L’IFA de Berlin a conquis au fil des ans le statut de salon incontournable pour le hi-tech en Europe. Si cela n’a pas changé en 2013, il semble tout de même que la motivation des exposants était moindre. Sur des stands moins pharaoniques, les réelles innovations ne se bousculaient pas et lors des tours de stand on sentait bien que l’enthousiasme était mesuré. De plus, les allées étaient nettement moins encombrées que l’an passé, particulièrement le samedi qui est en général le jour où le grand public allemand se déplace en masse. On pouvait toujours s’émerveiller devant des bandes de jeunes adolescentes en short captivées par des téléviseurs chinois ou par des familles qui ne ratent aucun stand avec leur mouflet en poussette mais il ne fallait pas se battre pour approcher un produit chez Samsung ou chez LG. Quoi qu’en disent les chiffres avancés, l’IFA n’a pas fait le plein cette année. Ni les visiteurs professionnels, ni le grand public ne sont déplacés en masse. La faute à une consommation en berne mais aussi et surtout à un hi-tech qui peine désormais à se renouveler. La désaffection du public allemand en témoigne car le pouvoir d’achat reste élevé chez nos voisins. Il faut dire aussi que la tâche se complique singulièrement. Ce qui plait au plus grand nombre, ce sont les smartphones et les tablettes. Or l’innovation matérielle devient compliquée car une fois que l’écran est géant et que le processeur suffit à faire fonctionner un data center, que faire de plus. Jouer avec le design est tout aussi difficile car en gros les appareils se résument à un écran.
Pour les téléviseurs traditionnellement au cœur de l’IFA, la situation est encore plus compliquée. Après un rééquipement massif, les ventes sont en chute libre, tous comme les prix. On vous propose de l’ultrafin, ultra design et ultra smart en 55 pouces à 700 euros. Dans ce contexte que faire ? Les grands fabricants tentent de séduire par la très haute définition Ultra HD et par l’OLED. Il est vrai que les visiteurs émerveillaient devant mais sans trop y croire non-plus en l’absence de sources pour l’Ultra HD et devant des prix que seuls les émirs du pétrole peuvent payer. L’audio qui avait été la bouée de secours ces derniers temps s’essouffle aussi car à vouloir trop en faire on lasse. Faire payer des casques fashion une fortune, cela fonctionne quand c’est exclusif. Avec un milliard de fabricants, c’est moins évident. Et ne parlons pas du nombre d’enceintes Bluetooth toutes similaires présentées sur le salon. Certes la situation économique en Europe n’aide pas mais au-delà il y a quand même une réelle remise en question qui est à envisager. Si on veut que le hi-tech fascine toujours autant avec la captation d’une bonne part du budget des ménages à la clef, il va falloir que les constructeurs prennent un peu plus de risques. Explorer de nouveaux horizons, tenter l’improbable, c’est ainsi que l’industrie a toujours avancée. Certains y parviennent et pas forcément de gros acteurs. Ils sont cependant trop minoritaires et de nouveaux segments prometteurs comme la santé connectée ou la maison intelligente étaient quasiment absents de l’IFA. Heureusement que nous somme méticuleux et n’avons pas laissé le moindre hall en sous-sol inexploré ce qui nous a permis de dénicher quand même quelques innovateurs, parfois même français !
