Le LG OLED 55EA980V est l’un des écrans les plus attendu du moment. Avec la 4k, l’arrivée de l’OLED dans une déclinaison incurvée représente la révolution télévisuelle de cette fin d’année. On a eu la chance de pouvoir le tester au laboratoire, et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’expérience est déroutante…
Le LG OLED 55EA980V est l’écran le plus haut de gamme du constructeur coréen. Depuis le temps qu’on l’attend dans le salon, l’OLED commençait à devenir l’arlésienne des techniques d’affichage. Pourtant, cette technologie, on l’emploie quasiment tous les jours dans la mesure où bon nombre de téléphones portables en sont équipés. Basés sur des matériaux organiques qui émettent de la lumière sous l’effet d’une excitation électrique, la technologie OLED permet de construire des écrans très fins et surtout courbés, comme c’est le cas ici sur ce 55 pouces signé LG. L’appareil coûte la modique somme de 8 000 euros, mais on en a pour son argent. Explications…
Design et finition
8 000 euros, c’est beaucoup. Aussi, on attend d’un écran comme celui-là qu’il fasse tout ce qu’il faut pour séduire, à commencer par le look. Le constructeur a vraiment été très loin, et c’est sans aucun doute l’appareil le plus luxueux que nous ayons vu à ce jour. Les bords sont vraiment très fins, la coque de l’écran, si on peut encore parler de coque et d’une finesse absolue, à tel point qu’on s’est bien demandé par quel bout le prendre pour le sortir de son carton. La rigidité de l’ensemble est assurée par une feuille de carbone.
Evidemment, quand on est LG on ne se refait pas, si la coque est en carbone, le bloc électronique au dos est en plastique avec une vague « imitation carbone » que n’aurait pas renié un amateur désargenté de tuning sur fiat panda diesel. Cela dit, rien de bien gênant, une fois l’appareil posé, on ne le voit plus.
Tous les accessoires bénéficient d’un soin extrême. On apprécie la petite webcam en aluminium usiné, pour skype.
Les enceintes qui font plutôt peur à priori sont des modèles ultra plat partiellement transparent, intégrés dans le pied en plexiglas.
Après, LG est sans toute allé un trop loin en livrant une large pochette cartonnée rouge très classieuse dans laquelle on trouve une délicate pochette noire du plus bel effet, dans laquelle on trouve… le manuel d’utilisation imprimé sur le papier à cigarette habituel. C’était un peu « too much ».
Ergonomie
L’appareil est vraiment très facile à utiliser et c’est principalement grâce à la télécommande à reconnaissance de mouvement :
Appelée Magic Remote, elle ne comprend qu’une poignée de boutons mais elle permet de naviguer dans le système de menus à l’aide d’un pointeur cliquable. LG a toujours mis en avant, à raison, ce dispositif, et c’est une occasion de plus de dire tout le bien qu’on en pense : ça fonctionne vraiment bien, y compris pour faire ses réglages d’image.
Petit détail frustrant par contre, les menus ne s’effacent pas suffisamment quand on règle une fonction particulière, tant et si bien qu’on a un peu du mal à voir ce qu’on règle.
Passons sur la partie TV connectée, qui reprend en fait ce que le constructeur a fait jusqu’ici sur ses téléviseurs cette année.
On y retrouve les applications habituelles (Youtube, Dailymotion, etc.) mais aussi une zone Premium qui donne accès à des fonctions plus abouties comme la VOd Canal play, Orange ou encore la catch-up TV de France télé. Les réseaux sociaux sont de la partie évidemment. LG met toujours en avant son « 3D World », une zone de TV connectée regroupant des films en relief, mais force est de constater que c’est toujours le calme plat, exception faite des titres de Disney.
Enfin, comme Samsung, LG propose une connectivité étendue à votre univers mobile avec la fonction « Smart Sharing ». Si votre périphérique est compatible NFC, vous pourrez d’ailleurs l’appairer au téléviseur par ce biais.
