La gamme des hybrides Fuji s’étoffe peu à peu et couvre un champ de plus en plus large d’usage. Nouveau venu, le Fuji X-T1 coiffe la gamme des hybrides Fuji équipés d’un viseur électronique. Si beaucoup d’aficionados de la marque attendaient le remplaçant du X-Pro 1(largement plébiscité pour sa qualité d’image et son viseur hybride) Fuji surprend avec un nouveau boîtier plus orienté pro, pourvu de la tropicalisation, d’une électronique revue et de quelques autres raffinements. Comment se positionne le X-T1 face à la concurrence ? Réponse dans notre test !
C’est la première fois que, dès la prise en main, un boîtier Fuji nous rassure autant. Non pas que les autres soient mal construits mais le Fuji X-T1 a un petit quelque chose en plus qui lui permet de se démarquer des séries précédentes. Outre son châssis en magnésium, le boîtier se couvre d’une finition tout temps avec 80 points d’étanchéité. La finition est d’un excellent niveau et l’ensemble met en confiance. Le boîtier est dense, le revêtement agréable au toucher et des loquets de blocage évitent un dérèglement intempestif des molettes de réglages de la sensibilité et de la vitesse. Seule celle de la correction d’exposition n’en est pas pourvue mais son crantage est suffisamment ferme. Notons au passage que son style, toujours inspiré des boîtiers argentiques des années 70-80 et plus particulièrement du Fujica, peu importé chez nous, lui sied particulièrement bien.
Bref, le X-T1 a de la gueule. Pour l’instant il n’y a pas d’optiques tropicalisés dans la gamme X Fujinon mais deux optiques intéressantes feront bientôt leur apparition, les 16-55mm f/2,8 et 50-140mm f/2,8 toutes deux siglées des initiales WR pour Wheater Resistant. Un bon point pour rassurer les potentiels acheteurs « pro ».
Dans un même élan, Fuji a décidé aussi de rassurer une partie du public en reprenant les codes du reflex : large poignée et viseur central sont désormais de la partie. Jusqu’à présent les viseurs Fuji de la série Premium étaient situés sur la gauche des appareils pour rappeler les boîtiers télémétriques. Donc comme Olympus et son OMD E-M1, le X-T1 s’apparente d’avantage à un reflex avec son faux prisme en toit et la possibilité de lui adjoindre des accessoires comme la poignée verticale d’alimentation. Sachez d’ailleurs qu’en mode portrait il est possible de basculer à la verticale toutes les informations dans le viseur, un véritable plus qui accroît l’usage de ce dernier. Non seulement sa définition est excellente avec ses 2,36 Millions de points mais en plus son dégagement oculaire de 0,77x lui permet d’égaler voir de surpasser les meilleurs reflex professionnels. Reste qu’il s’agit là d’un viseur électronique avec les avantages et inconvénients que nous lui connaissons : pratique grâce à la possibilité d’afficher beaucoup d’informations et le rendu d’une scène en temps en réel, même par faible luminosité, il pêche sur les scènes à fort contraste où lorsque les sujets sont en mouvements rapides. C’est mieux que le Fuji X-E2, notamment en raison de la cadence de rafraîchissement à 54 images par seconde, mais pas aussi fluide ni naturel qu’une visée optique.
L’écran LCD de 1,034 Millions de points est monté sur charnière ce qui autorise une visée poitrine en photo de rue mais il n’est malheureusement pas tactile. Dommage, car la concurrence hybride s’y est mis depuis longtemps et les utilisateurs de smartphone sont nombreux à apprécier le pilotage ou la navigation au doigt. De nombreuses touches de personnalisation (6 en tout) et de raccourcis agrémentent la préhension et on note la présence de deux molettes, l’une pour le pouce, l’autre pour l’index pour gérer les paramètres de prises de vue ou la lecture d’une image.
Au dos de l’appareil, la touche Q menu offre un accès rapide aux principaux paramètres de prise de vue et il est possible d’activer une aide à la mise au point manuelle directement via la touche « Focus Assist ». Astuce signée Fuji, il est possible d’afficher un double écran dans le viseur pour une précision accrue lors de la mise au point. Enfin, il est possible de charger la carte mémoire sur le côté et, première mondiale, le Fuji X-T1 est le premier boîtier à proposer la norme UHS II pour un débit allant de 156 à 312 Mo/s. Malheureusement il vous faudra un lecteur spécifique ! Pour finir sur l’aspect extérieur, si le boîtier offre une prise synchro flash allant jusqu’à 1/180s, il n’est pas équipé de flash intégré. Ce dernier s’installe directement sur la griffe flash et monte assez haut pour ne pas causer d’ombre. Sa puissance raisonnable de NG 11 à 200 ISO lui permet d’être à l’aise dans les situations de la vie courante (portait, scène de famille, reportage etc.)
