Le Nikon D800 est le très attendu successeur du D700. C’est un appareil pro, sans pour autant rentrer la catégorie extrême des D3, D4. C’est aussi l’appareil de tous les excès, avec un capteur de 36.3 Mpixels au format Full-Frame 24x36mm. Ere-numérique jette un premier regard sur cet appareil de rêve… le temps d’un week-end.
L’appareil photo réflex Nikon D800 vient tout juste de sortir. Nous avons eu la chance (merci Nikon) de tester cet appareil pour un test express. Pourquoi une preview ? Tout simplement parce que nous avons reçu cet appareil d’exception avec une optique DX, inadaptée à un appareil photo à capteur plein format. Nous avons donc exhumé une de nos anciennes optiques argentiques, une Nikkor 28-105, sans doute un peu trop douce pour ce détecteur étonnant. Car en effet, la grande particularité de cet appareil reste son capteur CMOS hors norme, avec une résolution de 36MPixels, forcément exigeante quant à la qualité des optiques… et à la main ferme de l’utilisateur ! Petit tour du « propriétaire » (si seulement !)…
Un capteur ultra haute définition
C’est un capteur CMOS de très haute résolution qui est ici à l’œuvre. Il dispose de 36 Mpixels, une résolution impressionnante qu’il est toutefois difficile d’atteindre à moins de disposer d’un trépied ou de conditions d’éclairages suffisamment bonnes. La vitre du détecteur est couverte d’un filtre passe bas anti-moiré qui adoucit intrinsèquement les images. La version D800E permet théoriquement de monter plus haut. Contrairement au Fuji X-pro1, Nikon n’a pas supprimé complètement le filtre passe bas sur le D800E mais se contente d’un réagencement des polariseurs, à voir dans quelle mesure c’est suffisamment efficace.
Le capteur d’image reste la grosse nouveauté de ce modèle. L’écart de spécification par rapport au D700 (12 Mpixels) est impressionnant et d’ailleurs, les autres D3 n’atteignent pas un tel piqué théorique. Reste à voir si c’est vraiment utile.
Une question de taille
Juste pour le fun, parce que la comparaison n’a pas vraiment lieu d’être, voici une photo du D800 aux côtés de mon vieux et fidèle D70.
Si le D800 est imposant, il n’est pourtant pas hors gabarit. Le D800 sera donc plus encombrant qu’un appareil grand public, mais c’est tout de même très acceptable. Evidemment, on voit aussi à quel point les écrans ont progressé. Celui du D70 m’a valu les brimades de mes petits camarades ces dernières années, et on comprend pourquoi sur ce cliché.
Les joies d’un boîtier pro
Avec son kilogramme sur la balance, l’appareil pèse 25% plus lourd qu’un Nikon D7000. Mais c’est tout de même très portable. Question taille, l’appareil est proche du gabarit d’un D700 et les amateurs devraient retrouver leurs marques. La prise en main est bonne avec suffisamment d’espace autour de la poignée pour les gros doigts boudinés des photographes. Sur le dessus, on trouve désormais un bouton de prise de vue vidéo.
On note aussi que les deux boutons en façade sont plus rapprochés que sur le D700. Ils tombent naturellement sous la main. L’un de ces boutons est programmable (Fn), l’autre vous permet d’avoir une idée de l’effet du diaphragme sur votre photo dans le viseur sur la profondeur de champ.
Au dos de l’appareil, on retrouve un arrangement familier de boutons et de fonctions. L’écran ‘est pas beaucoup plus large que sur les modèles grand public, avec 3,2 pouces. Il n’est pas non-plus franchement mieux résolu, avec 921 kpoints.
On s’étonne de voir un raccourci pour les rendus préprogrammés. C’est vraiment grand public, une expression qui tient normalement lieu d’insulte dans certains milieux photographiques. Plus sérieusement, ce raccourci permet de choisir entre diverses options de tirage (contrasté, dynamique, etc.). Du simple point de vue personnel, je ne m’en suis jamais servi, même sur mon tout premier CoolPix 2 Mpixels acheté en 2001. A vous de voir si c’est vraiment utile…
La molette sécurisée en haut à gauche permet de choisir sa vitesse de prise de vue : une vue simple en S. 2 images par secondes en CL, 4 images par secondes en CH. C’est là que ce trouve le retardateur, et aussi le mode silencieux Q, pour Quiet.
