Egardia est un système d’alarme connecté, pilotable à distance par smartphone et qui est simple à installer, c’est du moins la promesse. Le constructeur hollandais y ajoute même un soupçon de domotique avec des prises intelligentes. Il n’en fallait pas moins pour éveiller notre curiosité et nous avons testé le système in situ.
Egardia répond à cette nécessité malheureuse de certains d’entre nous : devoir installer un système d’alarme pour avoir la paix. Et souvent, quand il s’agit de notre sécurité et de nos biens, nous avons tendance à nous laisser convaincre de dépenser beaucoup. Pour autant, l’installation est généralement très compliquée et l’addition vraiment salée alors qu’il n’y a pas vraiment de raisons avec les facilités qu’offre aujourd’hui la connexion généralisée à Internet. Egardia propose enfin une solution connectée, simple et peu onéreuse, du moins à première vue.
Plus cher qu’il n’y parait
Le principe de fonctionnement est effectivement assez simple. La centrale est reliée à la box Internet et communique avec les capteurs par un protocole sans fil propriétaire. Ensuite, le tout se configure par un navigateur sur Internet et les alertes sont relayées sur tout appareil mobile. Le kit de base vaut 300 euros et comprend outre la centrale, deux capteurs de mouvement, un capteur de porte et un clavier pour le code. Sauf qu’il faut ensuite s’acquitter de 10 euros par mois si on veut être alerté. C’est quasi une obligation car sinon le système n’a guère d’intérêt. Si on regarde dans le commerce spécialisé, un système d’alarme équivalent chez un constructeur réputé du secteur vaut dans les 1 000 euros. L’abonnement annuel chez Egardia est de 120 euros ce qui additionné aux 300 euros du kit initial aboutit à six ans d’utilisation avant d’arriver au 1 000 euros. Ce n’est donc pas si peu cher mais on le sent moins dans le portefeuille en étant étalé.
Prévenu partout
Comme les systèmes concurrents, vous serez prévenus de toute intrusion par un appel téléphonique qui vous demande de réagir, sauf qu’Egardia va plus loin en doublant avec un SMS ainsi qu’un mail et surtout en permettant de tout piloter à distance. On peut même y ajouter un peu de domotique comme nous le verrons plus loin. Mais avant de parler des extensions, voyons déjà ce que proposent le kit de base et les services associés. Pour une meilleure compréhension, nous allons décrire le tout dans l’ordre d’installation comme pour quelqu’un qui vient d’acheter le kit. Au déballage, on est surpris par la petite taille et la relative légèreté de tous les composants mais comme le principe est que tout incident est géré dans le cloud, ce n’est pas vraiment important. On commence par installer la base à côté du routeur ce qui se fait très simplement. Il suffit de brancher le secteur et le câble réseau fourni sur une prise Ethernet de la box. La base inclut une sirène et une batterie en cas de coupure de courant ou d’arrachement.
Egardia : par le Web tout simplement
A partir de là, il suffit de lancer le navigateur Web sur un ordinateur et de se connecter au site d’Egardia. Une fois les données personnelles et les numéros de téléphone entrés, on branche les capteurs. Ils sont alimentés par piles fournies avec une autonomie de l’ordre de deux ans comme chez la concurrence.
Le clavier et les capteurs de mouvement peuvent se fixer simplement par de l’autocollant double face fourni ou par vis plus traditionnellement.
Le capteur de porte se visse mais sans difficulté. L’appairage au système est quasi automatique, il suffit de presser un bouton et on a la confirmation dans l’interface.
A signaler d’ailleurs que les capteurs de mouvement sont intelligemment conçus avec une hauteur préconisée pour qu’il n’y ait pas d’alarme par les animaux domestiques, en particulier les chats. Dans la boîte, il n’y a que peu d’explications mais tous les manuels sont téléchargeables en PDF sur le site. Il ne reste plus qu’à définir les priorités pour les alertes. Egardia appelle d’abord un premier numéro, et si aucune réponse n’est donnée, il passe au deuxième et ainsi de suite.
Egardia s’utilise déjà comme une alarme traditionnelle. Pour l’armer, il suffit d’entrer sur le clavier le code que l’on a fourni via l’interface Web. Un délai peut être réglé pour avoir le temps de sortir et de rentrer. La confirmation est visuelle et sonore mais juste par des bips. C’est d’ailleurs un point faible car on n’est pas sûr de son action, une synthèse vocale aurait été préférable avec un message de type « alarme désactivée ». Pour la sécurité, le système est vérifié régulièrement par Egardia et un message d’alerte est envoyé s’il y a un problème. Le système vérifie notamment la communication avec les capteurs et la présence de courant qui alimente la base. Si la communication est interrompue parce qu’un capteur a été détruit ou ouvert, l’alarme est déclenchée immédiatement. Il n’est donc pas nécessaire qu’il y ait une sécurité anti-ouverture.
