A peine le Nikon D600 sorti que Canon annonce son principal concurrent : Le Canon 6D. Réflex à capteur plein format et à destination des amateurs aguerris, le Canon 6D pourra-t-il rivaliser avec son frère ennemi ? Qu’est ce qui séparent et unis ces deux boîtiers ? Réponse dans notre test !
Canon ne pouvait rester silencieux face au D600 de Nikon. L’annonce est donc de taille puisque c’est un réflex plein format que Canon promet à ses utilisateurs. Le Canon 6D embarque un nouveau capteur 24×36 mm de 20,2 Mpixels avec une plage iso de 50 à 25600 iso en mode étendu et le processeur Digic +5 du Canon 5D MKIII. Sur le papier, tout laisse à croire que ce nouveau 6D est là pour se tailler la part du lion. Mais qu’en est-il vraiment face au D600 ? Le 6D est-il réellement plus polyvalent que son concurrent ?
Une prise en main agréable mais…
Sur le papier et de prime abord le 6D arrache tout sur son passage. D’une prise en main quasi- équivalente au 5D MKIII on se sent rassurer par son ergonomie. L’enthousiasme des premières secondes passé, il faut reconnaître que le 6D se rapproche plus facilement d’un 60D (au demeurant très appréciable) mais reste encore loin de la finition que l’on est en droit d’attendre pour un reflex semi-pro. Ce n’est pas sa vocation première et Canon ne met de toute façon pas cette ergonomie au premier plan mais nous avons cru pouvoir le classer comme tel. Il reste que le 6D est en polycarbonate et alliage de magnésium quand là aussi le grand frère est d’une finition plus aboutie. Par contre on appréciera la tropicalisation qui permettra d’emporter le 6D partout.
Les touches de raccourcis sont nombreuses, on est en terrain connu quand on vient d’un 7D ou 600D et il est facile de s’approprier le boîtier. Reste que nous demeurons étonné par l’absence d’écran orientable, de tactile et plus grave, d’AF à détection de phase sur le capteur. Celui-ci permettait un gain en vitesse d’autofocus Live View très appréciable sur la star du segment amateur APS-C, le 650D.
Il n’en demeure pas moins que l’écran de 3p et 1,04Mpts est agréable et précis. On apprécie toujours autant la touche Q menu et la roue codeuse. La navigation dans les menus se passe sans encombre et surtout l’ergonomie générale du boîtier est bien pensée. C’est surtout l’absence de flash intégré qui nous fait tiquer, non pas tant pour sa capacité à déboucher les ombres en contre-jour mais surtout pour piloter les flashs à distance sans fil ou sans modules complémentaires. Pour le GPS, nous reconnaissons ne pas avoir eu le temps de le tester, le délai était très court.
Canon 6D : premiers tours de roues
Sur le terrain le Canon 6D ne démérite pas. Son silence de fonctionnement est un régal pour les oreilles et on est pressé de tester le boîtier en concert. Quelle douceur ! Notre enthousiasme se tempère malheureusement quand on constate que la vitesse maxi de l’obturateur est de 1/4000e et surtout que la synchro flash de seulement 1/180s. En condition courante de prises de vue ces petits manquements ne seront pas rédhibitoires mais classe définitivement le boîtier dans la catégorie des amateurs. Ces derniers ont donc l’opportunité de s’initier, si leur bourse leur permet, au plaisir du 24×36. Plaisir d’utilisation qui reste entier. Le module autofocus, n’est pas hérité du 7D et ne couvre qu’une zone très centrale du champ. Gare aux aficionados du suivi AF, c’est encore plus étroit que sur le Nikon D600 ! C’est d’autant plus dommage que la détection de phase du capteur est superbement sensible (jusqu’à -3 iL) et permet de se passer d’assistant AF. La rafale du 6D est assez faible. 4,5 img/s c’est insuffisant pour en faire un boîtier de sport mais assez sur des reportages calme ou d’actualité locale par exemple. L’intégration du WiFi est intéressante car si certains l’utiliserons pour partager leur images sur les réseaux sociaux d’autres s’en serviront pour piloter à distance leur appareil via l’application Canon Remote Control.Acheter un réflex plein format comme le Canon 6D, cela signifie sacrifier à la compacité ce que l’on gagne en qualité d’image. Si l’amateur veut profiter pleinement du potentiel de son nouveau capteur il devra équiper celui-ci de focales coûteuses et lumineuses…qui lui rendront au centuple son investissent. Notre configuration d’essai était formée par l’excellent couple 6D / Canon 24-70 f/2,8 USM II …soit l’un, des meilleurs zooms transtandard du monde. Certes le prix est élevé, mais peut être est-ce justement la meilleure justification d’un 6D car si votre intérêt est porté vers un investissement sur la durée, peut-être que la différence de prix avec le 5D MKIII jouera en votre faveur. Toujours est-il que nous ne pouvons reprocher grand-chose à la qualité d’image du 6D.
