Le point sur la VOD : une bonne toile à Noël ?

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Après des années de luttes stériles contre le piratage, le nouveau système économique qui semble mettre tout le monde d’accord repose sur le principe de la vidéo à la demande, avec ou sans abonnement. L’occasion pour Ere Numérique de procéder à un état des lieux.

Netflix_2.jpgDans le passé, au moment de choisir un film à regarder, peu de solutions s’offraient à l’utilisateur : soit par chance il était programmé à la télévision, soit nous devions nous rendre au vidéoclub. Pour les séries, c’était encore plus délicat puisqu’à l’exception des rediffusions, il était presque impossible de revoir d’anciens épisodes que nous n’avions pas pris le soin d’enregistrer sur nos antiques cassettes VHS… Dès lors, l’avènement du DVD a changé les choses, tant pour les films que pour les séries qui se sont invitées massivement dans les rayons. Internet a ensuite pris la relève en permettant de découvrir les nouveaux épisodes de nos séries favorites quelques heures seulement après la diffusion américaine, tandis que les films pouvaient « se trouver » plusieurs jours après leur sortie en salles, directement tombé du camion numérique. Le piratage et la simplicité d’accéder aux œuvres mises à disposition illégalement ont rapidement mis à mal l’édition vidéo. Si la gratuité en est une explication, la chronologie des médias reléguant la sortie d’un film en DVD à plusieurs mois après celle en salle, sans parler des lancements nationaux en décalage, ont favorisé le téléchargement illégal. Il faut reconnaître aussi que les éditeurs n’arrivent pas à comprendre le caractère inéluctable de la dématérialisation et qu’à l’heure de la toile et de la mondialisation, vouloir régir l’accès aux œuvres à leur guise ne peut plus fonctionner. Il n’y a qu’en proposant une alternative crédible en ligne qu’il est possible de lutter efficacement contre le téléchargement illégal. Quoi qu’il en soit, en une quinzaine d’années, notre rapport à au contenu télévisuel et cinématographique a grandement évolué, pas toujours dans le meilleur sens mais de manière inéluctable. L’arrivée de la vidéo à la demande permise par le haut débit représente désormais la solution pour tous, les éditeurs comme les consommateurs.

Du renouveau dans le poste

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On distingue trois catégories principales de services de médias audiovisuels à la demande : les services de télévision de rattrapage (ou catch-up en Anglais), les services par abonnement SVOD et enfin les services payants à l’acte ou VOD. La tendance actuelle démontre que c’est la SVOD qui a le meilleur potentiel de croissance, là où la VOD montre des signes de faiblesse. Ainsi les recettes de l’achat à l’acte ont diminué de 6% en 2013, tandis que les services par abonnement ont progressé de 4,4%. Le téléchargement illégal n’est pas majoritaire pour autant, tous les chiffres et études démontrent le contraire mais il est évident que la mutation du marché se poursuit. Après la musique en ligne dématérialisée, c’est du côté des œuvres de cinéma ou de télévision que les habitudes évoluent. D’après Médiamétrie, le nombre mensuel de vidéonautes, c’est-à-dire l’internaute ayant regardé au moins une vidéo pendant un mois donné, est passé de 27 millions en juillet 2011 à 31,6 millions en juillet 2012, puis à 33,9 millions en juin 2013. Le baromètre GfK/NPA mesure lui le chiffre d’affaires réalisé par les principaux acteurs français présents dans l’offre dématérialisée depuis 2009. Il permet de constater que le chiffre d’affaires réalisé par les services de VOD étudiés a doublé entre 2009 à 2011, passant de 97 millions à 219 millions d’euros. Toutefois, cette croissance s’est ralentie entre 2011 et 2012, tandis qu’une stagnation du marché de la VOD se confirme en 2013.

