Casio ZR1000 : la photo compact autrement

0

Casio n’est pas une marque à forte renommée dans le petit monde austère des amateurs de photographie. Il faut bien avouer que son développement, franchement en décalage par rapport à la concurrence n’aide pas forcément. Le Casio ZR1000 est dans la même veine. Pour sortir du lot, le constructeur japonais a tout misé sur la vitesse, à commencer par un capteur CMOS ultra rapide et une électronique capable d’encaisser jusqu’à 500 MPixels/seconde… soit une image complète en 16 MPixels… à 30 i/s. Mais pour quoi faire exactement ?

Casio_EXZR1000-02.jpg

Le Casio ZR1000 est bon petit appareil compact, mais il faut passer du temps pour s’en servir correctement. Car si ses spécifications de base semblent modestes, l’appareil compense par une section numérique qui en fait un compagnon photographique ultra réactif et particulièrement intéressant. Il nous a fallu un peu de temps pour l’apprivoiser, et notamment ses différents modes et filtres particulièrement pertinents, mais globalement, c’est un essai plutôt concluant.

thalys.JPG

Une belle construction

Le Casio ZR1000 bénéficie d’une bien belle finition. La coque métal/plastique est plutôt bien finie et l’écran orientable inspire confiance malgré une construction mécanique des plus complexes, qui vient ramener l’écran sur dessus de l’appareil avant d’autoriser la rotation. Mais si vous voulez faire un autoportrait, c’est à ce prix. L’écran n’est pas orientable vers le bas du coup, ce qui rend compliqué les situations où vous voulez shooter au-dessus d’un public. Une fois l’écran replié, l’appareil est vraiment compact. Si l’écran est assez lumineux, on met quand même en doute ses qualités chromatiques avec une tendance générale à la froideur.

Casio_EXZR1000-03.jpg

Côté capteur, sans surprise, l’appareil reprend le 16 MP des éditions précédentes. C’est un CMOS relativement classique, à un détail près : il dispose d’une cadence de 500 MPixels/secondes. C’est juste énorme, ce qui lui permet de cracher du 30 images par seconde en Full-frame, et en continu.

Evidemment, pour ce faire, le capteur et l’électronique de traitement consomment une énergie considérable. Casio a donc pourvu son appareil d’une batterie 1800mAh, d’une capacité 30% plus grande que celle d’un gros appareil comme le Samsung NX300. Du coup, si on n’abuse pas des modes haute-vitesse, et autres HDR, on peut espérer tenir environ 400 clichés sur la batterie. Le constructeur annonce plus de 500 mais c’est un peu optimiste.

Casio ZR1000 : de grosses prétentions mais…

La prise en main du Casio ZR1000 est plutôt bonne, le grip est plutôt limité. Il faut se contenter d’un petit renflement en métal sur la face avant. En revanche, le constructeur a revu son interface. Exit le côté minitel des générations précédentes. On retrouve donc une interface assez moderne, en bleu sur fond gris anthracite. Tout est assez clair. L’appareil voit grand, avec les modes PASM et la possibilité d’enregistrer en RAW… oui, carrément, à 300 euros. Autour de l’objectif, on trouve une bague programmable, que l’on peut associer à une fonction selon le mode choisi. Elle peut servir à régler l’ouverture, le zoom, le temps d’exposition, la sensibilité, ou encore l’intensité d’un effet artistique.

Casio_EXZR1000-01.jpg

Il y a toutefois un hic. L’appareil ne dispose que de deux ouvertures. Du coup, vous pouvez faire une croix sur la priorité correspondante. L’idéal est donc de passer systématiquement en priorité vitesse, puisque là, la bague crantée fait vraiment sens. Au passage, on notera que le contrôle du zoom par le biais de la roue dentée est aussi une bonne idée. Le zoom s’arrête alors sur des focales standards, c’est bien pratique quand on veut jongler entre les paysages et les portraits.

