Comme un air déjà entendu

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Ce matin, à la radio, le président déclarait qu’un grand plan numérique allait être déployé pour l’école. Pendant un moment, j’ai pensé que c’était Canteloup qui ironisait sur les vieilles ficelles déployées par les présidents successifs depuis Chirac et sa fracture numérique. Eh bien non, on nous refait le coup.

Alors en gros, il part d’une observation assez pertinente : « il y a eu des choix, il y a des années et des années où l’on mettait simplement des ordinateurs. On ne se préoccupait pas de savoir s’ils allaient être branchés, on ne savait pas s’il y allait y avoir du contenu, on mettait des ordinateurs ». « Puis […] on voyait les matériels et on ne voyait pas les élèves devant les ordinateurs. »

Sauf qu’on est quand même dans une administration bien lourde. J’ai quand même deux anecdotes vécues sur le sujet. Ce n’est évidemment pas représentatif, j’espère.

Une fois, je faisais pion, pour des petits, du CE1 au CM2, je crois. J’ai bien fait d’arrêter parce que j’aurais bien eu envie de suspendre les fous furieux que j’avais devant moi aux porte-manteaux. Pour changer un peu de l’ordinaire, j’ai voulu proposer une sorte d’activité : du montage et du démontage de PC, histoire que les enfants puissent découvrir les entrailles d’un ordi, faire la différence entre une carte graphique, une carte mère. J’aurais voulu aussi présenter différents systèmes d’exploitation afin qu’ils puissent au moins reconnaitre un logiciel libre d’un logiciel payant au premier coup d’œil. Réponses multiples de la directrice : quel est l’intérêt ? C’est électrique, des enfants pourraient être blessés… Etc. Surtout ne pas déborder du cadre qui crée une petite proportion d’analphabète chaque année, surtout ne pas prendre de responsabilités.

Quelques années plus tard, je me pointe à une réunion de parents d’élèves, en début d’année. Là, on nous explique à quel point le bahut est moderne : chaque jour, on peut suivre en temps réel les notes de notre progéniture avec un identifiant, un mot de passe. Chaque jour, on peut entrer en contact avec les parents. On peut suivre en temps réel le programme scolaire. Ça, c’était pour la partie théorique. Dans la pratique, seul un quart des profs se servait de cet outil mal fichu, absolument pas pratique. Et ça, c’était en début d’année. Seulement quelques semaines plus tard, la plate-forme d’échange parents d’élève / profs était totalement inutilisée pour le reste de l’année.

Bien évidemment, des profs se forment, sont sensibles au sujet mais on n’est franchement pas dans une proportion qui approche la majorité. Certains numérisent même leurs cours. Mais objectivement, un vrai grand plan numérique de la mort qui tue est-il possible avant que les profs ne soient majoritairement issus d’une sorte de génération Y ? C’est loin d’être certain.

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