Chronologie contrariée

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Depuis septembre 2014, le marché de la VOD en France a connu un bouleversement d’envergure avec l’arrivée du réseau Netflix, le pourfendeur de HBO aux États-Unis, véritable titan parvenu à s’imposer dans de nombreux pays en quelques mois. Logiquement, son arrivée sur le territoire français fut précédée d’une vive crainte des réseaux déjà existants, et plus particulièrement de Canalplay (Canal+) qui repose justement sur un modèle économique inspiré par Netflix. À ce stade, autant ne pas jouer sur un suspense éventé : l’arrivée de Netflix n’a pas engendré le raz-de-marée annoncé. Cela s’explique en grande partie par la législation française qui impose qu’un service de SVOD par abonnement comme Netflix ne peut proposer des films que 36 mois après leur sortie en salles. À cette difficulté s’ajoute la concurrence que pourraient exercer certains acteurs américains présents sur le territoire européen et qui bénéficient d’une chronologie des médias plus favorable. Il semble évident que cette chronologie des médias qui vise à protéger les sorties en DVD ou les transmissions à la TV est en grande partie responsable du manque de succès de la SVOD en France alors que c’est clairement le modèle d’avenir. C’est pourquoi le CSA propose que le délai de mise à disposition des films pour la SVOD soit raccourci à 24 mois pour tous les films. À noter que la proposition du rapport Lescure de ramener ce délai à 18 mois n’a pas été retenue car elle placerait ces services en concurrence frontale avec les DVD, ainsi qu’avec les chaînes gratuites ayant acquis une première diffusion à 22 mois. Pour autant, VOD et SVOD ont dorénavant des armes à mettre en avant, avec des offres crédibles, économiquement viables et assez complètes. Il est probable qu’un réel succès de la vidéo par abonnement, et donc la mise à mal du téléchargement illégal, ne pourra intervenir qu’à partir du moment où la diffusion d’un film après la période exclusive en salle se fera au même moment que sur les autres supports ou à la télévision.

Qu’est-ce qu’on regarde ce soir ?

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Commençons avec la VOD qui regroupe aujourd’hui plus d’une quinzaine d’offres qui tentent de se démarquer par leur diversité ou la spécialisation de leur catalogue. Canalplay, MyTF1VOD, Orange, FilmoTV, Club-video, SFR, iTunes Store et Virginmega proposent peu ou prou le même service, à savoir des nouveautés louées à 4,99 euros pour 48 heures et un fond de catalogue de films plus anciens disponibles à partir de 1,99 euro pour 48 heures. Au final, la différence réside dans le nombre de titres disponibles. En marge de ces mastodontes, il existe d’autres services de VOD plus thématiques. C’est le cas d’Arte VOD (documentaires, films d’auteur, spectacles), Univers Ciné et Carlottavod (films d’auteur, films du monde, vieux films), Locafilm et Cinemasalademande (fond de catalogue) ou encore Vodeo (sciences, nature, histoire). Tous proposent des tarifs inférieurs à cinq euros pour 48 heures et souvent moins pour les films les plus anciens. L’intérêt ici est que l’on va trouver des titres indisponibles par ailleurs, et c’est donc la spécialité que l’on vient chercher. Mais qu’importe le flacon (de VOD), le principe est immuable : payer à la commande et profiter immédiatement du contenu loué, et ce sur divers supports (ordinateur, tablette, smartphone, téléviseur) en fonction de vos envies et de vos besoins. La VOD a remplacé les antiques vidéoclubs, les pénalités de retard et l’indisponibilité du titre au moment voulu en moins ! Et pour ceux qui privilégient moins les nouveautés que les films plus anciens, il y a de quoi faire avec des classements thématiques (années 80, musical, horreur, drame, séries TV), et des moteurs de recherche par titre, comédien, réalisateur ou genre sur la plupart des services.

