Plus connu pour ses téléviseurs 3D, Sony se lance ici dans un exercice de style plus original. La marque propose avec le Sony HMZ-T1 une solution 3D ultra-personnelle sous la forme d’un casque à affichage OLED et HD. S’il n’est pas sans rappeler les casques de réalité virtuelle que l’on a pu voir il a y quelques années, il vous immerge vraiment dans les images qu’il projette.
Le Sony HMZ-T1 n’est pas la première paire de lunettes d’affichage que nous testons. Il y a quelques temps, vous avez pu découvrir dans nos pages le test des Zeiss Cinemizer 3D. Mais Sony a choisi une approche aux antipodes de son concurrent allemand. Là où Zeiss privilégie la mobilité au détriment pour l’instant de la qualité d’image, Sony met l’accent sur une solution purement domestique, doté de micro-écrans OLED 720p d’une qualité impressionnante.
Design et finition
Nous avons bien eu du mal à mettre la main sur ce casque Sony. Et le fait est que c’est un modèle estampillé « 0000000 » qui nous a été remis, un modèle de développement donc…
L’exemplaire que nous avons reçu nous vient directement de Sony Europe. Et il a fait la guerre. En effet, c’était un des modèles qui était exposé à l’IFA. Autant dire que c’est un miracle qu’il soit parvenu jusqu’à nous plus ou moins intact.
Côté finition, c’est du sérieux, c’est du Sony. La coque en PVC blanc laqué contraste agréablement avec le noir et l’anthracite. Les blocs optiques sont d’une stabilité à toute épreuve, alors qu’ils sont montés sur rail pour centrer l’image. Seules les sangles à l’arrière, nécessaires pour maintenir le casque en place nous semblent un peu fragile, d’autant qu’il ne faut pas hésiter à serrer le casque sur la courge pour qu’il ne pèse pas trop sur le nez.
Le petit boîtier format autoradio n’est pas en reste. Il est d’une simplicité déconcertante, mais l’ensemble dégage une impression de qualité rassurante.
Une installation peu mobile
Le pack Sony se compose du casque proprement dit, relié à un petit boîtier qu’il faudra relier à son tour à une source HDMI.
Au dos du boîtier, on trouve simplement la prise d’alimentation, l’entrée HDMI et une sortie HDMI qui n’est pas nécessaire au fonctionnement mais qui permet de déporter le signal sur un écran. Ainsi, lorsque le casque n’est pas allumé, l’image et le son transitent directement de la source à la TV. C’est bien pratique.
Vous l’aurez compris, l’appareil est prévu pour une utilisation domestique. Sony a prévu une bonne longueur de câble, 2,5 mètres environ, pour relier la paire de lunettes au boîtier et c’est tant mieux car le connecteur est propriétaire. Vous ne pourrez donc pas le rallonger.
Ergonomie
C’est sur ce point que l’on attendait le plus l’appareil. L’engin est massif mais plutôt léger. Comptez 800 grammes environ. C’est peu et c’est beaucoup à la fois. En effet, hors de question de faire reposer une telle masse sur le nez. Du coup, le casque Sony a recours à deux sangles derrière la tête et un repose-front en mousse permettant de retenir la charge.
Ce dernier fait d’ailleurs office de capteur de présence. Il est relié à un petit contacteur sur le devant, qui permet de couper l’écran lorsque l’utilisateur ne s’en sert pas. Ce n’est pas tant pour un impératif de consommation que dans un souci d’économie des matrices OLED. C’est bien vu. La présence de ce commutateur nous a été confirmée par Sony France, mais sur le proto que nous avons entre les mains, cette fonction n’est pas activée. Pour les besoins d’un salon, on peut le comprendre.
Autre point qui n’est pas final selon Sony France, le repose-nez inconfortable au possible. On espère vraiment ne pas le retrouver sur la version finale dans cet état. Si vous avez un nez trop fin, l’appareil ne tient pas en place. Si vous avez un tarin de boxeur, les bords ont tendance à cisailler les ailettes de façon désagréable.
Au demeurant, il ne faut pas hésiter à passer du temps pour trouver une position d’utilisation confortable. C’est vraiment important ici. Même si on a vite l’impression d’être enfermé, il ne faut pas hésiter à serrer les sangles derrières afin de minimiser le poids sur l’avant. Si vous vous attaquez à un long métrage, votre nez vous en sera gré. Nous avons regardé un bon bout de Tron, puis joué une heure et demie à Call of Duty Black Ops. A la fin de la séance, il faut bien avouer que nous avons quand même souffert.
