La Microsoft Surface est enfin là ! La première tablette made in Microsoft se veut une alternative sérieuse aux ténors de la catégorie. Reste à voir si le matériel, et surtout le logiciel sont à la hauteur des ambitions de la marque.
L’annonce de la Microsoft Surface fut une véritable surprise. En effet, un Microsoft qui produit lui-même ses tablettes, c’est une petite révolution. Le géant de Redmond n’est pas exactement un petit nouveau dans le hardware. Il fabrique bien entendu la Xbox 360 et a une solide expérience dans les périphériques de saisie (claviers, joysticks …), sans même évoquer le cas malheureux du Zune. Mais jusqu’ici, il avait toujours laissé le segment des ordinateurs à ses partenaires. Avec la Surface, big M propose donc sa première tablette.
C’est sobre, c’est solide, c’est beau
Extérieurement, la Surface adopte un design radical. Très angulaire, elle rompt avec les courbes qui dominent l’essentiel du marché des tablettes. Combiné à la finition noire de la coque en magnésium cela lui donne une apparence très masculine. La tablette est plutôt imposante, une conséquence directe du choix d’un inhabituel écran de 10,6 pouces. Malgré tout, les apparences sont trompeuses, puisqu’elle est aussi épaisse que le Nouvel iPad et pèse à peine 30 grammes de plus avec ses 680 grammes.
La finition est parfaite, le châssis en magnésium respire la solidité tandis que tout est bien pensé. La connectique est plus riche que la moyenne de la catégorie avec un port USB Host et une sortie vidéo. Un lecteur de cartes micro-SD est habilement dissimulé derrière le pied.
Un pied et deux claviers
La Surface a pour particularité de posséder un pied intégré. Si le concept n’est pas nouveau (on l’avait aperçu chez Archos, il y a quelques années) il est en revanche très bien intégré sur cette tablette. Replié le pied est quasi invisible mais il se déploie facilement. Surtout l’ensemble paraît relativement solide. En contrepartie, l’angle d’inclinaison est fixe. Le seul défaut que nous trouvons à ce pied est que ses bords sont un peu « coupants ». Pas de quoi se couper mais cela suffit à abîmer une table en bois si l’on bouge la tablette sans faire attention (oui, votre serviteur en a fait les frais).
Reste à aborder le point le plus original de cette Surface : ses claviers. Il en existe en effet deux variétés. La première est la Touch Couver, elle se présente comme une « cover » d’épaisseur classique, à ceci près qu’un motif de clavier est présent dans la face intérieure. Un petit touchpad est aussi de la partie. Ce dernier est tout à fait fonctionnel et se révèle très pratique à la longue. Comptez tout de même quelques heures d’acclimatation. L’absence de toute profondeur de frappe fait que l’on évitera toute de même de l’utiliser pour écrire longtemps.
Pour cela il existe la Type Cover, qui adopte un clavier laptop plus classique. Cette dernière est plus épaisse (6 mm) mais elle est aussi nettement plus confortable avec un toucher tout bonnement excellent au vu de son encombrement.
Ces deux claviers sont attachés à la tablette via des aimants très puissants. On peut tenir l’ensemble par un coin de la couverture sans risquer de chute !
Un hardware qui manque de punch
L’écran est d’une taille inhabituelle (10,6 pouces) et sa résolution (1366 x 768) est aussi nettement plus basse que la concurrence dans cette gamme de prix. La dalle offre une qualité correcte mais reste un gros cran en dessous de ce qu’offre la concurrence sur les tablettes haut de gamme. Pour venir lutter avec un iPad Retina ou une Nexus 10 il faudra attendre une nouvelle version…
Le matériel est identique à celui de toutes les autres tablettes Windows RT, à savoir un processeur Tegra 3, 2 Go de mémoire vive et 32 ou 64 Go se stockage. C’est correct, mais le processeur nous semble manquer un peu de tonus au vu des demandes de l’OS. Et pour cause, le Tegra 3 est en fin de vie avec un successeur qui sera probablement annoncé en début d’année prochaine. Pour plus de détails sur l’OS et ses performances je vous renvoie vers la seconde page de cet article. L’autonomie est bonne, nous avons tenu sans trop de problème 8 heures d’utilisation intense.
Microsoft Surface : inégal
La Microsoft Surface nous a séduits sur de nombreux points : elle est bien conçue, solide et elle apporte d’une manière générale un peu d’originalité dans le triste monde des tablettes. Le touch-cover en particulier ridiculise les covers classiques. Malheureusement tout n’est pas parfait. L’écran est bien en deçà de ce que fait le concurrence et le processeur ne semble pas en mesure de supporter correctement Windows RT. L’OS de Microsoft est d’ailleurs le plus gros point faible de la Surface : l’impression d’inachevé domine et l’offre logicielle est beaucoup trop limitée … Pas terrible donc, surtout au vu du prix de l’ensemble. Au final nous sommes beaucoup plus excités par la version Pro de la Surface. Plus lourde, mais dotée d’un écran Full HD et surtout d’un processeur X86 qui apportera une flexibilité bien supérieure à l’ensemble.
