L’action Ubisoft vient de se « casser la gueule » d’une façon incroyable, hier. -25%. Que s’est-il passé ? L’éditeur a tout simplement expliqué qu’un de ses jeux les plus attendus allait avoir quelques mois de retard ; on parle évidemment de Watch Dogs.
Ce n’est évidemment pas bon pour Ubi, pour le moment. Mais on peut les applaudir des deux mains. Pourquoi ?
Tout simplement parce que c’est un éditeur qui n’a pas oublié qu’il s’adressait à des joueurs. Quand Ubi admet que Watch Dogs aura plusieurs mois de retard, il sait qu’il loupe à la fois les ventes de Noël mais aussi la vente phare du day one des nouvelles consoles. Parce que c’était clairement le jeu qui intriguait le plus, le jeu qui a fait parler de lui aux derniers gros events de jeux vidéo.
Un éditeur qui annonce autant de mauvaises nouvelles en même temps sait qu’il y a un retour de bâton immédiat du côté de son action. Ce qui surprend, c’est qu’on n’a jamais vu un tel plongeon à l’annonce d’un retard.
Je persiste à croire que de telles annonces ne devraient pas pénaliser un éditeur. GTA V a été repoussé, pour atteindre un certain niveau d’exigence et il a rapporté un milliard de dollars. Et s’il s’est autant vendu, c’est précisément parce que le niveau d’exigence à atteindre prenait du temps.
Par le passé, on a déjà vu des développeurs jouer avec le feu ; je pense à Matrix, notamment. À l’époque, je travaillais à Gen4. Je l’ai testé et je l’ai évidemment très mal accueilli, le jeu n’étant clairement pas terminé. 15 jours plus tard, on recevait un courrier anonyme d’un des développeurs nous expliquant que le big boss d’Atari de l’époque était passé quelques jours avant la fin de la remise du master en expliquant qu’ils avaient une semaine pour boucler le jeu. On avait recoupé l’information anonyme, c’était parfaitement exact.
Quelques années auparavant, je faisais un reportage chez Cryo. Une équipe adaptait le livre de Philip José Farmer, Le monde du fleuve, un truc à mon avis incroyablement complexe à porter en jeu vidéo. Mais plutôt séduisant sur le papier. Je ne dis pas qu’avec tout le temps nécessaire pour le produire le jeu aurait été un chef d’œuvre mais ils se sont retrouvés dans la même situation, avec une poignée de jours pour boucler un jeu non fini.
Sans entrer dans le pathos, je peux vous assurer que pour une équipe de développeurs, de telles décisions, c’est beaucoup de rancœur et de larmes.
Voyons simplement où en sont des sociétés comme Atari et Cryo à l’heure actuelle.
Ubi a donc clairement décidé de ne pas trahir les joueurs et de mettre les actionnaires un peu de travers. Donc, en lisant entre les lignes, on peut comprendre que le niveau d’exigence de Watch Dogs est très haut. Cette info devrait plutôt décider les joueurs à précommander le jeu.
