Livre électronique : Amazon Kindle en France, enfin

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Inutile de rappeler que les éditeurs français sont réfractaires au livre numérique mais leur résistance s’effrite. C’est d’autant plus vrai qu’Amazon a ouvert son service dans l’Hexagone. Le confort de la liseuse et l’ergonomie du site en font une offre réellement attractive. Et une fois que l’on y a goûté, difficile de revenir au livre classique.

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Le livre électronique est une évidence et il va s’imposer face au papier. Mais pour y parvenir, le dématérialisé doit faire valoir tous ses avantages ce que pour l’heure seul Amazon est en mesure de proposer. Ce n’est pas un hasard si le site de vente en ligne accapare outre-Atlantique plus de 50 % du marché numérique (qui a au global dépassé les ventes de livres physiques). En Europe, c’est tout aussi concluant. En Allemagne, Amazon a créé le marché en quelques mois avec un succès immédiat à la clef. Quelle est donc cette fameuse recette Amazon ? Déjà, la liseuse Kindle est ergonomique et permet de commander directement sans fil. Ensuite, on peut aussi acheter sur le site qui est très bien organisé avec une aide réellement utile des autres lecteurs. Le livre arrive alors directement sur la liseuse. Pas de passage pénible par un ordinateur et une disponibilité immédiate en tout lieu et à toute heure.

Un pays rétrograde

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Pour en revenir à l’Hexagone, le livre électronique existait bien avant Amazon mais quelle que soit l’offre, elle était imparfaite et le consommateur n’a guère adhéré. Pour commencer, il faut déjà qu’il y ait des livres à acheter. L’offre est d’ailleurs la raison pour laquelle la France accuse du retard, comme c’est le cas pour la musique illimitée par abonnement. Les lobbys sont extrêmement puissants et ont une peur bleue du changement. Plutôt que de s’adapter à l’inéluctable, on préfère s’acoquiner avec un pouvoir très à l’écoute pour mener un combat d’arrière-garde. La bataille du livre promet d’être particulièrement acharnée, notamment en raison du prix unique. Introduite par Jack Lang en son temps, cette réglementation a sauvé la librairie et a fait que le livre se porte bien en France. Mais les temps changent et à l’heure de la mondialisation par Internet, c’est un modèle qui n’est plus viable, surtout s’il s’agit de contenu dématérialisé. Toujours est-il que les éditeurs freinent des quatre fers. Pour autant, Apple et la Fnac avaient déjà ouvert la brèche avec une offre en livres électroniques qui est tout de même assez étoffée, environ 20 000 livres (le vrai chiffre pas celui annoncé) pour le premier libraire de France.

Un échec programmé

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Une fois les livres en vente, il faut se les procurer et le numérique peut miser sur la simplicité et la rapidité. Envie de lire ? Une recherche, une validation et c’est parti. S’il faut passer par un ordinateur, copier des fichiers et prendre garde aux incompatibilités, le lecteur préfère encore se rendre en magasin. Il faut donc pouvoir commander directement depuis la liseuse, ce que permettent déjà celle de la Fnac et l’iPad. Mais c’est le confort de lecture qui n’y était pas satisfaisant. La tablette fatigue à la longue. Une liseuse dotée d’un écran de type encre électronique est bien plus agréable et fait preuve d’une bonne lisibilité en extérieur aussi. Elle est aussi plus légère et plus autonome qu’une tablette. C’est sur ce point qu’achoppait principalement l’offre de la Fnac. Voulant sans doute faire des économies de bout de chandelle, le libraire français a opté pour une liseuse tactile inutilisable dans les faits car beaucoup trop lente à réagir. La Fnac a d’ailleurs réagi et vient de commercialiser une nouvelle liseuse en partenariat avec le Canadien Kobo que nous testons actuellement.

