Les Doritos de YouTube

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Doritos.JPGCette affaire concernerait la presse, certains auraient déjà été lynchés sur place, et ce serait tant mieux. Vous vous souvenez probablement de l’histoire des Doritos, avec le journaliste vedette de Gametrailers se retrouvant à faire de la promotion de chips pour une belle confusion des genres.

Là, c’est juste mille fois pire. Mais ça ne concerne pas la presse mais les gentils youtubers, pas ces salauds de journalistes, donc tout va bien.

C’est un deal fonctionnant en triangle équilatéral. Si un Youtuber fait une vidéo neutre ou positive avec des images tirées de la Xbox One via l’entité Machinima (tout ce qui regroupe les images de jeux vidéo sur Youtube), il peut récupérer un financement de Microsoft via de la pub. On a même le prix de ce financement : 3 dollars les 1 000 vues.

Depuis que ces choses se sont sues, Microsoft et Machinima ont évidemment pondéré l’affaire en expliquant que c’était pratique courante. Courante mais pas franchement claironnée sur tous les toits et qui ne hissent pas les youtubers au sommet de la top credibility.

La FTC, l’organisme chargé de voir si tout se passe bien au niveau du droit des consommateurs aux USA n’a pas trouvé grand-chose à redire à cela. Tout va bien donc ? L’avenir nous le dira.

Je ne peux m’empêcher de penser à ma propre expérience et à l’évolution de la presse spécialisée au fur et à mesure des années. Pendant 20 ans, j’ai très bien gagné ma vie en commençant par la presse papier à la presse web ; à certains moments, j’ai du écrire plus pour maintenir le même niveau de vie. Puis, il y a environ deux ans, on m’a demandé beaucoup plus de textes pour beaucoup moins d’argent. Et j’ai commencé à effectuer un calcul simple : en considérant que le test d’un jeu vidéo durait 10 heures (et c’est vraiment un minimum), avec ce qu’on me proposait, je gagnais deux fois moins en allant prendre le premier poste venu au McDo.

Et là, je me suis véritablement interrogé sur la valeur du travail dans un des univers les plus cools au monde : celui des jeux vidéo. Vous testez, vous écrivez, vous prenez quelques photos et vous êtes payé. Parfois même, vous allez en voyage de presse et vous assistez à des soirées de lancement où vous retrouvez les youtubers – y’a pas de raisons qu’ils ne soient pas là – et des vieux journalistes spécialisés, comme vous, avec qui vous partagez le même constat économique bien amer. Parfois, vous allez à la présentation d’un jeu. Traditionnellement, vous ressortez avec le T-shirt du jeu, un porte-clés, une clé USB sur laquelle on trouve l’EPK, le fameux Electronic Press Kit.

Là, une idée vous traverse l’esprit : ce que vous trimballez dans ce petit sac, ça vous permettrait de multiplier par deux ou trois vos revenus si vous les mettiez en vente sur eBay. Je tiens évidemment à préciser que je n’ai jamais vendu ni un jeu, ni un goodies fourni par un éditeur. Mais si l’idée m’a traversé l’esprit, elle a du devenir une réalité pour quelques confrères, surtout si les revenus de leur travail avoisinaient les zéros.

Cette histoire, Machinima / Microsoft / Youtubers, c’est du pipi de chat quand on regarde de près le comportement de certains patrons de presse ; et pas grand-chose, à mon avis par rapport à ce que sera la presse spécialisée dans quelques années. Face à cela, un seul réflexe : demandez-vous sérieusement si l’absence de points négatifs dans un article, que ce soit un jeu vidéo ou une console est tout simplement réaliste.

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