Le Google Nexus 7 est, après plusieurs téléphones, la première tablette à être estampillée Nexus par Google. Puissante, compacte et dotée d’un tarif doux, est-elle la tablette qu’Android attendait ?
La Google Nexus 7 n’était pas exactement une surprise, plus précisément l’appareil en lui-même ne l’était pas. Voilà en effet plusieurs mois que l’on savait qu’Asus, le fabriquant de la Nexus 7 avait dans les cartons une tablette 7 pouces Tegra 3 à bas prix. En revanche, le fait qu’elle ait été sélectionnée comme tablette phare de Google l’est un peu plus. Vendue 200 € en version 8 Go elle vient taper un grand coup dans le marché des tablettes d’entrée de gamme. De quoi relancer un Android au succès mitigé dans le domaine des tablettes ?
Pas chère mais pas au rabais
Nous avons vu passer pas mal de tablettes à bas prix dans le labo ces derniers mois et on doit bien vous avouer que le résultat était globalement assez médiocre. Trop souvent les constructeurs laissaient totalement tomber un aspect de la tablette. Tantôt on avait une finition exécrable, tantôt un écran illisible … Résultat, des produits souvent bancals et difficiles à conseiller. D’un point de vue design et finition en revanche cette Nexus 7 fait un quasi sans faute. Alors certes, elle n’est pas aussi fine que d’autres comme la Galaxy Tab 7.7 et on est dans le tout plastique mais c’est remarquablement propre. Le dos de la tablette est habillé par un plastique soft touch brun. Ce dernier est également texturé avec un motif rappelant le cuir de certains gants de conduite et autres volants. L’écran est encadré par un plastique argenté rigide et de bonne facture. L’usinage et l’ajustement sont parfaits, ce qui est loin d’être la norme dans cette gamme de prix.
Bien dans la main
Vous avez du vous en apercevoir, mais je suis particulièrement féru des petits formats pour les tablettes. Si elles sont pratiques pour faire un live-tweet de l’Amour est Dans le Pré du fond de son canapé, les 10 pouces le sont moins une fois sur la route. Leur poids fait qu’elles sont difficiles à oublier au fond d’un sac, sans même parler de la fatigue musculaire qu’elles imposent si on a le malheur de vouloir les tenir d’une seule main. Avec la Nexus 7 ce genre de soucis est oublié. Les 317 grammes se portent sans problème dans un sac ou même dans une poche de veste.
L’ergonomie en elle-même est plutôt bonne. Son épaisseur (10,45 mm) et le revêtement font qu’elle tient bien dans la main. Les boutons sont faciles à trouver et les connecteurs (micro-USB et casque) sont regroupés en bas, ce qui évite d’être gêné par le câble de ses écouteurs. Le bézel est assez épais pour tenir la tablette sans toucher la partie tactile. Si on devait vraiment lui trouver un défaut ça serait l’absence de bouton « home » induite pas Android. Sur une tablette aussi compacte, les boutons logiciels monopolisent un part bien trop importante du petit écran.
Miracle : un écran correct pour 200 €
Attaquons-nous maintenant au cœur d’une tablette, j’ai nommé l’écran. Ce genre d’appareil peut être surpuissant et offrir un design révolutionnaire, mais si l’écran ne suit pas cela ne sert pas à grand-chose. Heureusement, Asus ne s’est pas planté et a réussi à utiliser une dalle correcte pour la Nexus 7. S’il conserve le traditionnel 1280 x 800 des tablettes Android, la petite taille fait que l’on obtient une bonne densité. Cela se remarque particulièrement sur la lecture de textes, qui sont bien nets. Le reste est satisfaisant, avec une bonne luminosité et un contraste correct. La justesse des couleurs est assez moyenne, même si l’on ne note pas de dérives horribles. Dans l’ensemble un bon écran donc, certes pas au niveau de des meilleurs LCD ou OLED du marché mais plus qu’honorable pour une tablette de ce prix.
Google Nexus 7 : le Tegra light
Le Google Nexus 7 embarque un processeur Tegra 3, soit l’une des puces mobiles les plus puissantes du moment. Petit détail tout de même, il s’agit du Tegra 3 T30L, une version moins musclée de la puce que nous avons pu apercevoir ces derniers mois. Si sa fréquence de fonctionnement est un peu plus basse que sur le Tegra 3 original (1,2 GHz contre 1,4 GHz) les performances ne sont pas pour autant ridicules. En dehors des benchmarks on peut même dire que l’utilisateur ne verra pas la moindre différence. Ce processeur est accompagné par un gigaoctet de mémoire vive et 8 ou 16 Go de stockage interne. C’est peu, et cela se révèle d’autant plus ennuyeux qu’aucun lecteur de cartes n’est présent … Il faudra donc souvent faire le ménage pour éviter de se retrouver à plein.
Nous n’avons remarqué aucun problème de chauffe excessive et la tablette offre une autonomie correcte, aux alentours des 8 heures pour un usage mixte. Le Google Nexus 7 est le premier appareil à bénéficier de Jelly Bean, la version 4.1 d’Android qui au moment où vous lirez ces lignes devrait être disponible depuis quelques temps sur les autres produits Nexus.
Si esthétiquement les changements apportés par Jelly Bean sont mineurs on est probablement en face d’une des évolutions les plus importantes de l’OS mobile de Google. La cause ? Le Project Butter.