A ce propos, on ne peut pas vraiment dire que l’obturateur du D800 soit vraiment silencieux. Il tient plus de la moissonneuse batteuse qu’autre chose. Mais personnellement, je ne vois pas en quoi c’est gênant. En mode Q, la prise de vue se passe en deux temps. Une pression sur l’obturateur lève le miroir. Quand on relâche, le déclenchement se fait et effectivement, c’est un peu plus calme.
Dans la ligne de mire
Le large viseur offre une luminosité correcte, mais j’avoue que je m’attendais à mieux. Ainsi, dans les conditions d’éclairage extrêmement difficiles, il ne permet pas de cadrer correctement. Il faut alors passer en LiveView. Dans ce cas, l’image est bien évidemment granuleuse à l’écran, mais on peut tout de même cadrer et les petits boutons de zoom permettent alors de s’assurer que la mise au point est correcte sur l’endroit qui vous intéresse.
Si comme moi vous faite partie des pauvres, vous avez sans doute des objectifs Nikon DX, conçus pour les capteurs d’image APS. Et bien ils restent utilisables avec le D800, qui recadre automatiquement la photo et vous montre dans le viseur ce qu’il en est.
Nikon D800 : le plein de fonctions
Le Nikon D800 dispose d’un système de menu archi-complet pensé pour les utilisateurs exigeants. On peut établir quatre jeux de réglages différents. Une fois mémorisés, on peut ensuite passer de l’un à l’autre à la volée. C’est très pratique pour ceux qui ont des préférences bien arrêtées quant aux réglages selon les conditions de prise de vue.
Dans les prises de vue en Liveview, il est possible de disposer d’un indicateur d’assiette de type aviation. Il vous indique la planéité de l’appareil sur deux axes. Ce n’est pas franchement une nouveauté et d’autres appareils moins coûteux, comme par exemple le Sony NEX-7 le proposent, mais sur un axe seulement. C’est pratique dans plusieurs situations. Quand vous n’êtes pas en situation de juger clairement de l’assiette de vos photos, comme en montagne par exemple, un tel indicateur peut s’avérer utile. Ensuite, et c’est plus professionnel, si vous utiliser un trépied, voilà un bon moyen de s’assurer qu’il est bien plan sans avoir recours au niveau à bulle.
Le menu info en révèle un peu plus sur les capacités de prise de vue l’appareil. L’autofocus dispose de 51 zones. En soi, ça ne sert à rien. Si vous voulez travailler la composition de votre photo en jouant sur le point, c’est même un handicap en manuel. Fort heureusement, l’appareil propose de réduire le choix de ces zones à neuf macro-zones, réparties sur la surface de la photo. Charge ensuite à l’appareil de s’assurer que le point est fait en choisissant judicieusement parmi les points restants. On peut aussi passer en tout automatique. Et d’ailleurs les résultats sont assez remarquables, mais ça n’est vraiment pas ce que vous voulez faire avec un appareil comme ça.
Le menu de visualisation des clichés est assez complet lui-aussi. Il offre toutes les conditions de prise de vue, avec une présentation de l’histogramme assez large. Il est bien sûr possible de voir son cliché en plein écran, mais je regrette tout de même que les indications textuelles occupent tant de place ici au détriment de l’image. L’écran offre d’ailleurs un rendu plutôt correct, sans doute un peu froid pour se rendre vraiment compte de la température même du cliché.
Côté stockage, on n’est pas en reste avec le Nikon D800, avec un double slot SD/ compact flash. La façon dont vous gérez votre espace de stockage ne dépend que de vous. Vous pouvez décider de dupliquer par sécurité, de stocker les TIF ou les RAW sur une carte et les JPEG sur l’autre par exemple. Au passage, du stockage, il va vous en falloir. Rien qu’en JPEG, le moindre cliché pès tout de même 25 Mo !
Nous avons essayé le Nikon D800 avec notre objectif argentique. Il était sans doute un peu trop doux pour supporter le piqué du D800. Malgré tout, pour cette preview, nous avons obtenu des clichés absolument fantastiques.
Et pour ce faire, nous n’avons pas hésité. Nous avons pris des risques énormes, dans la grande tradition de photo reportage car en effet, nous sommes aller shooter… au zoo d’Anvers. Robert Capa peut trembler !
Le D800 fait un boulot remarquable sur les textures. Le plumage de l’oiseau est d’une finesse remarquable. Mais ce sont surtout les couleurs qui étonnent. Elles sont d’une vivacité exceptionnelle.
