Suivant l’exemple d’Amazon avec le Kindle, la Fnac lance sa propre offre sur le marché du livre numérique : un FnacBook directement lié à son catalogue en ligne. L’offre s’étoffe mais il manque encore l’essentiel, et notamment la plupart des bestsellers. Quant au livre électronique, la FNAC n’a pas vraiment choisi le plus performant.
Avec FnacBook, la Fnac se lance résolument sur le terrain du livre numérique. A la manière d’Amazon outre-Atlantique avec son catalogue de livres numériques et son Kindle, le distributeur français propose sa propre liseuse. Elle accède directement au site de vente Fnac.com par ailleurs accessible également depuis un PC, un iPhone et un iPad. La liseuse a été conçue par la société Sagem Wireless et permet de lire des ouvrages au format numérique (PDF, ePub et AVE qui est le format dédié à la BD). Avec sa connexion 3G gratuite ou en WiFi, le FnacBook permet d’accéder à la plate-forme de téléchargement de la Fnac comptant quelque 80 000 titres et 750 bandes dessinées. Les livres téléchargés sont classés au sein d’une bibliothèque numérique en ligne. Ils sont ainsi accessibles sur d’autres supports, six au maximum par compte.
Une offre en devenir
Commençons par parler de l’offre ce qui est tout de même l’essentiel. Elle n’est certes plus anecdotique mais il manque tout de même encore de nombreux auteurs, que ce soit en fond de catalogue ou en nouveautés. Prenons l’exemple des polars et thrillers. On y cherchera en vain des classiques comme Sjowall/Wahlöö, John Grisham ou même Donna Leon. Même Millénium de Stieg Larsson, le bestseller absolu de ses dernières années n’y figure pas. Idem pour le hit de 2010, Les Visages de John Kellermann. Et quand d’aventure on y trouve un auteur comme John Connelly par exemple, c’est un livre parmi dix et pas le dernier forcément. Pour que le livre numérique remplace le papier auprès d’un lecteur digne de ce nom, il faut impérativement que tous les éditeurs y figurent et que la grande majorité des auteurs qui comptent soient disponibles.
80 000 livres, cela peut paraître beaucoup mais c’est peu par rapport aux quelques 500 000 titres actuellement en vente et vendus puisque ne sont comptabilisés que ceux qui ont trouvé au moins un preneur. Et surtout, il faut au moins que les plus lus et les plus connus soient disponibles ce qui n’est pas le cas. Il suffit d’être bredouille plusieurs fois d’affilé en faisant une recherche pour se dire que le bon vieux livre de poche acheté en ligne et reçu en 24 heures par la poste pour quelques euros n’est finalement pas dépourvu d’attraits. La Fnac précise que le catalogue numérique compte 5 à 10 % de nouveautés par mois. C’est bien mais ce n’est pas suffisant.Point fort de ce nouveau livre électronique, l’utilisateur peut se connecter en 3G et en WiFi gratuitement grâce à un partenariat conclu avec SFR. Ainsi, pas besoin d’ordinateur, on peut télécharger des livres sur le site Fnac.com où et quand on le veut et ce très facilement. Pour se connecter, rien de plus simple, il suffit de paramétrer le WiFi et la 3G ce qui se fait en quelques clics. La connexion 3G est d’ailleurs automatique pour l’essentiel, une carte SIM est préinstallée et configurée. Cela dit, le délai de connexion pourrait être un peu plus court (comptez 30 secondes). En WiFi, la démarche est simple et rapide. Seule contrepartie, le FnacBook ne reste pas tout le temps connecté et il faut renouveler l’opération dès que l’on veut télécharger un livre. C’est un peu lassant à la longue. Cela dit, on ne télécharge pas des livres toutes les cinq minutes ! Voici donc le gros avantage de ce produit, mais il présente aussi d’autres aspects positifs.
Son design est satisfaisant. Sa taille permet une bonne prise en mains. Il n’est ni trop lourd, ni trop épais. On peut confortablement l’utiliser dans les transports ou dans son lit, le soir. Pesant 240 grammes, il est parfaitement transportable dans une poche ou un sac à mains. On regrette cependant le choix de la technologie d’encre électronique SiPix qui a tendance à assombrir le fond de l’écran. Résultat, le contraste n’est pas assez prononcé entre le texte et le fond, contrairement au rendu obtenu avec d’autres technologies e-ink ou tout simplement avec un livre classique. L’écran de six pouces tactile est entouré d’un cadre assez large mais justifié. Il permet de placer sur le côté droit quatre boutons : marche/arrêt, page d’accueil, Books pour afficher sa bibliothèque numérique et enfin Store qui envoie directement sur Fnac.com. On regrette qu’il n’y ait pas de bouton pour passer à la page suivante comme nous le verrons pour la partie tactile. Ce cadre permet aussi de prendre le FnacBook en main sans mettre ses doigts sur l’écran !
