E3 : Microsoft vs Sony

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e3-logo.jpgDepuis quelques années, on s’était habitué à ce que Microsoft gagne la guerre des conférences ou qu’il y ait un match nul entre ce constructeur et Sony (Nintendo étant en dessous de tout et c’était de pire en pire chaque année).

Là, pour la première fois, Sony l’a emporté haut la main. Retour sur les deux conférences et chapeau bas à Sony qui a su apprendre de ses erreurs.

Nous n’en sommes pas encore à comparer les jeux. On part du principe que les consoles se valent techniquement. On verra ce qu’il en est quand on aura les deux consoles côte à côte avec le même jeu qui tourne dessus. Les conférences des constructeurs sont avant tout des fêtes suscitant l’envie. Alors, quelle est donc la machine qui a fait le plus envie ces dernières heures ? Décorticage, en plusieurs points.

1 – La ponctualité

Bon, on ne va pas accorder un but là-dessus mais avec un retard d’un quart d’heure sur l’horaire prévue, Sony nous a un petit peu mis de mauvaise humeur. C’est surtout que la conférence était déjà prévue à 3 heures du matin, heure de Paris, et on aurait aimé que le constructeur soit aussi carré que peut l’être Microsoft dans ce domaine. Mais bon, il parait que l’attente permet de générer plus d’envie !

2 – Les jeux

Les deux conférences étaient exclusivement consacrées aux futurs titres des prochaines consoles. Certes, on a un peu parlé de quelques offres promotionnelles, des visions du cloud de part et d’autres mais les jeux étaient vraiment les héros.

Chez Microsoft, du blockbuster avant tout : Metal Gear Solid, World of Tanks, Dark Souls II, Ryse, Killer Instinct, Sunset Overdrive, D4, Dead Rising 3, Minecraft, Battlefield 4, Quantum Break, Project Spark, Halo, Titanfall, Forza 5, The Witcher 3.

Chez Sony, un peu plus de prise de risque, avec des choses moins connues comme des jeux indépendants correctement mis en avant, comme un nouvel Oddworld. Mais aussi GTA V, un nouvel Infamous, Batman Arkham Origins, Killzone, Final Fantasy, Beyond : Two Souls, Gran Turismo 6, The Order 1886, Drive Club, The Dark Sorcerer, Kingdom Hearts 3, Assassin’s Creed IV Black Flag, Watch Dogs, Elder Scrolls Online, Mad Max et Destiny.

C’était plus dense chez Sony ; mais attention, les jeux étaient parfois présentés de façon rapide, comme les jeux indépendants (mais ils étaient quand même au nombre de sept ou huit, ils ont été montrés à la chaine ; mais au moins, c’était un signal fort, on reviendra là-dessus).

Microsoft a fait forte impression et a commencé la conférence en ayant labouré sur les terres de Sony en montrant le prochain Metal Gear Solid, époustouflant, une licence appartenant historiquement à Sony. Ce MGS ne sera pas une exclusivité cependant.

Sony ne lui a pas rendu la pareille en s’emparant d’une licence Microsoft mais a tout de même mis l’accent sur des licences qui restent sous son aile. Infamous, Killzone, Gran Turismo en sont les parfaits exemples.

Les deux constructeurs ont proposé à peu près la même proportion de cinématiques que de vidéos in-game. Aucune séquence n’a semblé médiocre, c’était vraiment du très beau spectacle.

Mais dans l’ensemble, Sony s’en sort bien mieux que Microsoft.

Score : 1-0 pour Sony.

3 – Les offres commerciales

Les deux constructeurs ont fait très fort. On évoquera le prix de la console à la fin de cet article. Microsoft a commencé par surprendre tout le monde en proposant une nouvelle console Xbox 360. Vous me direz que ce n’est pas tout à fait ce que l’on attendait mais c’est vraiment une bonne chose. On avait un peu peur de voir la Xbox 360 disparaitre le jour de l’apparition de la One ; c’est un peu ce qui s’était passé à l’arrivée de la 360. Mais en annonçant un World of Tanks en Free 2 Play, on se doute que la console va perdurer quelques années encore. La grosse surprise vient de l’abonnement Gold. On pourra profiter de deux jeux gratuits tous les mois et visiblement, ça a l’air d’être du lourd. Ça reprend un peu le concept du PlayStation Plus. Et un membre Gold sur Xbox One le sera aussi sur Xbox 360. Ouf.

