Filmer en plongée est un rêve généralement inaccessible car un caméscope, son caisson et des torches sont très chers et très encombrants. Le spécialiste de la caméra subjective GoPro commercialise désormais un boîtier adapté à la plongée et Liquid Image propose même un masque qui filme. Mais ce n’est pas aussi simple qu’il y parait.
La plongée est un sport qui se démocratise de plus en plus. Et comme pour les autres sports actifs, immortaliser les meilleurs moments en vidéo y est tout aussi prisé. Seulement sous l’eau, il y a de nombreuses contraintes qui rendent la chose compliquée et surtout coûteuse. Jusqu’à présent, il fallait un caméscope placé dans un caisson et accompagné par des torches puissantes. A la rigueur pouvait-on se satisfaire d’un compact dans un caisson mais le résultat n’est pas très probant, notamment parce que le champ optique n’est pas vraiment adapté, tout comme la qualité sans torche est vraiment limitée, à la fois par manque de couleurs mais aussi par la présence d’un grain encore accentué par les particules dans l’eau.
Il semble du coup assez évident d’avoir recours à la caméra ultime pour le sport, j’ai nommé la GoPro Hero 2 dont la qualité n’est plus à démontrer et qui est utilisée par de nombreux professionnels pour la TV. Si le boîtier transparent fourni en standard est effectivement étanche, sa lentille ronde n’est pas vraiment prévue pour la plongée et le résultat n’est pas vraiment à la hauteur des espérances sous l’eau. Logiquement, GoPro a donc sorti un boîtier spécifiquement développé pour la plongée avec un objectif plat pour des images piquées et contrastées.
En parallèle, la société Liquid Image va encore plus loin et propose carrément un masque qui inclut une caméra HD. Nous avons glissé les deux appareils dans nos bagages et avons embarqué pour les Maldives, terrain de jeu idéal s’il en est.
Liquid Image : le masque qui filme
Le masque Liquid Image Scuba Wide Angle est certes plus lourd qu’un modèle standard mais il s’adapte bien à la plupart des visages et s‘avère confortable sous l’eau. Il est possible de choisir en deux tailles M et XL. Un masque reste cependant un objet très personnel dont le port ne dépend pas que de la taille mais aussi de la forme et particulièrement de celle de la jupe qui doit s’ajuster hermétiquement au visage. Même si le masque Liquid Image est très tolérant, il est vivement conseillé de l’essayer dans un magasin avec le test habituel pour voir s’il tient sans sangle le visage vers le bas.
La caméra est intégrée et curieusement les concepteurs ont choisi de l’alimenter par quatre piles AAA ce qui contribue grandement au poids. Une batterie au lithium aurait été préférable même si l’autonomie est vraiment longue, plus de 15 heures. Cela implique aussi qu’à chaque changement, il faut dévisser et revisser les deux logements, à la longue cela risque de poser problème. L’étanchéité est pourtant bien pensée car le joint vient se loger entre le filetage et le capuchon transparent ce qui permet de voir si l’étanchéité est parfaite, une bonne garantie.
Sur le haut, un autre capuchon donne accès au logement pour carte micro-SD. Un seul levier permet de tout manipuler. Un blocage en caoutchouc empêche tout déclenchement intempestif durant le transport. Une fois dans le bon mode, une lumière bleue annonce que la caméra est prête, un appui déclenche la prise de vue confirmé par un clignotement de la LED qui est bien visible pour l’utilisateur.
Liquid Image : s’il n’y avait les bulles
Avec le masque Liquid Image, les photos sont à oublier car en l’absence de visée et de flash, les clichés sont de piètre qualité. La caméra filme en 720p à focale fixe avec un champ grand angle qui permet de bien couvrir l’action même si on bouge un peu la tête, ce qui est essentiel en l’absence de visée.
A l’intérieur du masque, il y a d’ailleurs un petit écran LCD monochrome qui ne sert qu’à terre pour régler le mode avant de plonger. La profondeur maximale est donnée pour 40 mètres ce qui suffit amplement en plongée récréative.
La qualité de la vidéo est correcte pour une caméra portée sur la tête et avec un peu d’entraînement le bougé est acceptable. Reste que la netteté et le piqué ne sont pas vraiment enthousiasmants. Evidemment l’absence de lumière additionnelle aboutit à un rendu très fade avec des couleurs qui disparaissent progressivement au fur et à mesure que l’on descend. Pour le corail ou les petits poissons multicolore, il faut filmer à moins de dix mètres ou avec une torche alors que pour du gros, comme des requins dans le bleu, on peut aller jusqu’à 20 mètres.
Le seul problème du masque Liquid Image est qu’il est inutilisable en plongée bouteille pour une raison évidente mais dont on ne se rend compte qu’après la première utilisation. Les bulles générées par la respiration dans le détendeur montent devant la tête et passent donc devant la caméra. Pour filmer, il faut retenir son souffle, un exercice peu recommandé en plongée et qui ne peut pas durer longtemps, sans parler du fait que cela fait monter le plongeur. Le masque ne peut donc s’utiliser qu’en tuba avec un résultat peu convainquant en filmant du haut ou en apnée. A moins d’être un professionnel de la plongée libre, l’investissement de 300 euros ne semble guère justifié. Toujours est-il qu’en plongée bouteille, le masque est inutilisable.Nous sommes donc passés à la GoPro Hero 2 en comprenant immédiatement que le serre-tête fourni n’allait pas être utilisable pour la même raison des bulles. Comment faire dès lors pour fixer la caméra sur le corps à un endroit pratique où rien ne gêne son champ de vision ? Ce n’est pas possible ou du moins nous n’avons pas trouvé. Le seul moyen est de fixer la GoPro sur une poignée à tenir en main.
