L’an dernier Panasonic proposait avec le Lumix GM1 un boîtier qui réalisait enfin la promesse tant attendu du micro 4/3 : qualité d’image maximale dans un encombrement tout aussi maximisé. Pour être parfait il lui manquait un viseur, une griffe porte accessoire et un écran orientable. Les japonais ont entendu nos prières et exaucent deux de nos trois vœux avec le tout nouveau Lumix GM5 ! Nous avons passé quelques jours en sa compagnie à Lisbonne, revue de détails.
Si le GM1 reste au catalogue et se positionne davantage comme un boîtier grand public (bien que de nombreux amateurs éclairés se le soient déjà réappropriés) le nouveau Panasonic Lumix GM5 arbore un positionnement plus expert tout en restant quasiment aussi compact car n’accuse qu’un surplus de 5mm en hauteur et 6mm en épaisseur. Ces dimension de 59,5 x 98,5 x 36,1 mm pour 211 g en font donc le plus petit appareil photo à objectif interchangeable équipé d’un viseur et d’un « gros » capteur. Une spécificité qui ravira de très nombreux adeptes, en tout cas on l’espère pour la firme, puisque ce Lumix GM5 a de nombreux arguments pour séduire un large public.
Le look si épuré du GM1 est globalement conservé mais de nombreux petits détails marquent l’évolution : le trèfle de sélection arrière n’est plus entouré par la roue codeuse puisqu’une molette de pouce prend place au dos du boîtier. Celle-ci est cliquable et permet de modifier l’exposition, ce qui fait qu’à la place d’une touche dédiée à celle-ci on trouve un raccourcis direct pour la sensibilité. La touche de lecture migre au-dessus de l’écran (puisqu’il y a justement quelques millimètres en plus) et deux autres touches Fn1 et Fn2 font également leur apparition et sont paramétrables (ce qui porte le nombre de touches de raccourcis personnalisables à 7 !).
Au chapitre des apparitions miraculeuses on notera donc qu’à la place du flash intégré un viseur LCD réglable par dioptrie +4 / -4 de 1 166 000 points prend place et qu’une griffe porte accessoire trouve tout de même de quoi se loger juste à côté. Quid du flash ? Il n’est plus intégré mais reste offert par la maison dans la boîte. J’ai entendu les critiques de mes confrères et je ne peux les ignorer : beaucoup l’oublieront au fond du sac ou à la maison mais à choisir entre un flash intégré sur le GM1 et un viseur sur le GM5, mon choix est vite fait tant porter à l’œil m’apparaît comme une gestuelle naturelle (mais pas systématique). Néanmoins, si je salue l’initiative, je reste un peu déçu par le dégagement oculaire du viseur LCD. Porteur de lunettes, veillez à bien le tester avant l’achat et surtout à vérifier que vous n’êtes pas sensible à son contraste excessif ou à l’effet d’arc-en-ciel. Il y a encore pour Panasonic une marge de progression possible de ce côté-là.
Pour le reste, le boîtier tient bien en main et si l’ergonomie semble assez dense au premier abord, elle se laisse facilement appréhender après quelques jours d’utilisation. On regrettera simplement quelques obscures abréviations dans les menus qui rendent la compréhension de ceux-ci un peu absconse mais le GM5 reste un boîtier qu’il est possible de totalement paramétrer et convient tout à fait à un usage d’expertise avancé. Finissons sur la présence du Wi-Fi, non NFC malheureusement, pour piloter le boîtier et partager ses images sur les réseaux.
Panasonic Lumix GM5 : excellente qualité d’image
Dans les rues lisboètes l’encombrement réduit du boîtier fait totalement oublier sa présence, que ce soit dans un sac ou dans la main. Équipe d’un Zuiko 17mm f/1,8 (je ne me lasse pas de cette interchangeabilité inter-marque des objectifs…) on a l’impression de n’avoir qu’un objectif dans la main équipé d’un plan focal. Si je n’ai jamais cherché à être le plus discret possible lorsque je prends des personnes en photos (je tente d’assumer mon acte photographique), je reconnais volontiers que sa petitesse a l’énorme avantage de ne pas effrayer les passants. Pourtant nombre d’entre eux ont bien vu que je les prenais en photos, mais l’aspect épuré et petit de l’ensemble rassure.