Le beurre et l’argent du beurre
Derrière ce nom de code, il est vrai un peu ridicule, se cache la volonté de résoudre l’un des défauts majeurs d’Android : son manque de fluidité. Attention, je ne parle pas tant de fluidité réelle que de fluidité perçue, celle qui fait qu’un vieil iPhone a l’air plus fluide que le dernier androphone à la mode. En cause, une philosophie de rendu totalement différente, iOS donnant la priorité à une apparence de fluidité quitte à tricher un peu en suspendant certains processus. Android quand à lui était bien plus permissif, les activités des applications ayant la priorité sur des choses aussi superficielles que le rendu tactile. Reste que ces micro-ralentissements commençaient à devenir ennuyeux aux vues des puces monstrueuses qu’embarquent désormais nos smartphones.
Le project Butter règle donc ce problème en appliquant des méthodes connues des joueurs pc : l’activation de la synchronisation verticale et du triple buffering. La synchronisation verticale consiste à synchroniser l’affichage des images avec la fréquence de balayage de l’écran. Résultat, plus d’écrans noirs ou hachés. Le triple buffering prépare lui la prochaine image à afficher en avance et la met en cache, ce qui lui permet d’arriver plus vite. Google a également amélioré les algorithmes de prédiction des mouvements du doigt et a modifié de nombreux autres paramètres. Le résultat est plus que satisfaisant, avec un Android qui n’a jamais été aussi fluide. Du très bon travail.
Google Now (mais pas tout de suite)
L’autre grande fonctionnalité de Jelly Bean, c’est Google Now. Cette fonction est un mélange de reconnaissance vocale, de toutes les données que Google possède à votre sujet le tout étant saupoudré d’une pincée de Siri. Pour être plus clair, Google Now peut être perçu comme une « super-page de démarrage » se mettant à jour en temps réel et vous affichant les informations dont vous avez besoin ou qui vous intéressent. Pour cela Google étudie vos habitudes, que ce soit vos recherches ou vos déplacements si vous l’autorisez à les enregistrer. Et il faut bien avouer qu’une fois que le logiciel a eu le temps de s’habituer à vous, le résultat est bluffant. Sortez du travail et Google Now vous informe sur les horaires de train ou les bouchons sur la route. Votre équipe préférée joue ? Les résultats sont affichés. Ajoutez à cela une reconnaissance vocale et des fonctions de recherche encore meilleures que celles d’Apple avec Siri et vous obtenez un résultat impressionnant. Malheureusement comme pour Siri l’essentiel des fonctionnalités est inaccessible en dehors des USA, ce qui réduit fortement la portée de l’application.
Reste aussi un problème majeur. Tout pratique soit-il, Google Now est un répertoire d’informations personnelles simplement terrifiant, en particulier si vous autorisez un suivi par GPS. C’est d’autant plus critique que Google ne collecte et n’analyse pas toutes ces données par bonté d’âme. Elles lui permettent de proposer des publicités de plus en plus ciblées.
Les restes de l’OS
Le reste du système d’exploitation évolue par petites touches, voici un rapide tour d’horizon des changements les plus intéressants. Le volet de notifications est désormais plus lisible et on peut configurer finement quelles applications ont le droit d’envoyer des notifications. Le lecteur audio est légèrement redessiné, avec une page d’accueil plus claire. On remarque aussi que les docks audio USB sont désormais supportés. On le croit sur parole au vu de l’absence de matériel compatible … Le navigateur internet connaît en revanche un changement radical puisqu’il passe désormais à Chrome, qui était disponible en beta depuis déjà quelques mois. Ce nouveau navigateur remplace avantageusement son prédécesseur, en étant plus performant et plus pratique à utiliser.
Google Nexus 7 : une référence
Le Google Nexus 7 pourrait bien réussir à s’imposer comme la tablette Android pour le grand public. Si seulement elle faisait l’objet d’un support marketing correct, ce qui reste pour le moment une inconnue. Et pourtant cette tablette mérite amplement toutes les campagnes pubs du monde. D’un point de vue hardware elle offre de très loin le meilleur rapport performances/prix du marché. Son seul vrai défaut est sa mémoire limitée couplée à une absence de lecteur SD. Pour ne rien gâcher, Google a fait un excellent travail avec Jelly Bean, cette nouvelle version d’Android étant une réussite. Reste que Google n’a toujours pas réussi à régler ce qui reste le dernier gros problème de son OS : la qualité des applications. Apple continue à mener la barque dans ce domaine. Si vous ne voulez pas vous fendre les 500 € d’un iPad ou d’une tablette Android haut de gamme, la Nexus 7 est LE choix du moment. Quant à quelle version choisir, je laisserais de côté la 8 Go, qui est vraiment trop limitée. Le surcoût de 50 € pour passer à 16 Go fait un peu mal mais il n’entame pas les qualités (et le prix plancher) de cette tablette.
Caractéristiques :
– Taille d’écran : 7 pouces IPS
– Résolution : 1280 x 800 pixels
– Processeur : Tegra 3 1,2 GHz quadruple cœur
– Mémoire : 8 ou 16 Go
– Connectivité : WiFi prise jack audio 3,5 mm, dock, microphone, haut-parleurs, gyroscope, accéléromètre, capteur de luminosité ambiante, micro-USB
– Caméras : façade
– Autonomie : 8 heures
– Dimensions : 198,5 x 120 x 10,45 mm
– Poids : 317 grammes
Retrouvez tous les tests de tablettes dans nos pages.