Du coup, il faut investir 100 euros de plus dans l’écran LCD optionnel pour avoir une visée et pouvoir cadrer correctement.
Comme aucune fixation de ce type n’est prévue par GoPro, il a fallu improviser. Nous avons pris la poignée plastique d’une torche sous-marine et nous y avons fixé les rotules GoPro avec un système de vis et d’écrou. Pour ce faire, il a fallu limer un peu une des rotules. Le résultat est très probant avec une possibilité de régler les axes verticaux comme horizontaux. On peut ainsi filmer à bout de bras ce qui s’avère très stable. Une attache sangle autour du poignet évite de perdre la caméra au fond de l’eau.
Nous avons été confortés dans notre construction en rencontrant sous l’eau une planquée de plongeurs filmée par leur guide qui avait opté pour un système similaire mais avec une tige bien plus longue. C’est une bonne idée car le champ de l’objectif étant très large, il est difficile de s’approcher suffisamment d’un poisson ou d’un plongeur.
Un caisson bien pensé
Nous ne reviendrons pas en détail sur la caméra Hero 2 en elle-même. Vous pouvez lire tout le bien que nous en pensons ici. L’écran LCD qui se fixe à l’arrière de la caméra est précieux dans de nombreuses situations et permet aussi d’évaluer immédiatement le résultat. Il est lumineux et bien lisible au soleil. En plongée avec notre dispositif, il permet de viser assez précisément malgré sa petite taille et le fait qu’on le voit à travers un masque dans l’eau.
Le boîtier de plongée qui vaut 60 euros est en fait le même que le standard en termes de construction. Il ne diffère que par un objectif très large en verre qu’il est possible de protéger par un cache fourni.
L’étanchéité est assurée par un gros joint qui ne nécessite aucun entretien, si ce n’est de s’assurer qu’aucun cheveux ou grain de sable ne vienne s’immiscer. Nous avons plongé a près de 40 mètres avec et il n’y a pas eu de problème d’infiltration.
Sous l’eau, les boutons de mise en marche et de déclenchement se manipulent bien, ils ne durcissent pas trop en profondeur. Emporter la caméra en plongée s’avère très agréable car déjà en amont elle ne dérange pas par son encombrement et son poids très réduits.
Sous l’eau, son équilibre est légèrement négatif, elle coule donc doucement. C’est pratique car on peut la laisser pendre au poignet quand on ne s’en sert pas. On filme très facilement et en faisant un peu attention, le cadrage est bon et cela ne bouge pas trop. L’objectif grand angle permet de filmer sans avoir à trop se soucier de la visée mais pose aussi des problèmes. Pour filmer un poisson en gros plan, il faut vraiment lui mettre la caméra sous le nez. Or la plupart des animaux ne vous laissent pas approcher suffisamment, surtout les gros comme les requins.
Belle image mais peu de couleurs
Quoi qu’il en soit, le résultat est vraiment bluffant. L’image est piquée, nette, fluide et bien exposée. Si on prend soin de ne pas trop bouger, la vidéo est aussi d’une remarquable stabilité. S’il n’y a pas trop de particules dans l’eau, on a presque l’impression qu’il n’y en a pas et en tous les cas, le contraste et la luminosité sont bons tant que la lumière à la surface ne manque pas, comme c’est le cas aux Maldives. Lorsque le contraste devient trop fort, la dynamique de la caméra abdique parfois et brûle les hautes lumières mais rien de dramatique quand on le sait. Le véritable problème réside bien évidemment dans les couleurs. Sans éclairage sous l’eau, on perd le rouge dès cinq mètres puis progressivement les autres couleurs pour se retrouver à 30 mètres dans un univers bleu/vert monochrome. Au loin, il n’y a de toute manière pas de solution et pour filmer des paysages ou des bancs de poisson, il faut le faire à faible profondeur. En revanche comme déjà mentionné, filmer un requin dans le bleu donne un bon résultat, même au-delà de 20 mètres, le problème étant de s’en approcher. Pour filmer des poissons, il est donc nécessaire d’avoir une lumière, or les torches pour filmer sous l’eau sont énormes et hors de prix.
GoPro Hero 2 : encore plus de bricolage
Nous avons essayé d’éclairer par moment avec la nôtre qui est une des plus puissantes en petite taille, une Fish Eye 1 000 lumens à LED avec une autonomie d’au moins une heure et demie. Elle se trouve d’ailleurs désormais en 1 500 lumens. Comme elle ne mesure que 68 x 140 mm pour 500 grammes, ce serait une bonne solution pour la coupler à la caméra. Eclairer de l’autre main ou aidé par un autre plongeur donne des résultats très approximatifs. Aux Maldives, il n’y avait pas l’équipement nécessaire mais on peut imaginer prendre un rail pour appareil photo et d’y fixer la GoPro et un torche à LED puissante mais compacte pour obtenir un ensemble qui soit encore très peu encombrant, comparé aux caméscopes de plongée habituels. Cela nécessite cependant pas mal de bricolage et fait monter le prix car une torche de cet acabit vaut au moins 500 euros. Si on y ajoute la GoPro Hero 2 à 300, l’écran à 100 et le caisson à 60, on va passer les 1 000 euros avec la construction du support. Sans aller jusque-là et avec un support bricolé comme le nôtre, il est tout de même possible de rapporter des souvenirs regardables, les vidéos manqueront juste de couleurs !