Côté prise de vue, le Casio ZR1000 témoigne d’améliorations évidentes. Le nouvel autofocus à détection de phase et de contraste a été difficile à prendre en défaut, même dans des conditions de faibles luminosité. C’est même le compact le plus rapide que nous ayons vu jusqu’ici. L’appareil est véloce avec une cadence de prise de vue à 8.6 images par seconde si l’on ne veut rien sacrifier à la qualité d’image. Mais attention, une fois le buffer plein, il faut prendre son mal en patience et attendre car l’appareil devient alors indisponible pendant près d’une quinzaine de secondes. En Jpeg, on peut toujours shooter, mais à cadence réduite.Le Casio ZR1000 n’est pas à mettre entre toutes les mains. Notamment, si c’est pour photographier l’anniversaire de mémé, ce n’est pas forcément le jouet qu’il vous faut. En effet, dans des conditions d’utilisation classiques, l’appareil n’offre pas des performances suffisantes. Dès 400 ISO, il y a du moutonnement sur les aplats de couleurs, on perd beaucoup de détails, notamment en grand angle. Voici par exemple, un cliché à 320 ISO, limite utilisable pour nous… en couleur.

CIMG0182.JPG

En noir et blanc, évidemment, c’est une autre histoire. On perd toujours pas mal de résolution, mais même à 1600 ISO, le rendu est plutôt correct :

CIMG0181.JPG

Avec ou sans filtre ?

Si le capteur CMOS ultra rapide n’est pas au mieux de sa forme quand il s’agit de prendre des clichés classiques, en revanche, il est largement mis à contribution par une électronique numérique de course. On trouve ainsi une quantité impressionnante de programmes résultats faisant la part belle au post-traitement numérique et exploitant le plus souvent plusieurs clichés combinés. Tous ne sont pas bons. Notamment, le filtre « portrait », promettant de velouter l’arrière-plan pour simuler une ouverture que l’appareil n’a pas, est un fiasco. D’une manière générale, les filtres sont à proscrire quand il y a des êtres humains dans le cadre. Noir et blanc excepté, ils ont tendance à dégrader la colorimétrie outrageusement.

En revanche, nous avons particulièrement apprécié le renouveau du filtre HDR et notamment de sa version Art. Le constructeur a ajouté deux crans supplémentaires d’intensité (extra 1 et 2). On aurait pu penser qu’il s’agit d’une version encore plus hardcore du mode HDR dont la colorimétrie commence à furieusement lorgner du coûté du trip psychédélique.

Et bien il n’en est rien. Ces deux modes offrent un rendu HDR beaucoup plus intéressants que les trois premiers, dans la mesure où ils respectent l’intensité globale des teintes en bout d’histogramme. Ainsi, plus de risque de voir un noir profond dériver vers le gris sale parce qu’il ne dispose d’aucune texture à rehausser.

Voici par exemple ce que l’on a pu faire gare du nord. Tout d’abord le cliché classique, sans HDR :

CIMG0163.JPG

Bon, c’est un train… voyons maintenant avec le HDR Art ancienne génération (modes HDR Arts 1 à 3)

CIMG0164.JPG

Bon, c’est toujours un train, c’est bien HDR. On récupère notamment beaucoup de détails cramés dans les zones claires. Mais avouons-le, l’image n’est pas agréable. C’est en grande partie dû au fait que les couleurs sont fortement perturbées, et notamment la bulle noire de l’Eurostar vire au gris foncé sale, et ça, c’est difficilement supportable.

Voyons maintenant ce que ça donne en mode Extra 1.

CIMG0168.JPG

C’est déjà nettement plus convaincant. La bulle reste globalement sombre, et le jaune ne vire pas au n’importe quoi. Il est plus intense, tout au plus.

Au passage, cet appareil photo ne réalise pas un « genre de filtre HDR ». C’est un vrai mode haute dynamique. L’appareil assemble la photo finale à partir de cinq clichés aux temps d’expositions différents, ce qui a pour effet d’étendre la dynamique de l’image résultante. Cette opération est complètement transparente, au son frénétique de l’obturateur près, évidemment.

Puisqu’on était à la gare du nord, on en a profité. Voici cette fois des thalys, plus flamboyants que jamais.

CIMG0179.JPG

On notera que le filtre HDR fonctionne vraiment bien sur les trains sales… voici la photo non HDR correspondante.

