Canon n’a jamais caché qu’il n’était pas pressé d’entrer sur le marché des hybrides. Il faut bien avouer que le volume de vente est encore faible, même par rapport aux modèles reflex. Il faut dire que les deux segments sont plus au moins au même prix. Aussi, ce Canon EOS M s’est-il fait désirer des mois durant. Et maintenant qu’il est là, force est de constater qu’il y a bien des choses qui énervent…
Le Canon EOS M est enfin en vente, pour la période des fêtes et on ne va pas s’en plaindre. Techniquement, l’appareil reprend beaucoup du reflex 650D. Il embarque le capteur d’image CMOS 18 Mpixels et le processeur de traitement d’image. On pourrait donc penser qu’il offre une qualité d’image équivalente et en pratique, on n’est pas loin du compte. Oui mais voilà, il faut plus qu’une bonne qualité d’image pour faire un bel appareil photo.
Un 650D compact
Difficile de faire plus simple. L’EOS M reprend simplement dans un format plus compacté l’électronique du 650D, du capteur d’image au traitement d’image DIGIC 5. Le capteur est donc un excellent APS-C CMOS dont on connait bien les capacités, et notamment la sensibilité. Il suffit de se reporter au test du Canon 650D pour s’en convaincre. On est donc en terrain connu.
Canon EOS M : tout tactile
L’appareil en métal est disponible en plusieurs finitions et nous avons eu la chance d’avoir la version rouge métallisée, du plus bel effet. Ça change quand même un peu du noir mat buriné.
D’emblée on est surpris par l’absence de flash intégré. L’appareil est livré avec un flash sur griffe… qui comprend aussi son lot de pile. Car il faut bien avouer que l’autonomie du EOS M n’est pas fantastique, nous y reviendrons.
Côté prise en main, l’appareil se présente comme une petite brique aux angles arrondis. La prise en main est en conséquence. Il y a un tout petit grip sur le devant, et le boîtier ne vous laisse pas beaucoup de latitude pour trouver une position alternative. D’ailleurs, une fois l’appareil bien en main, on se rend compte qu’il n’est plus possible d’utiliser la roue codeuse entourant le trèfle, cachée dans la paume de la main gauche. Et le boîtier est assez pauvre en commande mécanique et pour cause, il utilise très largement le superbe écran tactile 1 MPixel. Du reste, c’est sans doute la plus belle utilisation du tactile que nous ayons vu à ce jour. La fluidité est parfaite, on a l’impression d’être sur un téléphone. Evitez juste le déclenchement tactile, qui peut introduire un flou si vous y allez trop fort.
Au dos, on trouve donc une roue codeuse qui n’a donc pas grand intérêt compte tenu de la prise en main.
Pour un ajustement de l’ouverture et/ou de la vitesse, le tactile est un vrai bonheur. La qualité de l’écran du Canon EOS M est d’ailleurs très correcte, avec un excellent piqué malgré un rendu un peu dramatique des clichés. On notera également les angles de vision assez larges, qui excusent l’absence d’ajustement en inclinaison.Le Canon EOS M dispose d’une optique qui n’ouvre pas très grand, avec 3,5 en grand angle et 5,6 en plein zoom. Ce n’est pas extraordinaire, surtout quand on veut avoir un peu de flou d’arrière-plan sur les portraits. Cela étant l’optique offre un piqué plus que correct. Nous l’avons essayé dans la froideur d’une après-midi bruxelloise au soleil timide et dans l’ensemble, cette optique, proposée dans le kit s’en sort plutôt bien.
D’ailleurs, il faudra s’en contenter car l’autre optique est une focale fixe 22mm qui ouvre à f/2. Il faudra attendre un peu pour voir d’autres optiques apparaître car on ne peut pas dire que Canon soit bien pressé, hélas… On trouve aussi une bague d’adaptation pour vos autres objectifs Canon, mais elle sera disponible un peu plus tard.
Une prise de vue convaincante, mais…
Si la partie capture d’image est absolument recommandable, on pourra reprocher à l’appareil son manque de motivation quand il s’agit de faire la mise au point. En conditions d’éclairage normales ce n’est déjà pas fantastique mais en basse lumière, il faut bien plusieurs secondes d’ajustement pour arriver à ses fins. C’est bien simple, on dirait tout simplement qu’il s’agit d’un dérivé de mise au point liveview d’un reflex. C’est dire. J’ai tout simplement l’impression de retrouver la mise au point tractoresque de mon D7000. C’est inadmissible, tout simplement. Il faut aussi un certain temps à l’engin pour s’ébrouer, mais à la rigueur, ce n’est pas si gênant que cela. Il suffira de temporiser l’écran pour essayer d’économiser la batterie pendant le shoot. Et d’ailleurs, la batterie ne tient pas vraiment la route. L’appareil tient à peine 180 clichés, et si vous filmez, c’est pire. Achetez immédiatement une seconde batterie si l’engin vous tente.
Quelque soit le mode choisi, l’utilisation du tactile est convaincante, que ce soit pour ajuster la vitesse ou l’ouverture, ou les deux.
Canon EOS M: une sensibilité très convaincante
On retrouve avec bonheur des clichés très naturels et une sensibilité qui peut monter jusqu’à 3200 ISO sans broncher, tout en conservant suffisamment de modelé, surtout en RAW. Encore une fois, nous avons dû composer avec des conditions d’éclairages plus que moyennes, mais qui ont au moins le mérite de mettre en exergue les soucis de fourmillement dans les ombres. Voici donc notre cliché de prise de vue à 100 ISO.
A 100 ISO, c’est impeccable. On avait quelques doutes car l’écran offre un rendu très dur des clichés au dos de l’appareil, mais une fois imprimé, la scène est fidèle à nos attentes.
Passons directement à 800 ISO. C’est toujours très propre. On ne perd aucun détail et le bruit sur les zones d’ombre est plus que discret.
A 1600 ISO, c’est toujours bon même si le sol commence à marbrer étrangement par endroit. Mais jusqu’en A4, ca ne pose aucun souci.
A 3200 ISO, il faudra se contenter d’un tirage 10×15 mais dans ces conditions c’est tout de même assez propre. On perd certains détails, comme la balustrade du bâtiment vert, mais en soi, c’est quand même très acceptable.
Canon EOS M : l’appareil qui énerve
Côté vidéo, l’appareil s’en sort correctement, mais bien évidemment, l’optique n’est pas du tout adaptée. Il faudra attendre la sortie éventuelle d’une optique motorisée. On notera que la prise de son est d’une clarté très appréciable.
Au final, le Canon EOS M est-il recommandable ? Oui et non. Sa sensibilité est sans doute l’une des meilleures du marché et l’implémentation du tactile, enfin intelligente sur un appareil photo, est un atout indéniable. Seulement voilà, son autonomie est ridicule et surtout, son autofocus est lamentable. C’est dommage car en définitive, nous sommes plutôt satisfaits des images obtenues, c’est plutôt un bon appareil. On regrette presque l’absence d’une optique à mise au point manuel. A vous de voir. On lui met une note correcte car les photos sont effectivement exemplaires et la qualité de fabrication y est, mais sachez que l’autofocus en rebutera plus d’un.