La fin du cinéma annoncée par Spielberg et Lucas

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Depuis des années, on nous annonce que le cinéma est malade, qu’il va mourir et que c’est la faute aux méchants pirates qui pillent ses ressources. Puis la télévision et la VoD furent montrées du doigt comme des accélérateurs de mort imminente. Mais jamais (comme souvent) le cinéma ne s’est dit qu’il était peut-être à l’origine de sa propre déchéance. C’est plus ou moins ce que viennent d’expliquer Steve Spielberg et George Lucas, deux monuments du 7e art s’il en est ! Intervenant dans le cadre d’une conférence donnée à l’Université de Californie du Sud (USC), Lucas et Spielberg ont donc confirmé que le cinéma tel que nous le connaissons aujourd’hui est au bord de la rupture.

Ainsi Spielberg a particulièrement fustigé la politique actuelle des gros studios qui préfèrent financer un budget impérial dans une production calibrée que plusieurs films, moins explosifs visuellement, mais sans doute plus « artistiques » : « L’unique motivation est l’argent ! Mais cela ne peut pas durer. Les studios sont de plus en plus crispés et dirigés par leur quête de profit. Les gens vont finir par se lasser et comme les studios ne savent plus rien faire d’autre… Il y aura une implosion le jour où une demi-douzaine de films à gros budgets essuiera de gros échecs. Le modèle qui est le nôtre aujourd’hui va changer. » Une prédiction alarmisme – mais sans doute pas alarmante pour les studios – qui repose sur un constat difficile : un film à gros budget cannibalise les moyens que pourraient mettre un studio pour produire d’autres bobines moins onéreuses, mais dont les qualités n’en restent pas moins évidentes.

Les deux homme s’appuient sur leurs dernières expériences respectives : Lincoln pour Spielberg et Red Tails pour Lucas. Deux films qui furent difficiles à monter, difficiles à produire, difficiles à faire diffuser : « Dans un avenir proche, un film comme Lincoln sera réservé à la télévision, affirme George Lucas. Il y aura de moins en moins de salles de cinéma et elles seront réservées à des films toujours plus dispendieux et fous ! Aller au cinéma coûtera 50, 100 ou 150 dollars, à l’instar d’un ticket pour Broadway ou un match de foot ! Les films pourront rester à l’affiche un an… ce sera le nouveau visage de l’industrie cinématographique. Les autres productions se destineront à la télévision et à une diffusion sur Internet. » Et Lucas ajoute, avec une pointe d’orgueil, que concernant Lincoln et Red Tails, « nous parlons de Spielberg et Lucas », deux piliers, ce qui laisse imaginer le parcours du combattant pour les réalisateurs moins réputés, voire inconnus. Et si le cinéma se tirait lui-même des balles dans le pied depuis des années à force de ne vouloir prendre aucun risque, contrairement à la télévision et au réseau où les projets pullulent et la qualité et le succès bien souvent au rendez-vous ? Une remise en question est-elle encore possible ?

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