Suite à son arrivée tonitruante sur le marché au début de l’année, et face au tsunami tarifaire qui en a résulté, Free Mobile devait s’attendre à diverses conséquences. Depuis son avènement, le réseau Free rencontre des difficultés que le consommateur peine clairement à expliquer : mauvaise gestion technique de Free ? Attaques insidieuses de la concurrence ? Simple période d’évolution inévitable lors de tout nouveau service ? Reste qu’il ne se passe pas une semaine sans qu’une polémique enflamme le réseau. La semaine dernière, une panne d’envergure de Free Mobile devait faire ressortir les loups du bois, à commencer par Orange qui ne manque pas une occasion de fustiger son remuant colocataire.
Et c’est justement au niveau de cette cohabitation – qui semble de plus en plus forcée – que se concentre la plupart des critiques de l’opérateur historique. Celui-ci à signer un contrat d’itinérance qui permet à Free Mobile d’utiliser le réseau d’Orange lorsque le sien n’est pas à même d’assurer son service. Mais depuis que la vague Free a emporté dans son sillage des millions de clients, un tel arrangement ne fait plus vraiment les affaires de personne. Dès lors, Orange dénonce systématiquement tous les problèmes soulevés sur son propre réseau « par Free » et son infrastructure en cours de développement. Ce week-end, la situation s’est un peu plus tendue lorsqu’Orange a déclaré envisager la suspension de l’accord d’itinérance « si des incidents sur le réseau de Free Mobile devaient affecter notre qualité de service ».
Dans l’absolu, la démarche est normale et compréhensible car il n’est pas question qu’Orange et ses clients soient victimes du succès du Petit Poucet. D’ailleurs elle fait suite à une déclaration de Jean-Luc Silicani, président de l’Arcep, qui expliquait que les problèmes des clients Free résultaient des « difficultés techniques dans l’interconnexion entre les réseaux de Free et d’Orange. Je pense que les deux parties ont sous-estimé à la fois le nombre d’abonnés et la quantité de trafic passant par le réseau d’Orange, mais aussi que les offres à 2 euros de Free Mobile conduiraient les consommateurs à ressortir d’anciens téléphones utilisant le réseau 2G. Aujourd’hui, près de la moitié des appels de Free Mobile sont en 2G, mais comme il ne dispose pas d’un tel réseau, ses clients utilisent celui d’Orange ». Ceci pourrait donc expliquer cela.
Reste une question : Orange peut-être vraiment dénoncer le contrat qui « l’enchaîne » à Free ? Oui répond l’Arcep, rappelant que les deux parties sont libres de discuter et de mettre en place d’autres options, tout en précisant que Free Mobile respecte bien son cahier des charge en matière de couverture du réseau (contrairement à ce que claironnent certains ici et là). Et pendant que le bras de fer se poursuit, ailleurs Franck Esser, PDG de SFR depuis 12 ans, est annoncé sur le départ, sans doute en raison de la fuite des consommateurs vers les offres Free. A en croire Bouygues Télécom, Free Mobile pourrait profiter actuellement de plus de 2 millions d’abonnés, ce qui laisse imaginer que les répercussions et les polémiques seront encore nombreuses dans les semaines à venir. Mais Xavier Niel avait prévenu : il ne fera pas dans la dentelle et ce n’est pas le consommateur qui viendra s’en plaindre !
