Il aura fallu un peu moins de neuf ans pour qu’une nouvelle norme de réseau mobile fasse son apparition en France. La 4G est en effet disponible depuis quelques mois avec une volonté des opérateurs de déployer leur réseau rapidement. Faut-il franchir le pas et acquérir un nouveau téléphone ou patienter ? Voici quelques éléments de réponse.
De plus en plus de Français utilisent leur smartphone pour surfer sur le Web partout. Et si la 3G offre en théorie un débit largement suffisant pour le faire, c’est souvent très lent comme vous l’avez sans doute constaté à de maintes reprises. Cela s’explique par une couverture toujours insuffisante et surtout par le fait que tous les abonnés se partagent le débit possible là où ils sont. Ce problème ne sera que partiellement réglé par la 4G car il va falloir du temps pour que la couverture soit comparable à celle de la 3G. En revanche là où on sera en 4G, on peut espérer qu’au moins le chargement des pages Internet soit instantané. Aujourd’hui, c’est le cas évidemment car peu de personnes sont abonnées à la 4G. Pour le téléchargement de données et d’applications lourdes ou pour la musique, la TV et la vidéo en direct, il est clair que cette nouvelle norme pourrait changer l’usage du smartphone qui ne sera plus restreint à la connexion WiFi au domicile. Car actuellement et en l’état du trafic comme de la couverture, toutes ces actions sont rarement possibles en 3G. Restent deux problèmes de taille pour la 4G : la couverture et surtout le forfait dispendieux qui limite le volume des données.
La théorie et la réalité
Un large fossé existe entre les normes, les débits théoriques et la réalité. Si la 3G commence à dater, la norme a été mise à jour à de nombreuses reprises depuis son lancement, avec à chaque itération des gains substantiels en performance. Ainsi le DC-HSDPA+ (plus connu sous le nom de dual-carrier) est capable d’offrir jusqu’à 42 Mbps de débit contre 384 Kbps aux débuts de la 3G. On pourrait se dire que c’est largement suffisant puisque cela correspond au double d’une bonne connexion ADSL à 20 Mbps. Sauf que l’on n’atteint jamais ces débits, un dixième étant déjà honorable. Encore faut-il que la dernière norme soit accessible là où on est, ce qui est rarement le cas en s’éloignant des grandes agglomérations. La 4G va beaucoup plus loin avec des débits de 150 Mbps chez Orange et 115 Mbps chez SFR et Bouygues. On est donc au-dessus de la fibre qui plafonne à 100 Mbps. Sauf que là encore, ces débits ne seront jamais atteints dans les faits. Lors de nos essais sur le réseau d’Orange à Paris, nous avons tout de même atteint 36 Mbps. C’est énorme et à nous lire, vous pensez déjà à résilier votre abonnement ADSL. N’en faites rien ! Pour l’heure, la couverture se limite à certaines agglomérations et à Paris par exemple, seul l’Ouest de la capitale est couvert. Donc à moins d’y habiter… Et encore car nous avons atteint ce débit alors que très peu de personnes sont abonnées. Une fois que la 4G sera passée dans les mœurs et qu’il faudra partager le débit, on peut présager d’une chute spectaculaire. Ce sera donc le serpent qui se mord la queue… La couverture va s’améliorer mais paradoxalement le débit va baisser.
La 4G en France : quels usages
Quel est l’intérêt de la 4G ? C’est LA question. Que faire d’un débit énorme si on ne l’utilise pas ? Certes les pages Internet se chargent instantanément mais ce n’est pas suffisant pour justifier le surcoût par rapport à un simple abonnement 3G. Pour vraiment tirer parti de ces débits, le seul usage est la consommation de médias, en particulier en haute définition. Et effectivement, on peut sans problème lire en streaming des vidéos Full-HD, regarder la télévision ou encore profiter de services de musique comme Deezer et Spotify. C’est d’ailleurs ce dernier usage que nous avons trouvé le plus utile au jour le jour. Les services de cartographie comme Google Maps gagnent eux aussi nettement en confort d’utilisation. Par ailleurs, l’accès aux applications est possible, même un très gros jeu comme GTA Vice City et son gigaoctet et demi de données a mis à peine plus de cinq minutes pour se télécharger. Tout cela encore une fois dans la limite de la couverture restreinte et actuellement alors que peu de personnes sont connectées.Le principal problème réside dans la limite qu’imposent les opérateurs dans leurs forfaits. Actuellement, les forfaits grand public vont de 2 à 6 Go de données par mois, autant dire rien. Avec le forfait 4 Go qui est le plus intéressant, cela correspond à quatre jeux sophistiqués ou alors autant de séries en HD ! Votre abonnement ADSL illimité a encore des beaux jours devant lui ! Il n’est donc pas envisageable en l’état de prendre un abonnement 4G pour consommer du multimédia. C’est plutôt pour avoir un accès rapide au Web, à la TV et aux musiques en streaming. Sauf que l’on revient à la case départ car l’intérêt est d’avoir accès partout alors que pour l’heure, les zones couvertes sont restreintes. Même si vous habitez sous l’antenne, la limite en données fait qu’il faudra utiliser le WiFi sur votre box ADSL. Il est donc urgent d’attendre pour le particulier. Quand l’abonnement 4G sera dilué dans le forfait standard ou que le surcoût aura baissé jusqu’à être minime, il sera toujours temps pour bénéficier d’un surf rapide là où on capte la 4G. Et d’ici là, la couverture sera plus significative aussi. Actuellement, seuls certains professionnels sont concernés car ils peuvent s’en servir en des lieux précis pour travailler sur un ordinateur avec le téléphone comme modem. En fait pour que la 4G s’impose à nous le grand public, il faudrait deux changements majeurs : une baisse importante du prix ou une levée des limites en données, voire idéalement les deux. Pensez d’ailleurs déjà à prendre l’option H+ lorsqu’elle est disponible. Elle vous permettra de bénéficier de meilleurs débits et d’être prioritaire sur le réseau. Pour quelques euros, cela change vraiment les choses au quotidien. À signaler aussi que la 4G est consommatrice en énergie et que l’autonomie d’un smartphone se réduit de 25% quand on l’utilise !