Moins cher en électronique

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Autre avantage du dématérialisé, le livre électronique coûte moins cher sauf que les éditeurs français (et ceux des autres pays aussi d’ailleurs) essaient de maintenir le prix le plus haut possible pour ne pas compromettre le livre physique. Pour autant, l’économie est substantielle et on amortit vite les 100 euros de la liseuse. Un livre neuf relié est vendu généralement entre 20 et 22 euros. La version électronique coûte entre 15 et 17 euros, soit une différence en moyenne de cinq euros. C’est évidemment beaucoup trop cher quand on pense aux économies que réalise l’éditeur mais c’est un début. Pour le livre de poche, la différence n’est généralement que de deux euros mais compte tenu du prix de départ, ce n’est pas si mal. Enfin comme la version électronique n’engendre pas de frais, il y a une politique promotionnelle sur le format poche qui fait que de nombreux livres déjà sortis depuis quelque temps se négocient entre un et trois euros. En découvrant un auteur prolixe, on peut souvent acheter ses premiers titres à bon prix.Kindle_4.jpg

C’est donc dans ce contexte difficile qu’Amazon arrive avec son modèle éprouvé mais qui se heurte aussi aux réticents éditeurs français. Oublions un instant les problèmes nationaux et focalisons-nous sur les avantages du livre électronique. La liseuse que propose Amazon dispose d’un écran de six pouces en encre électronique de dernière génération mais non tactile. C’est donc avec des boutons que l’on commande la lecture ce qui se fait très bien, d’autant plus que l’appareil réagit très promptement. La lisibilité est exceptionnelle du moment qu’il y a de la lumière, même en conditions extrêmes. L’œil ne fatigue jamais car la technologie est passive sans aucun rafraichissement. Il n’y a aucune différence par rapport à un livre classique et même de nombreux avantages. Déjà, il est possible de choisir le corps de la police et d’en régler finement la taille ce qui aide beaucoup tous ceux qui ont des problèmes de vue. Qui n’a jamais pesté contre un livre de poche écrit si petit qu’il en devient illisible. Inversement, certains ouvrages reliés justifient leur prix par un poids énorme et une police de grande taille tout aussi pénible.

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Parfait en voyage

Kindle_pocket.jpgLe poids réduit est l’autre grand bénéfice et il est de taille, au propre comme au figuré. Le Kindle français pèse moins de 200 grammes et contient plus de 1 000 livres. Plus de problèmes de rangement et surtout une valise de vacances qui s’en trouve grandement allégée. En revanche, la liseuse fonctionne à l’électricité et il faut la recharger de temps à autre mais l’autonomie est telle que ce n’est vraiment pas un problème. Même en lisant plusieurs heures par jour, on tient au moins une dizaine de jours. Autre avantage flagrant, l’achat d’un livre est immédiat où que l’on se trouve grâce au WiFi. Envie de prolonger le plaisir en lisant un autre livre du même auteur alors que l’on est en vacances au bout du monde, c’est possible et même immédiat. En France, Amazon ne propose pour l’heure qu’une version WiFi et pas de 3G. Ce n’est pas un gros problème car le WiFi est désormais omniprésent.

Par ailleurs, le magasin en ligne est très bien organisé et on trouve rapidement ce que l’on cherche. Amazon dispose d’un tri par affinité extrêmement efficace pour vous proposer ce qui correspond à vos goûts. Dans les pays anglo-saxons, le système de commentaires et les listes de lecture des passionnés sont une aide précieuse aussi. En France, tout dépendra du succès rencontré. Il n’est jamais nécessaire de passer par un ordinateur et le site mais pour des recherches plus fondamentales, c’est tout de même plus pratique, d’autant que le livre acheté arrive directement sur le Kindle connecté en WiFi. Si la famille dispose de plusieurs Kindle, pas de problème non plus, tous les livres achetés sont disponibles sur les deux. Évidemment, il y a aussi une application iPad et là encore, elle est rapide et plutôt bien faite. Pour acheter sur iPad, Amazon propose d’aller sur le site, une bien meilleure idée sur tablette. Une application similaire est également disponible sous Android. La tablette peut aussi se synchroniser avec les liseuses. Tout cela fait qu’une fois que l’on a goûté au livre électronique, il est difficile de revenir en arrière !

