Depuis l’arrivée de Free Mobile sur le marché, c’est les grandes manœuvres chez tous les opérateurs, du plus petit au plus gros, chacun y allant de son forfait à prix cassé dans l’espoir d’arrêter l’hémorragie qui semble diriger de nombreux consommateurs vers l’offre de Free. Et dans cette bataille des mots et des chiffres, tous les coups sont bons, surtout les plus bas.
Si Free Mobile doit reconnaître certains couacs dans son lancement (retard de livraison, difficulté avec la portabilité des numéros, facturation hors forfait, question de l’utilisation en « bon père de famille », etc.) pour l’heure l’opération de communication/séduction est une totale réussite puisque 97 % des français déclarent être au courant de l’arrivée du 4ème opérateur, tandis que 78 % envisagent sérieusement de prendre un abonnement : les arguments de Xavier Niel, présentant ses concurrents comme des vampires ayant honteusement profité des vaches à lait que nous sommes, semblent avoir faire mouche.
Inévitablement la riposte est à la hauteur de la charge, même si le mal est fait et la pente bien difficile à remonter. Alors que la barre du million d’abonnés est sur le point d’être atteinte du côté de Free Mobile, la résistance s’organise et prend des allures de chasse aux sorcières. Après avoir été accusé de n’avoir aucun SAV digne de ce nom, de vendre des mobiles à des tarifs prohibitifs, de ne pas avoir de boutiques, voilà que Free Mobile est soupçonné de profiter du réseau Orange pour masquer son absence de réseau propre. En effet la loi impose à l’opérateur d’assumer seul 27 % de couverture du territoire, l’accord sur l’utilisation du réseau d’Orange portant principalement sur son itinérance en 3G. Une belle occasion pour des opérateurs mobiles de mandater des huissiers pour vérifier que le réseau Free Mobile est bel et bien en fonction : quand on ne sait pas quoi répondre, on jette un caillou !
Autre tentative (maladroite) d’éclairer l’offre Free Mobile sous un jour peu glorieux, le fait que cette soudaine baisse des prix va entraîner une perte dans les recettes fiscales de l’ordre de 1.3 milliard de TVA, auxquels s’ajoutent les 3 milliards en moins d’impôts sur les sociétés, le Trésor Public reconnaissant (officieusement) que l’arrivée de Free Mobile aura des conséquences (et là ça fait peur !). L’épouvantail des recettes publiques menacées à l’heure où la France vient de perdre son Triple A (auprès d’une seule agence rappelons-le) est encore de sortie, comme si Free Mobile allait mettre en péril un budget déjà délicat !
C’est un peu vite oublié que cela risque au contraire de profiter au fameux pouvoir d’achat des ménages qui pourront dépenser l’argent économisé dans d’autres secteurs. Mais bon, d’ici à ce que l’argument soit repris pour créer une nouvelle taxe, il n’y a pas des mètres… Dans tous les cas, et pour le moment, toute cette agitation profite aux consommateurs qui voient fleurir, aux quatre coins du réseau, des offres de plus en plus intéressantes. Et juste pour ça, l’arrivée de Free Mobile est une bonne nouvelle même si tout n’est pas parfait.
