A cause de certains rédacteurs que je ne nommerai pas et qui s’appellent François Arias, je me retrouve à faire un sujet sur le Selfie. Autant vous dire qu’il y aura des représailles, que ça va saigner, pire qu’à Verdun. Une boucherie éditoriale se prépare… mais quitte à faire un papier sur les selfie, autant tester un appareil photo aussi particulier qu’intéressant, au-delà du narcissisme pictural : le Samsung NX Mini : l’hybride le plus fin du marché.
Le Samsung NX Mini est l’hybride le plus fin du marché. Mais avant que nous entrions dans le vif du de ce test proprement dit, je tiens à dire à certains qui se reconnaîtront, et qui s’appellent François Arias, que la traitrise à un prix, et que l’on ne suggère pas, comme ça, innocemment, de faire un sujet sur le selfie sans avoir pris au préalable ses précautions. Des précautions qui incluent un changement d’identité, un remodelage facial et un aller simple pour un pays très, très lointain peu porté sur le recensement de ses habitants. Car il y aura des conséquences, que ce soit dit.
Mon selfie, ma vie, mon œuvre
Avant que ce ne soit une pratique photographique de l’autoportrait qui confine au trouble obsessionnel compulsif pour narcissiques numériques, le selfie était un art en soi, une pratique introspective différente en photographie et qui relevait d’une recherche esthétique certaine. Bien des photographes ont réalisé leur interprétation de l’autoportrait, de Man Ray à Helmut Newton en passant par Stanley Kubrik, Diane Arbus et Vivian Maier. A l’époque, on tentait de dire quelquechose sur soi, sur ce que l’on pensait être vraiment, à l’intérieur, en tant que photographe mais aussi en tant que personne. Mais ça c’était avant. La modernité y apporte une dimension sociale qui n’est pas sans poser question : quel intérêt y-a-t-il à poster des photos de soi, dans toute les situations sur internet, si ce n’est de flatter son égo à grand renfort de « Likes ». On vous invite d’ailleurs à regarder l’excellent court-métrage de Matthew Frost, Aspirational, sur le sujet :
On le voit bien, le selfie, c’est peut-être une question de génération, mais c’est surtout une question d’égo, une nouvelle façon de dire au monde « ma vie est fantastique », alors qu’en fait, vous êtes, vous aussi, comme la plupart d’entre nous, vous menez une vie ordinaire faite de dettes à payer, de CDI qui tardent à venir, de gosses à nourrir, de bagnoles qui démarrent pas, de smartphone en réparation, de réseau qui passe pas et de rédacteurs à étriper et qui feraient mieux de garder leurs idées à la con pour eux-mêmes et qui s’appellent François Arias, donc.
Bref, mode Instagram ou pas, votre vie est comme celles des autres, et ce n’est pas avec une canne à Selfie que vous allez pouvoir l’embellir, même avec un sourire ultra-bright qui sent bon l’antidépresseur. Et attention, si le selfie ne rend pas votre vie plus belle, elle peut la rendre plus courte. En septembre dernier, un touriste est mort en prenant un selfie avec un éléphant. Ce dernier n’a pas apprécié.
Autant vous avouer tout de suite, je n’ai pas pu me résoudre à faire un comparatif de canne à selfie. J’ai essayé. Mais je n’ai pas pu. Trop handicapant, même pour une carrière de journaliste. C’est que l’on a sa petite fierté. Je me suis donc plongé dans le catalogue des constructeurs d’appareils photos qui mettaient l’accent sur cet aspect de la photographie et je vous propose donc le test du Samsung NX Mini. Et vous aurez raison de l’acheter aussi pour ses autres qualités que pour le rendu flatteur de votre petite personne. Après tout, les jours du selfie sont déjà comptés. De nombreuses « stars » commencent à s’élever contre la pratique, et comme on sait que, ce qui vous intéresse, c’est de faire comme les gens riches et beaux et connus, cette mode pathétique de l’autoportrait compulsif devrait vous passer rapidement. Du moins on l’espère, surtout pour le salut de François Arias. Car on me dit que certains smartphones, comme le HTC Desire Eye, sont désormais construits pour le selfie, et je pense qu’un test s’impose très rapidement… chacun sa croix.
Samsung NX Mini : un appareil à la pointe
Fidèle à sa tradition, Samsung propose un appareil à la pointe de la technologie en termes de communications, avec le Wi-Fi et le NFC intégrés notamment. C’est un appareil ultra fin (22mm seulement) et vraiment léger, avec 160g sur la balance, environ. Cette prouesse a été rendue possible grâce à l’adoption d’un capteur un peu plus petit que d’habitude sur les hybrides, mais aussi d’une nouvelle bague pour optiques NX-M, un choix discutable qu’on aura loisir de discuter.
Un appareil au luxe relatif
Au déballage, le NX-Mini s’avère surprenant, et nous laisse une impression mitigée. D’un côté, l’appareil semble assez classieux, avec une barre d’aluminium sur le dessus, des boutons bien intégrés, quoique présentant peu de relief, et tournés façon Hifi. La livrée de notre exemplaire de test, un brun taupe/chocolat, est aussi assez sympa. Mais voilà, c’est du plastique. On retrouve sur cette appareil l’étrange obsession du constructeur coréen pour l’imitation cuire la plus grossière qui soit. Et toute une génération de smartphone en a déjà fait les frais.