Hormis une dynamique en net retrait par rapport à son concurrent Nikon (pas loin de 2ev) la qualité d’image tant au niveau de la colorimétrie que de la granulation est excellente. Le rendu des images est homogène et piqué. La colorimétrie est neutre, juste sans dérive désagréable sauf encore une fois sous éclairage tungstène où la balance des blancs s’échauffe vers le magenta. Le processeur et le capteur forment un duo compétent et l’ensemble est véritablement à la hauteur d’un rendu pro. En fait, nous avons même été surpris par la finesse de la granulation au point que nous affirmons que le 6D est exploitable sans encombre jusqu’à 6400 iso et que les 12800 iso seront utilisés plus que pour du sauvetage. Dans notre test terrain nous avons été confrontés à une scène musicale plongée dans la quasi obscurité et les fichiers sortis à cette valeur sont exploitables en presse. Évidemment la meilleure plage d’utilisation du boîtier se situe entre 100 et 1600iso.
A 3200 ISO le grain fait une légère apparition sans grande incidence et à 6400, les premières dérives chromatiques apparaissent. Attention ici de bien désactiver le débouchage des ombres. Notez que cette fonction D-Lightening, très puissante sur les boîtier Nikon reste ici largement en retrait et ne nous a pas autant permis de rattraper de la matière dans des ciels brûlés par exemple. Nous avons même pu réaliser quelques shoots à 20000iso. Evidemment la qualité des images est dégradé mais … nous sommes déjà tellement haut dans les iso ! Du coup, un amateur souhaitant profiter du velouté du capteur full-frame pourra se pencher sur l’excellente gamme d’objectif Canon ouvrant à f/4 constant.
La vidéo presque comme les pros
Le Canon 6D offre une qualité d’image de haut niveau et un mode vidéo relativement avancée sans l’être autant que son grand frère 5D MKIII. La prise son est en mono mais il est possible de brancher un micro stéréo mais toujours pas de prise casque pour contrôler l’enregistrement. Le mode d’enregistrement vidéo est toujours le FHD 1080 30p comme sur le D600. Si sur ce dernier il est possible d’enregistrer le flux vidéo via la prise mini HDMI pour une sortie non compressée 8bits 4:2:2 le 6D propose un enregistrement ALL-i qui encode les images séparément….Le 6D est un bon outil pour la vidéo mais on regrette d’autant plus la perte du tactile et de l’écran orientable.
Canon 6D : homogène !
Le dernier de Canon est une réussite. La marque rouge présente un boîtier agréable à l’usage qui ravira les amateurs désireux de passer au plein format. La douceur des images et leur modelé sont supérieurs aux meilleurs APS-C et son silence de fonctionnement est un régal. Le 6D est un boîtier à emporter partout, il est léger et son ergonomie le rend agréable à manipuler sur le terrain. Attention en revanche aux optiques que vous monterez dessus et évitez les zooms bas de gamme. On regrette quelques manques, une finition finalement proche de celle du 60D, un recul sur l’écran tactile et orientable, l’absence de flash et une zone d’AF trop centrée. Dommage aussi pour la faible cadence en rafale. Si aucun de ces points ne vous semblent rédhibitoires, le 6D est un excellent appareil photo.
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