Présenté à l’IFA, le Samsung UE75ES9000 est à ce jour le téléviseur le plus grand jamais commercialisé par la marque coréenne. C’est un 75 pouces Full-HD à rétro-éclairage LED. Nous l’avons eu le temps d’une preview, une expérience aussi déroutante qu’unique…
Le Samsung UE75ES9000 est l’appareil le plus grand que nous ayons eu en test. Quand on vous propose d’essayer un tel monstre de pixel, qu’est-ce que vous faites ? Vous dites oui, bien sûr… et après, vous vous demander si ça rentre dans l’ascenseur, s’il va passer le petit virage difficile, qui vous avait donné tant de mal quand vous aviez réceptionné le canapé. Vous vous demandez si votre meuble télé va tenir le coup (55 kg à la pesée)… mais c’est trop tard, vous avez dit oui, et le camion est déjà en route… C’est ainsi que nous avons reçu le Samsung UE75ES9000, pas à notre labo hélas, mais directement chez nous, à Bruxelles. Il faudra donc se contenter d’une preview, faute de disposer de tous les instruments de mesure in situ, mais une preview qui soulève déjà pas mal de questions…
Design et finition
Samsung n’a pas vraiment fait dans la demi-mesure. L’écran est particulièrement bien fini et à ce tarif, le contraire aurait été inexcusable. La version qui nous a été livrée oscille entre l’or rose et le bronze. C’est assez spécial. Dans ces dimensions, les bords de l’écran sont ridiculement fins. L’appareil n’est pas borderless, mais vue la dimension de la bête, c’est tout comme.
J’avoue que j’étais très inquiet, mais bonne nouvelle, l’appareil est livré monté ! Il ne faut pas boulonner le pied soi-même, ouf ! Malgré la finesse de la dalle, l’écran pèse tout de même ses 55 kg, on peut difficilement faire moins quand on a un substrat de verre de 189cm de diagonale.
Si la couleur n’est pas du goût de tout le monde, on peut dire que la finition est impeccable et surtout, finalement, dans ces dimensions, la couleur du cadre importe peu par rapport à l’immensité du noir profond qui envahit soudainement votre salon.
Et c’est un peu dérangeant, avouons-le, d’avoir ainsi un monolithe couché en travers du salon. On a un peu l’impression d’habiter dans un studio où l’on rejouerait une version sit-com de 2001 l’odyssée de l’espace, les singes en moins. C’est une vraie question à se poser quand on choisit d’adopter un écran de cette dimension. Il faut d’abord avoir assez de recul pour en profiter. Mais lorsque l’écran est éteint, sa présence est à la limite de l’oppression. A l’inverse, le cadre de projection situé d’ordinaire derrière l’écran de test est nettement moins agressif, visuellement. Mais c’est ici un avis personnel.
La question ne devrait finalement pas se poser car on peut imaginer que celui qui achète un 75 pouces a bien l’intention de s’installer une salle de home-cinéma dédiée et dans ces conditions, c’est une critique caduque.
Ergonomie : on ne change pas une équipe…
Sans grande surprise, le Samsung ES9000 reprend l’interface et la partie connectée du Samsung UE55ES8000 que nous avions eu l’occasion de tester il y a peu. Le menu classique de configuration de l’appareil ne bousculera pas les habitudes des fans. On apprécie toujours autant la documentation intégrée qui vous explique ce que vous réglez.
A la mise en route, il faut bien faire attention à ses choix. Par exemple, quand on vous demande si vous voulez activer la commande vocale ou la commande gestuelle, mieux vaut être sûr de son coup car on a bien eu du mal à retrouver cette option dans les menus après.
La fonction TV connectée fonctionne impeccablement. Elle est identique à celle du ES8000 encore une fois. Mais c’est un plaisir de la retrouver. Il faut bien entendu avoir un peu de patience à la mise en route, le temps que les mises à jour se fassent. Privilégiez le réseau filaire pour cela.
Pour le reste, mieux vaut vous reporter à ce que nous avions écrit à l’époque du Samsung UE55ES8000. Inutile de tout répéter ici.
Au doigt et à l’œil
Sur le dessus de l’appareil, on trouve donc une caméra et un microphone. Mais contrairement à l’ES8000, elle est ici escamotable
Là encore, mieux vaut ne pas tout répéter, et si le contrôle à la voix et au geste vous intéresse, mieux vaut vous reporter au test du Samsung EU55ES8000. Ici ce que l’on peut dire, c’est que malgré la distance qui sépare l’utilisateur de la caméra, cela continue de fonctionner. Comme pour les modèles plus petits, on vous conseille toutefois d’utiliser le micro de la télécommande.
