Olympus vient d’annoncer aujourd’hui que son président, Tsuyoshi Kikukawa, avait été démis de son titre de PDG, même s’il restait un des directeurs de l’entreprise. Cette annonce plutôt radicale dans le monde feutrée des entreprises nippones, où l’on a plutôt l’habitude de laver son linge sale en famille, essaye de mettre une fin aux tumultes dans lequel se débat le géant japonais de l’image (appareils-photo, scanneurs et endoscopes médicaux, caméras, sondes…).
Cette affaire s’est déroulée en 3 temps. En avril 2011, le Britannique Michael Woodford, qui travaille à un haut poste chez Olympus depuis une trentaine d’années, est nommé président de la société. La raison de cette nomination, très rare au Japon où les entreprises nippones acceptant d’être dirigées par quelqu’un d’autre qu’un Japonais se comptent sur les doigts d’une main, vient des difficultés dans lesquelles se débat la société. Olympus espérait avec un manager étranger et compétent améliorer sa situation et son image de marque. Phase 2, M.Woodford met son nez dans les comptes de la société et découvre de curieuses façons de procéder : des commissions énormes (687 millions d’euros soit 31 % du prix d’achat) ont été versées à de mystérieux « apporteurs d’affaires » lors d’acquisition d’une société d’équipement médical anglaise, Gyrus, en 2008, bien avant que le nouveau PDG anglais ne prenne les commandes d’Olympus. Woodford demande des comptes au PDG de l’époque, devenu président du Conseil d’Administration, mais se fait évincer deux semaines à peine après avoir pris ses fonctions.
Il y a manifestement des questions qu’il ne faut pas poser chez Olympus… Et les énigmatiques « conseillers financiers » dont Olympus assure ne pas savoir où ils se trouvent et ne pas avoir de moyens de rentrer en contact avec eux, selon certains magazines nippons auraient des liens avec des porteurs de tatouages auxquels ils manqueraient des petits doigts des mains… Phase 3, six mois après, nouveau retournement de la situation : le conseil d’administration d’Olympus annonce que le PDG Kikukawa, qui avait laissé son poste à Woodford, puis l’avais repris lorsque ce dernier avait été évincé, est à son tour démis de son titre de PDG. M.Woodford n’a pas regagné pour autant son siège, mais le cours du titre Olympus s’est un peu amélioré alors qu’il avait sombré dans des profondeurs abyssales depuis l’éviction de Woodford. Pendant ce temps, les « conseillers financiers » d’Olympus qui doivent être partis au loin avec les largesses d’Olympus, doivent être en train de filmer leurs vacances avec un des appareils-photo de la marque nippone…