Equipement
La connectique est complète (encore heureux). Le téléviseur est compatible MHL pour les tablettes et autres smartphones. On a déjà évoqué la petite caméra skype. Il faut aussi parler des superbes lunettes 3D (deux sont fournies) au confort inimité à ce jour. Les deux sont d’ailleurs livrées dans un étui à coque rigide, pratique si vous les emmenez au cinéma. Vous retrouvez dans le carton la fameuse télécommande évoquée plus haut, par contre, pas de second modèle plus classique.
LG OLED 55EA980V : quelle consommation ?
Un mot sur la consommation du LG OLED 55EA980V. On vante parfois l’OLED comme une technologie écologique. On est encore loin du compte. Avec 175W à la mesure, cet écran fait moins bien que certains téléviseurs à LED. Ce n’est pas le jour et la nuit, mais comptez 50W de différence en moyenne. Par contre, comme sur un plasma, la consommation dépend directement de ce que vous affichez. Malgré cela, elle reste un cran supérieure à diagonale égale, à celle d’un écran LED.
Avant de parler de la calibration du LG OLED 55EA980V, parlons un peu techno. Il y a plusieurs façons d’utiliser des OLED pour concevoir un affichage. Chaque constructeur a sa méthode. LG a choisi d’utiliser des OLED blanches dont les sous-pixels sont couverts de filtres de couleurs. Chaque pixel comporte quatre sous-pixels : Rouge, Vert, Bleu et Blanc, une technique classique en imagerie pour améliorer la luminosité mais qui a des conséquences sur la balance des blancs.
L’avantage de la méthode LG est de garantir un vieillissement uniforme. En effet, il existe des OLED de couleurs, mais leur vieillissement dépend de la couleur choisie, le bleu se dégradant plus vite que les autres couleurs. Samsung quant à lui privilégie l’approche couleur directe. C’est-à-dire que chaque pixel comporte trois sous-pixels RVB mais il a doublé la surface du bleu pour baisser la tension de biais et limiter le vieillissement. On verra donc à l’usage comment vieillissent ces écrans. Il va sans dire qu’on n’a pour l’heure aucun recul. Certains mettent en avant l’existence d’OLED sur les appareils mobiles, mais c’est une comparaison qui n’a pas lieu d’être, car le rapport cyclique (le temps pendant lequel ces écrans sont allumés par rapport au temps total) est relativement faible en comparaison d’un téléviseur.
Une très bonne première calibration
LG propose en effet trois réglages cinéma : un mode certifié THX et deux modes ISF. Le mode THX désactive tout simplement tous les filtres numériques. Tous les trois sont très proches quand il s’agit de la colorimétrie. La température des couleurs était parfaitement juste selon notre sonde de calibration, à 6500K. La courbe n’est pas parfaite cela dit, avec une justesse qui pourrait encore être améliorée dans l’absolue. Cela étant, avec un Delta E inférieur à 2, rien de perceptible à l’œil nu.
Pour rappel, ce graphique donne la différence entre la nuance de couleur désirée et celle réellement affichée.
– Si DeltaE > 3, alors la couleur affichée est sensiblement différente de celle exigée, cet écart pourra être perçu par l’utilisateur.
– Si DeltaE
Le contraste atteint les limites de ce que nous pouvons mesurer en labo. La valeur de 9100 :1, un record enregistré ici, est à prendre avec des pincettes. Ce que l’on peut dire, c’est que c’est vraiment très, très contrasté, au-delà de ce que l’on a vu de mieux en plasma à ce jour.
Quid de l’état de surface ? L’appareil est brillant, mais il dispose d’un filtre anti reflet plutôt efficace, comme on peut le voir ici :
Passé au Gretag Eye-one Display 2, l’écran montre qu’en mode cinéma, il respecte le standard en vigueur, une très bonne chose faute de contenu disponible dans d’autres espaces colorimétriques.
Le gammut représente la richesse des couleurs affichées. Les coins du triangle sont les couleurs primaires (en synthèse additive, bien sûr). Ainsi, la surface du triangle représente l’ensemble des couleurs affichables en combinant les trois teintes primaires avec plus ou moins d’intensité pour chacune d’entre elles. Donc plus la surface du triangle est étendue, plus les couleurs sont riches.
