Montebourg vs Niel : échanges musclés

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Personne ne pourra dire que Free Mobile, en cassant le marché du mobile français avec des prix très agressifs, n’a pas changé la donne. Désormais, ceux qui veulent payer leur forfait illimité plus de 19.90 € par mois, le font par choix. Seulement voilà, avec l’arrivée de la 4G, les opérateurs historiques espéraient parvenir à (re)mettre du beurre dans les épinards. Mais c’était sans compter sur le « trublion » du marché qui avait annoncé la couleur : proposer la 4G à petit prix sur ses deux forfaits, y compris celui à 2 € donc !

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Il n’en fallait pas plus pour faire trembler la concurrence, mais aussi le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, pour qui la tarification de Free Mobile est une aubaine pour le consommateur, mais une catastrophe pour l’emploi. C’est ainsi qu’il déclarait vendredi sur BFM TV : « Rendre un service gratuit, c’est un problème. Je vois les dégâts dans le secteur des télécoms. Lorsqu’on en vient à sacrifier l’emploi des gens, ça pose un nouveau problème. Défendre le pouvoir d’achat en créant des chômeurs, c’est la pire atteinte au pouvoir d’achat ! On peut défendre le pouvoir d’achat, ce qui est le but d’un gouvernement, on peut soutenir la concurrence comme moyen d’éviter les ententes, la rente, ce qui a été le cas des opérateurs historiques qui se sont entendus il y a 10 ans et qui ont été condamnés à ce sujet. Mais lorsqu’on passe d’un excès qui était les monopoles, la rente et finalement pour le consommateur des difficultés, jusqu’à l’excès inverse, il est normal qu’un ministre qui s’occupe de l’industrie veille à éviter que le balancier aille trop loin. »

Puis ce fut au tour de Xavier Niel d’être ciblé par les critiques du ministre : « Ce que je reproche à Xavier Niel, ce n’est pas d’être ce qu’il est, c’est d’aller trop loin. Moi je les gère les plans sociaux, qui sont la conséquence de la course vers le low cost, c’est à dire finalement la quasi-gratuité. Mais nous avons quand même 30 milliards à investir dans la fibre. M. Niel est devenu milliardaire, tant mieux pour lui, mais si c’est au détriment des chômeurs, et lutter pour le pouvoir d’achat en faisant des chômeurs, je ne crois pas que ce soit la meilleure méthode. Faire le bonheur des actionnaires du groupe de Mr Niel dont il est lui l’actionnaire principal en faisant le malheur de personnes qui perdent leur travail, je ne pense que cela soit une politique équilibrée. »

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Quelques heures plus tard, dans le Grand Journal de Canal +, Arnaud Montebourg modérait ses propos, non sans rester assez incisif : « On peut reconnaître une chose à Xavier Niel, c’est qu’il a bousculé le système, amené une remise en question de ce qui était une sorte de monopole à 3 où les prix étaient très élevés et d’avoir servi la cause du pouvoir d’achat. Mais il ne faut pas aller trop loin et moi, ce que je lui reproche, c’est l’excès. »

S’il y a peu de chance de voir Free revenir en arrière au niveau de ses tarifs, il sera intéressant de suivre ce débat qui a le mérite de poser quelques questions, à commencer par le pouvoir d’achat face à l’emploi. Premiers éléments de réponses hier dans le Journal du Dimanche où Xavier Niel expliquait : « Merci d’abord à lui d’avoir dit il y a deux ans que Free fait beaucoup pour le pouvoir d’achat des Français. Arnaud Montebourg est un ministre « visionnaire » puisqu’on a rendu 1% de pouvoir d’achat aux consommateurs. Pour le reste, il se fait abuser par les trois autres acteurs du marché. Les trois opérateurs historiques ont payé 3,9 milliards d’euros de dividendes en 2013. On dit que Bouygues Telecom va mal mais Bouygues a versé 500 millions d’euros de dividendes. Chez Free, c’était 21 millions. »

Les deux hommes sont engagés dans un bras de fer qui devrait se poursuivre mercredi, jour choisi par les deux parties pour se rencontrer, histoire de parler « entre hommes ».

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