Mais Sony a également marqué des points de son côté en évoquant le Playstation Plus, justement. Un membre de ce service bénéficiera de contenu pour la PS3, la PS4 et la Vita pour le même prix. La fidélité à Sony est donc très payante. On espère simplement qu’il n’y ait pas trop de doublons entre les plates-formes.

Score : un but partout, 2-1 pour Sony.

4 – Le One more thing de fin

Le « One more thing », c’est le jeu présenté après le résumé final du speaker, sur l’air de « ah oui, j’allais oublier, on a un dernier petit truc ». C’est une mis en exergue phénoménale pour un jeu. Microsoft a toujours excellé dans cet exercice et Sony s’est parfois un peu planté en les multipliant ou en montrant des jeux qui n’étaient pas au niveau.

Là, la battle était excellente avec Titanfall chez Microsoft et Destiny chez Sony.

Titanfall est un jeu de combat assez ouvert semble-t-il avec de nombreux participants avec en point d’orgue la possibilité de piloter des mechs, ces énormes robots bipèdes. Une des possibilités les plus jouissives semble résider dans le fait de s’emparer avec ses énormes bras articulés d’un pilote ennemi et de l’envoyer faire des bons de plusieurs centaines de mètres.

Destiny chez Sony est un jeu de combat du même genre que l’on peut pratiquer en solo, en coop classique (visiblement, les joueurs se rejoignent à la volée, ultra facilement) ou avec de nombreux participants, lors d’un event spécial, contre un énorme boss. L’univers fait un peu penser à Halo (c’est Bungie qui est au développement) mais le monde est plus apocalyptique. C’est vraiment une réussite.

Score : encore un but partout, 3-2 pour Sony.

5 – Rapport aux éditeurs tiers

Il y a quelques années, Sony était un ogre arrogant, la marque Playstation étant sans rivale. Ça agaçait. On se souvient surtout des bémols émis par les développeurs quand il s’agissait de comprendre l’architecture de la console de Sony. Il faut se souvenir de la conférence de l’annonce de la PS4 pour comprendre que cette vision n’a plus cours. Il semblerait qu’un certain nombre de développeurs ait joué un rôle important dans la mise au point de la machine. Et les critiques à l’encontre de Sony semblent s’estomper. On a un même un certain Jonathan Blow, créateur de Braid, qui semblait marié à Microsoft qui vient chez Sony. Quand on lit toutes les interviews, quand on regarde les conférences, on a la solide impression que Sony a conçu une machine en disant : déployez toute votre créativité. Chez Microsoft, c’est imperceptible mais il semblerait que le message soit : créez les jeux les plus intéressants du monde à la gloire de notre hardware. Chez Sony, il y a aussi beaucoup d’humilité à insister sur les développeurs indépendants. Et là, je pense qu’ils ont fait énormément de progrès. Les God of War, c’est bien. Les titres AAA qu’on présente généralement dans ces conférences aussi. Mais quand on ne voit que ça, ça finit même par écœurer. Alors que des concepts parfois simples sont de temps en temps d’une efficacité redoutable. Sony a 1.000 fois raison de ne pas négliger cette partie des développeurs qui apportent de la créativité pure, bien loin des FPS, des TPS, des JDR très tape-à-l’œil mais parfois un peu creux.

Score : but de Sony, 4-2 pour le constructeur nippon.

6 – Une vision

On en parle depuis des années ; on a des constructeurs qui fabriquent des téléviseurs, des consoles, des tablettes, des appareils mobiles et à un moment, il peut être intéressant de les faire collaborer. Cela fait des années que Sony parle de son écosystème. Mais je crois que c’est la première fois que ça commence à se dessiner. Via l’offre commerciale du Plus, d’une part, mais également des interactions PS4 / Vita. C’est encore un peu flou, on n’a pas énormément d’exemples concrets mais ça se dessine progressivement. De l’autre côté, Microsoft semble se servir d’une tablette comme d’un gadget. Les idées arriveront peut-être avec le temps. Et peut-être qu’une console portable est plus appropriée pour créer un véritable écosystème. Avec une tablette, on reste dans le machin rigolo, vaguement multimédia. Sony aura mis le temps, on sent que le constructeur a longuement tergiversé – et il fallait peut-être attendre une console comme la Vita – mais il y a tout pour créer de nouvelles façons de jouer.

