Suite à la fermeture de Megaupload, les commentaires sont nombreux un peu partout dans le monde. En France, et tandis que Nicolas Sarkozy se félicite de cette initiative, Eva Joly, candidate des verts pour la prochaine présidentielle, s’est rapidement exprimée sur la question et ses craintes de voir le réseau réduit à la caverne des 40 millions de voleurs : « La fermeture de MegaUpload et l’arrestation de ces dirigeants est un symptôme supplémentaire de l’incapacité des pouvoirs publics à se projeter au 21ème siècle et à concevoir un projet global éthique associant rémunération des auteurs et fluidité de la culture sur internet. Faute de stratégie publique intelligente, et de réflexion internationale indépendante des lobbies, on continuera à assister à une guerre de l’industrie du copyright face aux créatures qu’elle a engendré. Face aux projets de loi américaines SOPA et PIPA, et à la proposition soutenu par la Commission Européenne toute aussi dangereuse, ACTA, nous devons condamner les responsables de cette atteinte aux libertés, qui a par ailleurs été salué avec un zèle dérangeant par notre propre président. »
Hier, à l’occasion de sa visite au BIS, Eva Joly a réaffirmé son refus des dispositions répressives et de contrôle des internautes, et sa volonté d’abroger les lois Hadopi, DADVSI et LOPPSI : « Après 5 années de faux débats autour d’Hadopi, sans solution ni bénéfice pour les artistes, pour les écologistes il est urgent de changer les termes de la discussion : ne plus opposer une « riposte graduée » à de prétendus « pirates » du partage, mais soutenir la création en libérant les internautes. Nous souhaitons poser les termes d’un nouveau contrat social qui allie des droits et des devoirs et qui repose sur deux mesures politiques précises : la légalisation du partage entre individus associée à la constitution d’une contribution à la création. Celle-ci permettrait de redistribuer chaque année 1 milliard d’euros, de quoi peser significativement sur la création aux côtés des artistes, notamment les plus précaires. »
En conclusion : « Nous souhaitons que l’élection présidentielle soit le moment pour les internautes de prendre date avec le pouvoir politique, qu’ils trouvent en réponse à leur trop longue attente des propositions politiques enfin adaptées, concrètes et assumées. »
Après François Hollande (PS), c’est une nouvelle charge d’un mouvement de gauche à l’encontre de la politique répressive qui touche Internet depuis plusieurs mois. Cependant, il faut malgré convenir que la situation actuelle de vide juridique ne peut pas s’installer dans la durée et qu’on ne peut pas décemment soutenir une liberté totale d’utilisation et de partage. Mais il y a nécessairement une voie intermédiaire entre le « tout répressif » et le « tout libertaire », une voie que nous risquons de mettre du temps à arpenter, si d’aventure nous décidons d’y circuler un jour. Reste à savoir combien de temps, et jusqu’à quel point, nous devrons d’abord aller dans un sens ou dans l’autre. Vaste question qui divise, mais le débat est justement là pour ça.