Un accès multi-support
Le prix d’un titre électronique est maintenant inférieur de 20 à 30% par rapport aux livres classiques ce qui représente déjà un progrès. A titre d’exemple, un roman en grand format à sa sortie coûte en moyenne 21 euros en version papier et environ 15 euros en format numérique. Par ailleurs, beaucoup de classiques de la littérature française comme étrangère sont disponibles gratuitement. D’ailleurs, le FnacBook est livré avec 50 livres pré- chargés. Pour accéder aux livres avec le FnacBook, il suffit de cliquer sur l’icône Fnac Store qui figure sur la page d’accueil ou de presser le bouton du cadre à tout moment. L’interface du site a été adapté à l’écran de la liseuse et s’avère assez clair mais l’offre est la même que sur le site standard.
En plus des informations portant sur le livre sélectionné, l’utilisateur aura accès aux avis et commentaires des vendeurs de la Fnac et à ceux des lecteurs. Pour sélectionner, acheter et télécharger un titre, rien de plus simple. Tout d’abord, l’utilisateur est invité à entrer ses codes pour s’identifier. Ensuite, il a accès au catalogue mais aussi à son compte avec ses informations personnelles et bancaires. Il retrouve également son espace My Fnac avec ses avis, ses sélections et ses préférences. L’achat est immédiat, surtout si les informations bancaires sont pré-enregistrées. Le téléchargement enfin est tout aussi rapide et en quelques clics le livre apparait dans la bibliothèque numérique en ligne.
Elle représente d’ailleurs un des gros atouts de l’offre FnacBook. Tous les livres téléchargés sont accessibles sur six supports : le FnacBook, un PC mais aussi sur l’iPad, l’iPhone ou l’iPod Touch. L’iPad permet par exemple de lire les BD en couleurs ! La Fnac précise que la lecture sur le système d’exploitation Androïd sera disponible très prochainement. En revanche, ce ne sera pas possible avec un Kindle qui n’affiche qu’un format propriétaire. Afin d’accéder à ses livres via un produit Apple, il suffit de télécharger et d’installer l’application FnacBook. Pour synchroniser avec un PC, il faut installer le logiciel gratuit Adobe Digital Editions. Il permet de lire mais aussi de classer les livres téléchargés. Ce logiciel permet aussi d’ouvrir les fichiers ePub. Par la même occasion, l’utilisateur se crée une ID Adobe pour activer FnacBook sur PC.
Malgré quelques bons côtés, la liseuse de la FNAC ne nous pas satisfaits. Elle est définitivement trop lente. L’interface tactile est asthmatique et le délai entre l’action et la réaction fait que l’on se demande à chaque fois si la commande a été prise en compte. Trop lent quand on tourne les pages, trop lent quand on lance une connexion, trop lent lorsqu’on tape du texte, bref ce livre électronique manque cruellement de réactivité. Conséquence, un lecteur plongé dans un roman passionnant sera agacé par les trois secondes de délai pour tourner une page. Il regrettera de ne pas pouvoir revenir en arrière de quelques pages à moins d’y consacrer un long moment.
Que dire de la possibilité de faire des remarques ou de prendre des notes. Lorsqu’on saisit un texte, on a toujours deux lettres d’avance par rapport à l’affichage. Ainsi lorsqu’on fait une erreur, on s’en aperçoit trop tard et au lieu de revenir en arrière d’une lettre, on efface le mot entier ! Et les erreurs sont fréquentes puisque sur le clavier virtuel certaines lettres sont collées au bord ce qui n’est pas très pratique. Cette lenteur est irritante. Elle est aussi inquiétante car le manque de réactivité fait qu’on se demande si le système n’est pas en panne. Seconde lacune qui fait perdre à cet outil un gros potentiel. Tout utilisateur appréciera de pouvoir accéder à ses livres sur six supports différents. Dommage que les notes prises en cours de lecture ne suivent pas ! Résultats. Si un étudiant utilise le Fnacbook pour travailler, prendre des notes, faire des remarques, il ne retrouvera rien de son travail lorsqu’il ouvrira ce même livre sur son PC.
Au final, difficile de savoir si ce livre électronique vaut le coup ! L’accès au catalogue numérique de la Fnac à tout moment et où que l’on soit est un argument vraiment séduisant. Il apporte de ce point de vue une liberté ultime. Mais la liseuse en elle même est vraiment trop lente et manque de contraste ce qui rend la lecture pénible. Si la FNAC sortait la même offre avec un ebook digne de ce nom et un catalogue étoffé au moins des auteurs les plus lus, on crierait au génie. En attendant, on attend la V2.
Caractéristiques
– Technologie d’encre électronique : SiPix
– Affichage : écran tactile de 6 pouces
– Connexion : 3G gratuit (France Métropolitaine) et WiFi (pas besoin d’ordinateur)
– Autres fonctions : Zoom (5 tailles de caractère), accéléromètre, lecteur MP3,
– Stockage : 2 000 livres, extensible jusqu’à 20 000 livres
– Dimensions : 153 x 123,51 x 11,38 mm
– Poids : 240 g
– Autonomie : 15 jours
Prix : 200 euros