Du côté de l’optique du kit, même combat. D’un côté, le 9mm f/3.5 cerclé d’aluminium respire la qualité. Mais la griffe de fixation sur le boîtier est en plastique. Et pour avoir déjà cassé quelques fois une bague similaire chez Olympus, on peut dire qu’on n’est vraiment pas rassuré. Bref, on alterne le bon, et le moins bon, alors que pour 400 euros, on attendait l’excellence.
Encore une nouvelle bague d’optique
Pour atteindre la compacité du NX Mini, Samsung n’a eu d’autre choix que de recourir à un capteur plus petit (un pouce) et une nouvelle gamme d’optique, baptisée NX-M. Et c’est une mauvaise idée. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’à une heure où les amateurs d’hybrides se demande bien si la monture Samsung NX a de l’avenir, Samsung apporte une réponse qui n’est pas encourageante. Il aurait été plus malin de capitaliser sur la monture existante, histoire de montrer au moins qu’on y croit vraiment. Si c’est pour créer une nouvelle monture à chaque nouvel appareil, quel est l’intérêt ? Certes, il y a bien un adaptateur, que l’on n’a pas trouvé référencé en France pour l’instant, mais qui devrait coûter 150 euros. Il permet de monter des optiques NX sur le NX-Mini. Mais c’est 150 euros supplémentaires et franchement, on n’est plus très loin des premiers prix en micro-4 :3 ou en Nikon One. Pour l’heure, il y a trois optiques disponibles : un 9mm f/3.5 (eq. 24mm), un 17mm f/1.8 et un zoom 9-27mm f/3.5. C’est peu, surtout si l’on veut une optique portrait, mais c’est un début.
Samsung NX Mini : une prise en main moderne
Côté prise de vue, l’appareil rompt avec la tradition, en optant pour une commande essentiellement tactile. Mais ça fonctionne bien. Une pression sur le bouton Fn permet de faire apparaitre le réglage de la priorité courante (vitesse ou ouverture), la sensibilité, la compensation d’exposition ainsi que d’autres commandes plus secondaires (mesure, balance des blancs, etc.). Sur le dessus, on trouve le déclencheur (on peut aussi déclencher de façon tactile) et le bouton de lancement du Wifi. A dos, point de roue codeuse mais un trèfle tout ce qu’il y a de plus classique.
La prise de vue n’est pas encombrée par trop d’information et même en basse lumière, l’autofocus à détection de contraste semble bien remplir son office. C’est un appareil rapide et facile à utiliser, qui ne fait pourtant pas l’impasse sur le côté photographie. Outre les menus intelligents, on trouve les classiques PASM. On peut aussi utiliser l’application Samsung Smart Camera pour contrôler le NX Mini. Elle est d’ailleurs très complète, reprenant même l’architecture du menu de l’appareil quand on appuie sur la touche Fn. Bien vu ! L’écran se retourne aussi complètement, permettant de faire des selfies comme celui-là (désolé…) !
Seule ombre au tableau, l’appareil met un certain temps à s’allumer. C’est pénible quand on a l’appareil dans la poche et que l’on souhaite prendre rapidement un sujet qui risque de nous passer sous le nez.
La rafale pose aussi problème. Elle n’est pas disponible en RAW et surtout, une fois le buffer plein, il faut attendre quelques secondes pour recommencer, surtout à pleine vitesse.
Samsung NX Mini : du potentiel
BSI ou pas, le capteur d’image ne monte pas franchement haut dans les ISO. On peut se contenter de 800 ISO, sans trop perdre de qualité d’image. Au-delà, le lissage est beaucoup trop présent :
La netteté de l’objectif est correcte, mais l’appareil y va quand même de sa dose d’amélioration de contour sur les transitions franches comme ici :
Pour le reste, les couleurs sont assez naturelles, avec un rendu plutôt fin et globalement neutre :
Comme souvent chez Samsung, on apprécie le mode Macro. La mise au point se fait très près de l’objectif, elle est rapide et offre une profondeur de champ correcte. :
Surtout, l’appareil est capable de sauvegarder ses photos en RAW et avec un peu de boulot, on peut tirer des images assez sympathiques de cet appareil. Le grain est maitrisé (aucun filtre anti bruit n’a été appliqué) et on peut améliorer un peu la netteté des clichés.
Du reste, il faut bien l’avouer, le 9mm n’est pas très uniforme. Sur le cliché suivant, on voit bien que la netteté s’amenuise vers les bords de l’image.
Samsung NX Mini: une bonne idée mais…
Côté vidéo, le Samsung NX-Mini filme en Full-HD en 30Hz. La compression se fait en H.264 / MP4. Les images sont globalement correctes mais il faudra éviter les sujets qui changent de plan. Le 9mm a tendance à chercher le point un peu trop souvent. Mais globalement, le NX-Mini s’en sort bien. On regrette chez Samsung que la politique soit encore au « coup commercial » d’un produit. Introduire une nouvelle monture, avec une nouvelle gamme d’objectifs, n’est pas franchement une bonne idée tant il est difficile de fédérer les utilisateurs autour d’un parc optique. A ce jour, seul la galaxie des Micro 4/3 y arrive à peu près. Autrement dit, rien ne garantit qu’à l’avenir, les possesseurs de NX-Mini continueront de trouver des objectifs. Au-delà de ces considérations, l’appareil s’en sort plutôt correctement comme on a pu le voir, mais le prix est conséquent, malgré une finition mitigée. Bref, on n’est pas totalement convaincu, même si l’appareil ne démérite pas.