Fuji X-E1 : la photographie avant tout !

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Fuji est l’une des marques les plus dynamiques du secteur photographique depuis ces deux dernières années. Fort du succès de sa gamme Premium et de son magnifique X-Pro1, la marque verte propose désormais un XE-1 afin de toucher un plus large public. Que vaut donc ce petit frère du X-Pro1 sur le terrain ? Réponse dans notre test !

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Le Fuji X-E1 s’inscrit dans le nouveau système photographique Fuji. Ses spécifications le catégorisent d’emblée dans la classe supérieure, Fuji parle de classe Premium, et vise directement les photographes aguerris. Nouvelle monture et spécifications avancées font du X-E1 un appareil enviable. En effet, outre quelques caractéristiques appréciables mais plus communes, les particularités principales de ce boîtier se trouvent d’abord du côté de son capteur APS-C 16mpix X-Trans (emprunté à son grand frère X-Pro 1) et son large viseur électronique OLED de 2,36mpx !

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Fuji X-E1 : une fiche technique qui place la photo au premier plan

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La classique matrice de Bayer, mise au point par Kodak présente la particularité de pouvoir capturer à la fois du détail et de la couleur. Or, de part son positionnement matriciel formé selon un carré de 4 pixels RVVB chacun, une anomalie visuelle apparaît sur les plus fins détails appelée moiré (sur du tissu par exemple). Pour lutter contre ce phénomène les constructeurs place un filtre Passe-bas devant le capteur pour casser la symétrie des motifs répétitifs. Ce filtre a pour effet négatif de diminuer le piqué des optiques et leur pouvoir résolvant (l’acutance).

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En repensant la matrice de son capteur et en s’inspirant du positionnement aléatoire des grains d’argent sur le film argentique, Fuji a développé une nouvelle matrice basée sur des carrés de 6pixels contenant pour chaque colonne et chaque ligne tous les pixels RVB. Avec une prépondérance pour le Vert, cette dernière couleur étant la plus perceptible à l’œil. La matrice résultante a pour effet d’influer directement sur deux points : une meilleure restitution des couleurs et surtout la possibilité de se passer de filtre passe-bas. L’acutance (netteté des textures) s’en trouve donc amélioré et le piqué est accru. Autre point intéressant, la suppression de ce filtre passe bas permet aussi de rapprocher davantage le fût de l’objectif du capteur. Ainsi un faible « back focus », ici plus petit encore que sur un Nex, permet d’améliorer la diffusion de la lumière sur celui-ci : les défauts optiques comme le vignettage notamment s’en trouve diminués.

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Fuji X-E1 : la visée électronique seulement

Si le X-Pro 1 brillait par la particularité de sa visée hybride (optique et électronique) il restait quelques détails à revoir par rapport à la correction de parallaxe et surtout un cadre de visée optique qui ne couvrait pas 100% de la scène. Fuji contourne le problème en ne proposant que la visée électronique. Est-ce un pis-aller ? Pour la première fois depuis l’apparition des viseurs électroniques je n’ai ressenti aucune gêne durant mon test, ceci notamment grâce à une bonne gestion du contraste. Généralement les viseurs électroniques affichent deux défauts récurents : une rémanence RVB gênante pour l’œil lors du balayage de la scène et un contraste trop fort qui enterre les basses lumières ou les sujets dans l’ombre. Ici ces défauts semblent en grande partie corrigés. Lors de rapides mouvements de l’œil dans le viseur pas de rémanence constatée ni de latence. Les sujets sont clairement définis sans luminosité excessive qui fatiguerait la visée à la longue. La dynamique de ce viseur est réellement appréciable et son dégagement oculaire (qui passe de 14mm à 23mm) le rend utilisable même au porteur de lunette. Techniquement on passe d’un LCD 1,44mpts à un Oled 2,33Mpts et la différence est flagrante à l’usage.