Une fois l’alarme déclenchée par intrusion ou autre, la sirène de la base se met en marche. Egardia annonce 104 dB mais on un peu de mal à le croire. Ce n’est pas très fort et ne suffira guère à alerter les voisins. Evidemment, le voleur pourra aussi saisir la base et la détruire très rapidement. Un système classique de chez Diagral, comme celui installé sur le lieu du test, sonne bien plus fort et le boitier blindé fixé au mur résistera un peu plus longtemps aux assauts. Ceci étant, un simple marteau y mettra fin tout autant. Bien plus important, Egardia vous appelle sur votre mobile et il faut entrer un chiffre pour désactiver. S’il n’y pas de réponse ou que la réponse attendue n’est pas la bonne, le système passe au numéro suivant et ainsi de suite, ce qui est vraiment efficace.
Sur smartphone aussi
Là où Egardia sort du lot, c’est que la gestion du système peut aussi se faire sur un smartphone iOS ou Android. Il suffit de télécharger l’application gratuite et on peut activer ou désactiver à distance, comme on peut y voir tous les évènements. A signaler que dans le kit de base, une télécommande est fournie aussi. Elle permet d’activer ou de désactiver l’alarme sans être obligé de composer le code. Pratique, pour les voisins qui nourrissent le chat. Bien entendu, on peut aussi accéder au système par le Web depuis un ordinateur où que l’on se trouve, du moment que l’on est connecté.
Egardia : sirène obligatoire
Jusque-là, le système d’alarme Egardia tient ses promesses de simplicité et s’avère très pratique au quotidien. Pour autant, il ne fait rien de plus qu’un système d’alarme traditionnel qui vous prévient par message vocal, en dehors de la gestion à distance. Le prix n’est pas particulièrement avantageux non-plus si on le considère sur la durée avec le prix de l’abonnement. Mais Egardia propose de l’étendre et ouvre d’autres possibilités inédites. Déjà, il faut reconnaître que la sirène est faiblarde et que la centrale n’est pas très bien protégée ce qui implique une destruction immédiate en cas d’intrusion. Il faut donc absolument acquérir la sirène flash extérieure.
Comme son nom l’indique, elle est conçue pour subir les assauts du temps mais sera tout aussi adaptée à un usage intérieur. Là, on est dans le sérieux, avec un châssis en métal, un système anti arrachement et anti effraction ainsi qu’une fixation murale conséquente. Avec cette sirène, on est dans la norme d’une base de système traditionnel, type Diagral. Et le son émis est vraiment strident. Il y a aussi une lumière rouge qui flashe mais cela ne servira qu’en extérieur. Cet accessoire semble donc indispensable mais fait grimper la note de 120 euros. Et avec lui, Egardia abandonne aussi le principe de la simplicité. Il aura fallu près de deux heures pour l’installer. Pas d’appairage automatique ici mais le recours à un dip switch avec cinq boutons minuscules très difficiles à manipuler.
Pour installer, il faut d’abord ouvrir la centrale à plat sur une table et effectuer les réglages par les boutons, notamment pour régler la durée de la sirène. Ensuite, il faut lancer l’appairage puis installer l’alarme et puis ça ne marche pas. Il aura fallu répéter l’opération plusieurs fois en réinitialisant complétement pour que finalement la sirène soit reconnu par le système et fonctionne correctement. On comprend bien qu’Egardia ait voulu économiser sur les composants mais à ce prix ce n’est pas acceptable. Comme pour le kit initial, il faudrait pouvoir effectuer les réglages depuis l’interface Web. Certes cela nécessite un peu d’électronique mais on ne développe pas un système sur un principe que l’on abandonne à mi-chemin. Quoi qu’il en soit, une fois la sirène installée, le système d’alarme est simple à utiliser, efficace et contrôlable à distance par un smartphone.Egardia propose ensuite d’y ajouter une caméra IP sans fil ce qui est évidemment très tentant car intégré dans le système. Elle vaut 200 euros ce qui est vraiment très cher pour un modèle qui n’est pas motorisé. La caméra en elle-même est de construction robuste avec un pied en métal. Elle peut se poser à plat ou s’accrocher au mur. Pour l’installation, il faut la relier au routeur par un câble Ethernet. Dans l’interface, il faut rentrer le numéro Mac ID et après quelques minutes l’image est sensée s’afficher mais sur notre installation de test, il aura fallu s’y reprendre à deux fois. Pour le mode sans fil, cela se fait en WiFi. Il faut déjà entrer les paramètres du réseau et le mot de passe. Les choses se compliquent à ce niveau puisque l’interface n’est pas capable de déterminer le type de protection WiFi. Il faut donc savoir que c’est par exemple le WPA-TKIP. Tout cela nous éloigne encore de la simplicité initiale mais surtout le fonctionnement sans fil est aléatoire, du moins sur notre installation de test avec un routeur D-Link pourtant réputé pour sa compatibilité et sa fiabilité.
