Plus connu pour ses téléphones à clavier qui se posent en véritable alternative au tout tactile et ont de nombreux adeptes, RIM a jeté un nouveau pavé dans la mare en annonçant une tablette. Dotée d’une diagonale de 7 pouces et d’un système d’exploitation maison, la Playbook est un vrai petit Ovni dans un univers dominé par l’iPad et Android.
D’un point de vue design, RIM n’a pas cherché à s’inspirer de la concurrence. On est en face d’un monolithe noir extrêmement sobre. Outre la face avant en verre, la totalité de l’appareil est recouverte de plastique noir « soft touch » doux au toucher. La tablette semble très solide, un point qui est en partie à attribuer au design « unibody » qui limite au maximum les possibilités de jeu. A noter que la tablette est relativement encombrante par rapport à sa diagonale. C’est du a des bords plus épais que la moyenne, un choix ergonomique que nous détaillerons plus loin.
La Playbook est donc un des modèles les mieux finis que nous ayons vu, surtout si en prend en compte le fait qu’elle utilise uniquement du plastique. Pas de surprises au niveau de la connectique, on trouve une prise micro-USB et une sortie micro-HDMI. A noter qu’aucun lecteur de carte mémoire n’est présent, il faudra donc se contenter de la mémoire embarquée. La prise en main est irréprochable. Ses 7 pouces la rendent bien plus facile à manipuler que les modèles dotés de diagonales supérieures. Avec seulement 425 grammes sur la balance, on est également en présence d’un poids plume ce qui facilite la manipulation à une main et surtout limite la fatigue. Seul petit défaut à déplorer, les boutons (on/off et volume) manquent de relief et sont donc parfois difficiles à presser.
Blackberry Playbook : un bel écran
Pour son écran de 7 pouces, RIM a choisi une résolution de 1024 x 600. Conséquence logique, la densité de pixels est élevée pour une dalle de cette taille. L’écran en lui-même est de bonne facture, et c’est assez rare pour être précisée, offre des couleurs justes (pour une tablette). La luminosité et le contraste sont eux moins surprenants mais restent dans le haut du panier des modèles actuels. Pas de surprise toutefois au niveau de la lisibilité au soleil, les reflets rendent l’utilisation difficile. D’un point de vue tactile, l’écran supporte quatre points de pression simultanés et nous n’avons remarqué aucun problème de précision.
Des chevaux sous le capot
Alors que l’univers des tablettes est depuis quelques mois dominé par Nvidia et son Tegra 2, RIM romps la tendance en étant parti s’équiper chez Texas Instrument. C’est donc un SoC OMAP 4224 qui propulse la Playbook. Avec deux cœurs cadencés à 1 GHz, ce modèle a plusieurs avantages par rapport au Tegra 2. D’une part, il est capable de fonctionner de manière asynchrone (faisant varier la fréquence de chaque core selon les besoins) et de l’autre il embarque les instructions NEON faisant défaut à la puce de Nvidia. Ces instructions sont particulièrement utilisées pour le décodage des vidéos ce qui explique certains problèmes de lecture rencontré par des tablettes équipées en Tegra 2. Le reste de la configuration est dans la norme des tablettes haut de gamme du moment puisque l’on trouve 1 Go de RAM et 16 Go de mémoire embarquée (non extensible vu l’absence de lecteur de cartes).
Concluons ce petit tour du propriétaire par l’autonomie. Malgré un espace disponible pour la batterie qui est plus réduit que chez les concurrents 10 pouces, la Playbook se défend bien. Nous avons atteint les 7 heures d’autonomie en usage normal (web, vidéo, mail …), soit un peu moins que les 8 heures des dernières tablettes Android 3.0.
Le point le plus original de la Playbook est très certainement son OS. Plutôt que de réutiliser Blackberry OS ou basculer vers Android, RIM a choisi de développer son propre système d’exploitation. Pour cela la compagnie s’est basée sur QNX, un système qu’elle avait acquis en 2009. Utilisé à l’origine en l’électronique embarquée (voitures, avion et autres applications industrielles), ce système à pour particularité d’être à la fois très léger et très stable. A noter que les mises à jours sont très fréquentes, RIM ajoutant régulièrement de nouvelles fonctionnalités.
Une interface adaptée aux tablettes à été logiquement ajoutée. Elle est d’ailleurs très réussie, tant d’un point de vue esthétique qu’ergonomique. La prise en main ne prendra que quelques instants et ce même si l’on n’est pas utilisateur de Blackberry. L’explication de l’épaisseur des bords repose dans leur utilisation. Ils sont en effet tactiles et servent à effectuer des commandes essentielles (ouvrir les options, basculer d’une application à une autre…). RIM à eu l’intelligence de placer un petit tutorial au premier lancement pour expliquer ces différentes commandes. Cette solution nous a paru plus élégante que la barre de tâche permanente d’Android 3.0.
Le bureau en lui-même est séparé en deux parties. En bas, on trouve une liste des applications installées et en haut un carrousel permettant de basculer facilement entre des programmes déjà lancés. Cette approche est plus proche de celle de l’iPad que des widgets d’Android est mais elle est efficace. Le multitâche est bien sur pris en charge et il est d’ailleurs mis en œuvre avec brio. Les applications sont suspendues ou dans quelques cas (Youtube, lecteur de musique) continuent à tourner en arrière plan. Le système est en général très fluide et parfaitement stable. Même avec une dizaine d’applications lancées, tout répond au quart de tour !