Une offre plus que limitée

Kindle_boutique.jpgSauf qu’il faut bien revenir en France et parler de l’offre. Amazon a certes signé avec des grands éditeurs (Flammarion, Stock, Albin Michel, Gallimard, Bragelonne…) mais cela ne suffit pas. 35 000 livres sont annoncés mais la plupart d’entre nous n’ont que faire des 20 000 classiques gratuits déjà lus durant la scolarité. L’offre se juge sur la disponibilité de ce qui est lu et de ce que l’on a envie de lire. Or, c’est là que le bât blesse. Déjà la Fnac ne dispose que d’une minorité de best-seller en format numérique. Si l’on s’intéresse à des genres précis ou à des auteurs plus confidentiels, c’est même le néant. Chez Amazon, c’est pire. Ainsi si on prend la catégorie polars/suspense à la Fnac, il manque déjà un auteur comme Stieg Larsson et son Millenium, pour ne citer qu’un best-seller absolu. En revanche, les Français commencent à être mieux représentés avec Frank Thilliez et Jean-Christophe Grangé par exemple, du moins pour quelques titres. Chez Amazon, non seulement ces auteurs n’y sont pas mais ce genre est quasi inexistant avec 842 livres à l’heure d’écrire ces lignes, dont 800 doivent dater du siècle dernier. Allez pour le plaisir, citons quelques ouvrages de la première page comme Double Assassinat de la rue Morgue d’Egar Alan Poe ou encore Guerre et Paix de Tolstoï égaré dans la catégorie. À cela s’ajoutent de sombres inconnus et tout de même quelques Séries Noires intéressants.

Pour les amateurs, c’est d’ailleurs un régal que de trouver les rééditions du Prix du Quai des Orfèvres. Mais c’est en vain que vous chercherez du Hening Mankell, du Harlan Coben ou du Jussi Adler-Olsen. Plus exactement, on les trouve mais en Anglais. Tout va donc se jouer sur cette offre, car Amazon réunit sinon tous les autres ingrédients, soit un système de vente bien fait, une liseuse très aboutie et une boutique bien organisée. Gageons aussi que la concurrence va aider avec la nouvelle liseuse de la FNAC. Sony arrive de son côté avec ses liseuses, sa tablette et une boutique maison. Apple va sans doute faire pression avec iBook aussi. Virgin vient également de sortir une offre avec une liseuse et nous reviendrons prochainement sur toutes ces nouvelles offres. Plus il y aura d’acteurs et plus il sera difficile pour les éditeurs de résister. Amazon propose d’envoyer des mails aux éditeurs récalcitrants en leur disant qu’en version électronique on aurait acheté le livre, cela les fera réfléchir. De toute manière, c’est un combat d’arrière-garde perdu d’avance. L’exemple de la musique est éloquent de ce point de vue. Avec tous les avantages du numérique, penser qu’il est possible de stopper la mutation, c’est vraiment faire preuve d’une grande naïveté.Kindle_1.jpg

Seul un modèle est disponible en France et c’est d’ailleurs le premier à être multilingue et donc en Français. Il est extrêmement compact, fin et léger puisqu’il ne pèse que 170 grammes pour moins de neuf millimètres d’épaisseur. Pour autant, son écran de six pouces (15 cm) en technologie d’encre électronique de dernière génération est suffisamment grand. Il est extrêmement contrasté et donc très lisible, même en plein soleil. On peut évidemment choisir la police et régler la taille comme l’interlignage. Il en résulte une lecture très confortable quelle que soit sa vue.

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De chaque côté, il y a deux boutons facilement accessibles pour tourner la page ou revenir à la précédente. Au bas de l’écran, il n’y a qu’un pavé de navigation et quatre boutons. On accède ainsi à l’accueil, au menu, au clavier et à l’action précédente. Le pavé permet de se mouvoir dans les quatre directions et de valider. Si tout cela suffit amplement pour naviguer et organiser, le clavier virtuel n’est tout de même pas très pratique quand on cherche dans le magasin, ni pour une recherche dans le dictionnaire français installé. À signaler que l’organisation de la bibliothèque avec un seul niveau d’arborescence possible trouve vite ses limites quand les livres s’accumulent.

