Jeux : la fin des supports physiques ou la mort !

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Quand David Darling, co-fondateur de Codemasters, prend la parole, ce n’est pas pour réciter une douce poésie ou exhorter les foules à découvrir ses nouveautés. Prophète de l’apocalypse, c’est plus une mise en garde en forme d’ultimatum qui anime son propos : en substance, si Microsoft et Sony n’abandonnent pas purement et simplement le support physique au profit du tout numérique, ils n’auront aucune chance de survivre ! « Les consoles telles que nous les connaissions jusqu’à présent sont des dinosaures en voie d’extinction au fur et à mesure que la distribution évolue. Ces créatures d’un autre âge doivent s’adapter au nouveau paradigme incarné par Steam, Facebook et l’App Store, désormais à la pointe de l’innovation. Les médias physiques (DVD, CD) sont à l’agonie et l’avenir réside dans la distribution dématérialisée. Dès lors, si les prochaines consoles reposent toujours sur l’utilisation de disques ou de cartouches, c’est un échec assuré ! »

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Pour David Darling, il faudra choisir entre les revendeurs classiques et leurs boutiques, ou l’avènement du tout digital. Il faut dire que la profusion de titres proposés à des tarifs très agressifs – entre 2 et 6 € sur l’App Store par exemple – impose une concurrence impossible à soutenir pour les jeux traditionnels (comprenez sur consoles/PC avec boite, disque & Co) : « Les constructeurs vont devoir vendre des jeux à 2 € car dans le cas contraire, ils perdront la compétition face à Apple ! Après le problème des joueurs est différent, et ils sont par nature réticents à toute évolution. En 1986, les gens ne voulaient pas abandonner leurs vinyles pour le CD. Aujourd’hui ils refusent d’accepter l’idée que le média physique et les revendeurs vont disparaître pour laisser la place à une nouvelle distribution. »

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Si l’analyse tient la route sur la forme – il est clair que de plus en plus de joueurs trouvent leur plaisir du côté de l’App Store avec des petits jeux pas chers et idéalement adaptés à nos vies trépidantes – dans le fond c’est beaucoup plus discutable, et un peu prosélyte. Ainsi le tout numérique, qui deviendra qu’on le veuille ou non une réalité un jour ou l’autre, pose quand même la question des joueurs ne possédant pas un accès Internet suffisamment puissant pour permettre un accès confortable pour télécharger le jeu, puis en profiter. Ensuite quid de l’espace de stockage ? Les jeux étant de plus en plus gros, comment les stocker sans avoir à effacer un titre pour un autre, avec la contrainte d’un (re)téléchargement ultérieur ? Dans le même ordre d’idée, les jeux à 2 € c’est bien beau, mais quel modèle économique adopter pour les jeux d’envergure qui ne peuvent pas être vendus à un prix aussi dérisoire ? Pour mémoire, tous les blockbusters qui sortent actuellement en version dématérialisée sur Steam par exemple sont vendus au même tarif que la version physique en boutique ! L’intérêt pour l’utilisateur ? Aucun si ce n’est qu’il doit, et devra, télécharger son jeu à chaque réinstallation de son système ou lorsque le manque d’espace de stockage le poussera à l’effacer temporairement. Et nous passerons aussi rapidement que David Darling sur les possibilités de piratage d’un compte (et donc d’une ludothèque de plus en plus fournie), de l’obligation d’une connexion Internet pour jouer (même en solitaire), et le problème, toujours plus épineux, du marché de l’occasion que développeurs et éditeurs souhaitent mettre à mort.

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Bref le tout dématérialisé est une étape inévitable, mais encore faut-il préparer son arrivée avec sérieux et pragmatisme au risque de voir une industrie s’effondrer sur elle-même. Et puis David Darling annonce aussi, dans des termes assez clairs, la disparition d’une autre espèce : le vendeur de jeux vidéo qui participa pourtant directement au succès du secteur. Parfois ce que nous appelons « évolution » mérite-t-il vraiment ce nom ?

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