Fujifilm X-T1 : Qualité d’image superlative en Jpeg
Le Fuji X-T1 intègre en grande partie l’électronique du X-E2 et son capteur 16 Mpixels X Trans II mais fait évoluer l’électronique de traitement avec la possibilité de pousser la rafale à 8 img/s et de simuler un rendu d’image Jpeg à 51200 ISO. Cependant en Raw il n’est pas possible de dépasser les 6400 ISO. Fujifilm a retravaillé son autofocus hybride avec un couplage de détection de contraste sur 49 zones et une détection de phase sur 142.000 points. Dans la pratique le gain n’est pas énorme. Si le boîtier se montre réactif avec le zoom 18-55mm f/2.8-4 il peine à faire avancer promptement les lourdes lentilles du 35mm f/1.4. Un léger handicap qui le pénalise face à la vélocité de l’O-MD E-M1 et son redoutable autofocus de course. L’autofocus du X-T1 est à l’aise en reportage en plein jour mais marque encore quelques hésitations lorsque la lumière manque.
Ne boudons pas notre plaisir, la qualité d’image est toujours excellente de 100 à 6400 ISO, quelques soient les conditions de lumières. 6400 ISO marque un premier palier, les détails commencent à être lissés mais l’image garde une belle tenue. Sur le palier suivant, le bruit se fait plus grossier mais la granulation reste acceptable si vous n’imprimez pas trop grand. A 25600 ISO le bruit de luminance est beaucoup plus présent mais pas désagréable. La granulation est vraiment très argentique, en revanche des amas de bruits chromatiques font leur apparition et gênent la lecture. La dynamique est clairement en baisse aussi. L’idéal serait de passer en noir et blanc à ce stade. Les 51200 ISO ne sont pas vraiment agréable le bruit apparaît en bande et une dérive violacée s’installe sur les ombres, à n’utilisez qu’en secours. Sur des valeurs plus classiques le capteur X Trans II reste une référence dans le traitement du bruit et le rendu des couleurs. La simulation de film Astia a d’ailleurs notre préférence pour sa douceur et son rendu des tons chair. Évidement on pourra aussi jouer directement avec les filtres artistiques intégrés pour s’épargner un temps de retouche sur ordinateur.
Fujifilm X-T1 : Pas exempts de défauts
Si le X-T1 arbore un look rétro il n’est pas dépourvu de raffinement technologique moderne. Avec son Wi-Fi intégré, comme le X-E2 il pourra communiquer avec un smartphone pour envoyer ses images ou se faire télécommander à distance. L’application Camera Remote est assez complète puisqu’on peut régler les paramètres de la prise de vue, lancer un intervallomètre ou même géomarquer les images mais j’ai dû m’y reprendre à cinq ou six fois avant que la connexion entre les deux boîtiers se fassent. A quand une puce NFC pour simplifier la vie des utilisateurs ? De la même façon l’interface graphique du menu mériterait un bon coup de balais. Les fonctions sont nombreuses mais il faudrait les hiérarchiser peut être autrement ou créer un système d’onglet plus ergonomique pour simplifier la navigation. Enfin un dernier mot sur la vidéo : la résolution Full HD 1080p 60 image par seconde est intéressante et le rendu est globalement agréable sur les scènes de la vie courante mais si vous regardez les fin détails vous constaterez l’apparition de moiré. C’est franchement dommage d’autant plus qu’il n’est pas possible de reprendre la main sur les paramètres de prise de vue en court d’enregistrement, pas plus que la possibilité de filmer avec les filtres artistiques. La vidéo n’est pas le fort du X-T1 par rapport à la concurrence mais pour quelques souvenirs cela suffira largement.
Reste que globalement le X-T1 est un boîtier que l’on n’a pas envie de rendre à son propriétaire une fois testé ! Il n’est pas exempt de défauts et si son autofocus devient cette fois vraiment utilisable en reportage de presse avec le 18-55mm f/2.8-4, la mise au point avec notre seconde optique le 35mm f/1,4 est laborieuse lorsque les sujets sont en mouvement ou que la luminosité est faible. Pour le reste le X-T1 s’inscrit comme l’un des Fuji les plus polyvalents testés à ce jour. De son look à sa qualité d’image en passant par son ergonomie ce boîtier apporte une véritable valeur ajoutée à la marque et satisfera un public exigeant. En embuscade, Sony propose pour un prix voisin un hybride plein format mais le parc optique est pour l’instant réduit à peau de chagrin et de l’autre côté du spectre, Olympus a présenté un OM-D E-M1 extrêmement séduisant avec un très large parc optique mais son capteur est en retrait face au Fuji. Le X-T1 pourrait donc se montrer la juste alternative et le bon choix du moment, pour peu que vous acceptiez de travailler avec un viseur électronique…