Caractéristiques :
– Taille d’écran : 10,6 pouces LED 1366 x 768 pixels
– Processeur : Tegra 3 à 1,3 GHz
– Mémoire : 32 ou 64 Go
– Connectivité : WiFi, prise audio jack 3,5 mm, lecteur micro-SD, sortie vidéo, micro-SD et USB Host
– Autres : gyroscope, accéléromètre, capteur de luminosité ambiante, microphone, haut-parleurs
– Autonomie : 8 heures
– Dimensions : 274,6 x 172 x 9,4 mm
– Poids : 680 grammes (tablette)
Prix : 490 € (tablette), 590 € (avec Touch Cover) 130 € (Type Cover)
Avant de rentrer dans le vif du sujet, il convient de faire le point sur les différents types de processeurs existants. Il existe en effet deux architectures majeures. La première est le x86, créée par Intel (mais aussi utilisé par AMD ou VIA) qui domine l’univers du PC. Le second est l’architecture ARM créée par l’entreprise du même nom et elle aussi exploitée par plusieurs constructeurs (Nvidia, Qualcomm, Texas Instruments …). Jusqu’ici Windows n’utilisait que le x86. En effet les processeurs ARM étaient loin d’être assez puissants par le passé pour faire fonctionner un système d’exploitation grand public et donc modestement optimisé. Ils étaient limités à l’électronique embarquée. Mais l’avènement des smartphones puis des tablettes a changé la donne. Les constructeurs de ces nouveaux appareils nomades ont été très intéressés par la faible consommation électrique des puces. Cela a provoqué un regain d’intérêt pour l’architecture ARM qui s’est vu améliorée à un rythme effréné depuis, ce qui n’est pas sans rappeler les meilleures années de l’informatique. Résultat des courses, les puces ARM les plus puissantes comme le Tegra 3 offrent des performances similaires à celles d’un processeur x86 d’il y a quelques années, tout en maintenant une consommation très faible. Inutile de dire que si Microsoft voulait être compétitif dans l’univers des tablettes, il se devait d’adapter son système d’exploitation phare. Le résultat de cet effort est Windows RT.
Copie carbone
Sans aller dans le panneau de configuration, il est impossible de distinguer de Windows RT de son géniteur x86. L’interface basée sur les tuiles que nous avons longuement abordée est reprise. Plus surprenant, Microsoft a aussi laissé le bureau classique présent. Un choix difficile à comprendre car Windows RT s’adresse avant tout aux tablettes et ne rend pas obligatoire clavier et touchpad … C’est un point critique, car l’interface bureau n’est pas toujours facile à manipuler avec un écran tactile. Notre incompréhension est d’autant plus grande que le bureau est doté de nettement moins de fonctions que son équivalent x86, les seules applications que l’on peut y utiliser sont Office, l’explorateur de fichier et quelques outils système. De là à penser que le bureau n’est là que pour compenser l’absence d’une version tactile d’Office et de l’explorateur de fichiers il n’y a qu’un pas…
Adieu compatibilité
En passant à l’ARM, Windows rompt la compatibilité avec toutes les applications prévues pour le x86. On devra donc passer obligatoirement par le Store pour se fournir. Et dire que le choix est réduit pour le moment est un doux euphémisme. On ne compte que quelques centaines d’applications, la plupart dédiées à la consultation de données existantes. Office mis à part, il est donc difficile de produire du contenu avec Windows RT. Pour le moment le jeu n’est pas beaucoup mieux loti, avec quelques dizaines de jeux basiques. La situation devrait toutefois s’arranger grâce à Nvidia. Le fondeur, qui fabrique les puces Tegra 3 utilisées par les appareils Windows RT devrait lancer prochainement une version de sa Tegra Zone. On pourra ainsi télécharger des jeux 3D similaires à ceux disponibles sur Android. Reste cependant à voir combien de développeurs porteront leurs titres sur cette nouvelle plate-forme logicielle.
La mémoire courte
Contrairement à iOS et Android, Windows RT est plutôt volumineux en termes d’espace disque. Résultat, près de 10 Go sont occupés dès l’ouverture de la boite, ce qui laisse un espace de stockage limité si vous avez choisi une version 32 Go. Un certain flou artistique avait été maintenu sur ce point, une attitude que l’on regrette.
Nous étions curieux de voir si tous les périphériques que nous brancherions sur le port USB fonctionneraient. Le résultat est plutôt positif puisque si notre vieux scanner n’a pas été reconnu, manettes, clefs USB et autres imprimantes ont toutes fonctionné sans problème. Les périphériques les plus exotiques anciens seront sans doute laissés au bord de la route mais la compatibilité « de base » est assez bonne pour qu’elle soit véritablement utile.
Microsoft Surface : un premier jet mitigé
Cette première version de Windows à la sauce ARM nous laisse sur notre faim. D’une part Microsoft n’a pas réussi à trancher dans les interfaces et laisse le bureau sur des tablettes. La raison de ce choix nous est inconnue, mais il est probable que l’entreprise ait été pressée par le temps. Une impression que l’on retrouve un peu partout, avec notamment des performances décevantes. Autant de défauts qui ne rendent pas particulièrement intéressantes ces premières tablettes Windows sous ARM. Difficile donc de vous les conseiller, mieux vaut donc attendre quelque mois au minimum histoire que l’OS soit patché ou que une nouvelle génération de tablette soit annoncée.
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