit en lui-même n’est pas encore assez abouti pour être utile. On surveillera toutefois avec attention les prochaines versions, l’innovation dans le monde de l’impression 3D étant très rapide. Ceci dit pour le moment mieux vaudra rester sur des solutions de scan fixe qui sont autrement plus efficaces.
Prix : 549 €