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Si l’appareil se recharge par une prise micro-USB sur un ordinateur ou par un adaptateur secteur non livré (une honte à ce prix), les achats se passent sans fil par le WiFi. Comme un livre ne pèse quasiment rien en octets, c’est immédiat ou presque, tout comme la contenance est énorme, environ 1 400 livres annonce Amazon. Si le clavier virtuel vous agace trop, vous pouvez aussi passer commande sur le site par un ordinateur ou une tablette. Il suffit de choisir « Envoyer au Kindle » et le livre apparaitra dans la liseuse connectée en WiFi quasi immédiatement. Tout cela est très pratique. Pour autant, le Kindle a aussi des inconvénients. En dehors de l’absence de clavier, il lui faut une source de lumière quand l’environnement lumineux ne suffit pas. Une petite lampe d’appoint est alors nécessaire. De même, on peut s’étonner du prix alors qu’il est vendu outre-Atlantique à 79 dollars. Si avec les taxes on s’est habitué à la parité, 99 euros sont difficiles à accepter. De même, on pourrait souhaiter une version 3G pour être indépendant du réseau WiFi. Enfin, le Kindle ne lit pas le populaire format ePub ce qui empêche d’utiliser des livres d’autres sources, un moyen comme un autre de fidéliser…

Les accessoires

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Le Kindle français est si petit qu’il disparait presque dans la main. Une housse est indispensable pour le protéger mais également pour améliorer le confort de lecture. Celle officielle en cuir d’Amazon n’étant pas disponible, nous avons acquis le modèle de Marware, l’Eco-Vue. Très bien finie, cela ne justifie pas pour autant son prix exorbitant de 33 euros. Sinon, elle protège bien et améliore l’ergonomie. On peut même lire d’une main en glissant cette dernière dans le logement prévu à cet effet au dos du rabat de couverture. Si la matière n’est que plastique, c’est du haut de gamme agréable au toucher.

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Pour le soir, il faut une petite lumière d’appoint. La Mighty Bright Xtra Flex 2 est ainsi vendue sur le site comme étant faite pour le Kindle or ce n’est absolument pas le cas tant que l’on ne dispose pas d’une housse. Le logement pour les trois piles AAA qui fait office de pince est si énorme et si lourd qu’il ne tient pas sur le Kindle et pire empiète sur l’écran. C’est clairement une honte que de vendre un truc pareil.

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La Mighty Bright Miniflex (15 euros) est déjà plus adaptée car elle tient sur le Kindle même sans étui et suffit largement en intensité lumineuse. Par contre, elle est alimentée par deux piles boutons qui doivent certes tenir longtemps mais qui sont moins évidentes à trouver. On peut aussi regretter qu’Amazon ne propose pas une housse qui intègre une lampe, comme pour le Kindle avec clavier.

Et pourquoi pas nous ?

Kindel_avec_clavier.jpgNon seulement, nous avons le triste privilège de payer le Kindle de base 99 euros au lieu de 79 dollars aux US mais de plus nous n’avons pas le droit d’acquérir les autres versions. Les Allemands et les Anglais ont au moins accès à la version avec clavier. Aux US, il y a même un modèle tactile et la Fire, une tablette couleur ! La version clavier est vraiment pratique pour l’achat direct et il est dommage d’en priver les utilisateurs français car c’est le meilleur compris. Le poids plus conséquent ne gêne absolument pas, au contraire, il améliore la prise en main. Et même si le clavier est un modèle Qwerty, il est bien plus facile d’acheter directement sur le Kindle ou d’interagir (prise de notes, dictionnaire). De plus, Amazon propose une housse en cuir certes hors de prix mais qui se connecte au Kindle pour alimenter une lampe LED intégrée, une bien meilleure solution que les lampes qui se clipsent. Si vous avez des amis en Angleterre ou en Allemagne, vous pouvez l’achetez par ce biais car la version anglaise fonctionne très bien avec un compte français.

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8/10

Les Plus

  • Liseuse très lisible
  • Vente en ligne bien pensée
  • Tri des livres par affinité

Les Moins

  • Offre encore trop limitée
  • Kindle français trop cher
  • Versions clavier et tactile réservées aux US

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