Maintenant que le budget pour 2013 est officiel, et même s’il doit être encore validé, l’Hadopi connaît son (nouveau) sort avec une enveloppe prévisionnelle de 8 millions d’euros, soit 4 de moins que la demande initiale de la Haute Autorité. Si du côté d’Hadopi on préfère temporiser les choses en rappelant qu’il ne s’agit là que d’une proposition, et non d’une décision définitive, le fait est que le candidat Hollande avait annoncé la couleur durant la campagne présidentielle, une couleur confirmée par Aurélie Filipetti après son arrivée à la tête du Ministère de la Culture. Ce n’est donc pas une immense surprise, et si l’Hadopi n’est pas enterrée, elle emprunte tout de même le chemin de la désolation (un chemin à 8 millions !).
Dans le même temps, Pierre Lescure, en charge d’une mission visant à réfléchir à « un autre Hadopi », peine lui aussi sur un dossier qui semble aussi délicat qu’une adaptation réussie de Dune. Pourtant l’homme n’est pas du genre à rendre les armes facilement. Ainsi la première étape est atteinte, à savoir « essayer de convaincre tout le monde, les pros et les anti-Hadopi, ce que nous sommes pratiquement parvenus à faire puisqu’ils vont venir dans cette mission, dialoguer avec nous et étudier toutes les pistes ». Reste que le problème principal semble venir de la complexité des entreprises qui délocalisent ou jouent avec la fiscalité en vigueur afin de s’exonérer de charges trop lourdes. Mais à côté de ces titans de la distribution numérique, Pierre Lescure doit aussi prendre en compte que la démocratisation d’Internet a fait de chaque internaute un diffuseur potentiel.
Au final, et sans qu’il soit encore possible de savoir à quoi va bien pouvoir aboutir cette mission, que beaucoup critiques déjà, et parfois pour des raisons très variées, Pierre Lescure explique qu’il y aura inévitablement « une forme de couche d’abonnement ou de licence. Et puis il y aura une offre graduée, comme il y a de la riposte graduée » Alors « l’Hadopi 3.0 » une grande école des fans où l’on tentera de faire plaisir à tout le monde, ou un coup d’épée dans l’eau qui ne pourra vraiment devenir utile que lorsque la concertation sur ces problèmes qui touchent toute la planète seront abordés par l’ensemble des pays du globe ? Ouais, dis comme ça, c’est pas pour tout de suite quand même…