Voici un crop à 2,4Mpixels de l’image précédente. On conserve vraiment beaucoup de détail en recadrant. C’est assez impressionnant et d’ailleurs, c’est principalement l’intérêt de disposer d’une telle résolution. En effet, même si vous imprimez en A4, vous avez besoin, au mieux d’une douzaine de mégapixels. Le D800 vous en propose 36. Vous avez donc le choix, car en soi, il n’existe pas de support grand public ou professionnels d’ailleurs, qui nécessitent une telle résolution d’image.
Un autre exemple ici sur le feuillage, avec une bonne saturation. Certains pourront remarquer un certain niveau d’aberration chromatique sur les branches nues de l’arbre de gauche, lorsque le ciel s’invite en arrière plan. C’est inévitable sur un capteur à petit pas de pixel. Mais l’effet est malgré tout contenu. L’image reste franchement utilisable.
Si le cliché suivant, nous sommes perplexe.
L’image est belle, avec un contraste impressionnant et une définition à l’avenant comme en témoigne le crop ci-dessous. Mais on aurait aimé un peu plus de matière dans les ombres. On a vérifié l’histogramme et il n’est pas écrasé dans le bas. Il ne semble donc pas s’agir d’un problème de clamping électronique. A vérifier lors de notre essai en profondeur, donc.
En attendant, on ne peut qu’être séduit par le piqué de l’appareil. Voici un autre exemple : la photo du bébé dromadaire tout neuf. En zoomant vous pouvez apprécier la texture du pelage, celle du sol, on voit même les brins de paille et les petits cailloux dans le sable. Là encore, on profite d’une matière étonnante avec cet appareil.
Voici la même image recentrée :
Nikon D800 : tant qu’il y aura des lémuriens…
Enfin pour terminer cette partie sur le Nikon D800, voici une image de lémuriens qui prennent un bain de soleil. Ça n’a strictement aucun intérêt photographique, mais il paraît qu’il faut maintenant mettre du « cromeugnon » dans les articles, et je n’ai pas trouvé de chaton.
Le Nikon D800 propose d’une plage de sensibilité extensible. Les valeurs normalisées vont de 100 à 6400 ISO. Mais en jouant sur le gain électronique, le constructeur vous propose d’aller au delà (et en deçà) pour atteindre une plage de 50 à 25600.
A 100 ISO, les ombres offrent un niveau de détail vraiment très bon avec des textures particulières propres.
De 100 à 400 ISO, aucun problème. Entre les deux, le constructeur vous propose tout un tas de sensibilités intermédiaires, qui ne font vraiment sens que dans le cadre de l’automatique et de la vidéo. Il est difficile pour un utilisateur d’appréhender immédiatement la différence qu’il peut à avoir entre 100 et 125 ISO par exemple, mais le fait de disposer de ce cran permet à l’appareil d’ajuster au mieux son temps d’exposition et/ou son ouverture le cas échéant.
Allons voir ce qui se passe à 800 ISO. C’est toujours impeccable.
A 1600 ISO, on commence à prendre un léger grain sur les poutres, sans pour autant perdre de résolution.
A 3200 ISO, le grain est plus prononcé. Mais c’est encore très utilisable. Les textures commencent à souffrir, c’est le cas sur le bois ici, qui commence à prendre des teintes bizarroïdes quand on zoome beaucoup.
A 6400 ISO, on commence à attaquer la résolution de l’appareil. Certains détails ont disparu. C’est le cas notamment des lattes qui recouvrent le plafond. Mais très franchement, c’est parfaitement utilisable.
Si on pousse l’appareil dans ses derniers retranchements, à 25600 ISO, voilà ce que l’on obtient.
La résolution est évidemment attaquée, c’est le cas par exemple de la barrière au premier plan dans les contours deviennent flous. Ça moutonne franchement sur les aplats de couleurs. Cela dit, on pourra constater toutefois que la saturation des couleurs n’est pas du tout attaquée.
Nikon D800 : une affaire à suivre
A l’issue de cette preview, une chose est certaine, on n’a pas trop envie de le rendre, ce Nikon D800. L’ergonomie de l’appareil est excellente et la qualité d’image est fantastique, et ce, malgré l’utilisation d’une optique argentique de base, même pas stabilisé. Au final, le principal souci de cet appareil outre son prix, évidemment, reste qu’avec une telle résolution, il va falloir vous ruiner en optiques VR pour profiter de sa pleine résolution. Est-ce que la résolution n’est pas un peu trop élevée ? Sans doute. Il est vrai qu’avec 36MPixels, on ne voit pas trop ce que l’on peut bien faire, si ce n’est recadrer, ce qui donne des résultats remarquables au demeurant. Bref, on attend de recevoir l’appareil à nouveau pour un test plus long avec David aux manettes !