Annonce un peu surprise, du moins pour ceux qui ne suivent pas l’actualité éco de près, Google vient de confirmer la cession des téléphones Motorola au géant Lenovo pour 2.91 milliards de dollars. Si Google conserve la majorité de son portefeuille de 17.000 brevets Motorola Mobility – estimé à 6 milliards de dollars – Lenovo récupère une licence d’exploitation des technologies et environ 2000 brevets. La revente de Motorola par Google peut être perçue comme un aveu d’échec puisque l’entreprise n’est jamais parvenue à relancer Motorola, dont le retard sur la concurrence semblait impossible à combler.
Mais il y a d’autres explications, à commencer par l’impossibilité pour Google de trouver une solution convenable au problème de son système Android. En effet, en privilégiant Motorola, Google prenait le risque de voir les autres entreprises se tourner vers d’autres OS (Windows, Mozilla) au détriment d’Android, or Google souhaite justement pousser Android. Autre point d’intérêt, en cédant Motorola à Lenovo, Google tisse des liens plus étroits avec ce dernier, liens qui permettront à Android de rester bien représenté au sein des gammes Lenovo, tandis que celui-ci va pouvoir s’attaquer plus aisément à de nouveaux marchés, en particulier les USA, où Motorola a déjà des accords avec les principaux opérateurs. Enfin, Google a besoin de Samsung pour porter son Android, or le géant coréen semblait se détourner un peu de l’américain. « Hasard » du calendrier, cette annonce de cession intervient au moment où les relations entre Google et Samsung se réchauffent, avec la signature d’un accord en début de semaine portant sur l’utilisation de brevets. Ajoutons la promesse de Samsung de moins modifier Android. Autant dire que cette vente nous apparaît plutôt gagnante-gagnante pour les deux parties, tant Google que Lenovo.
Reste qu’elle arrive une semaine seulement après l’annonce du rachat des activités serveurs (x86) d’IBM par Lenovo. Désormais Lenovo devient donc le numéro 1 mondial sur le marché du PC, le numéro 2 sur le marché des serveurs, et le numéro 3 sur le marché des smartphones, du moins une fois que les autorités compétentes auront validé l’accord. Ensuite, il faudra encore faire fructifier tout ça pour consolider les acquis et envisager l’avenir sereinement.
