DataColor Spyder4 Elite : un calibrateur ultracomplet

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Le DataColor Spyder4 Elite est un calibrateur d’écran assez complet. Ere-numérique utilise un Gretag Macbeth Eye 1 display 2 depuis environ cinq ans et un Lacie Blue Eye depuis une dizaine d’année déjà. Depuis, le monde de l’affichage a changé. Celui des calibrateurs, pas tellement. Voyons donc ce que le DataColor Spyder4 Elite peut offrir aux amateurs de photographie.

Le DataColor Spyder4 Elite est un calibrateur. Quesako ? C’est un petit appareil permettant de mesurer et de compenser les dérives colorimétriques des moniteurs et autres téléviseurs. Le principe est simple. Une sonde est apposée sur l’écran. Elle mesure la couleur réellement affichée par le moniteur alors qu’un logiciel envoie à l’écran des patrons colorés prédéterminés. L’écart entre la couleur envoyée et la couleur effectivement affichée permet de déduire une table de compensation, un profil icc, qui viendra corriger par la suite toutes les couleurs affichées par le moniteur.

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Monsieur tout le monde pense généralement que tous les écrans se valent une fois sortis du carton. Mais si vous êtes un lecteur assidu de nos pages, vous savez que c’est loin d’être le cas ! Selon les usines, les couleurs sont plus ou moins correctes, plus ou moins uniformes. En outre, il faut aussi compter avec l’effort, ou l’absence d’effort, consentie par les constructeurs pour calibrer leurs écrans en usine. Et là, c’est un peu n’importe quoi, il faut bien l’avouer. Certaines marques font généralement bien leur travail. C’est le cas notamment de Iiyama et de Philips. Mais pour d’autres, afficher de belles couleurs n’est visiblement pas une priorité. Quant aux ordinateurs portables, c’est pire encore ! Leur espace colorimétrique est généralement si limité qu’obtenir un rendu de qualité suffisant est simplement impensable sans calibrateur. Certes, le profil icc ne permet pas d’améliorer la saturation. L’espace colorimétrique n’est pas plus étendu après calibration. Mais au moins, vous tirez le meilleur parti de votre dalle. A noter que tous les appareils ne sont pas logés à la même enseigne. Alors que la plupart des constructeurs se contentent d’une dalle TN à rétroéclairage LED, certains proposent des dalles IPS, nettement plus qualitative, c’est le cas notamment chez HP sur certains Elitebook ou chez Lenovo sur la série Thinkpad, en option.

Pour qui ? Pourquoi ?

Disons le tout net, l’investissement dans un calibrateur n’est à priori pas légitime pour tout le monde. En premier lieu, un tel appareil s’adresse aux photographes et aux graphistes, soucieux de l’exactitude de leur moniteur. Une couleur inexacte à l’écran, c’est l’assurance d’une mauvaise surprise à l’impression ! Mieux vaut donc prévenir et calibrer son matériel. Idéalement, il faut effectuer cette calibration plusieurs fois par an. En effet, les écrans plats vieillissent et il convient de compenser leur dérive chromatique en mettant à jour la table de compensation icc. Par le passé, il fallait aussi composer avec un changement notable de rendement des tubes fluorescents selon la température ambiante. De fait, un réglage été et un réglage hiver étaient le strict minimum. Avec l’arrivée des moniteurs à LED, c’est moins vrai.

Sur ce souci primaire d’exactitude colorimétrique sont venus se greffer des fonctionnalités ergonomiques rendues possibles par la présence même du calibrateur. C’est le cas par exemple de la mesure de luminosité ambiante, afin de doser au mieux l’intensité du rétro-éclairage pour ne pas fatiguer l’utilisateur.

Le calibrateur est-il un bon investissement ? Si vous passez de longues heures devant votre PC et si la photo ou la vidéo vous intéresse, il n’y a pas de question à se poser. Vous devez acheter un calibrateur. Un tel appareil ne coûte pas bien cher. On en trouve à 100 euros. Et ils vous suivront sur plusieurs générations de moniteurs et de PC ! La question de leur durabilité ne se pose pas non-plus. Les modèles que nous avons au laboratoire ont respectivement 5 et 10 ans. Ils fonctionnent impeccablement bien et pourtant, ils ont vu défiler bien des dalles pendant tout ce temps !