La 4G en France : quel forfait ?
Si vous êtes en zone couverte et que l’argent n’est pas un frein, reste à choisir le bon opérateur. Au moment de la rédaction de cet article, les trois opérateurs historiques ont lancé leurs réseaux 4G. Seul Free, qui dispose pourtant d’une plage de fréquences, n’est pas entré dans l’arène. Cependant, le trublion des télécoms ne devrait pas tarder puisqu’il a multiplié les déclarations de travaux pour des poses d’antennes 4G. Pour le moment, les opérateurs disposant des réseaux les plus avancés sont SFR et surtout Orange qui a pris une avance non négligeable avec 150 villes couvertes, au moins partiellement. SFR a cependant pour avantage de proposer une bonne couverture en Dual-Carrier (42 Mbps) qui peut prendre le relais en cas d’absence de la 4G. Bouygues arrive six mois après ses concurrents et reste difficile à conseiller dans un premier temps. Il reste en effet une grosse inconnue sur l’efficacité de de la conversion des antennes 2G en 4G. Cela devrait sur le papier fournir à Bouygues une très bonne couverture en un laps de temps réduit.
Dans tous les cas, vérifiez bien si votre domicile et votre lieu de travail sont couverts avant de changer de forfait. De plus, tous les forfaits 4G ont le bon goût d’être illimités en appels et en SMS mais ont pour désavantage d’être liés à un engagement. On vous conseille donc de vous limiter à 12 mois pour ne pas être bloqué trop longtemps si des offres plus intéressantes voient le jour. Prenez également garde au quota de données. Être limité à 2 Go en 4G est une aberration, le forfait étant consommé littéralement en moins d’une heure. Une limite de 4 Go est un minimum absolu et encore… Les forfaits 6 Go sont encore trop chers de leur côté. Pour le débit, Orange offre sur le papier un peu plus de bande passante que ses concurrents mais en pratique, la différence ne se remarque pas. En revanche, tout le monde est d’accord sur les tarifs… Si l’on devait retenir un forfait pour le moment, ça serait l’Origami Play 4 Go d’Orange à 44,99 euros par mois. Entre la couverture relativement avancée et une série de services intéressants, c’est ce que l’on trouve de plus équilibré à ce jour. On reviendra bien évidemment dans les prochains mois sur l’évolution des réseaux et des forfaits pour voir si les offres deviennent plus attractives.Si les smartphones 4G se sont multipliés ces derniers mois, cela concerne surtout les modèles les plus onéreux. Les téléphones milieu de gamme sont par exemple encore particulièrement rares. Pour vous aider à choisir, voici une petite sélection de nos modèles préférés.
HTC One
Le navire amiral d’HTC est bien évidemment compatible 4G. Le One offre probablement le design le plus réussi de l’année, un superbe écran et des performances stellaires. La finition de la coque unibody en aluminium est un chef d’œuvre de design industriel. Son seul vrai défaut est son capteur photo, le choix de baisser les Mpixels n’ayant au final pas été payant. Le HTC One est l’un des meilleurs smartphones haut de gamme du moment et son prix trop élevé au lancement a perdu quelques dizaines d’euros pour devenir nettement plus attractif. Prix : 580 euros.
Sony Xperia Z Ultra
Avec son écran tout simplement titanesque (6,4 pouces !) et son processeur surpuissant, ce téléphone est un OVNI. Reste qu’il est pour nous le smartphone le plus adapté à la vidéo et au jeu. Une connexion 4G ouvre donc un univers de possibilités. Nous avons par exemple fait du bureau à distance en pleine rue ! Attention tout de même à sa taille qui le rend moins mobile. Si vous n’êtes pas gênés par ses dimensions, le Z Ultra est l’un de nos smartphones favoris, surtout accompagné de sa montre connectée. Prix : 700 euros.
Nokia Lumia 625
Difficile de trouver un smartphone compatible 4G abordable sous Windows Phone. C’est pourtant ce que propose Nokia (racheté par Microsoft il y a quelques semaines) avec ce Lumia 625 qui se permet même le luxe de passer sous la barre des 300 euros. On est agréablement surpris par le grand écran (4,7 pouces) et la qualité de fabrication. Les performances sont excellentes et l’on retrouve toute la suite logicielle de Nokia. Au rayon des regrets, on note un écran un peu pixélisé et une partie photo oubliable. Reste qu’à ce tarif, le Lumia 625 est l’un des meilleurs rapports qualité/prix de cette rentrée, tout OS confondu. Prix : 300 euros.
Samsung Galaxy S4 Mini
Cette version compacte du hit de Samsung est aussi l’un des modèles les plus abordables à afficher une compatibilité 4G. Au-delà du support de cette norme, le S4 Mini est une des seules options pour qui cherche un smartphone performant et pas trop encombrant. L’écran Super Amoled de 4,3 pouces est en effet assez compact pour être utilisé d’une seule main et offre une bonne qualité d’image. Le processeur double cœur n’est pas du niveau de celui du S4 mais c’est pardonnable au vu de l’autonomie en hausse (deux jours). Un bon choix pour qui cherche de l’Android performant sans se ruiner. Prix : 400 euros.