Ethan Zuckerman s’excuse

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Ethan_Zuckerman.jpgFaute avouée est à moitié pardonnée. N’empêche que lui, on l’obligerait bien à écouter Justin Bieber jusqu’à la fin de sa vie, pour la peine. C’est l’inventeur du pop-up, ces fenêtres merdiques qui apparaissaient à longueur de temps pour diffuser leur message publicitaire. Grâce à quelques outils assez simples, il est désormais assez facile de s’en prémunir mais il n’empêche : il y a quelques années, c’était un frein à la navigation. Il explique que ses intentions au départ étaient bonnes : faire profiter à un annonceur d’une visibilité accrue et afficher de la pub dans une fenêtre à part pour qu’il n’y ait pas d’association gênante entre une page et la fenêtre supplémentaire. Bon, dans tous les cas, on se retrouvait avec une fenêtre agaçante à fermer, qu’elle concerne la vidéo exclusive de Paris Hilton, des pilules de Viagra à -50% ou des clubs de golf. Je ne comprends toujours pas pourquoi, pendant des années, les annonceurs Internet ont voulu me faire acheter des clubs de golf. Probablement un algorithme foireux de Zuckerman.

Difficile cependant de trouver des excuses. Certes, ce type n’est pas un criminel de guerre mais son cerveau a eu un impact affreux sur l’humanité entière. C’est l’anti Tefal.

Quand Tefal commercialise sa célèbre poêle, l’argument publicitaire est de dire qu’il n’y a pas besoin de gratter : en un coup d’éponge, l’accessoire de cuisine est propre. Pour moi, c’est à ça qu’on différencie les génies de la lie de l’humanité. Alors qu’il fallait, avant l’invention de Tefal au moins une minute pour rendre une casserole à peu près propre, il n’en fallait plus que 30s pour arriver au même résultat avec ce nouveau matériau. Pour deux casseroles par jour, une minute de gagnée. Pour une semaine, sept minutes. Sur une année, 365, autrement dit 6 heures. Minimum. Deux casseroles étant vraiment un minimum et une minute quand on a fait cramer une casserole aussi. Maintenant, il faut penser à l’échelle des millions d’utilisateur du téflon. Des années de gagnées, et évidemment les années gagnées en question – on parle de récurage de casseroles – sont d’un désintérêt total.

Au lieu de ça, un apprenti sorcier a rendu la navigation Internet difficile, pénible, parfois hystérique. Là, on peut faire le même calcul à l’échelle des milliards d’internautes. Cinq minutes par jour, à la louche, à fermer des pop-ups. Trente heures par an à cliquer sur une petite croix plutôt qu’à fignoler les formules de son fichier Excel ou à jouer. À multiplier par des milliards d’internautes. Des siècles à fermer cette fenêtre invasive.

Toute nouvelle invention devrait répondre au paradigme suivant : est-ce que ça fait gagner du temps à l’humanité ? Zuckerman est bien gentil avec ses regrets mais il aurait fallu y penser avant. Je le condamne donc à 5 ans de fermeture de fenêtre qui apparaissent partout sur son écran.

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