Parmi les détails qui énervent, nous avons relevé la position du câble vidéo :
Il est situé à l’intérieur, proche d’une branche de lunette. Alors certes, c’est sans doute plus esthétique, mais ce n’est pas pratique. Le câble s’avère vite gênant. Il aurait carrément mieux valu qu’il sorte à la verticale vers le bas, quitte à garder son implantation actuelle.
Côté visuel, Sony a prévu un système de centrage optique qui permet d’assurer la convergence du regard sur l’écran. C’est bien vu. Par contre, il n’y a pas de correction de dioptrie, contrairement aux lunettes Zeiss qui n’ont pas de centrage optique. Bref, rien n’est parfait. Du coup, si vous portez des lunettes, l’installation du Sony HMZ-T1 est compliquée.
Au passage, on voit sur ce cliché que l’appareil que nous avons reçu a subit les derniers outrages lors du salon. Je pense que quelqu’un s’est amusé à le traîner sur le bitume berlinois en voiture. Je ne vois pas d’autres explications. Mais bon, il fonctionne encore ce qui me laisse plutôt optimiste quant à la solidité de l’engin. Enfin, on voit ici les boutons de commande du casque Sony HMZ-T1. Ils facilement sous le pouce. C’est bien fait.Tant que nous y étions, nous avons mesuré la consommation du casque Sony HMZ-T1. C’est ridiculement faible. L’appareil consomme entre 10 et 20 W à tout casser, le tout pour une expérience visuelle qui n’a rien à envier à un écran de salon.
Une question de taille…
Alors quelle est la taille de l’écran au final ? Question difficile. Sony prétend couvrir l’espace d’un écran de 19 mètres (750 pouces) de diagonale, à 20 mètres de distance. Mouais… quand on a dit ça, on a tout dit. En fait, l’angle de visualisation tourne autour de 25 degrés de part et d’autre de l’axe optique. Du coup, n’importe quelle combinaison diagonale/distance qui satisfait à cet angle d’ouverture est valide. De fait, le bloc optique renvoie l’image projetée à l’infini pour plus de confort visuel et c’est ce qu’il faut faire. Maintenant, si vous avez envie de croire aux 750 pouces, pourquoi pas. Au passage, le système se déclare sur PS3 comme étant un écran équivalent de 72 pouces, une information visible quand on lance une reconnaissance auto. Ça fait un équivalent d’environ deux mètres. Au final, plutôt que de le rendre en chiffre, il vaut mieux évaluer l’immersion subjectivement. Ce n’est pas tant la taille perçue qui compte mais le fait de faire partie de l’image, impression encore renforcée par l’exclusion du monde extérieur. C’est un peu comme se placer face à un écran de vidéoprojecteur dans le noir et à une distance qui implique de ne plus voir les bords. Dans ce cas, peu importe la taille, c’est une question de rapport entre la distance et la diagonale de l’écran. Toujours est-il que c’est la solution d’affichage la plus immersive qui soit.
La 3D justement…
Nous avons essayé Tron… pas parce que c’est le film du siècle ni parce que c’était la meilleure 3D, mais tout simplement parce que c’est ce que nous avions de disponible dans le temps imparti pour notre essai. Et bien franchement, c’est un essai transformé. La 3D relativement timide dans ce film est très agréable avec un bel effet de profondeur même si le jaillissement est plus timide. Surtout, la stabilité de l’image est parfaite. Il n’y a aucun clignotement et l’image fantôme n’existe pas. C’est logique d’ailleurs puisque chaque image dispose de son propre écran. Bref, c’est la meilleure solution 3D à ce jour, les téléviseurs peuvent aller se rhabiller.
La luminosité est d’ailleurs largement suffisante, 2D et 3D sont logés à la même enseigne. Les petits écrans OLED font un travail formidable de ce point de vue.
La 2D
La 2D est également très confortable. Le casque ne propose que peu d’options de réglage. Le mode standard offre des couleurs déjà correctes et en mode cinéma, c’est encore mieux. A noter que Sony n’a pas retouché outre mesure la netteté de l’image dans ce mode. Le fait que les écrans OLED n’affichent que du 720p n’est pas trop gênant. Les films en HD sont vraiment beaux. Nous avons essayé Tron, bien évidemment, mais aussi The Dark Knight et le plus léger Night & Day. C’est dans les scènes sombres que le dispositif marque des points. La profondeur de noir est tout bonnement exceptionnelle, on est au niveau d’un plasma. Et ce n’est pas un quelconque effet de contraste dynamique. Il suffit de voir s’afficher la flèche de lecture PS3 d’un blanc éclatant alors que le fond reste d’une noirceur imperturbable pour s’en convaincre.