Uniformité spatiale
Nous avons mesuré l’uniformité de cet écran:
Nous réglons la dalle sur 50 % de luminosité, 50 % de contraste et nous mesurons l’uniformité de l’éclairage dans une image blanche quadrillée en 64 zones de taille égale : le point le plus lumineux est considéré comme le point 100 %, la valeur du noir précédemment mesurée est considérée comme 0 %, les autres valeurs mesurées sont étalées ensuite.
L’oled ne semble pas résoudre les problèmes d’uniformités rencontrés sur les téléviseurs modernes, hélas. Pourquoi ? Simplement parce qu’en tant qu’il faut bien alimenter une diode, organique ou pas, pour qu’elle émette de la lumière. Souvent, sur les écrans OLED, la stratégie choisie est une électrode commune en surface (en ITO) et une électrode individuelle au dos. Le routage du courant dans les différentes diodes n’est semble-t-il pas parfait. Cela étant, il n’y a rien de rédhibitoire, car ces problèmes d’uniformités sont surtout pénibles dans le noir. Or le LG OLED 55EA980V n’a aucun clouding apparent. La mesure est faite en effet avec un gris moyen. C’est donc plutôt rassurant. Le LG OLED 55EA980V est le premier écran OLED de cette taille à passer au labo. Quel temps de réaction peut-on attendre ? Et bien c’est tout simplement exceptionnel. L’appareil bat tous les records et devient du coup notre référence en termes de temps de réaction !
Pour rappel, encore une fois :
Cette courbe recense les différentes valeurs de latence en fonction du niveau de gris à atteindre. Une alternance noir-blanc se traduit sur la courbe par un point avec l’abscisse 255, une alternance noir-gris donne un point à 125 d’abscisse tandis qu’une alternance noir-gris foncé affiche 50, etc. La latence officielle ISO spécifiée par le constructeur ne concerne que les transitions noir/blanc (0/255). Si la valeur mesurée concorde avec celle du constructeur sur ce point, elle n’a que peu de valeur quant à la réactivité de la dalle dans la pratique.
L’adressage des pixels est d’ailleurs sans appel. Voici une capture de notre oscilloscope montrant la réponde d’un pixel OLED :
Pour mesurer précisément le temps de monter, il faut zoomer sur chaque transition à l’oscillo, car par défait, c’est beaucoup trop rapide, évidemment.
Dans ton curve ?
La question qui vient naturellement à l’esprit, c’est bien entendu : « quel est l’intérêt d’un écran incurvé ? »
On voit déjà d’ici les réfractaires au marketing monter sur leur grands chevaux et voilà certainement une idée qui nous promets de trolls de fort beau gabarit sur Internet. Il faut dire que ce nouveau concept est souvent assez mal porté par des chefs produits aux arguments manquant de pertinence, pour le moins. Alors, est-ce que ça fait sens d’avoir un écran incurvé ? La réponse est « oui »… dans l’absolu. L’idée de départ est de porter tous les points de l’image à la même distance de l’œil humain. De fait, l’immersion dans l’image est évidente et c’est d’ailleurs une stratégie qui est déployée au cinéma dans les salles IMAX par exemple. Donc techniquement, ça fait sens. Mais deux choses clochent. La première, c’est que le contenu n’est pas adapté pour l’instant. Du coup, pour rendre l’image acceptable, LG a dû limiter le rayon de courbure de son écran. Ce qui nous amène au second point. Le rayon de courbure effectif est d’environ quatre mètres. Ce qui veut dire que pour avoir tous les points de l’image à la même distance de l’utilisateur, il faut mettre son canapé à cette distance. Ce serait parfait si l’écran était un peu plus grand. Ici, il faut s’approcher un peu pour profiter d’une immersion correcte. Donc oui, l’incurvation de l’écran fait sens. On voit bien ici que les différentes marques testent leur solution auprès du public en attendant sans doute l’arrivée d’écrans plus grands.
Qualité vidéo
A l’essai, l’écran Full-HD LG offre une image à tomber. Le contraste est si grand qu’un de nos instruments de mesure a tout simplement baissé les bras. L’autre a mesuré 9100 :1, mais c’est dans les limites de tolérance de notre équipement. Le noir affiché est absolu. En revanche, la luminosité reste limitée à 275 cd/m2à la mesure. C’est largement suffisant pour un usage home-cinéma et d’ailleurs il en est question ici.