DataColor Spyder4 Elite : une présentation soignée

La finition du DataColor Spyder4 Elite est très correcte. On vous épargne le déballage de la boite. A l’intérieur on trouve le calibrateur, son CD d’installation et normalement, il y a un petit support en plastique permettant de positionner l’appareil à la verticale. Je dis « normalement » parce qu’il n’était pas dans la boite qui nous a été livrée. Mais soit.

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Comparativement à notre Gretag Macbeth, la sonde Spyder est un peu plus grosse. Le plastique est très qualitatif. Sur le fil, on trouve un contrepoids bien utile pour assurer le maintien de la sonde sur l’écran. En revanche, sur la face inférieure, il n’y a pas de ventouse. Et c’est vraiment dommage. Il faut donc trouver un moyen d’assurer un bon contact entre la surface de l’écran et la sonde. Le plus simple consiste généralement à incliner l’écran.

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Sur la face supérieur, on trouve une LED bleu, qui clignote de temps à autre, on ne sait trop pourquoi, et une surface dépolie permettant de mesurer la luminosité ambiante.Le DataColor Spyder4 Elite ne serait rien sans son logiciel. Et là, il y a beaucoup à dire. Le pire côtoie le meilleur. Passons rapidement sur l’installation, plutôt bien pensée. Une fois le CD inséré, le logiciel va chercher automatiquement la dernière version du soft en ligne et l’installation se déroule sans accroc.

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A noter toutefois que les vieilles habitudes ont la vie dure. Datacolor a sûrement fait appel au même hardware que la concurrence et donc, on retrouve le chipset USB Cypress et ses problèmes à l’installation. Voila pourquoi il faut installer le logiciel SANS connecter la sonde.

Des hauts et des bas

Une fois installé, le logiciel présente une robe noire/gris anthracite à la fois très agréable et très pro. Mais on ne l’a pas acheté pour le look. L’ergonomie du logicielle est à l’avenant. Le logiciel pense à vous et c’est une très bonne chose. Tout commence donc par une check-list à vérifier avant de commencer et c’est vraiment une excellente idée.

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Outre la recommandation de connexion de la sonde qui n’est pas sans rappeler le « vous êtes sûr de l’avoir branché » d’IT crowd, les autres conseils sont excellents pour les novices. Ainsi, il faut effectivement laisser le temps au moniteur d’atteindre sa température de fonctionnement. Certains modèles Eizo compensent leur température à la mise en route afin que les couleurs soient bonnes dès le départ. Mais c’est la seule marque à le faire. Ensuite on vous demande ce que vous avez comme matériel.

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Et le type de rétro-éclairage associé :

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La raison n’est pas évidente. Certes, les divers rétro-éclairages offrent différentes températures de blanc. Mais normalement, les filtres RVB sont là pour compenser et recentrer la valeur sur 6500K en condition nominale. Si vous ne savez pas, vous pouvez simplement indiquer que vous ne savez pas. A l’essai, ça fonctionne exactement de la même manière et le résultat est probant.

De base, on vous demande aussi ce dont vous disposez comme réglage pour ajuster l’écran via l’OSD.

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Pour les utilisateurs de PC fixe, cela peut sembler débile comme question, car tous les paramètres sont accessibles via l’OSD. Mais si vous êtes sur un ordinateur portable, souvent, vous devez vous contenter d’un réglage de luminosité ! Il en va de même si vous travailler sur un écran Apple Cinema Display d’ailleurs.

Viens enfin le moment de choisir ce que vous voulez comme point de réglage, et là, il y a comme un malaise :

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Pour la température (6500K) et pour le gamma (2.2), aucune question ne se pose si vous êtes simplement quelqu’un qui cherche à calibrer son écran pour un usage courant. En presse papier, il arrive que les maquettistes dénaturent ces deux paramètres, histoire de voir ce que la photo va donner lorsqu’elle sera imprimée sur du papier journal. Mais on n’en est pas là ici.