Dans les scènes plus claires, la colorimétrie dérape un peu. La fin de Night & Day en Espagne est un peu trop chaude à notre goût, alors que Tron reste délicieusement froid. Bref, ce n’est pas parfait mais c’est franchement histoire de chipoter tant l’expérience vaut le détour.
Le jeu vidéo
Pour le jeu vidéo, le rendu est impressionnant, on pouvait s’en douter. Par contre, il faut avouer que les jeux actuels ne sont pas vraiment adaptés ou alors il faudrait intégrer un gyroscope au casque. En effet, à la longue on a un peu le mal de mer. Et pour cause, lorsque l’on bouge la tête, l’image ne bouge pas. Or dans le champ de vision, il n’y a plus aucun repère visuel autre que l’image qui nous est proposé. Tourner la tête à droite ou à gauche et voir l’image qui ne bouge pas n’a rien de naturel. On notera également une certaine perte de netteté sur les bords. L’image bave un peu dans les coins mais le port de lunettes de vue y est peut-être pour quelque chose. En tous les cas, la réactivité est largement suffisante pour le jeu et l’immersion est évidemment maximale, surtout dans les jeux d’action à la première personne. Par contre, il n’est pas certain que l’expérience puisse se prolonger autant que sur un téléviseur classique car on finit vraiment par avoir la nausée. D’un autre côté, c’est vraiment l’immersion maximale, surtout en 3D. C’est un peu comme une attraction de Disneyland. On en prend plein la vue et on en ressort tout bouleversé tant les sens sont mis à contribution. C’est bien pour jouer une demi-heure mais pas pour y passer des nuits.
L’audio en deçà
Sony revendique un son en 5.1 virtuel. Sans être désagréable, il faut bien reconnaître que la stéréo est bien la seule spatialisation à laquelle il faut s’attendre sur ce casque. Ne rêvez pas. Vous n’aurez aucune voie arrière virtuelle. Pour autant, le son est de bonne qualité. Il est clair mais pas dénué de basses.
Les écouteurs se posent à même le pavillon. Pour autant, on ne gêne pas trop son entourage à l’écoute. Le son est très directif. Peut-être qu’une version intra-auriculaire aurait pu résoudre le délicat problème du positionnement des écouteurs. Certes, ils sont ajustables grâce à un système de glissière mais c’est peu pratique à l’usage.
A noter que vous n’êtes pas obligé de vous en servir. Si vous passez par un ampli home cinéma, rien ne vous empêche de couper les petits écouteurs.
Sony HMZ-T1 : à essayer
Alors faut-il acheter le casque Sony HMZ-T1 ? Très franchement, c’est vraiment un excellent afficheur, pour la 3D comme pour la 2D. Tout n’est pas parfait, la colorimétrie des teintes claires pourrait être plus juste mais très franchement c’est peu de choses. Le seul petit souci, outre son prix de vente de 800 euros tout de même, c’est le côté Nolife qu’il faut assumer. Déjà que l’on se plaint parfois que la télévision pénalise la communication familiale, le Sony HMZ-T1 enfonce le clou en coupant visuellement le spectateur du reste du monde. Le film gagne en immersion, c’est sûr, mais la vie sociale en prend un coup. Sans être techno-réactionnaire pour autant, c’est une question qu’il faut se poser avant de l’acheter.
D’un autre côté, l’appareil peut rendre bien des services sur le plan social. Vous n’arrivez pas à dormir et vous voulez regarder un film sans réveiller votre conjoint, c’est la solution idéale (et oui, pour ceux qui se posent la question, il y a une option pour éteindre la lumière bleue sur le devant). A une heure où habiter à deux dans un 15 m² à Paris suffit à vous rendre éligible à l’impôt sur la fortune, voilà un petit casque qui permet de s’affranchir d’une installation lourde pour un résultat finalement très similaire, sans déranger son conjoint. Reste le jeu vidéo. Si c’est vraiment la solution la plus immersive, elle ne semble viable que par petites séquences…