On ne va pas perdre des signes à expliquer, dans le détail, que Samsung vient d’attaquer Ericsson en réponse à un assaut de ce dernier initié au début du mois. Tout ce qui nous intéresse aujourd’hui c’est le constat qui découle de cette année 2012 placé sous le signe de la justice plus que tout autre (tentative de brevet pour un bouton, une forme, une icône, une taille, la moustache de ma mère).
Sur la scène du marché smartphone/tablette, il est de plus courant de voir des éléphants se mettre dessus en mode Royal Rumble plutôt que de s’affronter à grands renforts de concepts innovants et d’idées lumineuses. Il semble bien loin le temps où chaque constructeur espérait révolutionner notre quotidien. Désormais ce n’est plus auprès des utilisateurs, devenus de simples consommateurs, que les constructeurs tentent de briller, mais face à des armées de juges et d’avocats mandatés pour résoudre des conflits dignes de la cour dans laquelle s’agitent Titeuf et ses amis. Entre crottes de nez, sac à vomito, amours cachés et escarmouches de cantines, nous sommes de plus en plus souvent les témoins de ces rixes ridicules qui occupent principalement les pages judiciaires au détriment des cahiers high-tech et numérique.
Le plus triste dans l’histoire, c’est que la technologie tactile, comme le principe du smartphone et de la tablette démocratisé, ne datent que de quelques années. Il n’en faut pas plus pour nous faire craindre la prochaine évolution – qui à ce rythme pourrait venir d’un outsider ou dans plusieurs années – une évolution que nous aurions tendance à assimiler à des années de procès en perspective ! Un peu comme si Thomas Edison avait refusé de présenter l’ensemble de ses inventions, ou de perfectionner ou renforcer celles des autres, par crainte des poursuites. Bref le prochain type qui va inventer un truc vraiment révolutionnaire, de forme rectangulaire et sur lequel on peut afficher une image, doit s’attendre à une attaque en règle de tous les constructeurs de télévision, de mobiles, de tablette, d’écrans d’ordinateur et j’en passe !
Face à tout cela, autant se replonger dans un bon vieux livre : c’est tactile (il faut le tenir et tourner les pages), les fonctions marque-page, retour en arrière, avance rapide, surlignage ou annotation sont proposées en série, l’objet reste nomade et disponible à tout moment, l’autonomie et la durée de vie sont illimitées, on peut le prêter à un ami sans risque d’être accusé de piratage, bref c’est peut-être les innovations les plus vieilles qui méritent encore le plus notre confiance. Et d’ici à ce que les acteurs de cette mascarade en plainte mineur acceptent de quitter les officines de leurs avocats pour retourner dans leurs départements recherche et développement, profitons du diner-spectacle en espérant que 2013 marque la fin des hostilités et le retour de l’innovation.