Le mode THX désactive tout simplement tous les filtres numériques. Le résultat est vraiment fidèle au film tel qu’il est stocké sur le support numérique. Mais parfois, l’image est un peu douce. On vous propose donc de passer en mode ISF. La température des couleurs est très correcte par défaut, même si on a vu plus juste sur plasma et LED aujourd’hui. Il faut alors prendre le soin de régler la compensation de mouvement. Sur OFF, on a trop de saccades. Sur Lisse, l’effet caméscope est vraiment présent. On vous conseille un réglage utilisateur, avec une netteté à 5 et un « de-judder » à 3 seulement. Dans ce cas-là, on n’a aucun effet pénible à l’image même s’il subsiste quelques saccades. A noter aussi que dans les changements de plans, il arrive que la compensation de mouvement s’emmêle les pinceaux. C’est le cas par exemple sur les travellings soudains comportant des motifs répétitifs (immeuble, tapisserie, etc.). On peut encore améliorer un peu la netteté de l’image. La fonction « amélioration de résolution » est sans intérêt sur les blu-rays. En revanche, l’amélioration de bord est un plus. A l’essai, on retrouve des images très propres, avec une très belle saturation. Les teintes primaires surtout sont d’une intensité incroyable.
On était aussi très inquiet des angles de visions, compte tenu de la courbure de l’image. Dans les faits, c’est quasiment le sans faute. Si on regarde l’écran avec un angle exagérément prononcé, on a une légère variation de colorimétrie, rien de bien gênant. Le filtre anti reflet est aussi plutôt bien conçu même si on aura raison de préférer regarder ses films dans le noir, comme au cinéma.
Jeu vidéo
Dans les jeux, l’appareil représente tout simplement ce qui se fait de mieux à ce jour. Avec moins de deux millisecondes à la mesure, l’instantanéité de l’image saute aux yeux. C’est surtout vrai pour les jeux de courses où l’on redécouvre vraiment les abords du circuit en lieu et place du flou habituel. C’est bluffant. Toute technologie et toute taille confondue, le rendu sur cet écran est ce que l’on fait de mieux en matière de rendu vidéo-ludique.
Mode PC
Ça fonctionne sans problème en HDMI, aucun souci à remarquer. L’appareil atteint la résolution native et le bureau Windows (à fortiori si vous êtes sous Windows 8) prend des airs futuristes pas désagréables.
Qualité sonore
Même la partie son, à priori suspecte compte tenu de la petite taille des enceintes, s’est révélée surprenante. La spatialisation est exemplaire et la présence d’un petit caisson de basse au dos de l’appareil permet d’assurer une bonne homogénéité du rendu. Les aiguës ne sifflent pas trop non-plus. Bref, c’est une bonne surprise.
LG OLED 55EA980V : un premier pas encourageant
Au final, le LG OLED 55EA980V est un écran hors norme. J’avoue, je n’ai pas envie de le rendre : j’ai encore plein de jeux à finir et vu que c’est ce qu’il y a de plus rapide sur le marché… Mais trêve de plaisanterie. C’est un très bon écran. Le fait qu’il soit incurvé, on en a parlé en long et en large plus haut dans cet article, ça fait sens, mais sur des écrans plus grand. On dira donc ici que c’est une belle preuve de concept. Reste l’OLED, une technologie d’affichage qui visiblement a son mot à dire en home-cinéma. Et vu que le plasma vit, hélas, ses dernières heures, on ne peut qu’accueillir avec bonheur une technologie d’illumination directe qui permet aux amateurs de retrouver leur marque. Vivement donc que cette technologie se démocratise. Cet écran est-il pour autant parfait. Non. On sent bien que si le constructeur maîtrise la technologie d’affichage, le traitement d’image mériterait un bon coup de polish. La gestion du bruit et les errements de la compensation de mouvement, notamment, sont des détails qui énervent à ce niveau de prix.
Note : Pour des raisons indépendantes de notre volonté, nous n’avons pas pu tester le rendu 3D de cet écran, veuillez nous en excuser.
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