Equipement
L’appareil est le plus complet que nous ayons eu à l’essai. Il est livré avec deux télécommandes, l’une classique, l’autre dotée d’un touchpad, similaire à celui que l’on trouve sur les ordinateurs portables. C’est assez efficace, notamment pour naviguer dans les menus SmartTV.
On retrouve aussi le fameux IR Blaster, qui rappelons-le sert à contrôler d’autres appareils de la maison en infrarouge via la télévision.
Tout cela est connu et a déjà été décrit en détail dans notre test du Samsung UE55ES8000.
En revanche, nous avons été surpris de trouve quatre paires de lunettes actives ultra légères dans le carton. L’appareil est donc cher, mais bien équipé pour toute la famille. Petite astuce cela dit, qui n’est mentionnée nulle-part dans le mode d’emploi : les lunettes ont refusé de fonctionner au premier démarrage. Il a fallu faire un reset, avec un cure-dent, via le petit trou près de la prise USB de rechargement. Alors dans ce cas, elles ont bien voulu s’appairer avec le téléviseur.
On déplore en revanche la très faible mémoire interne du Samsung UE75ES9000: 750 Mo environ. C’est tout de même un peu mesquin. On trouve plus sur un smartphone de nos jours…Le Samsung UE75ES9000 n’a pas pu passer notre batterie de tests standards. Il va donc falloir se contenter ici d’une appréciation visuelle, tout simplement parce qu’il n’a a pas été livré au labo. Mais rassurez-vous il y a des choses à dire.
Dans la pratique
Qualité vidéo
Au démarrage, n’y allons par quatre chemin, l’image est déplaisante… d’autant plus déplaisante d’ailleurs qu’elle occupe une surface non-négligeable. Le rendu est vraiment criard avec tons rouges pétant et des vert fluos. Bref, c’est atroce. Il faut donc prendre un peu de temps pour le régler. Commençons donc par passer en mode cinéma, ce qui a au moins le mérite de ramener les tons chair dans des teintes humainement acceptables. De fait, le mode « cinéma » utilise une température des couleurs « chaud 2 », peut-être un peu trop chaude à l’œil nu. Mais le réglage « chaud 1 » est trop froid. En revanche, l’image est globalement assez propre. Quelque soit la source. On pouvait craindre que la dalle ne soit sensible à la qualité des sources, mais force est de constater que l’électronique fait un boulot très propre. Les autres réglages vont dépendre de votre type de contenu, en revanche.
Par contre, et ce n’est pas la première fois qu’on le dit, la dalle brillante est clairement la mauvaise idée du siècle du point de vue de la qualité d’image. Et sur ce modèle, on frôle carrément le ridicule. En effet, sur un petit écran, lorsque l’image est globalement sombre, les dalles brillantes se transforment en vrai miroir. On a l’habitude. Mais sur une dalle aussi importante, il suffit qu’une petite portion de l’image soit sombre et vous êtes bon pour vous remaquiller. Voici un exemple tiré du Blu-ray de « The Dark Knight »
L’image n’est pas franchement sombre et pourtant, dans l’immeuble Wayne, on voit bien deux petits tabourets, une table et un morceau de tapis qui n’ont pas grand-chose à voir avec Batman. Bref, il faudra regarder la télé dans le noir pour bien faire. Sans quoi on s’expose à une crise de nerf à chaque fois gros plan sur un All Black à la prochaine coupe du monde de rugby.
Définition
En HD, il faut bien le dire, l’image est à tomber. On profite d’une netteté impeccable sur cette dalle Full-HD. Là aussi, on pouvait craindre que la trop grosse taille des pixels sur ce monstre de 75 pouces de diagonale ne provoque un crénelage mal venu. Mais il n’en est rien. L’image est de grande qualité, avec un piqué très impressionnant :
Quid de la compensation de mouvement ? Pour éviter les saccades, nous conseillons d’activer les fonctions suivantes : Motion Plus sur « Précis » et Motion LED sur « Activé ». Certains trouveront que cela fait trop caméscope, mais sur les Blu-ray, ça passe sans problème et le rendu est très agréable, avec bien peu de perte d’information pendant les travellings.