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Fuji X-E1 : une prise en main rassurante

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Prenez un X-Pro 1 réduisez le d’un bon centimètre en longueur et de quelques millimètre en largeur… Allégez le tout de 150grs, vous obtiendrez le dernier X-E1. Non seulement ce dernier est moins encombrant que son grand frère mais il se paie le luxe d’intégrer un flash pop-up (vous pouvez l’orienter vers le haut avec le doigt). Au jeu des sept erreurs on constate que la touche « Lecture » glisse à gauche de l’écran et que ce dernier passe de 3pouces / 1,23Mpts sur le X-Pro1 à 2,8pouces et 460kpts sur le X-E1…Il faut bien justifier les 600 euros d’écart. Mais en pratique la différence ne saute pas aux yeux. Le boîtier tient parfaitement en main. Son ergonomie le rend adapté à une utilisation rapide des deux mains et surtout la finition équivaut à celle perçue sur le X-Pro1. Sans être un Leica on reste dans cette tradition du boîtier compact et robuste.

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Malheureusement Fuji ne parle pas de tropicalisation mais on peut parier sur une utilisation intensive de ce boîtier. Les touches de raccourcis sont relativement nombreuses et la présence d’un Qmenu permet d’avoir un accès rapide aux principaux réglages MAIS ma déception première concernant le X-PRO1 reste malheureusement la même avec ce nouveau venu. 5 touches restent inutilisées pendant la prise de vue. En effet, s’il est possible de personnaliser la touche Fn situé sur le capot, les trois touches de gauche, bas et droite du trèfle restent inactives ainsi que la molette de pouce (cliquable en plus). Il serait bon qu’au prochain firmware ces loups ergonomiques soient corrigés car un tel boîtier a pour destination la rue et sur ce terrain de jeu il faut pouvoir changer ses réglages d’une simple pression du doigt. Notons qu’il n’y a pas de touche d’accès direct à la vidéo non plus.Sur le plan de la qualité d’image il n’y a quasiment aucune critique à formuler. Le Fuji X-E1 reprend le capteur du X-Pro1 et sort des Jpeg d’excellente qualité à tous les niveaux jusqu’à 6400iso. Nous n’avons pu développer les Raws faute de temps malheureusement mais même un photographe averti se satisfera amplement du traitement interne du boîtier. Les images sont à la fois piquées, fouillées, regorgeant de détails tout en offrant une colorimétrie juste et douce. Les couleurs ne sont pas faussement flatteuses et les modes intégrés permettent de se concocter son réglage maison. Sans parler du format carré 1:1 en N&B très apprécié par de nombreux photographes.

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L’apparition du grain lorsque l’on monte en sensibilité est douce et très progressive. Entre 200iso (sensibilité nominale) et 800iso les différences sont ténues et si le grain fait légèrement son apparition à cette valeur il se montre particulièrement discret et fin.

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A 1600 iso la différence ne se voit que sur certaines zones d’ombre et sur des aplats ou le grain est un peu plus visible. Mais l’image reste impeccable. A 3200iso le grain se fait plus grossier mais étonne par sa structure et il n’y a toujours pas de trace de bruit de chrominance.

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A 6400iso un premier palier est franchi mais nous sommes ici sur l’extrémité de la plage d’utilisation nominale du boîtier. Le grain est certes plus visible et les plus fins détails sont lissés. De même l’image affiche une légère désaturation. Mais sur le terrain toute la plage de sensibilité est utilisable sans se poser de question.