La qualité d’image n’est pas en reste puisque totalement reprise du Lumix GM1, déjà très bien pourvu. On reste donc avec une excellente qualité d’image de 100 à 1 600 ISO. La colorimétrie, un peu trop flatteuse est paramétrable dans les styles d’images et surtout le capteur 4/3 permet de jouer avec les flous d’arrière-plan et le format image. Vous pourrez donc sans vergogne travailler au format carré nativement, jouer avec les filtres intégrés (toujours aussi plaisant) et piocher dans le large parc d’optiques lumineuses Micro 4/3.
La granulation se fait un peu plus sentir à 3 200 ISO mais on reste à un seuil très acceptable de bruit chromatique (quasi absent) et de bruit de luminance. Ce dernier garde un aspect globalement assez fin même si on sent là aussi qu’un travail d’affinage est encore possible (notez que j’ai écris affinage, pas lissage!). Une légère baisse de dynamique se fait néanmoins ressentir ainsi qu’une saturation un peu moins marquée mais l’ensemble garde une belle tenue.
C’est à 6 400 ISO que les choses se compliquent puisque le bruit provoque quelques amas dans les zones d’ombres et l’image perd sa teneur colorimétrique. Pour le secours ou en Raw il sera néanmoins possible de sortir un petit format. Attention au 12 800 ISO peu agréable et difficilement exploitable, le bruit excessif entraînant une désaturation marquée et surtout un lissage des plus fins détails trop marqué. Idem pour les 25 600 ISO qui resterons anecdotiques.
Gardons en tête que le Lumix GM5 produit de très belles images de 100 à 3 200 ISO, ce qui lui donne l’occasion d’être à l’aise dans bien des circonstances. Néanmoins, un boîtier capable de monter allègrement dans les sensibilités n’est pas pour autant le saint Graal. La question qui demeure est : est-il réactif ? La réponse est oui ! Parmi les trois boîtiers que j’avais lors de mon voyage à Lisbonne : Lumix GM5, Fuji X30 et Canon G7X il s’est montré le plus véloce que ce soit via le déclencheur ou au doigt en tapotant sur l’écran tactile. Le temps de latence est quasi nul et il faut moins d’un tiers de seconde pour faire le point et déclencher.
Notre seul véritable regret reste l’absence d’un écran orientable mais on sait que pour l’heure cela n’est pas conciliable avec l’encombrement réduit du boîtier. Notez aussi que pour les aficionados de la mise au point manuelle, dont je fais parti, le peaking rouge n’est pas disponible. Autre point dommageable, il n’est pas possible de paramétrer la sensibilité automatique, c’est à dire qu’il n’est pas possible de commander au boîtier à partir de quel temps de pose minimal il doit passer à la sensibilité supérieure.
Un dernier mot sur la vidéo permettra de mettre en évidence sa qualité : l’image est bien définie, les mouvements sont bien restitués, il est possible de tourner jusqu’à 60 images par seconde en Full HD mais il n’y a pas de prise casque ni de prise micro. Est-ce grave ? Sur ce genre de produit je ne pense pas.
Panasonic Lumix GM5 : il est raisonnable de craquer
Et donc faut-il l’acheter ? Ma réponse est oui. Oui car Panasonic réussi enfin avec le Lumix GM5 à réaliser la promesse d’un appareil photo répondant non seulement aux besoins du grand public et des experts. Il s’inscrit aussi totalement dans la lignée des fameux point’n shoot argentiques tels que les Konica Hexar, Minolta CL ou Contax T3. Rarement on a trouvé sur le marché un appareil réunissant autant de qualité : son encombrement et son poids sont réduits au maximum, la qualité d’image est excellente jusqu’à 3200ISO, le choix d’objectifs proposé dans le parc micro 4/3 est vaste et lumineux, l’autofocus est véloce et en plus il a un viseur. Pas terrible certes, mais on est sur une bonne voie. Le GM5 n’est pas parfait, l’écran n’est toujours pas orientable, la vidéo présente quelques limitations, le dégagement oculaire est trop faible, le capteur n’est pas stabilisé et le flash n’est plus intégré. J’avoue néanmoins sans hésitation être emballé par ce boîtier et le rendre à contre cœur : il ne me reste donc plus qu’à économiser jusqu’à Noël.