Et même en filaire d’ailleurs, l’image n’apparait pas toujours et il faut alors déconnecter physiquement la caméra pour la réinitialiser. Et sur l’application smartphone, c’est encore pire. L’image apparait une fois sur cinq. Le seul avantage de la caméra Egardia, c’est que la vidéo est automatiquement enregistrée sur leur serveur en cas d’effraction. Mais pour cela, il faut encore payer un abonnement supplémentaire de 5 euros par mois. C’est vraiment trop cher d’autant que l’image est de piètre qualité et que de toute manière en France, l’enregistrement ne vous servira pas à grand-chose, compte-tenu de l’inefficacité totale de la police en matière de cambriolages. Comme tout le monde l’a constaté à ses dépens, on préfère de loin employer les forces de l’ordre à persécuter les honnêtes gens pour remplir les caisses de l’état, c’est plus rentable et moins dangereux. Toujours est-il que la caméra n’est absolument pas recommandable, trop chère, trop aléatoire et de piètre qualité.
Prenez-en une autre
Préférez de loin la caméra Storex DNR-30H motorisée qui séduit par une installation réellement simple, une qualité d’image époustouflante, une vision nocturne efficace et un système de visionnement sur smartphone qui fonctionne vraiment, même en 3G le plus souvent. Certes, elle vaut 280 euros mais en un an et demi d’abonnement chez Egardia, elle est au même prix. Et si vous prenez un abonnement de 6 euros par mois, l’application Seedonk enregistre la vidéo en cas de détection de mouvement et vous prévient ce qui la met au même niveau d’intégration que celle d’Egardia. On peut même piloter une caméra IP tierce comme la Storex par le système d’alarme Egardia comme nous allons le voir.Egardia propose une autre fonction nettement plus intéressante que la caméra et sans abonnement supplémentaire cette fois. Il s’agit de prises domotiques qui valent 50 euros pièce. L’installation est vraiment simple puisqu’il suffit de presser un bouton sur la base et sur la prise pour que celle-ci apparaisse dans l’interface. Ensuite, on peut l’allumer ou l’éteindre où que l’on soit par l’interface Web ou par l’application smartphone. Et ça fonctionne à tous les coups. Cela ouvre un champ d’applications intéressant. On pense notamment à simuler la présence en cas d’absence prolongée ou à éteindre tous les appareils électroniques en veille la nuit. Mais malheureusement, aucune programmation horaire n’est prévue dans l’interface.
Là encore, Egardia n’a pas été au bout des choses. On peut juste lier la prise à l’activation de l’alarme pour par exemple l’allumer ou l’éteindre quand elle est activée ou vice versa. Au moins, cela permet de lier une caméra IP tierce au système d’alarme et de ne pas la laisser en fonctionnement en permanence inutilement ou de l’oublier quand l’amant(e) est dans la maison. Il y a aussi d’autres applications possibles comme par exemple éteindre à distance une source de lumière gênante affalé dans son canapé. Lié à l’alarme, on peut décider d’allumer la lumière en cas d’intrusion pour faire peur et d’éteindre la veille des appareils électroniques durant l’absence.
Feu, eau et santé
Egardia propose encore d’autres périphériques très utiles. Il y a déjà un détecteur de fumée, désormais obligatoire d’ailleurs (70 euros). Son installation est un peu alambiquée aussi mais n’est à faire qu’une fois. Un détecteur de fuite d’eau à côté du lave-linge et du lave-vaisselle est une bonne chose aussi. Son installation n’est pas trop compliquée et il fonctionne bien (60 euros). Pour chacun, le système vous prévient spécifiquement par annonce vocale, par SMS, par mail et par l’application. Un bouton panique (25 euros) à mettre autour du cou permet à une personne potentiellement en risque dans la maison de prévenir tous les contacts par le système d’alarme. Enfin, un amplificateur de signal permet d’étendre l’alarme dans une grande demeure (100 euros) mais nous ne l’avons pas testé. A signaler qu’une habitation de 150 m² est parfaitement couverte par la base originale.
Egardia : bien mais à améliorer
Le système d’alarme Egardia tient ses promesses partiellement. En raison de l’abonnement récurrent, il n’est pas particulièrement bon marché sur la durée. En revanche, il permet d’être informé de manière complète et personnalisable ainsi que de piloter le tout à distance par smartphone. Le kit de base est vraiment très simple à installer car tout se configure à distance mais il faut impérativement ajouter la sirène extérieure qui va vous casser les pieds pendant une heure d’installation. Les prises électriques pilotables à distance sont pratiques aussi, si ce n’est le manque de programmation horaire, un défaut qu’Egardia devra absolument corriger. De même, on associera volontiers le détecteur de fumée et de fuite d’eau. Un tel système avec deux prises revient tout de même à 650 euros plus 10 euros d’abonnement par mois. Il n’empêche que c’est aussi le système le plus simple et le plus sophistiqué pour la gestion à distance. Pour obtenir un service similaire avec un autre système, ce sera bien plus cher et pas aussi complet. En revanche, la caméra IP est à éviter, trop chère, trop aléatoire et à l’image peu qualitative. Préférez-en une autre à intégrer dans le système par une prise intelligente.