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Vous pourrez choisir le mode Iso Auto et laisser aveuglement le boîtier décider de la meilleure sensibilité. Petite parenthèse regrettable, il n’est pas possible de déterminer en dessous de quelques temps de pose nous ne souhaitons pas descendre. Cela permettrait de contrer le flous de bouger par exemple d’autant plus qu’il n’y a pas de stabilisation. Les modes 12800iso et 25600iso ne sont accessibles qu’en Jpeg. Dommage car nous sommes persuadés qu’il est possible de tirer quelque chose de plus propre que ce que le boîtier propose à 12800iso. Le grain, évidemment plus grossier est bien présent mais surtout les détails sont désagréablement lissés. Le bruit de chrominance est visible dans les zones d’ombres. Correctement exposé et en jouant sur les réglages proposés entre netteté et réduction du bruit il est possible de sortir encore un A4 correct et à condition de ne pas coller son nez dessus.

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Fuji X-E1 : AF en gros progrès

Lors de notre première prise en main, l’autofocus du X-E1 muni de son zoom 18-55mm f/2,8-4 nous a fait bonne impression mais c’est muni deux focales fixes (le 18mmm et le 35mm) que nous l’avons testé quelques jours ces derniers temps. Le résultat est sans appel : non seulement la qualité d’image est aussi bien qu’avec le X-Pro1 mais l’AF est plus véloce. En effet, si nous avions constaté auparavant quelques erreurs de mise au point et surtout des hésitations agaçantes en intérieur, l’AF s’est montré fiable en quasiment toutes circonstances ici. Cependant nous sommes encore loin de la quasi-instantanéité des systèmes développés par Olympus, Panasonic et de certains réflex (on pense notamment au système 3D de Nikon). Saluons donc le progrès fait mais il reste encore une marge de progression. De la même façon si l’AF en continu accroche un peu mieux les sujets il reste en retrait par rapport à la concurrence.

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Fuji X-E1 : un mode vidéo en retrait

Pour le moment Fuji présente son X-E1 comme un boîtier essentiellement photographique mais la vidéo tend à s’installer progressivement dans l’univers de la marque. Celle-ci propose un Micro optionnel que le X-E1 pourra recevoir grâce à sa prise dédiée. Si la qualité de l’image est bien présente, FHD 1080p 24im/s, elle ne peut rivaliser avec ce que propose la concurrence. L’AF est encore trop lent et gratte pour trouver le point. Le son est franchement désagréable tant les bruits de motorisations et de recherche du point sont présents. Notons pourtant une image plutôt définie et douce. Il est largement préférable de couper l’AF et de faire la mise au point à la main ce qui permettra aussi d’afficher une échelle de distance et une loupe de magnification. Le mieux serait une fonction de Peaking et un écran monté sur rotule mais est-ce la priorité de la marque ? Face à la concurrence le X-E1 ne peut rivaliser avec les ténors de la catégorie mais ce n’est clairement pas son ambition.

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Fuji X-E1 : un boîtier presque parfait

La concurrence est particulièrement véloce et chaque marque tente de se distinguer par le gadget ultime. Derrière cette course se cache une autre réalité ; qui utilise vraiment les fonctions gps de son appareil photo ou l’écran tactile ou le WiFi ou une autre fonctionnalité qui n’a pas vraiment trait à la photo de base ? Si vous êtes passionné par l’image et que vous recherchez un système performant le X-E1 est peut-être ce qui vous conviendra le mieux. Doté de 4 focales fixes et d’un zoom le système est en train de se construire. La dynamique commerciale Fuji est intéressante car la road map prévoit un télé-zoom et d’autres focales fixes en 2013. La qualité d’image est exempte de défaut jusqu’à 6400iso et la prise en main se révèle être un véritable plaisir au quotidien. Peu de défaut viennent gâcher ce test donc, hormis les loups ergonomiques cités plus hauts et déjà relevés lors de notre test du X-Pro1. Bravo à la marque pour ses efforts et ses ambitions clairement photographiques. Il faut poursuivre !

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Retrouvez tous les tests d’appareils photos numériques dans nos pages.

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9/10

Les Plus

  • Design
  • Prise en main sérieuse et agréable
  • Viseur confortable

Les Moins

  • Touches inutilisées dans le mode de prise de vue
  • Mode vidéo en retrait

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