En revanche, on peut s’interroger sur la luminosité recommandée. Certes, 120cd/m2, c’est largement suffisant… sur un 22 pouces. Mais si vous avez un 27 pouces, j’aurai tendance à recommander un réglage plus élevé, car en définitive l’utilisateur se trouve plus loin de la surface de l’écran. Donc mieux vaut monter à 140 cd/m2.

DataColor Spyder4 Elite : ça se complique

Une fois son choix fait, on peut enfin commencer les réglages et là, c’est le début des ennuis. Tout d’abord, le logiciel ne recherche pas automatiquement la position de la sonde, comme c’était le cas sur le Gretag Macbeth que nous utilisons. Il faut placer la sonde bien au centre comme on peut le voir ici :

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C’est un défaut d’ergonomie en ce qui nous concerne. En effet, par défaut la position d’affichage des informations de l’OSD est au centre de l’écran aussi. Donc pour y voir quelques choses, il faut modifier la position de l’OSD, ce qui n’est pas toujours facile… voire même pas toujours possible si l’on pense au curseur d’ajustement de la luminosité sur un portable !

Ensuite, le DataColor Spyder4 Elite renoue avec une pratique que l’on croyait disparue : celle du bouton poussoir pour forcer la mesure. Quand l’appareil vous demande d’ajuster la luminosité, il faut cliquer sur le bouton « Mettre à jour » pour effectuer la mesure.

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Là encore, notre sonde Gretag Macbeth qui a cinq ans fait ça en temps réel.Si le DataColor Spyder4 Elite n’est pas franchement pratique, il offre en revanche des résultats de calibration dignes de ce nom. Petite astuce à savoir : il faut absolument désactiver tous les filtres dynamiques comme le contraste, ou l’adaptation du rétro-éclairage aux conditions de luminosité ambiante que l’on trouve sur les moniteurs moderne. En effet, la calibration n’est valable qu’à un seul niveau de luminosité. Si vous la changer, il faudra, en toute rigueur recalibrer.

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Après compensation, les niveaux de noir sont visiblement re-étalonnés. Tout n’est pas parfait et il y a sans doute une très légère tendance à compresser les teintes sombres. Cela dit, le bouton « avant/après » est sans appel : c’est nettement mieux après calibration ! Nous avons essayé l’appareil sur notre IIyama B2712HDS-1. C’est assez impressionnant. A noter que le logiciel vous propose dans sa dernière étape de visualiser quelques images de tests, dont une partie en noir et blanc et c’est sans doute ce ces clichés que la calibration a le plus d’effets.

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Du reste, le rapport de base est déjà très complet puisque l’on trouve l’espace colorimétrique, qu’il est possible de comparer avec les standards en vigueur.

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Ainsi que la courbe de gamma :

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Ensuite on vous demande à quel rythme vous voulez calibrer votre écran.

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Le logiciel vous le rappellera avec une fenêtre pop-up à échéance. Pour la plupart des utilisateurs c’est vraiment suffisant. Le rendu des couleurs est absolument magnifique… si votre écran n’est pas mauvais à l’excès à la base évidemment.

Pour aller plus loin

Mais bon, comme on est joueur, on a voulu voir s’il était possible d’aller plus loin et en l’occurrence, la sonde Datacolor ne démérite pas. En passant en mode expert, on peut absolument mesurer l’écran de fond en comble… mais bon, on y passe tout de même 20 minutes.

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Disons le franchement, certaines de ces fonctions sont sans intérêt, faute d’une implémentation correcte. C’est le cas par exemple de la mesure d’uniformité de l’écran. Certes, elle produits de chouettes graphiques :

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C’est beau comme tout. Seulement voilà, en réalité, la mesure a lieu sur 9 points uniquement… pour toute la surface de la dalle ! Chez Ere-numérique, on mesure la luminosité en 48 points et déjà, on trouve que c’est un peu limite pour trouver du clouding. Donc avec 9 points, laissez tomber.

