« Le web m’a tué ! »…

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Telle est l’affirmation de nombreux journalistes depuis des années, accusant Internet d’être à l’origine de la chute de la presse écrite qui traverse une prise sans précédent. En cause, la diffusion de l’information gratuite via le réseau qui plombe petit à petit une profession appelée à disparaître, du moins est-ce la menace. Or un récent rapport de la direction générale des médias et de l’industrie culturelle vient de mettre en lumière une réalité bien différente, dans laquelle le rôle assassin du web n’est pas aussi évident.

Tout commence en 1945, lorsque les 26 quotidiens nationaux présents tiraient à 4.6 millions d’exemplaires en moyenne. En 2011, ils ne sont plus que 10 quotidiens pour un tirage de 1.8 millions d’exemplaires, soit une perte de 60 % des forces en présence en 65 ans. Là où la presse fait parfois un raccourci maladroit (ou malheureux c’est selon), c’est que cette chute n’est pas la conséquence de l’apparition d’Internet. Ainsi, dès 1980, les quotidiens nationaux ne sont déjà plus que 12 pour un tirage inférieur à 3 millions d’exemplaires ! Une chute de 35 % impossible à imputer au réseau qui n’existe pas encore, tandis que le Minitel fait ses premiers pas. En 1996, la dégringolade se confirme avec seulement 10 quotidiens survivants et un tirage à 2 millions d’exemplaires, un recul de 17 % en 16 ans. Là encore, vouloir accuser Internet est une aberration puisque le web en est encore à ses balbutiements. Enfin en 2005, 40 % des foyers français possèdent Internet et il faudra attendre 6 ans de plus pour qu’il se généralise vraiment. Or durant cette période d’expansion, la crise de la presse marque le pas, le tirage des quotidiens passant de 1.9 millions à 1.8 millions, soit un petit recul de 4 %.

Au final, nous avons donc la disparition de 16 quotidiens nationaux entre 1945 et 2005, un tirage qui tombe de 59 % sur la même période, et un ralentissement évident depuis 2005 alors même que le net est disponible partout et pour tout le monde. En clair, Internet n’est pour rien (ou pas grand-chose) dans la crise actuelle de la presse et il faudra donc désormais se tourner vers un autre coupable pour expliquer cette dégringolade. Reste que ce raisonnement pourrait aussi s’appliquer à d’autres secteurs qui montrent le réseau et ses utilisateurs comme les causes de tous leurs maux….

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