CIMG0178.JPG

C’est quand même moins intéressant. Pour ceux qui n’aiment pas trop l’effet artistique, sachez que le mode HDR standard offre aussi des possibilités moins intrusives. Voici par exemple un cliché au ciel complètement cramé (forte couverture nuageuse pendant le Medpi).

CIMG0077.JPG

Le HDR standard permet de récupérer pas mal de détails dans les zones claires sans trop dénaturer l’image.

CIMG0079.JPG

En HDR Art, ça prend tout de suite des proportions dantesques :

CIMG0082.JPG

On passera aussi rapidement sur les filtres rétro, toujours aussi peu intéressants.

CIMG0173.JPG

CIMG0172.JPG

Ce n’est pas vraiment le fait de la marque, mais plus globalement, rappelons que les filtres vintages ont pour effet de reproduire un rendu dégueulasse d’une ancienne photo que Papa aurait sans doute jeté tellement elle était ratée…

On pourra par contre utiliser le mode Noir et Blanc, vraiment efficace. Là aussi, comme sur le Samsung NX300, on est loin de la qualité d’une émulation de film à la sauce Fuji. Mais le rendu est ici beaucoup plus dynamique, proche d’un filtre « Ink well» pour les djeun’s qui nous lisent et qui utilisent instagram pour photographier des chatons.

CIMG0171.JPG

Côté shoot nocturne, là aussi, le constructeur fait usage d’images multiples pour éviter d’allonger le temps de pose. Et les résultats sont plutôt convaincants.

CIMG0095.JPG

A noter que l’on peut aussi utiliser dans ces conditions le mode HDR, mais il se trouve qu’il est moins adapté car il a une fâcheuse tendance à diluer les détails les plus fins de l’image façon aquarelle.

CIMG0090.JPG

Autre mode intéressant, le mode macro. C’est un mode macro classique doublé d’une extension numérique de profondeur de champs. Résultat des courses, les macros sont nettes relativement loin :

CIMG0096.JPG

Casio ZR1000: pas pour tout le monde

Côté vidéo, l’appareil ne démérite pas, avec le 1080p à 60 images par secondes mais aussi des modes ralentis vraiment convaincant, basé sur le fenêtrage dynamique du détecteur (merci le CMOS). L’appareil peut même monter jusqu’à 1000 images par seconde… si on se contente de 64 lignes. Ça ne sert à rien, évidemment. Mais en deçà, vers 240 images par seconde, on peut commencer à tâter du 512 x 384 pixels. Mais attention. Il faudra tout de même beaucoup de lumière pour éclairer la scène à observer. A noter que, comme souvent sur ce type d’appareils, le Full-HD reste un vœu pieu. La qualité d’image n’est pas suffisante pour justifier d’une telle résolution dans les faits. On souffre d’un manque de piqué assez évident. Et on aura raison de se contenter d’un bon 720p.

Casio_EXZR1000-02.jpg

Au final, après avoir passé plusieurs semaines avec cet appareil, on peut dire qu’on est assez séduit et on n’hésite pas trop à le recommander… à ceux qui savent à quoi s’attendre ! En effet, il ne s’agit pas vraiment du compact familial de base. Il est à réserver à ceux qui veulent expérimenter avec leur appareil, que ce soit en HDR ou via d’autres modes dérivés de la prise de vue multiples. On apprécie notamment les rendus de nuit particulièrement propres et un vrai mode noir et blanc tout à fait intéressant. Quid du RAW ? Ça reste une possibilité. Maintenant, on ne peut que déplorer la taille et la sensibilité réduite du capteur, qui font que le raw, ma foi, reste plus anecdotique qu’autre chose. Verra-t-on un jour un appareil photo Casio avec ce numérique et un capteur plus grand, pourquoi pas au format APS-C ? On aimerait bien…

Noter cet article

7/10

Les Plus

  • Qualité de fabrication
  • Ultra réactif
  • Prix

Les Moins

  • Peu de choix d’ouverture
  • Sensibilité perfectible de base

Laisser un commentaire

Please enter your comment!
Please enter your name here