Score : Sony marque encore, 5-2

7 – L’agressivité

Attention, on ne parle pas encore du prix. Oui, l’agressivité a du bon, parfois. Et Sony l’a utilisé à bon escient. Depuis des mois, on savait qu’il y aurait de la viande collée aux murs suite à ces conférences : deux consoles next-gen qui arrivent au même moment, on a rarement vu ça. On pensait que Microsoft serait plus virulent, en commençant par montrer du MGS, tel un trophée arraché à Sony. Finalement, le reste de l’event a été assez bisounours. Et on pensait que ce serait de même chez Sony. Jusqu’au dernier quart d’heure. Jack Tretton, le CEO de SCEA déroulait les jeux comme on s’y attendait. Puis il a expliqué ce que la PS4 ne faisait pas. Et là, je n’ai jamais entendu une foule d’une conférence de l’E3 aussi hystérique. En général, les concurrents n’existent pas, on se concentre sur ses propres produits. Mais là, on a appris que la PS4 était favorable au marché de l’occasion. Le joueurs PS4 peuvent sans restriction revendre leurs jeux dans une boutique, à un pote, ils peuvent le prêter ou le garder toute leur vie. À ces mots, une partie du public a même scandé le nom de la marque ce qui est, je crois, du jamais vu. Il a également ajouté que pour jouer à un titre PS4, il n’était pas nécessaire d’être connecté et qu’il n’y avait aucun type d’identification (rebelote, hystérie dans la salle). « Si vous avez envie de jouer à un jeu offline, la PS4 ne requiert pas un check périodique en ligne » (foule en délire, encore, Tretton boit du petit lait et se fait plein d’amis à travers le monde). « Et ça ne s’arrêtera pas de fonctionner si vous ne vous êtes pas identifié ces dernières 24 heures » (pour ceux qui n’auraient pas compris, il parle des griefs de tout ce que l’on reproche à la Xbox One !).

C’est typiquement une saine agressivité même s’il ne fait que lister tout ce qui agace sur la Xbox One. Il aurait pu être plus long (voir toutes nos dernières news sur la Xbox One) mais il s’est arrêté là. Avec un sourire jovial, en quelques phrases, il a fait ce que l’on voit dans tous les jeux d’action vus lors de la conférence : c’est un headshot.

Score : ça mériterait bien plusieurs buts au tableau d’affichage mais on ne va compter qu’un point. 6-2 pour Sony.

8 – La transparence

Sony ne semble pas avoir grand-chose à cacher ; ces conférences étaient là pour montrer des jeux, pas l’envers du décor, de toute façon. Il n’empêche. Chez Microsoft, on a pris grand soin de ne pas évoquer à un seul moment, même de très loin, tous les sujets évoqués par Tretton, alors que ce sont de réels problèmes. Et c’est sans parler du respect de la vie privée inhérent au Kinect. Mais le plus fâcheux, c’est que ces derniers jours, Microsoft a annulé pas mal de rendez-vous avec des journalistes. Pour éviter les questions qui ne seraient pas en rapport avec le merveilleux monde des jeux vidéo. Pas de score pour cet aspect mais Microsoft mériterait peut-être un point en moins.

9 – Prix

Le finish move propre au jeu de baston. Au niveau des prix, on pouvait s’attendre au pire. La 360 a été vendue à 500 euros en day one. Oui, mais la One sera également équipée du Kinect 2. Si on additionne les deux pour se faire une idée du prix de la nouvelle mouture, on atteint les 650 euros. Or, Microsoft n’a pas chargé la facture. Ce sera 500 euros.

Mais la grosse surprise vient de chez Sony. On se souvient d’une PS3 hors de prix à son lancement. 600 euros. C’est sans doute ce qui lui a valu des débuts aussi difficiles. Les choses se sont arrangées avec des baisses de prix régulières.

Il semblerait que Sony n’ait pas tellement envie de réitérer cette expérience. La console sera vendue en Europe à 400 euros. C’est l’estocade.

Score : 7-2 pour Sony qui l’emporte haut la main malgré une conférence très acceptable de Microsoft, peut-être une de leur meilleure de ces dernières années.

Devant un tel écart, on peut se demander si Microsoft va réagir avant la fin de l’E3, comme avait l’habitude de le faire Nintendo.

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