Quelques mots à propos du navigateur. Il est fluide et réactif et surtout propose un support complet du Flash. RIM annonçait avoir travaillé directement avec Adobe et effectivement les résultats sont aux rendez vous. Il est par exemple possible de lire des vidéos en 1080p sur Youtube sans le moindre ralentissement. Un exploit que les tablettes Android (sans même parler de l’iPad) ne sont pas encore capables d’accomplir.
La symbiose téléphone/tablette
Blackberry oblige, la Playbook porte dans ses gènes une orientation pro et sécurité marquée. Cela se remarque particulièrement lorsque l’on souhaite synchroniser un téléphone (Blackberry évidemment) pour accéder à ses mails ou encore au Blackberry Messenger. Nommée Blackberry Bridge, cette fonction est particulièrement sécurisée. Pour la première synchronisation, on est obligé de scanner un ircode sur son Blackberry puis d’entrer un code secret. Les synchronisations suivantes se feront uniquement via le Bluetooth. Dès que le téléphone n’est plus à portée de connexion, plus rien n’est accessible et toutes les données restant hébergées sur le téléphone. Même si le système peu sembler exagéré pour le grand public, il ne manquera pas de séduire des professionnels souhaitant conserver leurs données en lieu sur.
Si ce Blackberry Bridge est très réussi, il est toutefois réservé aux personnes déjà intégrées à l’écosystème Blackberry. Sorti de cet univers, la situation est bien moins rose. Des applications indispensables comme un client email ou le calendrier sont absentes. Tout au plus trouve on un raccourci vers la page web d’Hotmail ou Gmail… RIM aura donc tout intérêt à combler ce vide pour toucher une population plus large que ses utilisateurs existants et ce sera sans doute le cas par une mise à jour future.
Utilisation professionnelle oblige, une suite bureautique efficace est embarquée et pourra par exemple être utilisée avec la sortie HDMI pour projeter une présentation. Plus original, RIM embarque une application permettant de créer de petits albums photo personnalisés. Inutile et donc indispensable.
La situation des applications sur le Playbook est un peu compliquée pour l’instant. En effet, plusieurs types coexistent pour le moment. Les premières sont les applications natives, conçues directement pour le Playbook qui sont logiquement peu nombreuses pour l’heure. A côté de ça, le Playbook supportera les applications Blackberry issues des téléphones et, plus étonnant les applications Android. Malheureusement, ces deux catégories ne sont pas disponibles lors de l’écriture de cet article. Pour l’heure le nombre d’applications reste donc très limitée. Ceci dit, la sélection est de bonne qualité vu que l’App World (le petit nom de la boutique) n’est pas inondé par des programmes inutiles de type lampe torche et autre chat qui parle.
Deux jeux sont offerts, il s‘agit de Need for Speed Undercover et Tetris. Ils ne permettent guère de juger des performances possibles de la tablette. RIM dit avoir déjà convaincu les plus gros faiseurs comme EA Mobile et Gameloft pour développer leurs jeux phare sur Tablet OS. RIM affirme par ailleurs qu’un jeu ou une application Android tournera sensiblement à la même vitesse en émulation sur la Playbook. Il faudra juste que l’éditeur inscrive le titre sur App World. Si cela se vérifie, c’est un gros atout.
Blackberry Playbook : très multimédia
La partie multimédia est soignée. Le lecteur vidéo est correct et il est capable de lire des vidéos HD avec quantité de formats différents. Si le MKV n’est malheureusement pas supporté, on se consolera avec le DivX. La lecture est fluide en toutes circonstances et la sortie HDMI est très propre. Il s’agit d’un affichage déporté avec possibilité de reproduire des vidéos jusqu’au 1080p. Même des vidéos basse-définition présentaient un aspect correct sur un téléviseur Full-HD.
On conclut ce test par quelques mots sur l’appareil photo. Comme d’habitude sur les tablettes, il conviendra de le cantonner à une utilisation ponctuelle. Ceci dit, les résultats sont corrects même si le bruit numérique est élevé. Coté vidéo il est possible d’enregistrer en 1080p et on retrouve les mêmes défauts que sur la photo, à savoir un bruit trop présent.
Nous devons l’avouer, l’annonce de cette tablette nous avait laissé dubitatif, RIM s’éloignant un peu des ses plates-bandes traditionnelles en se lancant dans la tablette. Néanmoins, ces doutes ont été balayés par la Playbook. D’une part RIM a produit un très bon matériel, solide et performant. Il n’a pas pour autant négligé la partie logicielle. Le choix de partir sur un OS maison n’était pas le plus évident mais le pari est réussi. Blackberry Tablet OS est joli, rapide, stable et pratique. Reste que pour l’instant seuls les possesseurs de téléphones Blackberry pourront tirer la substantifique moelle de la Playbook. Trop de fonctions restant liées à un Blackberry Bridge au demeurant très réussi. La situation évoluera probablement dans le bon sens avec l’arrivée de la massive logithèque d’Android mais dans l’immédiat, les tablettes Android sont mieux dotées pour ceux n’utilisant pas déjà un Blackberry.
Caractéristiques :
– Taille d’écran : 7 pouces LED
– Résolution : 1024×600 pixels
– Processeur : Texas Instruments OMAP 4224 1 GHz double cœur
– Mémoire : 16 Go
– Connectivité : Wi-Fi, prise jack audio 3,5 mm, micro-HDMI, microphone, haut-parleurs, GPS
– Capteurs : une à l’arrière (5 Mpixels) et l’autre en façade (3 Mpixels)
– Dimensions : 30mm x 194mm x 9.7mm
– Poids : 425 grammes
– Autonomie mesurée : 7 heures
Prix : 500 euros en WiFi