En revanche, nous avons été surpris de constater que l’appareil faisait aussi du bon boulot avec les contenus en définition standard ! Attention toutefois. Si vous avez un lecteur Blu-ray Péritel de base, c’est tout de même moins bon qu’avec une connectique HDMI, même si cette dernière est configurée pour sortir de la résolution standard (sans upscale donc). Le fait est que l’upscale de la télé est de très bonne qualité, même sur les masters de qualité douteuse. Et d’ailleurs, nous n’y sommes pas allé par quatre chemin en piochant un épisode des Experts Las Vegas (saison 7) en DVD « à pas cher ». On s’attendait à un véritable massacre. Et bien non. L’appareil s’en sort très bien. Trop bien même puisque le rendu est beaucoup trop sit-com. On vous conseille de baisser de deux crans la netteté (un comble) et de désactiver le Motion Plus pour un rendu moins AB production. Mais dans ces conditions, c’est très agréable. Il n’y a pas trop de fourmillements sur les aplats de couleurs. Bref, c’est du tout bon.
3D
Nous ne disposions pas d’une quantité énorme de titre en 3D. On s’est donc rabattu sur Tron. C’est loin d’être le meilleur exemple. Mais en l’occurrence, nous sommes très agréablement surpris par la qualité d’affichage. Les lunettes turbinent assez vite pour que le scintillement soit absent. Le rétro-éclairage semble suffisamment puissant pour éviter toute perte de luminosité. Il n’y a pas de ghosting et le jaillissement est très impressionnant. D’ailleurs, il ne faut pas hésiter à se rapprocher. Notre distance à l’écran était d’environ 2,5 mètres. C’est peu. Mais pour être vraiment immergé dans le film, c’est ce qu’il faut.
En revanche, il nous semble que l’écran a un parti pris étrange quant à la profondeur de champ. Il semble à vue de nez que l’appareil a tendance à flouter un peu trop les arrière-plans, de façon à forcer le trait de la perspective. C’est la première fois que nous constatons le phénomène et il n’est pas impossible que ce soit un choix délibéré de rendu. A suivre….
Jeu vidéo
Certains vous diront qu’on ne peut pas jouer sur un écran aussi grand. On s’y perd, on fatigue plus vite… A mon sens, c’est surtout une question de réglage. A titre purement personnel, je joue sur console sur l’écran de projection qui se trouve derrière le téléviseur Samsung et ça se passe très bien. Mais la luminosité est bien moindre que sur le téléviseur ! Si vous voulez jouer sur un tel écran, on ne saurait trop vous conseiller d’avoir la pédale douce sur le rétro-éclairage. Par contre, vous pouvez essayer le mode « dynamique » qui fait des miracles sur les jeux très colorés, sur Motorstorm apocalypse par exemple. Pour ce qui est de la fluidité, faute de sonde de mesure, on se contentera d’une appréciation visuelle. C’est assez moyen. Il y a quelques filés. Et il faut bien penser à désactiver toutes les compensations de mouvement, qui ajoutent du poids dans la souris (ou le paddle) en l’occurrence.
Mode PC
En HDMI, pas de souci, l’écran est tout à fait net en 1920 x 1080. C’est impeccable. Ça ne sert à rien de taper du texte sur un écran de cette taille et c’est inconfortable au possible, mais ça fonctionne.
Qualité sonore
Alors là, on s’attendait au pire, très honnêtement. Mais non. L’écran est très bon aussi sur ce plan-là. Si Samsung commence à faire des sections audio dignes de ce nom sur les téléviseurs, où va-t-on ? (tout fout le camp). En l’occurrence, moyennant un volume certain (au-delà de 15), le mode sonore « Cinéma » fait des miracles. Les voix sont claires, il y a suffisamment de basses, et les aiguës sont bien là, sans siffler. On bénéficie aussi d’une belle spatialisation. Il faut croire que la largeur de la dalle aide à espacer les haut-parleurs correctement.
Samsung UE75ES9000 : un choix raisonnable ?
Le Samsung UE75ES9000 est tout simplement un écran sans équivalent. Ses concurrents ne sont pas les téléviseurs, mais bel et bien les vidéoprojecteurs. Après tout on peut se poser la question dans le cadre d’une installation home-cinéma. La diagonale est sensiblement la même. Le vidéoprojecteur pourra bien évidemment afficher plus grand moyennant une dilution lumineuse, mais soit. Le fait que la dalle soit brillante sur l’écran Samsung plaide aussi en faveur du vidéoprojecteur. Côté budget. L’écran Samsung coûte 8000 euros. Si l’on chercher un vidéo projecteur de compétition, il faut bien compter 5000 euros plus un petit millier d’euro pour l’écran de projection (un peu plus pour une unité mobile). Le choix n’est pas le anodin, cela dit. Notamment, on ne démarre pas son vidéoprojecteur, machinalement, comme on le ferait avec un téléviseur. Mais dans ces budgets, vidéoprojecteur ou écran XXL, la question est posée.
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