Autre truc complètement inutile selon nous : la note de l’écran. Faute de moyen de comparaison avec d’autres modèles, d’autres réglages, ça nous parait difficilement exploitable.

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Admettons que ce soit juste un gadget de plus. En revanche, on trouve des indications particulièrement pertinentes comme le Delta E sur 48 teintes différentes. Cette mesure permet de constater l’écart entre la couleur exigée et la couleur réellement affichée, plus le DeltaE est grand, moins l’écran est précis.

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L’appareil vous propose également une mesure de contraste. Elle est réalisée selon le standard ANSI, c’est-à-dire avec un damier à neuf cases.

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Les valeurs obtenues nous semblent franchement pessimistes. Même si le contraste ANSI est une mesure extrêmement dure avec les écrans, ces valeurs sont trop basses par rapport à nos autres méthodes de mesure. La faute en revient sans doute à l’absence de ventouse, qui laisse passer la lumière ambiante entre l’écran et la sonde, dégradant le niveau de noir plus que de raison.

Les idées reçues sur les calibrateurs et la calibration ?

Tous les écrans sont réglés en usine de la même façon.

Faux. Il existe de grands écarts de rendu entre les différentes marques, il n’y a qu’à voir les mesures enregistrées lors de nos tests en laboratoire pour s’en convaincre.

Ca ne sert à rien de mettre de l’argent dans un bon écran si on a un calibrateur.

Vrai et faux. Un calibrateur devrait pouvoir corriger, dans la mesure du possible, les plus grandes imperfections colorimétriques. Mais il ne peut pas étendre l’espace des couleurs connues par l’appareil. Si l’écran ne va pas suffisamment loin dans le vert, le calibrateur ne peut pas « laver plus vert que vert. »

Ca ne sert à rien de régler son écran si on a un calibrateur.

Faux. Un calibrateur est conçu pour réduire les écarts entre la couleur que vous lui demandez et la réalité de l’affichage. Plus ces écarts sont petits, meilleure est la correction. En outre si l’écart est trop grand, la calibration a pour effet de réduire la dynamique d’affichage. On peut ainsi une succession d’aplats gris apparaître en lieu et place des fins dégradés dans les ombres. C’est la solarisation. Mieux vaut donc ajuster au mieux les paramètres de son écran avant la calibration.

DataColor Spyder4 Elite : correct mais perfectible

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Le DataColor Spyder4 Elite n’est pas le calibrateur de l’année. Pour tout dire, on a considéré un moment l’utiliser comme outil de test standard au laboratoire. Mais son manque d’ergonomie, sa lenteur excessive et ses petits défauts le rendent impropre au test d’une centaine d’appareils par an dans nos locaux. On reste donc pour l’instant sur notre Gretag MacBeth Eye 1 display 2, même si depuis la marque a changé de nom et s’appelle Xrite. Pour autant, vous auriez tort de passer à côté d’un calibrateur à la maison, ou au bureau. Si vous respectez un tant soit peu vos photos de vacances, vous devez vous assurez qu’elles s’affichent au moins telles que vous les avez prise… et si vous imprimez, c’est encore plus recommandable. Les petits défauts du DataColor Spyder4 Elite ne sont pas si pénalisants que cela dans un usage courant. Vous allez sans doute calibrer votre écran trois fois par an, grand maximum.

Caractéristiques
– Spyder4 Elite
– Capteur de luminosité ambiante
– Colorimétrie sur 7 canaux
– Temps de calibration de base : 5 min
– Interface USB
– Station d’accueil
– Cibles : moniteurs, ordinateurs portables, vidéoprojecteurs.
– Garantie 2 ans.

Prix : 210 euros

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7.5/10

Les Plus

  • Calibration complète
  • Vérification exhaustive des performances

Les Moins

  • Pas de ventouse
  • Pas de détection de position
  • Quelques bizarreries ergonomiques

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