Netflix vs. CanalPlay

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Si la VOD est un terrain de jeu saturé où on croise beaucoup de « clones », la SVOD est une terre prometteuse qui donne accès à un nouvel espace de contenu. Rappelons rapidement que la SVOD est un système qui, par le biais d’un forfait mensuel sans engagement, ouvre l’accès à un large catalogue de séries et de films (hors nouveautés, nous l’avons vu), dont on peut profiter à l’envie durant toute la période d’abonnement, sans surcoût supplémentaire et quelle que soit la quantité de programmes regardés ! Et c’est avec Netflix que nous entamons le tour de table. Après un premier mois gratuit, trois forfaits sont à votre disposition. A 7,99 euros/mois, vous aurez Netflix sur un écran en définition standard, à 8,99 euros/mois, ce sont deux écrans à la fois et la HD, enfin à 11,99 euros/mois, ce sont quatre écrans à la fois, avec la HD et l’Ultra-HD. À ce jour, plus de 7 000 références sont accessibles, dont environ 48% de programmes pour enfants et 40% de séries. Comme expliqué plus haut, il s’agit principalement d’anciennes saisons et de films datant de plusieurs années. Pour profiter de Netflix, il y a plusieurs moyens comme les consoles de jeux (Wii, PS3/PS4, Xbox 360), la TV connectée, le lecteur Blu-ray, Apple TV et Chromecast ou encore les smartphones (Android, iOS, Windows). Canalplay est le principal concurrent de Netflix avec ses 10 000 références (beaucoup de séries et de programmes jeunesse). Deux forfaits sont à disposition : 7,99 euros/mois pour une diffusion sur ordinateur, tablette et smartphone, tandis qu’à 9,99 euros/mois, la télévision s’ajoute comme support de diffusion. On pourra regretter un système de recherche moins performant que celui de Netflix qui répond au doigt et à l’œil. En revanche, l’offre est plus simple pour les consommateurs puisqu’elle ne repose pas sur le nombre d’écrans. Enfin, Canalplay est accessible sur canalplay.com, Freebox, BBOX, TV d’Orange, Xbox 360 ou Apple TV.

Les autres SVOD

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Toutefois, il n’y a pas que Canalplay et Netflix au programme ! Ainsi JookVideo avance un tarif à 6,99 euros/mois pour l’ensemble de son catalogue contenant plus de 10 000 films et séries. Pas de nouveauté à l’affiche, mais une offre pléthorique qui rassemble de tout : séries, jeunesse, cinéma, mangas, musique. La HD est aussi de la partie pour le même prix, et JookVideo est disponible sur smartphones, tablettes, smart TV, Box TV (Numericable, Freebox, Livebox). Autant dire que le service a quelques atouts dans sa manche, si on ne recherche pas de la dernière fraîcheur ! Chez FilmoTV, on ne joue non plus la carte du triomphe romain, mais on s’adresse aux cinéphiles. Mais à 9,99 euros/mois pour seulement 500 films environ (dans tous les genres, sauf Adultes), les habitués des autres services risquent de faire grise mine. Alors oui, tous les mois la sélection accueille de nouveaux films, il y a la possibilité de choisir un film dans le catalogue « A la carte VOD » qui sera intégré à l’offre illimitée du mois en cours, des petites vidéos informent sur l’œuvre visionnée avant et après la diffusion, il y a aussi la possibilité de regarder un film hors connexion (pour certains titres). Mais est-ce suffisant pour convaincre, même avec l’option multi-écrans ?

Pour les séries

Les amateurs de séries se tourneront plus volontiers vers le Pass M6 qui, pour 7,99 euros/mois, permet de découvrir les épisodes disponibles dès le lendemain de leur diffusion aux États-Unis et des séries en intégralité, le tout agrémenté de mises à jour hebdomadaires. Accessible sur la TV depuis une box SFR, Bouygues, Orange ou Free, le Pass M6 se destine d’abord aux télévores. Enfin, faisons une halte du côté d’OCS, qui n’est pas vraiment une offre de SVOD mais qui permet pour 12 euros/mois sans engagement d’accéder en illimité à des films et des séries récents. Nous ne sommes pas loin du concept de SVOD ! Si le catalogue est riche, il ne contient que les dernières saisons (pour les séries), ce qui est déjà pas mal, et des films datant parfois de 12 mois. Bien que la législation française ne permette pas encore de profiter d’un service de SVOD totalement débridé au niveau du contenu, nous nous rapprochons tout de même du point d’équilibre, celui souhaité par les internautes/consommateurs et les studios/chaînes. Et si tout n’est pas encore parfait, pour moins de 10 euros par mois, il est désormais possible d’assouvir sa soif de spectacle et d’évasion légalement et simplement. Il ne reste plus qu’à faire évoluer la chronologie des médias vers une sortie unique sur tous supports après les salles de cinéma.

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Les Plus

  • Rendu audio très plaisant
  • Qualité de fabrication
  • Confort de port

Les Moins

  • Look un peu austère

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